Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Page 44 - LE MONDE -
LA RÉUNION DE L’OPEP
(Suite de la première page.)
Mais, d’une manière générale, la crise du pétrole a accentué les déséquilibres monétaires et accru la fragilité des économies occidentales, pour ne pas parler de plusieurs pays sous-développés qu’elle a placés au bord de la cessation de paiement.
L’éventualité d’une nouvelle hausse des prix du pétrole, alors que la reprise économique, loin d’avoir donné les résultats escomptés, commence à s’essouffler, a paru insupportable à beaucoup. Les Etats-Unis ont tenté - avec un succès limité -de former un front commun des consommateurs. Ils ont surtout essayé d’avancer des arguments économiques contre l’augmentation. Le département d’Etat a envoyé à tous les ambassadeurs américains du Golfe une note dans laquelle il explique que chaque renchérissement de 5 % du "brut" entraînera un ralentissement de 0,3 % du rythme de la reprise dans les pays industrialisés (0,2 % aux Etats-Unis) et une accélération de 0,5 % de l’inflation.
Parallèlement, plusieurs études ont été réalisées pour démontrer l’absence de fondement des prétentions de l’OPEP. Le Petroleum Industry Researen Foundation de New-York estime que, d’octobre 1974 à octobre 1976, les prix (fob) pondérés des importations des pays de l’Organisation des pays exportateurs - à l’exception des fournitures d’armes - n’ont pas augmenté, en moyenne, de plus de 2,7 %. Une autre étude citée par Petroleum Economist admet que le coût pondéré moyen des importations de l’OPEP s’est, certes, accru de 26 % depuis le premier trimestre 1974, mais estime que, dans le même temps, le prix d’exportation du "brut" léger d’Arabie Saoudite - pétrole de référence pour la fixation des cours - a monté de 40 %.
Ces chiffres ne sont évidemment pas ceux des experts de l’OPEP. Réunie à Vienne du 15 au 19 novembre, la commission économique de l’Organisation a jugé que, du 1er octobre 1975 - date de la dernière augmentation - au mois de décembre 1976, la perte du pouvoir d’achat des revenus pétroliers des pays membres s’était élevée à 26,19 %. La commission a donc suggéré d’augmenter le prix de référence de 3 dollars par baril (26 %), pour le faire passer à 14,51 dollars.
Cette estimation a été contestée au sein même de l’OPEP. Le Cheikh Yamani, d’Arabie Saoudite, a dit à plusieurs reprises que l’indice retenu par les économistes de l’OPEP n’était pas réaliste, car il tenait compte de facteurs purement internes aux pays exportateurs, tels que l’encombrement des ports ou la hausse du coût de la main-d’oeuvre.
Des décisions politiques
Ces querelles sont vaines. Les décisions de l’OPEP, toujours prises à l’unanimité des treize membres, sont avant tout politiques. Or, depuis quelques semaines, la modération semble devoir l’emporter. Même l’Iran, pourtant réputé pour son attitude habituellement dure, affirme aller à Doha avec l’intention
Bien que maître du jeu, l’OPEP ne peut suivre qu’une voie étroite.
Porte-parole du tiers-monde, elle entendait se servir de l’arme du pétrole pour obtenir, en faveur de celui-ci, quelques concessions de la part des pays riches. Or ces derniers, par l’intermédiaire du chancelier Schmidt, ont inversé à La Haye la proposition : nous aiderons les pays pauvres lorsque nous aurons fait nos comptes et que nous connaîtrons le nouveau prix du pétrole, ont-ils affirmé.
En ce sens, le report de la conférence Nord-Sud n’est pas sans gêner les exportateurs de pétrole.
D’autre part, tout cartel trouve ses limites sur le marché. Une augmentation substantielle du prix du "brut" risquerait non seulement de relancer l’inflation mais d’aggraver dangereusement les tendances à la récession. Les pays de l’OPEP, qui ont souffert des répercussions de la crise de 1975 - la demande a fortement chuté, - le savent.
Il n’est d’ailleurs pas d’exemple qu’un pays - ou groupe de pays - ayant pris du poids dans l’économie mondiale n’en respecte pas les règles. L’U.R.S.S. entend peut-être renverser le système capitaliste, le fait et qu’à court terme elle a toujours évité de perturber les marchés de l’or ou de l’étain.
Une trop forte hausse du "brut" serait, enfin, difficilement supportable par les pays du tiers-monde. Incapables de faire respecter le double prix du pétrole, qui, conçu en faveur des plus pauvres, aurait à coup sûr engendré un "marché noir" dont auraient surtout bénéficié les compagnies pétrolières, les pays de l’OPEP ont cherché une autre forme d’aide aux pays les plus démunis : ils consacrent six fois plus d’argent (par rapport à leurs richesses nationales) que les pays industrialisés à aider les nations les plus pauvres. Mais ils marquent une
Si, pour toutes ces raisons, les "modérés" l’emportent à Quatar, l’augmentation pourrait n’être que de 10 %, voire d’un seul dollar par baril (8 %) ; certains pensent encore qu’elle pourrait être différée. Même si les "durs" devaient triompher, les "modérés" obtiendraient sans doute que la hausse s’opère en deux temps ; et que la seconde majoration, dépendant de la bonne volonté des pays riches pour élaborer un "nouvel" ordre économique mondial", n’ait lieu qu’aux environs de juillet.
BRUNO DETHOMAS.
RECTIFICATIF, - A la suite d’une erreur de transmission nous avons écrit dans le Monde du 14 décembre que les pays pétroliers avaient obtenu "un sursis" pour l’augmentation de leur redevance à l’ONU. En réalité, les pays de l’OPEP ont accepté le barème adopté en 1975 avec les majorations indiquées dans l’article, mais seulement pour l’année 1977.
|
||
Plan du site |