Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Pétrole
Paris déclare n’être pas surpris par le discours de M. Kissinger , que Washington affirme être le plus important que le secrétaire d’Etat ait prononcé depuis treize mois . L’opposition de M. Kissinger au projet de M. Giscard d’Estaine de réunir une conférence tripartite (pays pétroliers , pays riches et pays pauvres ) était , dit-on , continue depuis six semaines . Si cela est vrai , on se peut qu’admirer la sérénité avec laquelle la diplomatie française a envoyé des émissaires à travers le monde (M. Schumann , dernier en date , est parti en Inde) pour essayer de convaincre différents pays d’appuyer le projet du président de la République . Peut-être aurait-on pu certain triomphalisme : la proposition de conférence tripartite a reçu « une très large approbation » , y déclarait-on il y a huit jours . (« Le Monde » du 7 novembre )
M. Kissinger a donc parlé , et, une fois de plus , il l’a fait comme s’il s’exprimait en maître . La France va pouvoir ainsi vérifier la solidité des engagements verbaux obtenus de l’Arabie Saoudite , de l’Iran , du Brésil et du Japon . Ce dernier pays vient de faire savoir qu’il appuyait , en principe , le proposition française . Quant aux partenaires européens de la France , qui avaient soutenu du bout des lèvres l’initiative de M. Giscard d’Estaing , comment vont-ils réagir ? Se montreront-ils irrités que M. Kissinger veuille encore et toujours régenter le monde dit « libre » ? On vont-ils succomber a leur « tropisme américain » , d’autant plus fort en cette matière qu’ils collaborent à l’Agence Internationale de l’énergie créée par le groupe des Douze , à l’instigation des Etats-Unis ?
Sans doute , pour sauver la face . Paris peut prétendre qu’il n’y a qu’une différence de calendrier entre la stratégie de M. Kissinger et celle de M. Giseard d’Estaing , qui aboutissent l’une et l’autre au même résultat : le dialogue avec les pays producteurs . Ce serait , en fait , minimiser le désaccord . Ce que M. Kissinger propose est véritablement un conseil de pays consommateurs : pour le rendre plus alléchant , il l’assortit d’un plan de « recyclage » des « pétro-dollars » portant sur 25 milliards dollars . Jamais un chiffre aussi énorme n’avait été cité . Il y a a de quoi faire rêver les pays en quête de dollars , même lors-qu’ils sont tentés de regimber contre la volonté de puissance de Washington . Dès lors , ou peut craindre que la France ne perde un bon nombre de ses alliés du moment .
Que peut faire la diplomatie française devant cette centre -attaque ? En refusant d’entrer dans l’Agence internationale de l’énergie de M. Kissinger , M. Giseard d’Estaing assumait l’héritage fort populaire de M. Jobert . En suggérant la réunion d’une conférence tripartite , il comptait sortir de l’impasse ou l’avait enfermé le « jobetisme » , qu’il n’avait jamais approuvé du fond du cœur . M. Kissinger , par son opposition publique , le met au pied du mur et l’oblige à choisir plus clairement son camp .
En définitive , c’est bien une stratégie de confrontation qu’a définie M. Kissinger . L’OPEP, selon lui , a déclaré une guerre économique au reste du monde , et il met en garde les transfuges . La France peut-elle , dès lors , continuer a avoir un pied dans chacun des deux camps ? De quel poids vont peser les amitiés qu’elle s’est acquises dans le tiers-monde , face aux manifestations de la puissance américaine ?
Devant l’université d Chicago , M. Henri Kissinger , secrétaire d’Etat américain , a proposé un plan en cinq points , dont une diminution de 10% de la consommation de pétrole en 1975 , pour créer les conditions d’une baisse du prix au brut . Ayant d’entreprendre un dialogue avec les pays producteurs de pétrole , les pays industrialisés devraient , selon lui , renforcer leur solidarité à la fois sur le plan énergétiques et sur le plan financier .
Il s’agit d’une refus implicite de la conférence tripartite (pays pétroliers , pays riches et pays pauvres) proposée par M.Giseard d’Estaing .Il est peu probable dans ces conditions , que celle-ci puisse se tenir au début de l’an prochain , comme le président de la République l’avait suggéré .
Chicago (A.F.P. ). — Dans son discours , M. Henry Kissinger a proposé aux autres pays industrialisés occidentaux un programme d’action en cinq points qui envisage d’ici la fin de L’année prochain la réduction générale de 10% de la consommation de pétrole et la création d’un fonds commun de 25 milliards de dollars pour recycler les surplus de revenus des pays producteurs investis dans les pays industrialisés .
Sans mentionner spécifiquement la proposition de M. Giseard d’Estaing de tenir , au début de l’année prochaine , une consommateurs , M. Kissinger a clairement fait entendre que , pour les Etats-Unis , l’heure du dialogue n’est pas encore venue .
« Nous reconnaissons qu’un dialogue consommateurs - producteurs est essentiel , a-t-il dit , mais il doit s’accompagner de l’élaboration d’une plus grande solidarité des consommateurs .
(lire la suite page 37.) »
LE COURS DE L’OR PRÈS DE SON PLUS HAUT NIVEAU
Alors que le dollar était déjà très faible , les propos tenus par le chancelier Helmut Schmidt , au cours du dîner organisé mercredi soir par l’Association de la presse étrangère de Bonn , avaient mis le feu au poudres sur les marchés des changes dans la journée de jeudi . Le chancelier avait notamment déclaré qu’il ,’était nullement opposé à une revalorisation du deutschemark , qui permettrait de contenir la hausse des prix intérieurs et de diminuer l’excédent commercial .
Dans la matinée de jeudi la nouvelle baisse du dollar , amorcée la veille , a continué de plus belle a Francfort n ou la devise américaine était cotée 2,50 DM . A Zurich , en notait un mouvements dans le même sens : le dollar y valait entre 2,67 et 2,68 francs suisses , le cours le plus bas auquel il jamais descendu sur cette place . Le franc français étant , au contraire , une monnaie actuellement discutée , ce n’est guère qu’à Paris que le dollar peut se maintenir : il était cité aux alentours de 4,68 francs français vendredi matin . Conséquence de cette évolution : la cours du franc contre deutschemark se détériore a nouveau (1,7250 FF pour 1FS. Jeudi , on avait même vu le franc suisse monter à Paris jusqu’à 1,74 ce qui est un record .
Sur toutes les places , la livre sterling suit à peu près le sort du dollar . Bien que le cours entre la devise britannique et la devise américaine se soit légèrement amélioré encore vendredi matin au profil de la première . Il semble que l’émotion causée sur les marchés des changes par la décision du chancelier de l’Echiquier de supprimer , a partir de l’année prochaine , la garantie de change dont bénéficie une partie des « balances sterling » — à l’exclusion du reste des très importants avoirs constitués depuis l’automne dernier par les pays producteurs de pétrole — se calme progressivement . Il reste que le dernier budget , qui comporte un déficit accru du secteur public et un appel ouvert a de nouveaux emprunts étrangers , inspire aux opérateurs de vivres inquiétudes sur la livre sterling .
Ce nouvel accès de fièvre s’explique par les risques croissants que fait courir l’inflation au système bancaire et monétaire international . Aux Etats-Unis , les prix de gros ont augmenté en octobre de 2,3% ce qui correspondant à un rythme annuel de 27,6% . Cette nouvelle a contribué aussi à affaiblir le dollar , déjà victime de la baisse des taux d’intérêt a New-York . Il est significatif que le marché n’ait pas été impressionné par le discours de M. Kissinger en faveur d’un « recyclage » concerté des capitaux au profit des pays déficitaires .
L’inquiétude générale se reflète par une nouvelle vague de spéculation sur l’or , dont le cours a atteint le niveau jamais vu de 1,92 dollar jeudi après-midi , a Londres . Dans la matinée de vendredi , les premières transactions se faisaient sur la base de 1,89 et 1,91 dollar . On notait à Londres une nouvelle et forte hausse de la pièce sud-africaine Krugerrand , qui contient 1 oncle d’or . Son prix a atteint jeudi 214,13 dollars . ---- P. F.
le droit de parole des orateurs .
De notre envoyé spécial
Nations unies . --- Après le départ de Yasser Arafat pour Cuba , la fièvre est tombée au sein de l’Assemblée générale qui s’est mise laborieusement a la tâche , autrement dit à l’écoute patiente d’une centaine d’orateurs , qui , a longueur de journée , vont échanger de vieux arguments sur le problème palestinien . Ce marathon oratoire a cependant mal commercé , avec un vote de procédure qui a mis en évidence ce que certains appellent ici la « majorité automatique » , réunissant les pays arabes , une grande partie des Etats africains et le bloc des pays de l’Est . A dire vrai , les Américains qui dénoncent aujourd’hui cette « majorité automatique » s’en accommodaient fort bien dans le passé , lorsque eux-mêmes ralliaient autour d’eux la très grande majorité des Etats de l’Amérique latine et la plupart de leurs alliés européens . . . .
Le vote sur la procédure illustre en tout cas clairement les changements intervenus . Par 75 voix contre 23 et 18 abstentions , l’Assemblée a décidé de limiter à un seul discours l’intervention des délégations dans le débat palestinien . C’est la première fois qu’une restriction du droit de parole intervient sur Nations unies . Compte tenu de la tendance des délégués à parler d’abondance , la décision de « tordre le cou » à l’éloquence était sage dans le contexte du débat , l’initiative de M. Bouteflika , président de l’Assemblée , aboutit à pénaliser la délégation d’Israël , qui s’était inscrite pour parler tous les jours , afin de compenser son isolement face au bloc arabe .
« On veut empêcher Israël de parler » , a déclaré M. Tekosh , le représentant Israélien , accusant M. Bouteflika d’avoir , depuis le début de la session , manifesté des préjugés anti-israélienns . M. Tekosh aurait pu accepter la suggestion de M. Bouteflika de restreindre volontairement son droit de parole , mais il refuse (« (. . . ) il y a vingt Etats arabes ici , et un seul Israël ») , soutenu par la délégué américain .
Au cours du vote , les pays de la Communauté européenne , France comprise , se retrouvèrent dans la minorité avec les Etats-Unis , les pays scandinaves et Israël . Cette division créa évidemment un certain malaise . . . Mais le représentant d’Israël pourra , comme tous les autres , utiliser chaque jour son droit de réponse en parlant pendant une période limitée à dix minutes .
Quant au débat proprement dit , il fut marqué par un discours du président du Liban , M. Frangié , chargé par le « sommet » de Rabat de parler au nom des vingt pays arabes . Il demande que soient reconnus les « droits nationaux » du peuple palestinien et félicita l’Assemblée pour avoir accepté l’O.L.P. comme un
« interioculteur valable » .
En l’absence de M. Yasser Arafat , parti tôt le matin , dirent-ils , « pour alléger la tâche des services de sécurité et ne pas gêner les New-Yorkais se rendent à leur travail » , le porte -parole de L’O.L.P., M. Shaath , commenta le discours de son leader dans un sens modéré .
Henri Pierre .
Israël et L’UNESCO
Après le vote la commission culturelle de l’UNESCO d’une résolution pour la suspension de l’aide à Israël , M. Jacques Madoule , président de l’Amitié judéo-chrétienne de France , nous écrit , au nom des signataires de l’appel paru dans le Monde du 6 novembre (auxquels il faut ajouter les noms de Raymond Aron et Claude Lanzmann ), que l’UNESCO « a doublement failli a sa maison » par une mesure « qui ne comporte aucun précédent » et sur un prétexte « à la fois superficiel et gravement tendancieux ». Il ajoute :
Nous appelons l’opinion à dénoncer avec nous un scandale : le déchaînement systématique , haineux , incontrôlé , sans répit , sans nuance a toutes les tribunes internationales , a tout les tribunes internationales , a tous les niveaux , dans tous les domaines , contre un seul pays - et toujours le même . Nous tenons pour odieux et inadmissible que la nation juive soit ainsi , à l’instar de ce que fut trop souvent le sort du peuple juif au cours des vingt siècles de son aliénation traitée en bouc émissaire des misères et des fautes de toute l’humanité .
Nations unies , New -York (A.P.F. ) . - S’adressant jeudi 14 novembre , en français à l’Assemblée générale des Nations unies , le président de la République libanaise , M. Frangié , a dit notamment :
« Voilà enfin que la question palestinienne émerge et s’impose dans une vision plus claire et plus réaliste des choses . Voilà enfin que votre Assemblée générale décide d’exprimer , dans les faits , la notion , pour nous évidente depuis toujours et maintenant reconnue par tous , de l’identité propre du peuple palestinien , de reconnaître l’Organisation de libération de la Palestine comme je représentant légitime de ce peuple et d’inviter en conséquence cette organisation a participer aux délibérations de l’Assemblée en séances plénières . »
« Nous avons accueilli , comme nous le devions , des centaines de milliers de nos frères palestiniens qu’Israël poursuit de ses violences injustifiées et combien de fois condamnées par les instances internationales . Dans le même temps , la vindicte israélienne s’acharne contre la population libanaise , répétant ses raids meurtriers contre le sud du Liban , nous atteignant dans notre corps et dans notre âme et nous menaçant dans notre sécurité . »
« En même temps que le langage du droit et de la justice , nous voudrions tenir ici le langage de la sagesse . Celle-ci dit que la violence n’a qu’un temps , qu’elle ne saurait servir à assurer une paix véritable et définitive , qu’elle s’avère particulièrement stérile et humaine quand elle s’exerce à l’encontre des droits fondamentaux de tout un peuple , comme c’est le cas le peuple palestinien . »
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté
leur soutien à Israël .
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées , le jeudi 14 novembre n à 18 heures , place du Palais-Royal à Paris, pour protester contre l’accueil de M. Yasser Arafat , leader de l’Organisation de libération de la Palestine (O.L.P.) à l’Assemblée générale des Nations unies . Cette manifestation , organisée par le le Comité de soutien de la jeunesse à Israël , devait initialement se diriger vers l’Elysée , mais ce parcours ayant été interdit , les organisateurs ont finalement décidé de se rendre place de l’Opéra .
Le cortège a donc remonté très lentement l’avenue de l’Opéra , précédé et encadré par un imposant service d’ordre composé de jeunes casques . Les organisateurs craignaient , en effet , d’éventuels incidents , une manifestation pro-palestinienne étant convoquée à la même heure au métro Barbés - Rochechouart .
Regroupés derrière une large banderole , où l’on pouvait lire « Malgré l’ONU , avec Israël pour la paix » , les manifestants - jeunes en grande majorité agitaient des pancartes ou on lisait « Un assassin à l’ONU » « Giscard complice » et scandaient divers mots d’ordre hostiles au « terrorisme palestinien » et à la « politique de complicité » du gouvernement français . D’autres militants , à l’arrière du défilé , préféraient des slogans plus offensifs , tels que « Hier Hamchari
A la fin de la manifestation , un dirigeant du comité de soutien à Israël a pris la parole et a notamment déclaré : « Nous n’avons pas remarqué parmi nous ce soir nos amis de toujours , MM. Lecanuet , Ponianski , Abelin et Mitterrand , mais nous avons prouvé que , malgré tout , Israël n’est pas seul . » .
La dispersion s’opérait ensuite rapidement et sans incident .
Une contre-manifestation , organisée jeudi 14 novembre à l’appel du comité de soutien aux Palestiniens et du Mouvement des travailleurs arabes (M.T.A.) , a réuni environ cinq cents personnes qui ont défilé du métro Barbes - Rochechaurt à la gare de l’Est et se sont dispersées sans incident .
Tandis que le débat sur le Palestine se poursuit aux Nations unies , le président Ford a déclaré jeudi 14 novembre à Phœnix , ou il était l’invité d’une organisation de journalistes , que la décision de négocier ou non avec l’O.L.P. appartenait a Israël . La politique des Etats-Unis au Proche-Orient , a indiqué en substance le président Ford , est d’encourager des négociations entre Israël d’une part , et « les Egyptiens et d’autres pays arabes ».
Interrogé sur le point des savoir si les Etats-Unis allaient inciter Israël a traiter avec L’O.L.P. M. Ford a répondu : « Je n’ai pas dit qu’Israël doit négocier avec l’Egypte et d’autres pays arabes . » Les Etats-Unis , a-t-il ajouté , « ne sont partie aucune négociation » et ils doivent laisser aux intéressés le soin décider eux-mêmes du choix de leur lateriocuteur . M. Ford a souligné , d’autres part , que les Etats-Unis restaient décidés « à travailler avec les pays producteurs de pétrole » pour faire face a la crise de l’énergie .
EN ISRAËL , M. Ygal Allon , ministre des affaires étrangères , à convoqué , jeudi 14 novembre à Jérusalem , les ambassadeurs accrédités dans le pays pour leur faire part de la réaction de son gouvernement au discours prononcé par M. Yasser Arafat à New-York : « Israël , a-t-il dit ; demande à tous les pays qui veulent promouvoir la paix au Proche-Orient de tirer les conséquences qui s’imposent après le discours prononcé par M. Arafat et son appel à la liquidation de l’Etat d’Israël . Il leur demande de s’opposer au projet arabe , car il ne saurait qu’encourager les éléments extrémistes du monde arabe qui cherchent à entraîner cette région dans une nouvelle guerre . La voix d’Arafat demeure ce qu’elle fut toujours : celle du terrorisme sans discrimination . . . Le jour où le dirigeant des organisations terroristes a prix la parole à la tribune de l’Assemblée générale est un jour de honte pour les Nations unies . . . »
D’autre part , dans une interview télévisée , M. Ygal Allon a fait remarquer que « même si une résolution favorable à l’O.L.P., était adoptée par l’Assemblée générale , cette résolution ne saurait en rien modifier les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité . »
A MOSCOU , la presse soviétique à passé sous silence , jeudi , les passages du discours de M. Arafat , où le président de l’O.L.P. met en cause l’existence de l’Etat juif et reproche à l’ONU d’avoir divisé en 1947 « une partie indivisible ». —
(A.F.P. , U.P.I. , A.P. , Reuter. )
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