Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Pétrole
Ce n’est pas la première fois que les Etats-Unis évoquent la possibilité de riposter à l’offensive pétrolière des pays producteurs des pays producteurs d’« or noir » par une diminution de l’aide alimentaire qu’ils distribuent de par le monde . Mais cette fois la menace est proférée par le président lui-même , devant l’Assemblée générale des Nations unies .
Une telle menace n’est pas faite pour rehausser l’image morale que la « généreuse Amérique » veut donner d’elle-même . Mais il est vrai que , d’un certain point de vue , le monde est dans un état de « guerre économique »
Au demeurant , l’arme que brandit M. Ford parait inoffensive . Il suffit pour s’en convaincre d’examiner comment l’aide alimentaire américaine est répartie .
En 1973 - dernière année pour laquelle on connaît les chiffres dans le détail - les quelque 900 millions de dollars distribués à ce titre ont profité surtout au Vietnam du Sud (190 millions) , à la Corée du Sud (160 millions) , à l’Indonésie (120 millions) , au Pakistan (80 millions) , au Bangladesh et Israël (60 millions chacun) . Des pays arabes ont reçu quelques miettes : le Maroc et la Tunisie , 15 à 20 millions chacun : la Jordanie , moins de 10 millions : la Syrie, 200 000 à 300 000 dollars , L’Egypte n’a rien reçu de 1968 à 1973 , puis l’aide américaine a repris à un rythme annuel de . . ., 1 million de dollars . En 1974 , la part du Vietnam du Sud dans le total est encore plus importante , de l’ordre du tiers .
Ainsi , sauf l’Indonésie , aucun pays exportateur de pétrole ne reçoit d’aide alimentaire des Etats-Unis , et les richissimes rentiers du golfe Persique pourraient aisément se substituer à l’Oncle Sam s’il le fallait .
Cela dit , M. Ford a peut-être une autre idée en tête , celle même qu’il avait exprimée le 8 janvier dernier , alors qu’il n’était que vice -président , et qui revient a mettre l’embargo sur les livraisons ordinaires de produits alimentaires américains à destination des pays producteurs de pétrole. Mais l’Amérique ne pourrait se livrer à une telle opération qu’en enfreignant ouvertement les règles libérales du Commerce internationale dont elle a fait la loi du « monde libre » depuis 1945 . La « guerre économique » franchirait un nouveau stade sans que l’on soit assuré pour autant de réduire a merci l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Celle-ci dispose maintenant en effet d’une puissance financière telle qu’elle serait en mesure de subvenir aux besoins des plus pauvres de ses membres .
Il n’en reste pas moins que l’équilibre du monde est menacé par le niveau actuel des prix du « brut » , qui , après avoir quadruplé en octobre-décembre 1973 , ont encore augmenté d’environ 30% depuis de l’année , du fait de l’emprise croissante des Etats producteurs . Mais le problème ne pourra être réglé en agitant une « arme alimentaire » qui ne peut avoir pour objectif — si l’on ose employer ce terme dans son sens militaire - que d’affamer un peu plus les damnés de la Terre . On ne commencera a entrevoir un début de solution que le jour ou les ministres des finances des grands pays condescendront a inviter leurs collègues de l’OPEP a partager leur week-end dans l’un de ces châteaux qu’ils affectionnent pour leurs réunions secrètes .
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