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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.















LES PAYS EN VOIE DE DÉVELOPPEMENT
ET L’ ENVOL DES PRIX


En 1973, le monde en développement semblait bien parti. Partout sauf au Sahel et en Asie du sud, la production augmentait lentement mais sûrement. Cependant, dès le début de 1974, le renchérissement des carburants, des produits alimentaires et des engrais a beaucoup assombri l’ horizon.


Alors que les revenus des membres de l’ OPEP semblent devoir passer de 14,5 milliards de dollars en 1972 à 85 milliards en 1974, les pays en développement verront le prix de leurs importations de pétrole croître de 5,2 milliards de dollars en 1973 à 15 milliards en 1974 et dépasser 20% (30% dans le cas de l’ Inde) des revenus de leurs exportations.


Ils pâtiront également de la hausse des prix en même temps que du manque de certaines importations essentielles telles que les céréales et les engrais qui risquent de leur coûter 5 milliards de dollars par an de plus qu’ auparavant - si toutefois ils parviennent à se procurer le minimum indispensable d’ engrais. Cette pénurie pourra se traduire en Inde par un "trou" de 5 millions de tonnes dans la récolte céréalière.


Les pauvres
aideront
les riches

`


Pour bien saisir toute l’ étendue du mal, mettons en regard cet envol des prix du carburant, des produits alimentaires et des engrais (qui coûtera, comme nous venons de le voir, aux pays en développement non producteurs de pétrole, un supplément de 15 milliards de dollars), avec le chiffre 1972, de leurs exportations totales qui ne s’ élevaient qu’ à 45 milliards ; ce supplément sera le double environ de l’ aide étrangère fournie cette même année par les pays nantis.


Mais il y a pire.


Les pays producteurs de pétrole (PPP) jouiront, vis-à-vis du reste du monde, d’ une balance commerciale excédentaire de 50 à 66 milliards de dollars par an. Sur cette somme, 20 à 30 milliards seront consacrés à leur développement interne. Le reste sera sans doute placé en majeure partie dans les pays industrialisés, redressant ainsi la balance commerciale de ces derniers. Et comme les sommes investies par pement seront faibles et de toute manière bien inférieurs aux profits réalisés dans ces régions, c’ est aux pays riches qu’ ira l’ argent des pays encore pauvres.


Autrement dit, les déficits des pays en développement contribueront à financer les investissements fructueux des membres de l’ OPEP dans les pays industrialisés.


Par ailleurs, les pays en développement, et surtout les moins avancés parmi eux, peuvent difficilement se serrer la ceinture sans réduire leur production, car la consommation est déjà limitée au minimum. Ils seront donc obligés d’ emprunter afin de pouvoir continuer à importer les produits les plus indispensables. Mais d’ une part, comme chacun le sait, personne n’ aime prêter aux pauvres et d’ autre part si quelqu’un le fait, le service de la dette s’ ajoutant aux prix astronomiques des importations se rapprocheront de zéro.


Les dangers
d’ une récession


Les pays industrialisés n’ échapperont pas aux calamités. Ils recevront cette année, des membres de l’ OPEP, une facture additionnelle de 50 milliards de dollars. Bien que leurs exportations vers les PPP augmenteront sans doute beaucoup, le règlement de cette facture produira, si l’ on n’ y prend garde, un effet déflationniste considérable et une réduction marquée de l’ activité économique.


Cette récession - car c’ est bien de cela qu’ il s’ agit - aura pour conséquence une plus faible demande et donc la baisse des cours de certaines matières premières, le cuivre et le coton par exemple ; et ce seront encore une fois les pays on développement qui y perdront. Elle se traduira également par un ralentissement du tourisme international et, dans bien des cas, par la fin des virements que des ouvriers étrangers travaillant dans les pays nantis envoient à leurs familles dans les pays en de développement. Et qui plus est, les emplois de ces ouvriers risquent de disparaître. En tout état de cause, leur nombre n’ augmentera pas ; déjà, au début de cette année, plusieurs pays européens ont pratiquement mis fin à l’ embauche d’ une main-d’ oeuvre originaire de la région méditerranéenne.


Enfin, la crise économique portera un coup sérieux à l’ aide étrangère. Quand les affaires vont mal, nul ne songe à secourir le voisin. Les peuples fournisseurs d’ aide estiment aussi que c’ est aux membres de l’ OPEP, tenus pour responsables du plus gros de l’ inflation, de satisfaire les besoins essentiels des pays en développement et que ce n’ est qu’ en développement et que ce n’ est qu’ en présence d’ une générosité considérable de la part des PPP qu’ ils devraient accroître ou même maintenir le niveau de leur propre aide.


Un avenir
inégal


Cependant, tous les pays en développement ne seront pas affectés au même degré par l’ envol des prix.`


Les pays producteurs de pétrole, parmi lesquels le Nigeria dont les exportations quadrupleront cette année grâce à l’ "or noir", pourront accélérer rapidement leur développement économique.


Certains autres pays ne souffriront pas trop, soit parce qu’ ils importent peu de carburant, soit - et c’ est le cas du Maroc, du Zaïre ou de la Zambie - parce qu’ ils sont exportateurs de matières premières dont les prix ont également ont monté en flèche.


Plus malheureux seront ceux comme par exemple, la Tunisie ou le Mexique qui subiront fortement le contre-coup de la réduction de l’ activité économique dans le monde industrialisé auquel ils sont étroitement liés soit par leurs ressortissants qui y travaillent, soit par le tourisme qui constitue une de leurs principales sources de revenus.


En mauvaise posture seront également des pays tels que la Corée du Sud, Formose et Hong Kong qui, bien que fortement industrialisés, sont de gros importateurs d’ énergie et de produits alimentaires.


Mais les plus infortunés de tous seront la majorité des pays d’ Afrique noire, d’ Asie et d’ Amérique centrale. Ceux-là souffriront non seulement de leurs dépenses désastreusement accrues, mais encore, par suite de la chute de la demande mondiale, de factures aggravants tels que la réduction des investissements étrangers privés ou la baisse de leurs exportations.

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