Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
1/7/77
L’ Organisation des pays exportateurs de pétrole a bien du mal à se remettre des fissures engendrées en son sein par la sécession en décembre de l’ Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis à propos du prix du "brut". Chacun pourtant, ces dernières semaines, prônait le retour à l’ unité ; la mission de conciliation entreprise au début de mai dans le golfe Persique par le président du Venezuela, M. Carlos Andrei Perez, semblait porter ses fruits. certains des pays "durs" de la réunion de Doha, l’ Iran, l’ Indonésie, le Venezuela, le Koweït, annonçaient officieusement leur volonté de renoncer à la hausse de 5% qui devait s’ ajouter le 1er juillet à celle de 10% réalisée au début de l’ année, tandis que le ministre saoudien du pétrole précisait, de son côté, que dans ce cas son pays et les Emirats arabes unis pourraient relever leurs prix de 5%. Au second semestre, l’ unité souhaitée deviendrait une réalité.
Un communiqué publié le 29 juin au siège de l’ OPEP à Vienne, sans le moindre commentaire, remet en question ce compromis. Neuf pays seulement, sur les onze "durs", annulent la hausse du 1er juillet, "dans l’ intérêt de l’ unité et de la solidarité de l’ OPEP". Dans leur intérêt propre, pourrait-on ajouter, car les marchés sont surabondamment approvisionnés. La concurrence accrue a même obligé l’ Iran à réduire sa production de près d’ un million de barils par jour par rapport à la fin de l’ année 1976. Dans le Golfe, les "bruts" les plus chers se sont vendus ces dernières semaines avec des remises de plus de 15 cents sur les prix officiels et avec l’ attrait supplémentaire de délais de paiement accrus. La concession des Neuf à l’ Arabie Saoudite a donc été imposée en partie par le marché. Elle économisera aux pays consommateurs près de 2,5 milliards de dollars cette année.
Le refus de l’ Irak et de la Libye de s’ y associer est donc purement politique. Il vient rappeler l’ hétérogénéité idéologique profonde de ce cartel. Tout au plus peut-on s’ étonner de l’ absence, aux côtés de ces deux pays "progressistes" de l’ Algérie, dont les décisions pétrolières sont, il est vrai, de plus en plus souvent conformes à celles de Ryad.
Il y a moins de trois semaines, peu après la fin du "dialogue Nord-Sud", le ministre irakien du pétrole, M. Tayeh Abdel Karim, affirmait pourtant que son pays renoncerait à la hausse si les treize pays membres parvenaient à un accord. L’ Arabie Saoudirte a-t-elle été trop exigeante sur la durée d’ application du compromis ? A-t-elle réclamé un "gel" des prix d’ un an comme gage de cette réunification ?
Bagdad et Tripoli, qui assurent seulement 14% de la production de l’ OPEP, auront de grandes difficultés à maintenir des prix élevés. L’ Irak surtout, car son "brut", aux qualités voisines de celui d’ Arabie Saoudite, a toujours subi les contrecoups de la politique pétrolière de Ryad. La Libye, dont le pétrole à basse teneur de soufre est très recherché sur le marché, sera, elle, mieux placée.
L’ Arabie Saoudite ne va-t-elle pas profiter de cette nouvelle désunion pour renoncer à son tour à l’ accord ? La faiblesse de la demande mondiale le lui permet. Et si les résultats du dialogue Nord-Sud, qui a justifié sa modération en matière de prix, ont été médiocres, la signature à Londres, le 29 juin, par les neuf dirigeants européens d’ un texte reconnaissant les droits des Palestiniens peut l’ encourager dans sa politique.
L’ OPEP n’ en mourrait pas pour autant. Quelle que soit la vivacité des propos qui seront échangés à Stockholm le 12 juillet, lors de la conférence des ministres du pétrole, les treize pays membres de l’ Organisation ont trop conscience de l’ utilité du cartel pour le briser.
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