Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Pétrole
« Le gouvernement est favorable aux commissions d’enquête parlementaires , comme celle sur les sociétés pétrolières. Il n’a rien a cacher, bien au contraire », a affirmé , vendredi 8 novembre , M. Michel d’Ornano , ministre de l’industrie et de la recherche , dans une déclaration à la presse .
Le ministre , qui n’avait pas encore eu le temps de prendre connaissance de la totalité du rapport d’enquête parlementaire sur les pratiques des sociétés pétrolières en France , rapport qui ne lui a été communiqué que jeudi après-midi , a tenu à indiquer , en premier lieu , que le gouvernement français n’avait le pouvoir de contrôler les sociétés pétrolières multinationales que pour leurs activités sur le sol français .
« Aunpoint de vue fiscal , a dit M. d’Ornano , il n’y rien de clandestin , car les disponibilités en vigueur proviennent des votes du Parlement français en 1952 pour la provision de reconstitution de gisements , et en 1965 en ce qui concerne le bénéfice consolidé . Cela a été fait , a-t-il ajouté , pour ne pas défavoriser les sociétés françaises par rapport à leurs concurrentes internationales . »
En ce qui concerne l’organisation du marché français , a dit M. d’Ornano , les fois de 1926 et de 1928 ont été adoptées pour assurer à 50 % la présence des sociétés françaises dans les opérations effectuées sur le territoire national .
C’est pour lutter contre les sociétés multinationales , a ajouté le ministre , que ces lois ont été édictées ; d’autres pays ont adopté les mêmes lois par la suite .
Il est évidemment possible qu’il y ait des ententes illégales , a indiqué M. d’Ornano , qui a tenu à rappeler qu’en 1972 M.Giscard d’Estaing , alors ministre de l’économie et des finances , avait déféré des compagnies pétrolières devant la commission des ententes . « Le gouvernement a agi chaque fois qu’il y avait des atteintes de ce genre à la libre concurrence » , a ajouté le ministre de l’industrie .
En conclusion , M. d’Ornano , qui a fait état des « difficultés » des groupes pétroliers français , a tenu a déclarer : « Je ne peux pas laisser mettre en cause l’intégrité et le sens de l’Etat des hommes cités par le rapport , qui ont été les directeurs successifs de la direction des carburantes . » Le ministre a alors cité le nom de chacun d’entre eux : MM. Pierre Guillaumat , Jean Blancard , Leblond , André Giraud et Michel Vaillaud , ainsi que leurs successeur et actuel directeur des carburants , M. Gérard Piketty.
Au cours des deux séances que l’Assemblée nationale a tenues vendredi 8 novembre , MM. Alain Bonnet (radical de gauche , Dordogne ) , Ginoux (réf., Hauts-de-Seine) et Soustelle (réf., Rhône ), se sont plaints d’avoir appris par la presse les conclusions de la commission d’enquête sur les sociétés pétrolières .
M. Bertrand Denis (rép . ind. , Mayenne ) a indiqué : « J’ai eu l’honneur de présider la commission d’enquête , et je ne possède pas moi-même d’exemplaire de son rapport . Je tiens cependant a préciser , à la décharge des services , que la publication du rapport n’a été décidée par l’Assemblée que mercredi en fin d’après-midi . Il faut pour l’impression un minimum de temps dont je souhaite qu’il soit le plus court possible. »
Cette explication n’a pas satisfait M. Soustelle , qui a déclaré : « La question n’est pas là ; elle est de savoir si nous avons droit à connaître en priorité les documents parlementaires , ou s’il est acceptable que tout le monde soit au courant avant nous »
A quoi M. Edgar Faure , président de l’Assemblée , a répondu : « Je tenterai de trouver une solution a cette question . Je m’occuperai de la difficulté qui m’est soumise . »
Donnons acte au ministère de l’industrie et de la recherche de n’avoir pas tardé a réagir à la publication parlementaire d’enquêtes sur l’activité des sociétés pétroliers françaises ( le Monde des 8 et 9 novembre ) Reconnaissons aussi que , si le rapport ne lui a été communiqué , comme il le dit , que jeudi après-midi , il n’avait pas encore eu le temps , vendredi , de l’étudier à fond . Ce sera chose faite lorsqu’il répondra , mercredi prochain , a l’Assemblée nationale aux questions orales qui lui seront posées par le président de la commission , M. Bertrand Denis , et par le rapporteur , M. Julien Schvarts .
Pour le moment , les premières déclarations , tant du ministre que des représentants de la profession , appellent quelques remarques et plusieurs questions
La commission d’enquête parlementaire n’a pas remis en cause la loi pétrolière de 1928 , comme parait le penser M. d’Ornano . Elle a même reconnu à ce texte un « aspect positif » ; mais elle s’interroge sur la façon dont il a été appliqué par l’administration et les compagnies (publiques ou privées ) .
La commission parlementaire n’a pas davantage affirmé que les sociétés pétrolières ne payaient pas (ou peu) d’impôts à la suite d’interventions clandestines , mais , bien au contraire , de façon tout à fait légale . Et c’est là , selon elle , ce qui est assez anormal , vu les profits réalisés .
La commission s’est encore étonnée , comme d’ailleurs aussi le ministre de l’économie et des finances , M. Jean-Pierre Fourcade , de la façon dont la profession renseignait l’administration sur les prix d’accès des compagnies au pétrole brut , M. d’Ornano n’a pas pris position sur ce point .
« Le gouvernement n’a rien à cacher » , dit le ministre , qui rappelle qu’en 1972 M. Giscard d’Estaing , alors ministre de l’économie et des finances , avait déjà déféré les sociétés pétrolières devant la la commission des ententes ( le Monde du 13 février 1973). Etait-ce bien le seul abus digne de sanction , n’y en avait-il eu d’autres , comme paraît le penser la commission ? Le débat a l’Assemblée nationale permettra , espérons-le , de faire toute la lumière sur ce point .
Le gouvernement a en tout cas un excellent moyen de prouver qu’il n’a rien a cacher : qu’il fasse tout de suite publier le rapport (dit Fuste et Le Bonhomme) de la brigade d’enquêtes sur les ententes pétrolières , ainsi que celui qui avait été préparé sur l’administration sur l’affaire des huiles usagées , détruites par les sociétés parce que risquant , une fois régénérées , de faire concurrence aux huiles vierges , sur les-quelles les marges bénéficiaires sont importantes (le Monde du 19 mai 1973) .
Enfin , il est tout a fait normal que le ministre « ne laisse pas lettre en cause l’intégrité et le sens de l’Etat des hommes cités par le rapport , qui ont été les directeurs successifs de la direction des carburants » . Mais leur honnêteté n’est pas du tout mise en cause par la commission . C’est le système des relations entre la Direction des carburants (DICA) et la profession qui est en question . Le nouveau protocole préparé par la DICA sur la régénération des huiles usées reste un bon exemple de la façon dont ce système fonctionne . Maintenant que l’« affaire » a explose , ce projet ne peut guère être enfoui dans un tiroir .
PHILIPPE SIMONNOT .
Dans un communiqué , l’Union des chambres syndicales de l’industrie du pétrole « s’élève avec indignation contre l’accusation portée à l’égard des sociétés pétrolières d’échapper à l’impôt , de tricher sur les informations concernant les prix d’accès du pétrole brut , ainsi que contre les appréciations portées sur l’organisation du marché et sur la nature des relations entre les entreprises et l’administration , telles que ces accusations et appréciations ont été rapportées par la presse écrite et parlée . »
« En particulier , ajoute le communique , pour ne parler que de l’allégation la plus injurieuse , jamais la profession ne s’est permis d’apporter aux pouvoirs publics des éléments concernant les cours d’accès au pétrole brut qui ne fussent strictement conformes à sa meilleure connaissance d’une réalité aussi complexe que mouvante ».
M. Jean Chenevier , président-directeur général de la Société française des pétroles BP a rendu public , vendredi 8 novembre , le communiqué suivant :
Rentre de voyage tard dans la nuit , j’ai pris connaissance avec stupéfaction , par le presse et la radio , des accusations portées contre moi par le rapport de la commissions parlementaire d’enquête sur les sociétés pétrolières . Selon ce qui a été diffusé , j’aurais trompé la commission sur le coût réel d’accès aux pétroles bruts de mon groupe , et j’aurais , avec les collègues , constamment triché en fournissant a l’administration des informations erronées .
« S’agissant personnes que les auteurs du rapport , on serait fondé à envisager des poursuites judiciaires . Mais celles-ci sont impossibles vis-à-vis de parlementaires couverts par l’irresponsabilité que leur confère la Constitution dans l’exercice de leurs fonctions . En tout état de cause je rétablirai la semaine prochaine dans son intégralité la vérité des faits . »
Trois députés réformateurs membres de la commission d’enquête sur les sociétés pétrolières , MM. Bouvard (Morbihan ) , Ginoux (Hauts-de Seine ) et Partrat (Loire) , ont publié vendredi 8 novembre une déclaration dans laquelle ils précisent les raisons pour lesquelles ils n’ont pas approuvé le rapport de M. Schvartz , adopté par vingt voix sur vingt-cinq , quatre députes votant contre (dont M. Pierre Cornet , apparenté au groupe des républicains indépendants , député de l’Ardèche ) et un s’abstenant .
MM. Bouvard , Ginoux et Partrat notent :
« 1) Il n’est pas exact d’affirmer que la France serait seulement soumise à une « problématique américaine » . En fait , il s’agit plutôt d’un conflit d’intérêts nationaux ou s’interpénètrent les actions respectives des Etats-Unis , de l’Union soviétique et des Etats du Moyen-Orient . La position des pays de l’Europe de l’Ouest ne fait qu’en refléter la vulnérabilité énergétique et le manque d’unité politiques . »
« 2) l’impact de la hausse des prix des produits pétrolières sur l’économie des pays européens , notamment de la France , se trouve fortement sous-estimé . La gravité de la crise actuelle dépasse largement le problème de l’inflation et concerne aussi bien les équilibres mondiaux de balances des paiements que les bouleversements à attendre dans les structures productives des économies occidentales ; »
« 3) Limiter pour les concentrer , les efforts français d’investissement et de recherche pétrolière sur la seule mer d’Iroise parait constituer un choix insuffisant . »
LE GROUPE TOTAL PREND UNE IMPORTANTE PARTICIPATION DANS LE CAPITAL D’HUTCHINSON -MAPA .
Comme , nous l’avions annoncé (le Monde du 2 novembre), la Compagnie française de raffinage a acheté à la famille Leven sa participation dans la société Hutchinson-Mapa .
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