Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
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seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
15/10/77
De notre correspondant
Washington. --- Le président Carter s’en est pris, lors de sa conférence de presse du jeudi 13 octobre, avec une vigueur proprement sacrilège, aux groupes de pression et, plus particulièrement, aux compagnies pétrolières, responsables du véritable massacre du programme énergétique auquel s’est livré le Sénat depuis un mois.
Rappelant qu’il avait vu dans la lutte pour la conservation de l’énergie, en avril, " l’équivalent moral d’une guerre ", le président a découvert depuis lors, et constaté tout crûment, qu’une guerre a aussi " ses profiteurs ", dont l’activité pourrait conduire dans les mois qui viennent au " plus grand pillage rip off de l’histoire ". La crise de l’énergie conduit normalement à une hausse des prix des carburants, mais il reste à savoir si les ressources ainsi dégagées seront " toutes empochées par les compagnies aux dépens du consommateur américain ". Le programme du gouvernement, a-t-il dit, prévoit des profits supplémentaires pour ces compagnies, mais celles-ci " veulent tout ".
Le président a laissé entendre qu’il pourrait prendre des mesures plus sévères non seulement à propos de l’énergie (rationnement de l’essence, imposition d’une taxe sur le pétrole importé), mais aussi contre les compagnies, probablement en appliquant les lois antitrusts. Dans son programme d’avril M. Carter envisageait d’obliger les producteurs à ouvrir plus largement leurs comptes et d’établir, en matière de réserves pétrolières notamment, des statistiques indépendantes, afin de briser la situation de monopole dont bénéficient les compagnies également dans le domaine de l’information.
En attendant, l’administration entend se lancer dans une campagne d’explication auprès du public dans l’espoir que celui-ci fera pression sur les sénateurs. Cet " appel au peuple " semble avoir pris de court les compagnies, dont les réactions vont de la surprise au "chagrin". Tout le monde se dit "désolé" de cette attaque et conscient de la nécessité de conserver l’énergie. Mais, comme l’a dit un représentant de la Standard Oil, l’on n’y arrivera pas en décidant "la plus grande augmentation d’impôts jamais survenue en temps de paix, sans que le produit soit utilisé à augmenter la production d’énergie". Il est pourtant connu que les compagnies pétrolières ont accru considérablement leurs profits ces dernières années et même ces tout derniers mois, alors, pourtant, que la production nationale de brut continue de baisser.
Un autre porte-parole de l’industrie pétrolière a affirmé que l’attaque du président "détruisait tout ce qui avait été accompli de constructif depuis quelques mois dans les rapports entre le gouvernement et la communauté des affaires".
Quant aux sénateurs, et bien que M. Carter se soit gardé de les attaquer directement, ils ont mal reçu les accusations du président sur l’activité des groupes de pression. Le sénateur Long, président de la puissante commission des finances, et qui, en tant que représentant de la Louisiane, grand producteur de gaz, ne cache pas sa couleur , a prédit l’échec du programme présidentiel et invité M. Carter à "réduire le niveau de sa rhétorique".
(Lire la suite page 4.)
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