Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
21/7/77
(Suite de la première page.)
Les arguments sont percutants. Si un sondage était opéré dans la population sur cette alternative, nul doute que l’acceptation du risque "nucléaire" l’emporterait sur celui d’être privé de courant, avec toute la chaîne de conséquences domestiques ou industrielles. Il est certain que si l’E.D.F., avait eu l’audace de lancer une campagne sur ce thème, en donnant de surcroît, ce qu’elle n’a jamais bien fait, toutes les informations nécessaires sur le faisceau de contraintes de la production d’énergie en France depuis la crise du pétrole, le camp des écologistes aurait eu plus de difficultés de recrutement.
Mais chez les écologistes, qui manifesteront, les 30 et 31 juillet, à Creys-Malville, contre les travaux de "super-Phénix", il n’y a pas que l’obsession de la lutte antinucléaire.
Sans doute retrouvent-ils là, comme dans d’autres pays (Allemagne, Etats-Unis, notamment) un thème favori, celui du viol de la nature la plus intime par l’homme, qui risque, notamment par l’accumulation des déchets irradiés, de déclencher des forces de mort qu’il ne pourra plus contrôler. Cela dit, ils n’ont jamais entamé une croisade pour le retour à la production du Moyen Age, et leur témoignage mérite attention sur trois points.
1) La contestation de l’establishment énergétique est bonne en soi.
De même que les inspirateurs de la politique française se sont longtemps trompés en croyant que le pétrole coulerait toujours à flots et à bas prix, malgré le rapport "prophétique" que rédigèrent MM.Armand, Etzel et Giordano après l’affaire de Suez de même la pente vers le "tout nucléaire" était dangereuse, à tout point de vue. Sans la rude bataille des écologistes, les Etats-Unis auraient-ils décidé de consacrer tant de crédits aux recherches sur les utilisations de l’énergie solaire ?
Des groupes industriels français auraient-ils été prêts à consacrer plusieurs dizaines de millions de francs à ce genre d’études ? L’énergie solaire, pendant longtemps, c’est vrai, ne pourra servir que d’appoint, mais 1% d’énergie "gagnée" parce que produit sur notre sol, représente plusieurs centaines de millions de francs d’économies en devises.
2) La lutte contre le gaspillage d’énergie est tellement conforme au bon sens qu’elle n’avait sans doute pas besoin des "écologistes" pour devenir un thème cher au gouvernement et à l’opposition. Mais l’ "ambiance" qu’ils ont créée en plaidant pour la durée de vie des produits, l’utilisation de technologies douces, la qualité de la vie plutôt que la boulimie de consommation aidera tout gouvernement quel qu’il soit, dans sa chasse aux économies ;
3) Surtout, l’insistance que les écologistes mettent sur la nécessité d’utiliser toutes les procédures démocratiques, et notamment un vrai débat au Parlement, pour présenter toutes les faces d’une politique énergétique de la France finira peut-être par porter ses fruits.
Il serait stupide de penser que notre pays pourrait faire l’impasse - ou presque - sur l’énergie nucléaire en allant du charbon au "four solaire". Pendant longtemps encore, à moins d’une régression industrielle insupportable, l’atome sera la voie de secours. Encore faut-il qu’il serve une croissance plus humaine, et donc peut-être moins dévoreuse de kilowatts.
PIERRE DROUIN.
PRÉPARANT LEUR FÊTE ANTINUCLÉAIRE
de Creys-Malville
veulent se garder de toute provocation
Depuis un an environ, cent cinquante comités Malville répartis dans l’Hexagone préparent cette "longue marche verte" de l’été 1977. Les objectifs sont clairs.
Il s’agit de freiner le programme électro-nucléaire du gouvernement en prenant comme cible symbolique le projet jugé comme le plus dangereux : le surrégénérateur Super-Phénix.
Après de longues discussions, tous les comités ont adopté les principes de la non-violence. Il ne sera donc porté atteinte ni aux personnes ni aux installations. La manifestation devrait être une occasion de réfléchir, mais aussi de faire la fête. Au cours des journées précédant la fin du mois, des groupes partis de toutes les régions de France, mais aussi de Suisse, d’Italie, d’Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas rallieront la région de Creys-Malville par leurs propres moyens.
Ils emporteront tentes, sacs de couchage et provisions de bouche pour deux jours. Sur place ils seront accueillis par plusieurs dizaines de comités locaux qui se sont créés dans les villages de la région, et qui repartiront les arrivants - on attend de cinquante mille à cent mille personnes - sur de mini-terrains de camping.
Le samedi 30 juillet, des fêtes et des forums seront organisés par les comités d’accueil dans chaque localité. Thème des discussions : politique énergétique, emploi et nucléaire, autoréduction des factures de l’E.D.F., force de frappe, etc. Le dimanche 31 juillet, tous les marcheurs convergeront vers le site, auprès duquel sera organisé le grand rassemblement final.
Outre les comités Malville, le Mouvement d’action non violente (MAN), les Amis de la Terre, le P.S.U., le parti communiste révolutionnaire, la Ligue communiste, ont appelé à manifester. Tous sont d’accord pour respecter le principe d’une démonstration pacifique. La C.F.D.T., qui a rappelé son opposition au surrégénérateur, ne mêlera pas ses troupe aux autres manifestants, mais groupera, en principe, ses militants non loin de là, à Morestel (Isère). Le parti socialiste devrait faire connaître sa position le 23 juillet.
Quant au parti communiste et à la C.G.T., tout en réitérant leur opposition au programme nucléaire du gouvernement, ils ne participeront d’aucune manière au rassemblement des 30 et 31 juillet.
C’est-à-dire une opposition massive, pacifique mais résolue, au nucléaire civil et militaire."
MARC AMBROISE-RENDU.
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