ainsi obligés à vendre notre pétrole à des prix misérables. Là, conclut-il, réside la cause de notre appauvrissement et de notre sous-développement. »

Circonstance particulièrement encourageante pour le Niger, quelques semaines après la hausse des prix du brut, le gouvernement marocain se permet de tripler le prix des phosphates. Il fait ainsi, à son tour, la preuve d’une part que sur ce plan également, le prix « du marché mondial » est un non-sens, et de l’autre que l’augmentation vertigineuse et brusque du prix du brut n’est nullement la conséquence d’une situation de monopole. En effet, l’ensemble du tiers-monde ne contrôle que 36 % de la production mondiale de phosphates.

Tous ceux qui s’intéressent alors au tiers-monde et souhaitent ou mieux militent pour un changement radical des relations inégales entre pays industrialisés et pays sous-développés, pensent être au seuil d’une ère nouvelle. Ils ne constituent pas un groupe de rêveurs. Ils comptent par exemple dans leurs rangs, un Jacques Ferrandi, directeur général du FED (Fonds Européen de Développement). Lui, va bien au-delà de la prise de position de M. Boumédienne.

« ... Les pays tiers qui manquent de pétrole, déclare-t-il au Soleil de Dakar, n’en détiennent pas moins des matières premières et en quantités très importantes. Ces pays à matières premières ont compris, désormais, que leurs relations avec l’Occident doivent être fondamentalement révisées. La fameuse loi de l’offre et de la demande qui dure depuis un siècle ne doit plus être la règle d’or de ces relations. Car il faut bien l’avouer, l’offre et la demande a constitué un régime particulier dans lequel le demandeur faisait en même temps l’offre, où l’acheteur fixait son prix... Or, c’est cela qu’on appelait les « cours mondiaux ». Les producteurs de matières premières étaient obligés de s’y plier et les gouvernements de ces pays en supportaient les conséquences d’une manière ou d’une autre. »

Revenant sur ce problème quelques jours plus tard, à Nouakchott, M. Ferrandi déclarait encore : « L’ancienne règle de l’offre et de la demande est remise en cause d’une façon irréversible... Une bonne action peut être, en même temps, une bonne affaire. Ce qui est intolérable, c’est qu’une bonne affaire soit tout le temps une mauvaise action. »

Dès juillet 1973 _le baril de brut ne vaut encore que 2,90 dollars_, le Président Diori me demande, à Contrexéville où il se trouve en vacances, de reprendre l’étude du dossier uranium.

Le Président cherche des réponses précises à des questions précises. Il cherche à connaître la position exacte du gouvernement français, le nouveau rapport de forces à l’échelle

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