Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
25/10/77
ne modifierait pas l’ évolution
des mines du Nord-Pas-de-Calais
De notre correspondant
Lille. - "Le gisement houiller du nord de l’ Europe est comme un quartier d’ orange dont nous avons à peine grignoté l’ écorce..." Ainsi s’ est exprimé M. P. Ledent, directeur de l’ Institut belge des industries extractives, devant quelque quatre cents personnes (spécialistes des charbonnages, hommes politiques, syndicalistes) réunies l’ autre semaine à Douai à l’ initiative de la Société de l’ industrie minérale. Dans une région où l’ on envisage dans un avenir très proche l’ arrêt de toute production minière, une telle image laisse rêveur...
Cette journée avait pour but de présenter le dossier de la gazéification, cette technique qui consiste à obtenir de l’ énergie à partir des gisements en grande profondeur en brûlant la houille sur la place et en récupérant le gaz ainsi produit.
Faut-il continuer à fermer les puits alors que le sous-sol est encore riche de ressources considérables en houilles ? Car tous les spécialistes sont bien d’ accord, en grande profondeur et même dans la mer du Nord, sous les nappes de pétrole, se trouvent encore des milliards de tonnes de charbon qui pourraient représenter, selon certaines estimations, quelque deux cent cinquante années de consommation énergétique pour l’ Europe du Nord ! Il n’ est donc pas déraisonnable de penser que l’ industrie charbonnière puisse trouver un jour un deuxième souffle. Mais sous quelle forme et dans quelles conditions ?
Une expérience sera tentée très prochainement dans le Borinage, près de Mons, à la suite d’ un accord entre les gouvernements belge et allemand. L’ extraction par puits comme c’ est le cas actuellement n’ étant guère possible pour les couches profondes (au-delà de 1 200 mètres), on utilisera les techniques pétrolières. Le gisement sera atteint par des sondages entre lesquels on créera des communications par fissuration des couches. Pour aboutir à l’ exploitation industrielle du procédé, sous réserve que les expériences soient concluantes, il faudra de quinze à vingt années de travaux et des investissements considérables en recherche.
De grands espoirs sont donc permis, mais bien des incertitudes demeurent. En tout cas, il semble établi qu’ en aucune façon la gazéification ne pourra modifier en quoi que ce soit l’ évolution des charbonnages du Nord et du Pas-de-Calais. Selon les indications données, les gisements profonds dans le Nord-Pas-de-Calais seraient eux-mêmes très limités et irréguliers. On a fait valoir aussi que la gazéification n’ apporterait en rien une solution au problème de l’ emploi : "Dix fois moins de personnes que dans les houillères pourraient être employées dans cette industrie puisqu’il s’ agit, pratiquement, d’ une mine sans homme...", a dit M. Ledent. On peut imaginer que l’ extraction du charbon cesse totalement dans la région et que, vingt à trente ans plus tard, apparaissent une nouvelle industrie celle de la gazéification, qui occuperait, elle aussi de vastes espaces, mais pas forcément ceux de la zone linière actuelle qui est trop urbanisée pour permettre de nombreux sondages.
Certains intervenants se sont étonnés que le gouvernement français n’ ait manifesté qu’ un intérêt très modéré pour l’ expérience lancée en Belgique. Veut-il se cartonner au rôle d’ observateur et attendre des résultats probants avant de se lancer dans l’ aventure ? N’ a-t-il pas misé trop exclusivement sur le nucléaire ? Il est vrai que la gazéification n’ est pas la solution certaine pour un avenir très proche, mais faut-il pour autant se désintéresser des atouts probables pour le vingt et unième siècle ? Selon certains syndicales, cela remet aussi en cause les structures de la recherche au sein de la CECA.
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