URSS : OU EN EST
L’ ENERGIE NUCLEAIRE ?
Du 24 au 28 avril, une mission de la fédération des Elus républicains s’ est rendue en U.R.S.S. pour un voyage d’ étude organisé par l’ E.D.F. Cette mission avait pour but de montrer à des élus concernés par les problèmes du nucléaire, les voies et les moyens choisis par ce pays pour développer cette source d’ énergie.
Nous avons posé quelques questions à M. Legendre, député socialiste d’ Eure-et-Loir, qui participait à ce voyage.
CS. Quels sont les axes de développement suivis par l’ URSS en matière de politique énergétique ?
M.L. D’ une façon générale, l’ U.R.S.S. n’ a pas un besoin urgent de l’ énergie nucléaire. Les autres sources couvrent globalement les besoins. Par contre, pour certaines régions et plus particulièrement pour la partie européenne de leur territoire, la situation à moyen terme est moins favorable ; aussi un important programme nucléaire a-t-il été mis en route.
CS. Quelle est aujourd’hui la part du nucléaire dans la production énergétique de l’ URSS ?
M.L. La production nucléaire, par rapport à la production totale, passera de 2,7% en 75 à 8% en 1980. Passé cette date, l’ accroissement de production sera assuré par des centrales nucléaires et quelques centrales hydrauliques.
CS. Quels types d’ installations ont été mis en place ?
M.L. Actuellement l’ URSS a choisi essentiellement deux types d’ installation. D’ abord, les P.W.R. de 440 Megawatts puis de 1 000 Mégawatts. Ensuite des unités "graphite tube force" de 1 000 Mégawatts. Pour cette dernière série des unités de 1 500 et 2 000 Mégawatts sont à l’ étude. Parallèlement, les surrégénérateurs sont développés.
CS. Comment sont abordés en ce pays les problèmes de sécurité ?
M.L. Les normes de rejets sont imposées par le Ministère de la Santé Publique. Par ailleurs, une inspection de Sûreté Nucléaire, dépendant directement du Conseil des Ministres a été instituée il y a deux ans mais, à notre connaissance, elle ne fonctionne encore pratiquement pas. Sur le terrain, les normes de sécurité en exploitation sont discutées avec les syndicats.
CS. Comment réagit la population concernée par ces implantations ?
M.L. Il faut préciser sur ce point que les précautions prises en U.R.S.S. ne sont pas supérieures à celles prises en France (elles sont mêmes inférieures sous certains aspects). D’ une façon générale la population accueille bien ces implantations. Sa préoccupation principale est de disposer d’ une quantité suffisante d’ énergie. Les installations sont généralement l’ objet de larges campagnes d’ information, d’ une façon aussi simple et claire que possible. Le résultat : aucune inquiétude ne s’ est fait jour et la politique nucléaire n’ est pas contestée.
CS. Quels sont les modes de stockage des déchets utilisés ?
M.L. Les déchets très actifs et ceux qui le sont moins sont stockés séparément sous plastique, dans des fosses bétonnées non revêtues.
CS. L’ U.R.S.S. dispose de vastes espaces qui doivent lui permettre des implantations à l’ écart des sites et des grandes villes.
M.L. Ceci est bien entendu un avantage dans ce pays. Effectivement on note que les centrales sont généralement implantées à 50 km environ des grandes villes. Mais, pour prendre le cas d’ une centrale que nous avons visitée : si elle est installée à 50 km de VORONEJ (800 000 habitants) elle n’ est qu’ à 5 km de NOVO-VORONEJ (15 000 habitants). Et tout cela est conçu sans appréhension inutile.
CS. Quelles sont aujourd’hui les perspectives pour les nouvelles sources d’ énergie ?
M.L. Les pouvoirs publics et la recherche s’ intéressent bien sûr aux énergies solaires, éoliennes, géothermiques, etc... Des instituts étudient ces procédés. Mais actuellement leurs applications pratiques sont considérées comme lointaines et incertaines.
Information EDF.