Présidence de la République du Niger
Le Conseiller
Niamey, le 22 août 1972
S.E.M. Diori Hamani
Président de la République
Niamey
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de vous prier par la présente, de bien vouloir accepter ma démission du poste de Conseiller que vous aviez eu la bonté de me confier. Je pense qu’il est de mon devoir de vous demander de me décharger de mes fonctions auprès de vous. Il est certain en effet qu’il ne vous reste plus d’autre moyen d’alléger les pressions exercées sur vous aussi bien par le Président de la République de Côte d’ Ivoire que par le secrétaire générale de la Communauté.
Les informations que vous m’avez fait l’honneur de me transmettre lundi et mardi derniers - et qui confirment celles que je vous avais rapportées moi-même à maintes reprises aussi bien oralement que par écrit - montrent bien que les personnalités précitées me considèrent comme le seul obstacle sur la voie des retrouvailles. Désireux de préserver l’amitié qui vous lie à un vieux camarade de combat, et aussi l’indispensable amitié entre le Niger et la France, je préfère donc me retirer et enlever ainsi tout prétexte à ceux qui condamnent la politique nigérienne d’indépendance et en rejettent la responsabilité sur moi.
Croyez bien, monsieur le Président, que je me retire sans amertume aucune, pleinement conscient de la nécessaire primauté des peuples sur les individus. Je suis d’autant plus à l’aise que je m’étais permis de vous suggérer, à plus d’une reprise ces derniers mois, de mettre un terme à la campagne de calomnies, en acceptant ma démission.
Il me reste à vous dire toute ma reconnaissance pour la confiance, l’amitié, le soutien croissants que vous n’avez cessé de me témoigner depuis 1966, début de ma collaboration avec vous. Confiance réitérée il y a quelques semaines encore par votre décision de m’élever à la dignité de Commandeur de l’Ordre du Mérite.
Permettez-moi enfin de réitérer l’expression de mon indéfectible attachement à votre personne et au peuple nigérien. En vous souhaitant santé, bonheur et succès au service de la Nation,
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments dévoués et déférents.
Jacques Baulin
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