Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Page 40 - LE MONDE _ 13 octobre 1977...
un moratoire nucléaire de deux ans
De notre correspondant
Grenoble. - Au cours de la réunion organisée à Grenoble par les présidents des conseils généraux socialiste et M.R.G. l’ un des membres du comité Malville de Grenoble s’ est adressé à M. François Miterrand pour lui demander s’ il était partisan du surrégénérateur Super-Phénix. M. Mitterrand a répondu que le parti socialiste condamnait le "plan Messmer", "qui a signifié l’ implantation en france des centrales selon certains procédés, à partir de certains brevets, dont nous savons de façon certaine qu’ ils ne répondent déjà plus, dans les pays où ils sont employés, aux normes de sécurité retenues".
M. Mitterrand précise ensuite la position du parti socialiste sur le problème nucléaire en cas d’ arrivée de la gauche au pouvoir : "il est impossible de renoncer par principe au nucléaire, la seule forme d’ énergie qui nous permette d’ assurer la soudure avant que ne soient maîtrisées soit l’ énergie nucléaire elle-même, soit les autres formes d’ énergie comme l’ énergie solaire. Nous ne trouverons pas dans les tiroirs de l’ administration les procédés qui nous permettraient, dans les années 78 ou 79, de remplacer l’ énergie nécessaire pour que nos usines continuent de tourner."
Il faut alors - estime M. Mitterrand - s’ arrêter à la notion de "moratoire", dont la durée - selon le premier secrétaire du P.S. - ne devrait pas excéder deux ans, et non cinq ans, "pour permettre de compléter l’ information d’ un gouvernement de gauche."
M. Mitterrand a continué : "Aujourd’hui, dans l’ état de nos connaissances et dans l’ état de nos besoins. Creys-Malville n’ est pas nécessaire. cependant, si on juge que l’ énergie nucléaire est, pour les trente ans qui viennent, la seule solution à nos problèmes d’ énergie, alors Creys-Malville sera nécessaire."
"Qu’ on ne croie pas que le parti socialiste cède aux effets de la mode "conclu M. Mitterrand. Nous refusons de déclarer que nous ne recourrons pas à l’ atome. Nous pensons que ce serait démagogique et un formidable manque de confiance dans la capacité humaine de dominer et de maîtriser sa propre création."
13/10/77
M. ALI Laoussine, Vice-président de la société pétrolière algérienne Sonatrach, a préconisé le 11 octobre une majorition de 15% du prix du pétrole pour 1978, qui serait la première étape d’ une hausse planifiée.
Pour éviter la crise de l’ énergie prévue pour le milieu des années 1980, M. Laoussine estime en effet nécessaire "une série de hausses progressives et planifiées qui ne couvrent pas seulement les effets de l’ inflation, mais qui rapprochent continuellement le prix du pétrole de celui des énergies de substitution".
Le vice-président de la Sonatrach intervenait au séminaire organisé du 10 au 12 octobre par l’ OPEP à Vienne, avec la participation de représentants des compagnies occidentales, sur "le rôle actuel et futur des compagnies nationales pétrolières". En ouvrant ce séminaire M. Ali Jaidah, secrétaire général de l’ OPEP, avait précisé que les producteurs de pétrole adopteront une "stratégie collective" pour développer leurs industries pétrochimique et du raffinage s’ ils n’ obtiennent pas des pays consommateurs l’ assistance technique nécessaire.
RECTIFICATIF. - La compagnie opératrice à Ekofisk, coresponsable a avec les autorités norvégiennes de la catastrophe survenue le 22 avril 1977 sur la plate-forme Bravo, est la Phillips Petroleum, comme nous l’ a fait écrire une erreur de transcription dans le Monde du 12 octobre.
ERRATUM. - Dans le tableau sur la production automobile dans le monde, publié dans le supplément Europa du 4 octobre, une erreur nous a fait écrire 1971 au lieu de 1976. Les statistiques indiquées portaient donc sur 1964, 1970 et 1976.
va être constituée
Trente mois après la création de la délégation aux énergies nouvelles, le conseil des ministres doit faire le point ce 12 octobre sur la politique suivie en matière d’ énergie solaire et de géothermie. A cette occasion, plusieurs mesures seront prises pour aider au développement de la géothermie et de l’ énergie solaire.
Déjà douze mille logements sont chauffés par géothermie et près de douze mille autres attendent de l’ être. Mais le développement de ce mode de chauffage était freiné jusqu’à présent, par les contrats de chauffe dans les immeubles anciens, la concurrence des autres sources d’ énergie et le coût des investissements. La seule mesure nouvelle prise par le conseil des ministres consiste en la création d’ une société publique de géothermie à laquelle participeront notamment l’ Union des H.L.M. et une filiale de la Caisse des dépôts et consignations. Il s’ agit de favoriser la concurrence sur un marché où la Compagnie générale de chauffe dispose d’ un iquasi-monopole.
D’ autre part, la libération, par la loi du 19 juillet 1977, des contrats de chauffe devrait avoir des effets, puisqu’un avenant interviendra de droit lorsque l’ utilisation de la géothermie sera envisagée. On ne cache pas non plus à la délégation aux énergies nouvelles que l’ avance - de 2 500F ou 3 500F selon les immeubles - exigée des constructeurs en cas de raccordement au "tout électrique" normalisera la concurrence et permettra au chauffage géothermique de se trouver en meilleure position.
Malgré ces mesures, les objectifs géothermiques pour 1985 - fixés à cinq cent mille logements lors du conseil de planification de 1975 - sont plutôt révisés en baisse. On ne parle plus désormais que de trois cent mille logements.
Un effort plus important doit être réalisé en matière d’ énergie solaire. Les crédits de l’ Etat destinés aux opérations de démonstration passent de 12 à 24 millions de francs de 1977 à 1978 au titre du ministère de l’ industrie. L’ enveloppe solaire de la recherche augmente de près de 25% et dépasse désormais 100 millions de francs. cet effort supplémentaire permettra de développer plusieurs prototypes photovoltaïques, et le projet de centrale électro-solaire de 2 mégawatts-Thémis (une batterie de miroirs orientables - héliostats - concentrera les rayons solaires sur une chaudière située sur une tour de 60 mètres de hauteur). Quelques millions de francs seront consacrés à la participation française dans la construction d’ une centrale solaire européenne en Calabre.
Enfin une instruction du premier ministre va obliger les maîtres d’ ouvrages publics à étudier systématiquement une variante énergie nouvelle dans leurs projets de construction d’ établissements publics (hôpitaux, écoles, etc.).
En revanche, le conseil des ministres ne se penchera ni sur la localisation du projet Thémis ni surtout sur les modalités d’ aide à l’ industrie. Le délégué aux énergies nouvelles souhaiterait mettre en place - au lieu de l’ actuelle déduction fiscale - une subvention généralisée à tous les particuliers s’ équipant de capteurs solaires. Mais le ministère de l’ industrie ne semble pas entièrement acquis à cette idée, qui exigerait une lourde gestion de dossiers. La décision sera donc prise ultérieurement.
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