Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Page 8 - LE MONDE - 18 novembre 1977
pour un blocage du prix du pétrole pendant un an
De notre correspondant
Washington. - La dernière journée du séjour du chah d’ Iran à Washington, mercredi 16 novembre, a été plus calme que la première. Les manifestations n’ ont pas manqué - elles se sont même étendues à plusieurs points de la ville - mais l’ on n’ a déploré aucun blessé, alors qu’ il y en avait eu cent vingt-quatre la veille. La presse commente largement ces incidents, et des journalistes s’ étonnent que le chah ait pu se faire convoyer jusqu’à Washington par sa brigade d’ applaudissement. On relève aussi que c’ est la première fois que des manifestations importantes mettent aux prises des citoyens presque exclusivement étrangers. Les partisans américains des deux camps étaient, en effet, une infime minorité.
Les derniers entretiens à la Maison Blanche, qui se sont poursuivis par une conversation en tête entre M. Carter et le chah ont porté sur les relations bilatérales. Essentiellement sur les questions nucléaires et sur les fournitures militaires. En ce qui concerne le premier point, l’ administration américaine essaie d’ obtenir du chah la garantie que son ambitieux programme d’ équipement nucléaire - vingt réacteurs doivent être construits, dont six à huit seront commandés aux Etats-Unis - ne contribuera pas à la prolifération. Des progrès "importants" ont été faits dans cette voie, mais le communiqué publié jeudi se borne à préciser que M. Carter a avancé "quelques suggestions pour la solution des quelques problèmes qui subsistent".
A propos des armes, le communiqué affirme que M. Carter souhaite voir un "Iran fort", dont la sécurité est "une question de très grande priorité" pour les Etats-Unis. Le chah n’ a pu cependant obtenir de son hôte les cents avions F 16 qu’ il avait demandés en plus des cent soixante appareils déjà promis par l’ administration Ford il y a un an. Le Congrès doit approuver cette vente de 2 milliards de dollars, alors que les législateurs s’ étonnent déjà de voir l’ Iran absorber plus de la moitié des ventes d’ armes américaines , notamment les matériels les plus sophistiqués dont le maniement nécessite la présence de citoyens américains. Or on compte déjà en Iran quarante mille Américains qui pourraient bien être promis au rôle d’ otages en cas de conflit.
D’ une manière générale, les observateurs ont été frappés par la chaleur avec laquelle M. Carter a célébré son hôte et sa politique, ainsi que la réserve avec laquelle le problème des droits de l’ homme a été abordé. Sans doute le communiqué ne passe pas ce sujet sous silence, mais il se borne à signaler que le président a passé en revue la politique des droits de l’ homme "à travers le monde". De source officielle, on se refuse à dire, bien entendu, que la situation en Iran est satisfaisante, mais c’ est pour ajouter aussitôt que M. Carter n’ a donné un "prix excellence" à cet égard à aucun pays, pas même au sein. Le porte-parole du président a relevé diverses mesures concrètes prises par le chah depuis l’ an dernier : visites de la Croix-Rouge et de la presse internationale dans les prisons iraniennes, amnistie accordée à 1 500 prisonniers, etc.
Quel que soit l’ avis porté sur ces mesures, il apparaît que le chah a été mieux traité que tous les dirigeants de pays autoritaires venus à Washington ces derniers mois. Beaucoup mieux notamment que les dictateurs d’ Amérique latine qui ont été reçus en septembre, et qui ont tous eu droit à une algarade plus ou moins appuyée sur la violation des droits de l’ homme dans leur pays.
Le chah a fait un geste important en annonçant mercredi dans une conférence de presse, à l’ issue de ses entretiens avec M. Carter, qu’ il avait décidé, après avoir entendu les arguments du président américain, de renoncer à son attitude de neutralité initiale en ce qui concerne la hausse des prix du pétrole. L’ Iran, a-t-il dit, se prononcera finalement pour un blocage des prix pendant un an , comme le président américain l’ avait souhaité. Dans les milieux américains informés, on attribue cette décision à la saturation actuelle du marché. Mais l’ on n’ en apprécie pas moins le renversement de la situation : l’ Iran passe du camp des "durs" de l’ OPEP à celui des modérés.
RECTIFICATIF. - Une erreur s’ est glissée dans l’ article d’ Eric Rouleau sur l’ Iran (le Monde du 16 novembre 1977). A la fin du paragraphe commençant par "un ancien dirigeant "mossadeghiste", M. Bazaghan", il fallait lire "et de l’ ayatollah Khomeint dont le fils vient de mourir dans des conditions mystérieuses en Irak où il vivait en exil".
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