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23/12/77

L’OPEP
et la loi du marché


Ecornée il y a un an au Qatar, la belle unité de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole n’a cessé depuis lors de se dégrader. Déjà en juillet, à Stockholm, la cohésion de l’OPEP n’avait été maintenue qu’en écartant de la table de la conférence tout sujet de discorde. A Caracas, l’absence de décision sur les prix - et le "gel" de fait qui en résulte - n’est rien de moins qu’un constat d’échec. Mais celui-ci rencontre les voeux des pays décidés à ménager l’économie mondiale.


La diplomatie américaine, en l’occurrence, semble avoir gagné en efficacité. Foin des menaces qui avaient précédé la hausse des prix décidée à Doha, en décembre 1976 ! Mais une tournée discrète de M.Blumenthal, secrétaire d’Etat au Trésor, pour prêcher la bonne parole au Proche-Orient.
Jusqu’à sa visite, l’Arabie Saoudite se déclarait favorable à une légère hausse destinée à compenser l’érosion du dollar.


Mais il ne manquait pas d’émirs du Golfe pour comprendre, aux explications du secrétaire au Trésor, qu’il était préférable d’aider la devise américaine à remonter de 10 ou 15% plutôt que d’augmenter les prix du "brut" de 5%. Les pétrodollars en surplus sont en effet placés en grande majorité aux Etats-Unis, ce qui a eu pour résultat de lier leurs possesseurs à la bonne santé de l’économie d’outre-Atlantique. La monnaie américaine s’est d’ailleurs redressée dès mercredi soir.


L’état du marché est cependant le véritable responsable de la division de l’OPEP. Il y a quelque inconséquence, en effet, à réclamer une hausse, alors que la surcapacité de production est estimée, pour le moment, à deux millions de barils par jour. Un des pays "durs" de Caracas, le Nigéria, a proposé, au début du mois de décembre, une remise de 10% sur son pétrole léger, sans pour autant trouver preneur. Ces lois du marché, l’OPEP ne les a jamais ignorées depuis la forte augmentation des prix de 1974.


Dès novembre 1974, l’Organisation a réduit ses tarifs pour en tenir compte : depuis lors, les deux hausses décidées - en novembre 1975 et en janvier 1977 - l’ont été alors que l’économie mondiale semblait relancée. Dans cette période, à en croire les statistiques du F.M.I., l’inflation mondiale a été trois fois plus importante que la hausse pétrolière.


Pour aller à l’encontre de ces lois, il aurait fallu l’unanimité de l’OPEP et une certaine égalité entre ses membres. Mais il suffit que l’Arabie Saoudite et l’Iran s’allient pour constituer à eux seuls un cartel dont la production dépasse la moitié de celle de l’ensemble de l’Organisation.
Qu’importe que 130 millions d’Indonésiens et 83 millions de Nigériens aient besoin des revenus pétroliers pour sortir de la misère si l’Iran cherche à faire oublier au Congrès américain ses entorses aux droits de l’homme pour obtenir armes et centrales nucléaires ? Et si l’Arabie Saoudite se range délibérément dans le camp des riches ?


Une seule idée importante a été lancée à Caracas : le président vénézuélien, M.Carlos Andres Perez, a proposé d’affecter l’intégralité du produit de la hausse des prix du pétrole à l’aide au tiers-monde, en vue de restituer aux pays exportateurs un rôle moteur dans le combat mené par le groupe des "77" pour un "nouvel ordre économique mondial". Créateur de l’OPEP, le Venezuela sait que l’Organisation, si elle se sépare des pays pauvres, éclatera sous les pressions conjuguées de ceux-ci et des pays industrialisés.


(Lire nos informations page 30.)

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