Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
15/11/77
Le capital de Novatome sera finalement détenu à raison de 51% par Creusot-Loire, de 34% par le C.E.A. et de 15% par Alsthom-Altantique. Constituée en avril 1976, à l’ initiative des pouvoirs publics, la société Novatome, de droit privé, est chargée de construire les surrégénérateurs. A l’ origine, son capital avait été, provisoirement, réparti entre Creusot-Loire (60%) et le C.E.A. (40%). Le ministère de l’ industrie souhaitait qu’ Alsthom, qui fabrique certains des composants des surrégénérateurs prenne 30% de Novatome. La part de Creusot-Loire revenant à 40%... et celle du C.E.A. à 30%. A la suite de diverses opérations industrielles (Alsthom fusionnant avec les Chantiers de l’ Atlantique, création de Neypic, filiale commune à Creusot-Loire et à Alsthom - Altantique), la participation de 30% d’ Alsthom se serait partagée entre Alsthom - Altantique (15%) et Neypic.
Le C.E.A. ne voyait pas cette opération d’ un très bon oeil. Ses dirigeants voulaient que l’ établissement public ait au moins la minorité de blocage dans Novatome. Ils s’ inquiétaient de la majorité de fait qu’ aurait détenue Creusot-Loire (société privée contrôlée par le baron Empain), puisque Neyrpic est sous son contrôle.
La solution retenue, que M. André Giraud, administrateur général du C.E.A., révèle dans une interview à la "Revue générale nucléaire", est donc un compromis. Si le C.E.A. obtient la minorité de blocage, la société Creusot-Loire aura en propre la majorité absolue de Novatome.
Un de nos lecteurs, M. Jean Monestier, membre de l’ association les Amis de la Terre, nous a adressé une longue lettre à la suite de la publication de la série d’ articles de M. Anglès d’ Auriac sur "La bataille nucléaire" (le Monde des 20, 21, 22 octobre). Nous en publions ci-dessous quelques extraits.
Aux yeux de nombreux écologistes, M. Henri Anglès d’ Auriac a cherché nettement à noyer le débat sur "La bataille nucléaire". Son système principal est d’ assimiler ce conflit à une querelle religieuse, ce qui lui permet d’ en souligner la "subjectivité", l’ "irrationalité", le "caractère passionnel", et de se référer aux défauts des religions traditionnelles pour en arriver à confondre les antinucléaires et les adeptes du Christ de Montfavet.
Or l’ écologie n’ est pas une religion, mais une science, l’ écologisme étant par ailleurs une attitude politique construire à partir de cette science.
Etre écologiste, ce n’ est pas être un "partisan", un "converti", un "fanatique" ; c’ est, simplement, au départ, laisser grandir en soi la conscience des facteurs et des mécanismes qui déterminent son propre environnement et celui des autres, la conséquence logique de cette démarche intellectuelle nous incitant rapidement à lutter pour notre survie.
M. Anglès d’ Auriac, par ailleurs, semble vouloir écrire l’ histoire avec des analogies et beaucoup de mythologie. Nous n’ avons que faire de Prométhée, son prophète, j’ irais jusqu’à dire son dieu, dont il répète le nom dans son texte avec une fréquence quasi incantatoire.
A ceux qui voudraient nous faire croire que l’ histoire est un perpétuel recommencement, nous citons les villes de Tours et d’ Orléans, qui ont le droit de refuser le chemin de fer, ce fameux chemin de fer du dix-neuvième siècle si cher aux partisans du progrès nucléaire, et qui ont changer d’ avis et d’ être desservies par une gare. Il était une fois la démocratie...
L’ enfer des historiens est pavé d’ analogies et d’ extrapolations qui veulent parfois se donner des airs de futurologie : la guerre sera courte : l’ Allemagne paiera ; la ligne Maginot vaut la Grande Muraille de Chine ; l’ innovation, c’ est le progrès ; la consommation d’ électricité double tous les dix ans, etc.
Qu’ on laisse donc l’ Isère, la Drôme, et tous les départements qui le souhaitent refuser de servir de cobayes aux "prométhéens" de l’ E.D.F. Alors nous admettrons que l’ histoire de la démocratie n’ est pas sur le point de s’ achever et que l’ analogie s’ y introduit parfois (...).
Ceux qui proposent le dialogue en concluant "qu’ on ne commande au progrès qu’ en lui obéissant" ne doivent pas s’ en étonner. Alors que pour la première fois dans l’ histoire des hommes vont laisser aux générations futures un héritage non positif, ou nul (comme un désert sans gisements, par exemple), mais négatif, puisqu’il s’ agit de la charge de gérer nos déchets radioactifs durant des siècles, les écologistes ont de moins en moins envie de perdre leur temps à parler.
Peu à peu, tous les instruments de concertation inventés par la civilisation sont neutralisés par ceux-là même qui prétendent la défendre. Elections démocratiques, motions de conseils municipaux, de conseils généraux, référendums locaux, enquêtes d’ utilité publique, voies judiciaires sont bafoués tour à tour.
Le dialogue n’ est plus alors pour les "responsables" une introduction au choix en commun d’ une politique, mais un habile moyen de mettre les "esclaves", comme les appelle m. Anglès d’ Auriac, devant le fait accompli pour les obliger à obéir au progrès défini par les technocrates têtus.
Le tons monte. Certains invoquent déjà, au-delà de la démocratie, qui semblent enrayée, la légitime défense les droits de l’ homme, le droit d’ avoir peur, le droit de se tromper, le droit de changer d’ avis, le droit de s’ alimenter naturellement, le droit de respirer sans masque à gaz, le droit de vivre, enfin. Jusqu’où iront-ils ?
M. François Mitterrand tiendra une conférence de presse consacrée à l’ énergie dans les premiers jours du mois de décembre. Il y présentera la proposition de loi nucléaire qui sera déposée par le P.S. dès le début de la prochaine législature.
Ce texte vise à assurer l’ ouverture d’ un débat national sur l’ utilisation de l’ énergie nucléaire, à permettre un contrôle des citoyens et de leurs élus sur le processus de décision en la matière, enfin à définir les responsabilités des différents organismes ayant à intervenir dans le domaine de la sûreté nucléaire. Cette proposition de loi "fera partie des engagements politiques des candidats du P.S. aux élections législatives" et "permettra de rompre avec la centralisation et le caractère autoritaire et technocratique des décisions du gouvernement actuel", rappelle un communiqué du parti socialiste publié à l’ issue des "journées nationales de l’ énergie", tenues à Clichy les 12 et 13 novembre.
Des représentants des trois quarts des fédérations départementales du parti y ont été informés des choix socialistes en matière énergétique. Lors de la conférence de presse initialement prévue pour le 1er décembre. M. Mitterrand présentera le rapport rédigé par des personnalités scientifiques indépendantes du P.S. et réunies depuis le mois d’ avril au sein d’ un "comité environnement et nucléaire". Ce rapport a été remis au parti socialiste le 12 novembre.
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