Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
10/6/77
Nous n’ espérions pas que tous les problèmes seraient réglés. Nous n’ avons jamais cru que le Nord, compte tenu de ses problèmes, de ses gouvernements, accepte à froid une sorte de nuit du 4 Août. Mais nous pensions que les événements de ces dernières années avaient ouvert les yeux de quelques-uns des responsables. Et que, sur quelques points importants, des compromis pourraient avoir lieu. Ça n’ a même pas été le cas. Vendredi dernier, au lendemain d’ une négociation marathon, l’ amertume se lisait sur le visage de ce haut fonctionnaire d’ un des pays du tiers monde. Pour lui, le fonctionnement actuel du système, de ce que l’ on appelle "l’ échange inégal", ne se résume pas à des statistiques. Son pays n’ est pas producteur de pétrole et n’ a comme toute richesse que des matières premières aux cours variables. "Nous sommes criblés de dettes. Nous ne pouvons rien planifier, car il est impossible de "prévoir" le montant de nos ventes. En revanche, pour nos achats..." Résultat : un service de la dette écrasant, les efforts de tout un peuple réduit à néant, le sentiment de n’ être maître d’ aucune règle du jeu, des difficultés chaque jour plus grandes à nourrir les populations. "Il faudra bien qu’ un jour le Nord comprenne. Sinon, ce sera l’ explosion".
La négociation Nord-Sud a débuté il y a 18 mois. L’ objectif était ambitieux : jeter les bases d’ un nouvel ordre économique international. Mais, au fil des réunions, il était devenu évident que les pays du Nord, trop occupés par la crise économique qui les frappe, n’ avaient qu’ un but : remettre de l’ ordre - leur ordre - dans le domaine énergétique. Car si le dialogue Nord-Sud a eu lieu, c’ est bien parce qu’ il y a trois ans a eu lieu la crise du pétrole. Le reste, le prix des autres matières premières, les problèmes financiers et les transferts de technologie, étaient le dernier des soucis des gouvernementaux.
Et aujourd’hui, comme hier, les concessions acceptées - pour l’ essentiel : un fonds de stabilisation du prix des matières premières - n’ ont qu’ un but : ne pas rompre le dialogue sur le pétrole, permettre qu’ il se poursuive dans d’ autres organismes.
La leçon principale de ces fausses négociations a pourtant de quoi inquiéter les firmes et les gouvernements occidentaux : les pays du tiers monde ont présenté, au fil des réunions, un front relativement cohérent. Malgré les diversités idéologiques et les différences de situation - ceux qui ont du pétrole et ceux qui n’ en ont pas - les négociateurs du Sud n’ ont pas cédé sur ce qui fait leur force ; l’ affirmation que les problèmes "énergie matière première - financement - transfert de technologie" forment un tout et qu’ il ne saurait être question de les dissocier.
On est loin des simples questions d’ aide. C’ est qu’ au fil des ans les pays du tiers monde ont compris que cette "aide", même si elle est parfois utile, n’ est qu’ une goutte d’ eau par rapport à leurs besoins. Et, surtout, qu’ elle n’ est pas gratuite. Un exemple : les dépenses par habitant au titre de l’ aide au développement représentent 95F pour un habitant des Etats-Unis, 200F pour un Français. Mais en 1976, les compagnies américaines opérant au Moyen-Orient ont rapatrié de cette zone des gains équivalant à 60F par Américain. Or, les compagnies américaines opèrent dans l’ ensemble du tiers monde.
Autre aspect qui a laissé de marbre les négociateurs occidentaux : la dette des pays sous-développés atteint 190 milliards de dollars. On comprend que le milliard de dollars affecté au programme d’ action spéciale mis en oeuvre pour les plus pauvres des pays du tiers monde, ceux où le revenu par habitant est inférieur à 1 000F par an, ne soit même pas perçu comme le symbole d’ une volonté de définir un nouvel ordre économique international. Quant à l’ étalement de la dette pour certains pays, c’ est tout juste
du tiers-monde
Certes, le fonds de stabilisation annonce - pour autant qu’ il voie le jour et
Si la grande leçon de ce dialogue
C’ est à Stockholm le 1er juillet que l’ on pourra mesurer la réalité de cette solidarité et les chances de survie réelle de l’ OPEP. Ils acceptent de fournir le pétrole destiné à procurer une réserve stratégique aux Etats-Unis, il ne semble pas que le roi Khaled s’ est décidé à utiliser sa puissance pour remettre en cause le fonctionnement du système Basculant alors dans le camp occidental, l’ Arabie saoudite bloquerait le fonctionnement de l’ Opep, mais surtout rendait
GUY PERRIMOND
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