Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
PAR RICHARD JONES
A Vienne, l’Irak avait été accusé de diminuer ses prix dans le dessein de relancer ses ventes. L’accusation semblait tout à fait justifiée par des chiffres faisant apparaître une augmentation marquée de la production du pétrole irakien, en opposition avec le recul enregistré par tous les membres importants de l’O.P.E.P. N’oublions pas que le maintien des prix était l’objectif n°1 lors de la formation de l’O.P.E.P. et qu’il le demeure.
Etant donné que le débat a peu de chance, à l’heure actuelle, d’aboutir à une conclusion positive, la majorité des
membres de l’O.P.E.P. préférerait évidemment laisser le problème en suspens dans l’espoir que, d’ici à cet été - lorsque les ministres de l’Energie se réuniront de nouveau à Djakarta - sa solution aura été facilitée par un rétablissement de la situation économique mondiale et par un marché du pétrole plus soutenu.
Certains membres de l’O.P.E.P. sont dans une situation financière difficile du fait de la diminution de leur production, de l’accroissement de leurs dépenses et de l’inflation. L’année dernière, tous ont été conduits à constater les liens étroits entre la demande et les prix.
Il y a deux ans, la multiplication par quatre du prix du pétrole, imposée au cours du dernier trimestre 1973, paraissait suffisante pour réduire les problèmes financiers des Etats producteurs au moins jusqu’en 1980. Au début de 1974, un certain nombre de prévisions attristées, dont celle de l’O.C.D.E., généralement prudente dans ses estimations, annoncèrent un excédent global de 400 milliards de dollars à la fin des années 70, au profit principalement des cinq grands producteurs du golfe Persique.
En dépit des nouvelles augmentations des prix décidées en 1974, l’excédent fut très inférieur à ces prévisions, bien que ces augmentations successives aient été suffisantes pour déclencher une récession de l’économie mondiale et que le cartel se soit montré incapable de dépenser la moitié de ses gains.
Le produit des ventes de pétrole atteignait un peu plus de 100 milliards de dollars et l’excédent par rapport aux dépenses a été d’au moins 55 milliards de dollars. Sous l’effet de la majoration des prix, ce qu’on était arrivé à considérer comme l’augmentation annuelle inévitable de la consommation du pétrole a été freinée et la production des Etats de l’O.P.E.P. n’a enregistré qu’une augmentation marginale de 0,6%. Les producteurs de pétrole ont surpris la plupart des observateurs par leur capacité d’absorption, augmentant leurs importations en marchandises et en services de 70,75% par rapport à 1973. L’inflation, naturellement, a joué un rôle significatif puisqu’elle est intervenue pour 25,30% dans cette augmentation selon certaines études indépendantes.
Dans la première moitié de 1975, les "experts" durent, une fois de plus, modérer leurs prévisions, tandis que les Etats producteurs étaient de plus en préoccupés par l’inflation et par l’idée de devoir indexer le prix du pétrole pour y faire face. A la mi-1975, l’O.P.E.P. se déclarait favorable en principe à un système liant le prix du pétrole à celui des marchandises et des services que ses membres devaient importer. Déjà, le renversement des tendances devenait évident, et les pressions tendant à obtenir une augmentation substantielle du prix du pétrole s’exerçaient avec une telle force que l’Arabie Saoudite, lors de la conférence de septembre 1975, ne put y résister. L’augmentation du prix de 10% décidée alors constituait en fait un compromis, certains exigeant 20% ou plus.
Pendant les trois premiers trimestres de 1975, la Banque d’Angleterre a estimé que les revenus de l’O.P.E.P. s’élevaient à 77,8 milliards de dollars, soit une augmentation d’environ 19% par rapport au trois premiers trimestres 1974. A la fin de septembre, l’excédent (compte tenu des investissements et des prêts) était évalué à 24,8 milliards de dollars, soit une diminution de 37% par rapport à l’année précédente. Plus récemment, le secrétariat au Trésor des Etats-Unis estimait à 41,65 milliards de dol-
Réserves des pays pétroliers
lars l’excédent global de l’O.P.E.P. pour 1975.
Selon d’autre estimations, l’excédent se situe entre 30 et
L’O.P.E.P. a bénéficié pleinement de ces augmentations du revenu de 1974 pendant toute l’année 1975, recevant jusqu’à 10% de supplément durant le dernier trimestre. Pendant cette même période, les importations des Etats membres augmentaient encore semble-t-il, de 60%. D’un autre côté, onze des treize membres de l’O.P.E.P. voyaient leur production diminuer. Les statistiques détaillées relatives à la production totale de pétrole des Etats de l’O.P.E.P. pour l’ensemble de l’année 1975 ne sont pas encore disponibles. On sait toutefois qu’au cours des onze premiers mois la moyenne s’est établie autour de 27 millions de barils par jour, soit une diminution d’environ 12% par rapport à l’année précédente et une capacité de production inemployée d’environ 25%.
Cette évaluation globale masque des différences notables entre pays.
L’Arabie Saoudite, dont la production a baissé de 16,5% en 1975, doit être considérée à part. Ce pays était préparé à jouer le rôle du producteur qui absorberait la plus grande partie du choc provoqué par la baisse de la demande tout en continuant d’accumuler un excédent important. Compte tenu du financement des programmes d’aide (plus d’un million de dollars au cours du premier semestre 1975), il est peu probable que cet excédent ait été inférieur à 18 ou 19 milliards de dollars, ce qui représente largement plus de la moitié de l’excédent total.
Lors de la conférence des Etats de l’O.P.E.P. de septembre dernier, le plus convaincant des arguments en faveur de la modération mis en avant par le cheikh Ahmed Zaki Yamani, ministre du pétrole de l’Arabie Saoudite, était qu’un marché peu animé ne pouvait supporter l’augmentation de 20% demandée par les extrémistes. Et si les allégations au sujet de la concurrence que les Irakiens imposent aux autres producteurs arabes en pratiquant des prix inférieurs dominèrent la journée de débats de décembre dernier, il semble que le but poursuivi par Bagdad ait été de provoquer une confrontation entre l’Arabie Saoudite et les autres Etats membres à propos de la vieille question d’un programme de production. Conformément à sa politique de modération des prix, c’est un sujet que l’Arabie Saoudite, déterminée à expor-
SAUPIQUET - EMPRUNT DE 60,000,000 F
ter plus de pétrole que ses besoins budgétaires et sa capacité d’absorption ne le justifient, est frappante. Il n’en reste pas moins que la politique de l’Arabie Saoudite consiste à avoir recours à sa production pour stabiliser les prix.
Le Dr Jamshid Amouzegar, qui dirige la délégation iranienne, exprimait récemment l’espoir que des augmentations du prix du pétrole "redeviendront possibles à partir de la mi-1976", époque à laquelle on pourrait de nouveau mettre un terme au gel actuel des prix en raison du redressement économique mondial qu’escomptent les Etats de l’O.P.E.P. aussi bien que les nations industrielles.
Dans tous les cas, il est difficile de ne pas prévoir une reprise de la demande. Compte non tenu du marché, les contraintes d’ordre économique qui pèsent sur de nombreux membres de l’O.P.E.P. favoriseront inévitablement une hausse substantielle lorsque les ministres du Pétrole se réuniront l’été prochain.
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