Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
vu 8.11.77
A l’approche de la réunion annuelle de l’ OPEP sur les prix du pétrole, prévue pour la le 20 décembre, à Caracas (venezuela), les voyages et déclarations se multiplient. Alors que la commission économique de l’ Organisation examine, ce lundi 7 novembre, à Vienne, le dossier technique des prix, l’ Irak, fidèle à son habitude, se déclare, par l’intermédiaire de son ministre du pétrole "déterminé à demander une augmentation des prix". Hausse d’autant plus nécessaire que " les responsables occidentaux ont reconnu que la valeur du pétrole est actuellement inférieure à celle de 1974"
Bagdad sera-t-il entendu ? Rien n’est moins sûr. M. Blumenthal, secrétaire américain au Trésor, semble convaincu que "le prix du pétrole restera stable pendant une certaine période de temps", et qu’il n’y aura pas " d’augmentation pour 1978 " Une déclaration américaine de plus, dira t-on. Voire. Car, en ce mois de novembre 1977, elle s’inscrit dans un nouveau contexte géopolitique.
Le secrétaire américain revient d’un long périple au Proche-Orient, où il a eu de nombreux entretiens, en particulier en Iran et en Arabie Saoudite. Si les communiqués officiels ont été fort discrets, il semble bien que M. Blumenthal ait longuement discuté avec ses interlocuteurs de la nouvelle politique que l’administration Carter tente de mettre en place dans cette région du monde, où les États-Unis ne souhaitent plus apparaitre en première ligne. Pendant des années, appliquant la devise " diviser pour régner ", ils ont joué sur l’antagonisme entre Téhéran et Ryad. Aujourd’hui on semble à Washington, revenir sur cette stratégie. On souhaiterait utiliser l’ Iran et l’ Arabie Saoudite comme " intermédiaires ", pour contenir l’influence soviétique et celle des régimes " progressistes " au proche-Orient et en Afrique. Un objectif auquel les dirigeants iraniens et saoudiens ne peuvent que souscrire. Ils n’ont aucun intérêt à voir se développer à leurs frontières des foyers de contestation qui riqueraient d’être contagieux à l’intérieur même de leur pays.
L’ Iran et l’ Arabie Saoudite seraient donc appelé à jouer les rôles de tuteur et de banquier pour financer les investissements, non seulement économiques, mais aussi, et surtout, militaires, d’un certain nombre de pays : Égypte, Soudan, Somalie, Yémen du Nord. Ainsi, le Soudan négocie actuellement de très importants achats d’armes, qui seront directement payés par les Saoudiens.
La mise en oeuvre de cette nouvelle politique impliquerait que Ryad et Téhéran normalisent quelque peu leurs relations. Un des principaux sujets de friction était depuis des années, constitué par la politique en matière de prix du pétrole, l’ Iran étant partisan de hausse et l’ Arabie Saoudite de leur stabilisation. Le rapprochement voulu et souhaité par les États-Unis entre les deux pays pourrait donc avoir pour conséquences un certain alignement de leurs positions à l’intérieur de l’ OPEP. Les déclarations du chah à News Week de ce lundi 7 novembre sont, à cet égard, significatives. Le souverain Iranien, qui s’entretiendra, jeudi 15 novembre, à Washington, avec le président Carter, a en effet, déclaré à notre confrère que son pays était " fatigué de toujours tenir la vedette aux réunions de l’ OPEP, d’être traité de faucon et accusé de causer souffrances et misères aux économies occidentales... Nous serons spectateurs à Caracas. Quiconque veut prendre l’initiative (d’une hausse des prix du pétrole) le peut. Mais nous ne le ferons pas ".
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