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U-006-093-001 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-006-093-001

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















... LE MONDE - 30 novembre 1976

Le Monde DE L’ÉCONOMIE
Les nouvelles menaces sur l’approvisionnement en énergie
Au-delà des prix du pétrole


A l’approche de la conférence de l’ OPEP du 20 décembre, le problème des prix du pétrole revient au premier plan de l’actualité avec son cortège habituel de controverses passionnées, de chiffres contradictoires et d’accusations plus ou moins fondées. Aux arguments avancés par les pays exportateurs pour justifier un relèvement des prix, les pays industrialisés répondent par des mises en garde et des cris d’alarme.


On en viendrait presque à croire que le sort de l’économie mondiale tout entière ne dépend plus que de cette augmentation de 10 à 15 % du prix du pétrole brut que treize pays d’ Asie, d’ Afrique et d’ Amérique latine pourraient prochainement décider à Qatar.


par NICOLAS SARKIS Directeur du Centre arabe d’études pétrolières


Quelle que soit la part des réalités et celle des mystifications dans ce débat vieux de trois ans, le fait est que le problème du prix du pétrole se pose actuellement sous deux aspects différents bien que complémentaires. Le premier a trait aux revendications d’un groupe de pays en voie de développement soucieux de protéger et, autant que faire se peut, d’améliorer leurs recettes d’exportation. Le second, non moins important, concerne le rôle primordial que les prix du pétrole peuvent et doivent jouer dans toute politique visant à éviter les risques de plus en plus réels de pénurie qui pèsent sur le ravitaillement énergétique mondial.


C’est rappeler une évidence que de dire que les pays de l’ OPEP n’auraient jamais songé à quadrupler les prix du pétrole à partir de janvier 1974 si ces prix n’étaient pas restés inchangés pendant près d’un quart de siècle, alors que l’inflation sévissait dans le monde entier. Il est d’ailleurs significatif de noter que, en dépit du tollé général soulevé alors par les décisions de l’ OPEP, ce ne sont plus, maintenant, les prix actuels du pétrole qui sont considérés comme anormaux parce que trop élevés. Ce sont les prix d’avant 1974 qui sont considérés comme anormaux parce que trop bas.


Si, aujourd’hui, l’ OPEP songe à un nouvel ajustement des prix de ses exportations, c’est, encore une fois parce que ces prix n’ont augmenté que de 10 % en l’espace de trois ans, alors que les prix des biens et des services exportés par les pays de l’ OPEP ont entre-temps plus que doublé. Cela signifie que les prix du pétrole devraient être à présent d’environ 22 dollars le baril ( contre un prix actuel de 11,51 dollars pour le pétrole saoudien de référence ) pour retrouver leur pouvoir d’achat de janvier 1974.


Conscients de leur faiblesse - on dit parfois par euphémisme " sens des responsabilités ", - les pays de l’ OPEP n’en demandent pas tant. Ils pensent en général à une augmentation de 10 à 15 % seulement, selon l’humeur de tel ou tel ministre du pétrole du Golfe, ou selon le bon plaisir du porte-parole du département d’ État américain.


Les gouvernements des pays industrialisés connaissent ces faits autant que ceux de l’ OPEP. Ceci ne les empêche pas de donner de la voix et de pointer allègrement un index accusateur vers les pays exportateurs de pétrole. Pour des pays habitués depuis la deuxième guerre mondiale à consommer et à gaspiller de l’énergie à bon marché, au point de substituer les importations à leur propre production nationale, c’est, en effet, un réflexe naturel que de chercher à se cramponner au statu quo. C’est d’autant plus naturel que le problème des prix du pétrole s’insère dans le cadre plus général de la révolte du tiers-monde contre les règles du jeu imposées au commerce international depuis l’ère coloniale. Il ne faut pas pour cela trop chercher la rationalité économique dans les campagnes menées tambour battant contre l’ OPEP ni dans l’abondante littérature développée au sujet de l’impact des prix du pétrole sur l’inflation, sur la croissance économique, sur les balances commerciales, etc. Tant qu’il s’agissait de défendre les privilèges du passé, la question se posait essentiellement sur le plan politique et en termes de rapport de force.


Le spectre d’une échéance


Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de cela. La question des prix du pétrole ne peut plus être envisagée uniquement dans l’optique du marchandage entre les vendeurs et les acheteurs. Le fait nouveau et fondamental est que les sources disponibles d’énergie ne suffisent plus à faire face à l’accroissement des besoins. Une crise réelle, au sens physique de ce terme, pourrait se manifester dans peu d’années. La production pétrolière dans les pays de l’ OPEP commencera très probablement à décliner dés 1985-1990, tandis que les programmes de mise en valeur de nouvelles sources d’énergie marquent le pas. Plus grave encore, les coûts estimés de production des sources non conventionnelles d’énergie ont quadruplé en trois ans. De 7 dollars le baril d’équivalent pétrole en 1973. Ils sont passés à 24-27 dollars aujourd’hui, soit plus du double des prix actuels du pétrole.


( Lire la suite page 18, 1er col )

E.D.F. sur le fil du rasoir


Incident jugé mineur par Électricité de France, les coupures de courant dont ont été victime les Bretons le 10 novembre dernier n’en ont pas moins soulevé de nombreuses protestations. L’ Union démocratique bretonne à constaté que " l’ E.D.F. ne recule devant aucun sacrifice pour imposer à la Bretagne une centrale nucléaire ". la C.G.T. y a vu " la conséquence des orientations prises dans le domaine de l’équipement il y a une dizaine d’années ". Et la C.F.D.T. estime que " l’incident se reproduira, en Bretagne ou ailleurs, si le gouvernement n’autorise pas E.D.F. à construire des usines classiques dont on connaît les capacités et dont on a la maîtrise ".


E.D.F. sera-t-elle obligée de procéder à de nouveaux délestage ? Si l’on est plus optimiste qu’au moment de la sécheresse quant à l’hiver prochain on admet cependant, à la direction de l’entreprise nationale que les trois années qui viennent pourraient être particulièrement délicates. le retard de construction de certaines centrales nucléaires, le poids d’investissements qui obligent à une gestion sans cesse plus serrée, plus risquée, fait qu’ E.D.F. manque de réserves de production pour pallier tous les aléas de cette industrie fortement dépendante de l’instant.


" le français peut se venter d’être en Europe le mieux desservi en électricité. Les Allemands dont en connaît la puissance économique ont été en partie privés d’électricité le 13 avril dernier. Il a fallu alors couper 7 millions de kilowatts pendant deux heures ", affirme des responsables du dispatching national d’ E.D.F., qui attribue les incidents de Bretagne à un concours de circonstances ; une consommation électrique qui a tendance à progresser plus rapidement ( + 11,5 % par an ) que la moyenne nationale ( + 8 % ), ce que n’avaient pas prévu les experts de l’entreprise nationale ; enfin, une certaine malchance puisque la centrale de Chinon était arrêtée et que la centrale de 700 mégawatts, qui aurait dû entrer en fonction à Cordemais en 1976, a quelques mois de retard.


L’importance de la consommation ( due à la projection du film le jour le plus long à la télévision et à l’arrivée de nombreux propriétaires de résidence secondaire pour ce week-end prolongé ) a provoqué une chute de tension ( de 40 % à Landernau ), qui a obligé, sans délai, les responsable du dispatching de Nantes à un délestage important sur la Bretagne pour éviter un effondrement complet du réseau. Depuis la grande panne de New-York, en 1965, on sait que l’attente est la pire des choses.


BRUNO DETHOMAS


( Lire la suite page 18, 1er colonne. )

BULLETIN
Patience...


PATIENCE : le même mot désigne la vertu et le jeu. En Lorraine, le président pensait à la première. L’opinion a peut-être songé au second, tant il parait curieux que, après plus de dix années passées à diriger l’économie du pays, M. Giscard d’ Estaing en soit à demander aux Français d’attendre encore un peu... Si " la confiance se mérite ", pour reprendre le propos présidentiel, l’affaire gouvernementale ne semble pas des mieux engagées.


D’abord, parce que les leçons tirées du passé restent courtes. A en croire M. Giscard d’ Estaing, tout allait bien pour la France avant la hausse du pétrole ; bien sûr, écrire l’histoire à sa façon ; mais, pour convaincre, il faut être exact. Doit-on rappeler à M. Giscard d’ Estaing que l’inflation était déjà de 11 % par an, durant les trois trimestre qui on précédé l’ enchérissement de l’ " or noir " ? Et que le chômage - parce qu’il est en partie structurel - avait commencé à s’aggraver, malgré la forte expansion ? La question posée à la France n’est pas : comment empêcher l’environnement international de perturber notre équilibre ? Mis bien : comment assurée l’expansion dans la stabilité que nous n’arrivions pas à réaliser avant même que les cieux étrangers ne deviennent moins cléments ?


La réponse présidentielle a été donnée à Strasbourg : il faut " se montrer inébranlable dans la lutte contre la hausse des prix " c’est exactement ce disait M. Fourcade, il y a deux ans ; son " plan de refroidissement " lui avait permis de réduire d’un tiers le rythme de l’inflation ; au prix, il est vrai, d’un doublement du nombre des chômeurs. Pourquoi, la président ne l’a-t-il pas laissé continuer, prenant le risque - aujourd’hui vérifié - d’une accélération de la hausse des prix, remontée de 8 à 12 % l’an ? Parce que le pays supporte mal l’anémie et le sous-emploi, et qu’il tient politiquement rigueur au pouvoir. En dépit des réticences de M. Fourcade, un plan de relance a donc été mis sur le rails en septembre 1975, dont M. Barre n’a pas tort de souligner aujourd’hui qu’il a relancé l’inflation sans garantir durablement la reprise.


Pourquoi M. Giscard d’ Estaing laisserait-il en 1977, à l’approche d’élections, le plan Barre aggraver sensiblement le chômage, alors qu’il s’est opposé en 1975 à cette conséquence du " plan Fourcade " ? Il peut s’agir d’une révision stratégique déchirante, après le constat d’échec. Il est possible aussi que la pensée fluctuante du président l’amène à considérer pour l’instant l’inflation comme le mal suprême, avant qu’une détérioration brutale de l’emploi ne le conduise à changer de nouveau d’avis. A Strasbourg, les deux maux ont été mis sur le même plan, mais seule le lutte contre l’inflation a eu les honneurs d’une thérapeutique, la relance étant renvoyée au second semestre 1977.


M. Barre est, lui, plus net : il ne se reconnaît qu’un seul adversaire, la hausse des prix ; il ne promet rien sur l’emploi ; il ne cite pas non plus de délais, regrettant presque d’avoir annoncé la fin du " gel " des prix pour le 1er janvier.


Entre les deux manières, il y a la plus que des nuances. Quand le Français connaîtront-ils la politique vraiment suivie par le pouvoir ? Patiente...

Vers une modération de la croissance démographique mondiale ?


M. LESTER R. BROWN, directeur du Worldwatch Institute de Washington, vient de publier un rapport les ter R Brown ; World Population trends : Signs of Hope, Signs of stress, Worldwatch Paper 8 octobre 1976 ( tiré d’un livre à paraître : The Twenty-Ninth Day ). selon lequel on aurait assisté, en 1970-1975, à un ralentissement de la croissance démographique mondial pour la première fois depuis le néolithique. Sa thèse se fonde sur deux considérations : d’une part la baisse des taux de natalité, déjà importante aux États-Unis, en Chine et en Europe occidentale, devrait l’être aussi dans les autres pays d’ Asie du fait de l’extension prise par les programmes de limitation des naissances ; d’autre part, la mortalité a augmenté dans les pays les plus pauvres à la suite d’une grave détérioration de leur situation alimentaire. Par conséquent, le taux d’accroissement de la population, différence entre les deux bruts de natalité et de mortalité, ne peut que diminuer de 1,9 % en 1970 pour s’abaisser à 1,6 % en 1975.


Il faut d’abord rappeler que les données statistiques sont gravement lacunaires dans bon nombre de pays en voie de développement et que la plus grande prudence s’impose dans leur interprétation. En 1971, les naissances n’étaient enregistrées " complètement " L’enregistrement est réputé " complet " lorsqu’il couvre au moins 90 % des événements. à l’état civil que pour 33 % de la population mondiale, mais seulement pour 20% en Amérique latine, 10 % en Afrique et 6 % en Asie où vit cependant 57 % de l’humanité : en Afrique, et surtout en Asie, des enquêtes par sondage pallient partiellement la pénurie de données. La situation des statistiques de décès est à peu près identique. cependant, la Division de la population de Nations unies prépare périodiquement des estimations et des prévisions de population établies à partir des données les plus récentes. Elle estime que le taux d’accroissement de la population mondiale commencera à diminuer au cours de la période 1985-1990, la situation étant d’ailleurs très diverse selon les régions puisque le taux ne baissera pas en Afrique centrale et occidentale avant 2000, mais dès 1980-1985 en Amérique du Sud et en Asie de l’ Est.


L’originalité des thèses du Worldwatch Institute tient donc à ce qu’elles avances de dix ans le mouvement de réduction de l’accroissement prévu par le Nations unies. Y a-t-il de bonnes raisons pour le faire ?


YVES BLAYO
chercheur à l’ Institut nationale d’études démographiques ( INED )


( Lire la suite page 21, 1er col )


POLITIQUE DE PLANIFICATION FAMILIALE ET BAISSE DE LA NATALITÉ


- LE MONDE - 30 novembre 1976 ...

COMMERCE EXTÉRIEUR : les échanges avec nos voisins se détériorent


Le déficit du commerce extérieur français a dépassé 15 milliards de francs durant les dix premier mois de 1976. Pour l’ensemble de l’année, ce déficit devrait être proche de 20 milliards de francs, comparé à un excédent de 6,8 milliards en 1975 ( en raison surtout d’une baisse des importations provoquée par la récession ). En 1974, le déséquilibre avait été de 16,9 milliards et en 1973 la France avait dégagé un surplus de 6,7 milliards en 1973.


La détériorations actuelle provient en partie de la sécheresse. Ainsi les échanges agro-alimentaire, pratiquement équilibrés au cours des dix premiers mois de 1975, ont été déficitaires de 1,8 milliard de francs Pour la partie analytique les importations sont comptabilisées C.A.F. ( assurance et fret compris ). durant la même période de 1976. En outre, le déficit énergétique, qui subit à la fois les conséquences du manque d’eau, de la reprise et de la spéculation, s’est élevé à 49,9 milliards contre 38,6 milliards l’an dernier.


Toutefois les résultats s’expliquent aussi par une dégradation des positions françaises à l’égard des pays industriels et dans le domaine des biens de consommation. Dans ce dernier secteur l’excédent est revenu de 10,4 milliards de francs pour les dix mois de 1975 à 5,9 milliards de francs en 1976, les importations ayant augmenté de 44,7 % contre 14,3 % pour les exportations. ce phénomène semble traduire une saturation des capacités de production nationale.


Parallèlement, le bien commercial s’est détérioré vis-à-vis des principales nations industrialisées. les échanges avec la C.E.E. ont été déficitaires de 14,8 milliards de francs contre 1,6. Le déséquilibre à l’égard de l’ Allemagne fédérale s’est élevé à 10,5 milliards de francs contre 4,9, tandis que l’excédent vis-à-vis de la Grande-Bretagne est revenu de 3,3 milliards de francs à 0,7. Ce même mouvement se retrouve, avec une moins forte ampleur, dans le commerce avec la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse et les États-Unis.

E.D.F. sur le fil du rasoir


( Suite de la page 17. )


Quelle que soit l’explication des incidents, encore faut-il en comprendre les causes. Pour les syndicats, elles résident dans la politique menée par E.D.F. depuis quelques années, et dans le poids des investissement pour le nucléaire. Si le kWh nucléaire est bon marché ( 6 centimes contre 11 pour le kWh fuel au 1er janvier 1975 ), il exige dans cette phase de démarrage de investissements particulièrement lourds.


Cela se fait-il au détriment de la gestion quotidienne ? " Depuis la guerre du Kippour les moyens de production gardés en réserve sont limités " , admet-on à E.D.F. Et si l’on en croit le bulletin Enerpresse du 18 novembre, " les dépenses d’entretien du parc thermique classique sont passées depuis les options nucléaires de 45 à 25 F par kilowatt ( en franc de 1974 ) et " il y a traduction dans le disponibilité du parc qui est passée, toujours depuis le virage nucléaire, de 85 à 83 % "

Un risque calculé


Ce manque de réserve est flagrant lorsqu’on compare la demande de pointe prévisible au cours de l’hiver 1977 - 34 500 MW - à la production disponible à la même époque, 34 300 MW. cela n’est d’ailleurs pas nié par E.D.F. Comme l’explique M. Albert Robin, directeur à la direction générale, chargé des études économiques : " Comme toute entreprise, nous sommes amenés à prendre des risques puisque nous ne pouvons économiquement nous mettre à l’abri de tous les aléas ". Se prémunir, par exemple, contre la sécheresse de cet été - untel phénomène ne s’était pas produit depuis cent ans - aurait signifié pour E.D.F. un suréquipement de quatre-vingt-dix-neuf ans, donc un gaspillage d’argent. " la règle du jeu pour le calcul des investissements, reconnaît M. Robin, repose donc sur une défaillance de courte durée une année sur cinq et sur des ennuis plus durables une année sur quinze. Et cette règle joue en permanence. "


les coupures éventuelles font donc partie de ce pari que fait E.D.F. Il ne manque d’ailleurs pas de techniciens pour dire à propos de l’incident breton : " à un quart d’heure près, on passait sans problème. "


Est-ce à dire que de telles coupures peuvent se reproduire ? On prévoit rue de Monceau que la situation restera tendue en Bretagne. Encore que la mise en route de la centrale de Cordemais dans les premiers mois de 1977 devrait permettre de mieux faire face à l’accroissement de la consommation dans cette région. En revanche, pour le reste de la France, l’optimisme est de rigueur. La sécheresse est oubliée. Si le 25 octobre E.D.F. pouvait écrire que le maintien d’une faible hydraulicité conduirait au cours de l’hiver " à des difficultés graves " les pluies tombées depuis lors ont remplit les réservoirs à tel point que le 10 novembre - jour de l’incident - compte tenu d’une très bonne hydraulicité, la production était essentiellement assurée par des centrales hydrauliques.


On affirme donc à E.D.F " il n’y aura pas de problèmes l’hiver prochain " D’autant que les Espagnols et les Suisses sont à même de nous fournir du courant. Et puis la récession économique de 1975 et les soubresauts de la reprise e 1976 sont venus à point ralentir l’expansion de la consommation.


On reconnaît cependant que la situation risque d’être particulièrement tendue les hivers à venir. La construction de plusieurs centrales est en retard. La centrale de Fessenheim, en raison d’un attentat d’abord, puis de faiblesse de soudure dans un circuit de refroidissement annexe, sera mise en service en 1977, dix-huit mois plus tard que prévu. Celle de Kaiserangsi, en Suisse dans laquelle E.D.F. à une participation, a maintenant cinq ans de retard. Et l’on admet désormais que le délai de fabrication des centrales nucléaires doit être allongé en raison du renforcement des règles de sécurité. Sans parler des campagnes écologiques de plus en plus virulentes et des difficultés que rencontre E.D.F. simplement pour poser des lignes à haute tension.


L’entreprise nationale ’envisage pas de remettre en cause sa politique commerciale du " tout électrique ". " Elle signifie simplement, dit-on, la pénétration de l’électricité vers 1980 dans deux cent mille logements supplémentaires, soit une production de 3 milliards de kilowatts-heures. C’est l’équivalent de cinq points sur les variations de l’hydraulicité à cette époque. "


Tout en affirmant que " la situation ne sera pas dramatique " , on ajoute à Électricité de France : mieux vaut un risque accru plutôt que de construire des équipements lourds simplement pour faciliter le passage d’un ou deux hivers difficiles ".


Les services d’ E.D.F. n’en étudient pas moins des solutions de rechange et des décisions pourraient être prises prochainement. Il n’est plus question de construire - comme le réclame la C.G.T - un troisième groupe thermique à Cordemais. En revanche, on envisage de développer des réserves hydrauliques de faible envergure, et l’on se dit très satisfait du test des turbines à gaz, qui fonctionnent au fuel distillé. De faibles puissances - 20 à 75 MW, - ces dernières ont l’avantage de pouvoir être placées pour doubler un poste existant ce qui résout le problème du retard dans la pose des lignes à haute tension. La Bretagne pourrait rapidement bénéficier d’une telle solution qui, par parenthèse, marquerait un certain échec dans les prévisions d’implantation du nucléaire.


Cela suffira-t-il pour éviter des coupures dans les années qui viennent ? Cela dépend évidemment de très nombreux facteurs : reprise économique, taux d’hydraulicité, dureté de l’hiver, etc.


dans une entreprise dont le capital investi est plus fort que dans n’importe quel autre secteur économique, un choix a été fait. Puisque l’électricité ne se stock pas, et qu’il faut à chaque instant produire ce que la consommation appelle, on a préféré risquer d’avoir à délester parfois plutôt que d’investir plus lourdement encore. le poids du programme nucléaire d’ E.D.F était-il trop important ? Le problème est que pour infléchir véritablement une telle orientation in faut un minimum de sept années.


BRUNO DETHOMAS

Prix du pétrole


( Suite de la page 17 )


Aucun économiste n’a encore osé dire comment ces sources pourraient être développées si les prix de l’énergie encore dominante, le pétrole, devraient être maintenus à leur niveau actuel.


Aucun dirigeant occidental n’a encore dit comment, dans ces conditions, le ravitaillement énergétique de son pays pourrait être assuré dans une dizaine d’années. On sait pourtant que les centaine de milliards de dollars d’investissements nécessaires à la mise en valeur de nouvelles formes d’énergie ne seront consentis que dans la mesure où ils permettront de produire à des coûts commercialement soutenables. Ceci suppose au moins un doublement des prix actuels du pétrole brut. Talonnés par des préoccupations politiques, économiques ou électorales immédiates, les gouvernements des pays développés ont tendance à négliger cette réalité et à ajourner les options qu’elle impose. Au fur et à mesure que le danger d’une pénurie d’énergie se précise, la même réalité doit bien, tôt ou tard, avoir raison des marchandages anachroniques et des menaces gratuites.


Pour avoir été la première puissance occidental à refuser la politique de la confrontation et pour avoir pris l’initiative du dialogue Nord-Sus, la France peut jouer un rôle considérable en posant le problème de l’énergie dans ses nouvelles et véritables dimensions. Elle peut surtout contribuer à replacer ce problème dans le cadre de la concertation plus que jamais nécessaire entre tous les pays concernés.


NICOLAS SARKIS.

Le café soluble bon marché à Paris


Afin que les fluctuations de changé ne viennent pas cacher les véritables différences de niveau des prix, les statisticiens ont donc utilisé les taux d’équivalence en pouvoir d’achat à la consommation ( TEPAC ) des biens et services comparables dans les neuf capitales de la C.E.E. Amsterdam, Bonn, Bruxelles, Copenhague, Dublin, Londres,Luxembourg, Paris, Rome. On a constaté par exemple que le prix de la boîte de café soluble ( 50 grammes ) était de l’ordre de 4 francs à Paris et de 4,40 deutchemarks à Bonn. Un Français disposant de ce bien, acheté 4 francs, pourrait le revendre en Allemagne 4,40 deutchemarks et disposer dans ce pays d’un pouvoir d’achat équivalent. Le taux d’équivalence du pouvoir d’achat du café soluble entre la France et l’ Allemagne est donc de 1 DM = 0,90 F ( 4 ; 4,40 ). comparé au taux d’équivalence du pouvoir d’achat du mark en octobre 1975 ( 1 DM = 1,738 F ), on constate que par rapport au niveau général des prix allemands le café soluble était à cette époque presque deux fois plus cher à Bonn qu’à Paris.


Les statisticiens ont calculé pour leur enquête non seulement les TEPAC pour chaque produit mais aussi pour chaque grande catégorie de consommation : produits alimentaires, habillement, logement ( hors loyers ), ameublement, transports et communications, loisirs et autres services.


Les comparaisons internationales de prix ont été faites en rapprochant le TEPAC de chaque grande catégorie de consommation aux taux d’équivalence de chaque monnaie. Dans le cas de Paris, l’enquête effectuée par l’ O.S.C.E. et l’ INSEE montre que le niveau de prix des produits alimentaires, par rapport au pouvoir d’achat total du Parisien, est plus faible que le niveau de prix de ces mêmes produits rapporté au pouvoir d’achat des habitants des autres capitales. Au contraire, les prix des articles d’habillement sont plus élevés à Paris que dans l’ensemble des autres capitales ( Luxembourg excepté . C’est aussi vrai pour le logement ( sauf Bruxelles ) et pour les loisirs ( sauf Rome ). En ce qui concerne l’ameublement et les transports, paris se situe dans le moyenne des capitales européennes, par rapport à la moyenne générale des prix.


Pour consommer économique ment - et si le taux de change se rapprochait du taux d’équivalence, - il faudrait donc à l’ Européen voyageur se nourrir à paris, s’habiller à Bonn, se loger à Rome, utiliser les transports à Bruxelles et prendre des loisirs à Londres. mais il y aurait encore mieux à faire dans la logique du taux d’équivalence de pouvoir d’achat ci-dessus décrit dans l’exemple du café soluble. Ce serait pour notre hypothétique voyageur européen d’acheter des produits alimentaires à Paris, pour les revendre à Rome où il sont relativement chers. Avec les lires obtenues, il pourrait ensuite acheter avantageusement des vêtements dans la capitale italienne pour les revendre ensuite à Luxembourg. Avec ses francs luxembourgeois, il pourrait acheter des transports et les revendre à Dublin Ce qui montre le caractère théorique de la notion de TEPAC pour les services et enfin (...) se payer des loisirs dans la capitale irlandaise.


Plus concrètement, l’enquête de l’ O.S.C.E. et de l’ INSEE donne un catalogue très complet des prix relevés dans les capitales européennes de septembre à novembre 1975. Convertis en francs, au taux de change de cette époque, ces différents prix ne manquent pas d’étonner dès leur comparaison, même si la méthode est discutable sur le plan scientifique, comme il a été expliqué plus haut. On apprend par exemple que le kilo de viande de boeuf à rôtir était en octobre-novembre 1975 de 20 % plus cher à paris qu’à Amsterdam, alors que la différence du taux de T.V.A. n’explique qu’un écart de 3 %. Même différence de prix pour la plaque de 250 g de beurre, qui est par ailleurs deux fois plus chère à paris qu’à Londres, le record étant détenu par Rome. Il faut rappeler cependant que, comparés à ceux des autres capitales, les prix alimentaires parisiens sont à un niveau relativement plus faible par rapport aux prix des autres biens et services.


Pour l’habillement, le taux normal de T.V.A. à 20 % Réduit à 17,60 % par le plan barre fait des ravages et conduit à des niveaux records de prix à Paris. le pardessus d’hiver coûtait à l’automne 1975, 720 F à Paris ( T.V.A. 20 % ) 490 F à Bonn ( T.V.A. 11 % ), 415 F à Londres ( T.V.A. 8 % ), soit une différence dans ce dernier cas de 26 %. On note des différences plus sensibles pour le réfrigérateurs, moins cher à Bonn de 27 % et pour les machines à coudre, moins chères de 54 % alors que la différence due aux taux de T.V.A. est intérieure à 10 % inutile enfin de comparer les prix des automobiles, où Paris atteint des records de prix, dus en grande partie aux taux exorbitant de la T.V.A. ( 33,33 % ).


les récentes études de l’ O.S.C.E. et de l’ INSEE sur les prix ne permettent pas d’expliquer les causes de telles différences de prix : coûts de production, coûts de distribution ou des marchés non concurrentiels ? De telles recherches pourraient peut-être enfin apporter une aide précieuse à une politique anti-inflationniste plus structurelle.


PIERRE DUFFÉ

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