Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
31-10-77
l’ essor de la diversification de l’ économie
L’ économie du Koweït est largement tributaire du secteur pétrolier d’ où proviennent les trois quarts environ de son produit intérieur brut et qui fournit à l’ Etat l’ essentiel de ses recettes (plus de 85 pour 100) et de ses devises (environ 75 pour 100). Etant donné la progression des recettes pétrolières du Koweït, très rapide depuis quelques années, et sa population réduite, le revenu par habitant de ce pays est maintenant l’ un des plus élevés du monde. Pour élargir la base de l’ économie, les pouvoirs publics ont effectué d’ importants investissements dans l’ infrastructure et l’ industrie - surtout dans le secteur pétrochimique - et ils ont poursuivi en matière de main-d’ oeuvre et d’ immigration une politique libérale en vue d’ accroître la population active locale, peu nombreuse. Le gouvernement a aussi versé une partie de ses recettes pétrolières d’ une part au secteur privé, en mettant en oeuvre des programmes sociaux et en achetant des terrains à un prix supérieur à celui du marché. En outre, il a versé une partie de ses réserves à des pays moins développés dans le cadre de programmes d’ aide.
Bien que la production de pétrole ait diminué par rapport au sommet atteint en 1972, le niveau d’ activité dans les secteurs non pétroliers a progressé rapidement au cours des dernières années, et en particulier dans les services bancaires et financiers, l’ industrie manufacturière, la construction et la marine marchande. On pense que cette tendance à la diversification de l’ économie sera renforcée par l’ exécution du Plan quinquennal (1976/77-1980/81) qui prévoit une forte augmentation des investissements tant publics que privés. Les disponibilités financières ayant, depuis quelques années, largement dépassé les possibilités d’ investissement dans le pays, le Koweït a accumulé d’ importants avoirs extérieurs.
La production de brut au Koweït a augmenté régulièrement pendant plusieurs années jusqu’en 1972, et diminué par la suite. Sa chute de 3,28 millions de barils par jour (b/j) en 1972 à 2,15 millions en 1976, s’ explique essentiellement par la décision du gouvernement d’ épargner se réserves de pétrole en limitant la production annuelle de la KOC, fixée aujourd’hui à quelque 2 millions de b/j. En 1974 et 1975, cette baisse était aussi due au déclin de la consommation mondiale de pétrole, provoqué par la récession dans les pays industrialisés et le renchérissement du pétrole. Le léger renversement de la tendance à la baisse de la production en 1976 est dû à la reprise de la demande mondiale, mais surtout à la constitution de réserves au dernier trimestre de 1976 par les acheteurs, qui s’ attendaient à un renchérissement du pétrole au début de 1977.
Malgré la baisse de la production en volume par rapport au sommet de 1972, la valeur des exportations de pétrole et les recettes qu’ elles procurent à l’ Etat ont progressé rapidement depuis quatre ans, en raison essentiellement des fortes hausses appliquées conformément aux décisions de l’ OPEP.
Depuis la nationalisation de la KOC, la quasi-totalité des exportations de pétrole du Koweït sont commercialisées directement par l’ Etat. Elles résultent généralement d’ accords de vente à long terme avec les compagnies pétrolières internationales et avec les gouvernements des pays consommateurs. Soucieux d’ accroître ses débouchés, le Koweït a accepté en principe de participer à un important complexe de raffinage et de fabrication de produits pétrochimiques en Roumaine. Le Koweït fournirait à ces installations, qui représentent un investissement de plus de 1 milliard de dollars, environ 160.000 b/j de brut koweïtien. Un autre grand projet dans le secteur pétrolier est le Kuwait Gas Utilization Project qui prévoit la construction d’ une nouvelle usine de liquéfaction du propane liquide d’ une capacité de 5,5 millions de tonnes par an.
Depuis quelques années, les opérations financières de l’ Etat favorisent l’ expansion de l’ économie intérieure, le niveau élevé des recettes pétrolières ayant permis que les dépenses publiques intérieures dépassent largement les recettes intérieures. Ce facteur, ainsi que la très forte augmentation du crédit au secteur privé, ont entraîné une croissance rapide de la liquidité intérieure et de la demande globale. Comme la progression de la demande est restée supérieure à celle de l’ offre de biens et de services importés et locaux, en partie du fait de l’ encombrement du port et d’ autres goulots d’ étranglement, les ressources ont été soumises à certaines pressions. Cette situation, conjuguée à l’ enchérissement des importations, a entraîné de fortes hausses des prix au cours des deux dernières années et intensifié la spéculation sur les marchés de l’ immobilier et des valeurs mobilières. Toutefois, depuis la fin de 1976, les autorités monétaires du Koweït ont pris plusieurs mesures pour atténuer les pressions inflationnistes et décourager les activités spéculatives. Par exemple, la Banque centrale a décidé de relever les taux d’ intérêt et d’ imposer des plafonds aux prêts accordés par des banques commerciales à un seul emprunteur, mesure qui, jointe à un appel au sens civique, devrait abaisser le taux de croissance du crédit au secteur privé et réduire la spéculation.
Au cours des trois dernières années, le Koweït est devenu un important centre financier. Le secteur financier y comprend maintenant la Banque centrale, cinq banques commerciales, trois banques spécialisées, 14 institutions d’ investissement, plusieurs compagnies d’ assurances, le marché des valeurs et plusieurs agents de change et courtiers. Le fait le plus important observé récemment dans le domaine financier est l’ expansion phénoménale des institutions d’ investissement qui ont contribué à canaliser vers l’ étranger les excédents de la balance des paiements du Koweït.
Le Koweït a fourni des montants substantiels d’ assistance financière aux pays en développement au cours des dernières années, la majeure partie de l’ aide bilatérale officielle au développement accordée sous forme de dons et de prêts à des conditions de faveur a été fournie directement par l’ Etat, essentiellement à des pays arabes limitrophes. Cette assistance a fortement augmenté après la guerre d’ octobre 1973, au Moyen-Orient, et atteint en 1975 un sommet de plus de 1,3 milliard de dollars. Elle a diminué en 1976, en partie du fait d’ une réorientation en faveur des prêts au développement de la politique d’ assistance officielle. Ces prêts sont accordés par le Fonds du Koweït pour le développement économique des pays arabes, organisme autonome officiel créé en 1961 pour le financement à des conditions de faveur de projets déterminés dans les pays arabes. Le capital du Fonds a été porté de 200 millions à 1 milliard de dinars koweïtiens en 1974 et ses opérations étendues aux pays en développement non arabes. En outre, ses activités ont connu une forte expansion depuis deux ans, le total cumulatif des montants qu’ il a décaissés ayant augmenté de près de 80 pour 100. Les nouveaux décaissements ont atteint 73 millions de dollars en 1976. A la fin de 1976, le Fonds avait effectué des décaissements concernant 73 projets dans 22 pays et contracté des engagements pour 93 projets dans 33 pays.
En dehors de son programme d’ aide bilatérale, le Koweït a versé de très substantielles contributions et souscriptions en capital à différentes institutions de développement multinationales et aux organisations internationales. Il a contribué plus que tout autre pays au financement du Fonds arabe pour le développement social et économique et a versé des montants importants au Compte spécial de l’ Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole, à la Banque de développement islamique, au Fonds spécial de l’ OPEP, à la Banque mondiale (notamment en contribuant à l’ IDA et au Troisième guichet, ainsi qu’ en achetant des obligations de la BIRD) et à d’ autres institutions ou fonds de développement. Le Koweït a aussi prêté au FMI un total de 685 millions de DTS au titre du mécanisme pétrolier est s’ est engagé à lui prêter 400 millions de DTS au titre de la facilité de financement supplémentaire.
Le régime des changes et du commerce du Koweït est libéral et ne comporte que quelques restrictions mineures. Le taux de change du dinar koweïtien est calculé en fonction d’ un panier de monnaies non divulguées pondéré par le commerce. Son taux par rapport au dollar E.U. a récemment enregistré de légères variations ; le 16 août 1977, le taux représentatif était de 3,4847 dollars E.U. pour 1 dinar.
(millions de dinars koweïtiens)
Recettes pétrolières
538
584
2,535
2,235
2,111
Autres recettes
91
131
215
345
358
Dépenses courantes
277
281
432
527
650
Dépenses de
développement
62
70
113
163
529
Autres dépenses
98
202
618
380
220
(millions de dollars E.U.)
marchandises, f.o.b.
Exportations
3,248
9,580
8,482
9,668
Pétrole
3,011
9,180
7,894
8,941
Autres exportations
237
400
588
727
Importations
-926
-1,488
-2,293
-3,183
privés (nets)
Recettes
834
1,255
1,802
2,285
Paiements
-1,189
-1,197
-1,314
-1,584
des opérations courantes
non monétaires
Données : Banque centrale du Koweït et estimations des services du Fonds
31 octobre 1977
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