Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
La Libye devient le deuxième actionnaire de Fiat
La Libye va acquérir 9,1 % environ du capital de Fiat
De notre envoyé spécial
Turin . - En annonçant , mercredi 1er décembre , que la Libye prenait une participation de 9,1 % dans son groupe , M. Giovanni Angelli , le P.-D.G. de FIAT , à provoqué autant de surprise que de perplexité en Italie . C’est la première fois , en effet , que la firme turinoise autorise une place de participation d’un investisseur étranger , lequel est , de surcroît , une ancienne colonie italienne réputée pour coups d’éclats politiques .
Les nouveaux actionnaires auront deux sièges (sur quinze) au conseil d’administration et un membre (sur cinq) au comité de direction . Mais aucun changement n’interviendra dans l’équipe dirigeante de FIAT , a affirmé M. Agnelli , ni dans la politique d’investissement , qui sera néan-moins accélérée . Il a précisé que sa famille , représentée par la société financière IFI , contrôlerait un peu plus de 30% du capital social (contre 33% aujourd’hui ). Ce pourcentage tombera a 29% environ a partir de 1978 , lorsque les Libyens convertiront , selon toute probabilité , leur permettrait de détenir une participation de 13% . D’ores et déjà , la Libye dévient le deuxième actionnaire de FIAT , très loin devant Pirelli (5% environ) et les petits porteurs de parts .
Il est vrai que l’opération dépend du feu vert des autorités italiennes , mais celles - ci en ont été informées par M. Agnelli et ne s’y sont apparemment guère opposée . Quelques heures avant de faire venir à Turin un groupe de journalistes dans son avion privé , le P. -D.G. s’était d’ailleurs rendu au Quirinal pour s’entretenir avec le chef de l’État .
Le secret avait été bien gardé . Avec un air faussement désinvolte — car il était ému , et on le comprend , - M. Agnelli a pu commencer sa conférence de presse par une interrogation insolite : « Avez-vous la moindre idée de ce qui vous sera dit dans quelques instants ? » N’obtenant pas de réponse , l’homme le plus élégant d’Italie a chaussé ses lunettes d’écaille et , comme un notaire , a lui très vite le communiqué .
A la droit du P.-D.G., son frère Umberto évitait les regards stupéfaits des journalistes . Mais ils n’aillaient pas tarder l’un et l’autre bombardés de questions . Aucune hésitation dans les réponses : toutes le objections possibles avaient été préalablement étudiées par l’équipe dirigeante de FIAT , qui entourait son chef pour une épreuve aussi difficile .
M. Agnelli devait faire appel plusieurs fois au « sens de responsabilité » des journalistes , craignant que cette « bonne nouvelle pour l’Italie » ne soit présentée le lendemain dans la presse comme une vente partielle au colonel Kadhaffi du premier groupe privé de la péninsule .
FIAT avait-il besoin de capitaux ? « Non , répond M. Agnelli . D’ailleurs, les capitaux ne se trouvent que lorsqu’on n’en a pas besoin . C’est précisément parce qu’il était en bonne santé que notre groupe a pu conclure cette affaire. »
Mais pourquoi avoir choisi la Libye ? « On ne choisit pas un investisseurs de cette taille » , remarque le P.-D.G. de FIAT . La demande est venue de Tripoli . Et après dix-huit mois de « dures négociations » , nous avons accepté car « on prend les capitaux ou ils se trouvent . » Aujourd’hui , « le marché de l’argent est celui pétrodollars . »
Cela n’explique pas que les Libyens aient payé des actions quatre fois leurs cours de Bourse au travers de l’augmentation de capital . . . Ils ne l’ont pas fait à la légère , répond M. Agnelli . FIAT a été passé au crible par des spécialistes qui en ont conclu que sa valeur boursière (450 milliards de lires environ) était nettement insuffisante : ils l’ont estimée a 1 800 milliards .
« Les Libyens ont choisi en connaissance de cause . Ce sont d’excellents négociateurs . »
Et ai FIAT précisément s’était fait flouer ? « Ce sont d’excellents négociateurs , mais nous ne sommes pas des dilettantes » , réplique l’ancien président du patronat italien . Il sera obligé de répéter à plusieurs reprises que le contrat ne prévoit aucune contrepartie politique . « Ce sont des investisseurs durs . . , Un nouvel actionnaire accepte les règles de la majorité . . . Une entreprise ne fait pas de politique , elle s’occupe de son propre développement . . . Nous avons nous-mêmes investi aussi bien en U.R.S.S. en Roumanie et en Yougoslavie qu’en Espagne et au Brésil. »
N’est -ce pas pourtant le colonel Kadahafi qui avait demandé à la fin de 1973 , la « tête » du directeur de la « Stampa », après un article discutable paru dans le journal de l’Etat , en soulignant l’appartenance Israélite de M. Arrigo Lévi ? « Et il ne
L’accord entre M. Agnelli et le gouvernement Libyen doit étre rapproché d’un épisode plutôt stupéfiant survenu à la fin de 1973. Irrité par un article satirique sur son compte publié dans « la Stampa » , de Turin , journal appartenant a FIA , le colonel Kadhafi convoqua l’ambassadeurs l’Italie à Tripoli : il exigeait le licenciement des deux journalistes auteurs de l’article sous menace de la rupture des relations diplomatiques au cas ou M. Agnelli s’y refuserait .
Ce dernier , accouru à Home pour rencontrer l’ambassadeur de Libye , fit antichambre plus d’une heure d’être reçu par un simple conseiller , qui répéta les mêmes exigences . Quelques jours plus tard , le comité arabe de boycottage , siégeant à Beyrouth , les renouvelait en les directeur de « la Stampa » , M. Arrigo Levi , donne , lui aussi , sa démission . N’était-il pas coupable d’être juif et d’avoir pris part en 1947 à la guerre d’indépendance d’Israël ?
Dans le cas contraire , des mesures de représailles seraient prises contre FIAT , dont les biens en pays arabes seraient nationalistes et qui ne pourrait plus y exporter . On estimait alors a 18 milliards de lires les intérêts de M. Agnelli en Libye .
L’affaire souleva une véhémente protestation de l’ensemble de la presse italienne . M. Moro , ministre des affaires étrangères , la qualifia d’« inimaginable » . Puis elle se perdit dans les sables . - J.N.
L’accord réalisé entre FIAT et la Libye est la troisième prise de participation industrielle de grande ampleur effectuée avec des capitaux de Proche et du Moyen-Orient .
En juillet 1974 , l’Iran acquérait 25% de la filiale sidérurgique du groupe Krupp , puis en octobre dernier , 25,01 % soit la minorité de blocage - de la maison mère , Fried Krupp-Gmail.
En décembre 1974 , le Koweït achetait , pour plus de 1 milliard de DM( 2 milliards de francs) , 14,6 % du capital de Daimler-Benz (automobiles et camions Mercedes ) , détenu auparavant par le groupe allemand Quandt .
La prise de participation Libyenne revêt cependant un caractère original dans la mesure ou elle se traduit par un apport d’argent frais sous forme d’augmentantes . C’est , en fait, un accord de développement davantage qu’un investissement davantage qu’un investissement financier .
|
||
Plan du site |