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LE MONDE - 18 mai 1977 - Page 39

LA VIE SOCIALE ET ÉCONOMIQUE
LES PROBLÈMES ÉNERGÉTIQUES


Pour suivre de près l’exécution du programme français


Le gouvernement crée un comité interministériel de l’énergie nucléaire


M.Giscard d’Estaing a présidé mardi 17 mai à l’Elysée un conseil restreint consacré au programme électronucléaire français. Participaient à ce conseil, outre M.Raymond Barre, MM.Robert Boulin, ministre délégué chargé de l’économie et des finances, Michel d’Ornano, ministre de la culture et de l’environnement, René Monory, ministre de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, ainsi que le commissaire général au plan, M.Jean Ripert, et le délégué général à l’énergie, M.Paul Mentré.


Le conseil a entendu une communication de M.Monory, qui a fait le point sur l’exécution du programme nucléaire en cours.


Il a été décidé la création d’un comité interministériel de l’énergie nucléaire. Cet organisme, qui se réunira trimestriellement sous l’autorité du premier ministre, sera chargé d’examiner les conditions de réalisation du programme électro-nucléaire français. M.Giscard d’Estaing a souligné, au cours de ce conseil restreint, l’importance de "la substitution progressive de l’énergie nucléaire au pétrole, comme source de production d’électricité".


Aucune décision n’a été prise mardi matin concernant les commandes de centrales qui seront engagées en 1979. La commission PEON (Production d’électricité d’origine nucléaire), qui traditionnellement fait des propositions au gouvernement dans ce domaine, n’a pas, en effet, encore définitivement arrêté sa position. En 1978, rappelons-le, les 5 000 MW d’origine nucléaire doivent être engagés (contre 12 000 MW pour la période 1976-1977). Ce léger ralentissement sera-t-il confirmé ?
Les avis sont partagés, certains estimant que l’effort doit se poursuivre à ce rythme ; d’autres au contraire pensant que 4 000, voire 3 000 MW, par an seraient suffisants. Le type de centrales qui seront construites pose également problème. L’E.D.F., qui rencontre quelques difficultés pour trouver des sites, penche, semble-t-il, pour la construction de centrales de 1 300 MW, et non plus de 900 MW. Un conseil des ministres prendra des décisions définitives dans ce domaine avant l’été, vraisemblablement le 24 juin.


M.YAMANI : nous ne modifierons pas notre position sur le prix du pétrole.


L’Arabie Saoudite, "tout en souhaitant régler la question des prix, ne modifiera pas sa position sur le système des prix", a déclaré, le 16 mai à son arrivée à Abou-Dhabi, le cheikh Yamani, ministre saoudien du pétrole.
Le système actuel du double prix du pétrole "n’entraîne aucune conséquence sur l’unité et la cohésion de l’OPEP", a ajouté M.Yamani, qui a démenti que les pays de l’OPEP s’acheminent vers un prix moyen correspondant à une augmentation de 8%, afin de rétablir l’unité des prix au sein de l’Organisation. Le ministre a ajouté que les efforts déployés au sein de l’OPEP, "pour harmoniser le prix du brut n’ont pas donné jusqu’à présent le résultat", - (A.F.P.)


Faute de réduire massivement sa demande d’énergie
le monde occidental court à la catastrophe


AFFIME UN RAPPOR DU MIT


De notre correspondant


Washington, - Un groupe d’études, réunissant sous le patronage du Massachusetts Institute of Technology (MIT) trente-cinq experts de quinze pays vient de publier un rapport alarmiste sur les perspectives énergétiques mondiales. Résumant ce document mis au point au cours de trois ans de recherches, le professeur Wilson, du MIT, qui dirigeait les travaux, a déclaré : "Le monde libre doit réduire de manière sa demande croissante d’énergie et abandonner massivement le pétrole pour lui substituer d’autres sources d’énergie."
Il faut faire vite, a-t-il ajouté, comme s’il s’agissait d’une "mesure d’urgence du temps de guerre". Sinon, "ce sera la catastrophe".


Ce sombre message rejoint les prévisions tout aussi pessimistes faites dans un rapport récent de la C.I.A. Selon le MIT, en dépit des efforts de conservation et de diversification des sources d’énergie, dans l’hypothèse d’une croissance économique modérée, le monde non communiste manquera de 15 à 20 millions de barils par jour (750 à 1000 millions de tonnes/an), d’ici l’an 2000, soit à peu près l’ensemble de la consommation actuelle de l’Europe occidentale, et cela même si la production pétrolière devait doubler et les prix du pétrole augmenter de 50 % par rapport à leur niveau actuel.


Cet inévitable déficit pourrait intervenir d’ici 1981, si l’Arabie Saoudite décidait de limiter sa production à son volume d’aujourd’hui, soit 9 millions de barils par jour (450 millions de tonnes/an). Même si la production saoudienne devait atteindre les 20 millions de barils journaliers, l’échéance de la pénurie ne serait retardée que de huit ans.


Le rapport souligne que, étant donnée l’interdépendance des nations en matière d’énergie, la solution du problème exigera dans l’avenir une "collaboration internationale sans précédent" et le développement d’autres sources d’énergie que le pétrole et le gaz naturel. Les Etats-Unis, disposant de la moitié des réserves mondiales en charbon pourraient devenir "l’Arabie Saoudite du charbon".


Le groupe d’études estime que l’énergie venant du soleil, des marées, du vent, ainsi que des réserves d’autres combustibles fossiles, ne jouera qu’un rôle d’appoint d’ici l’an 2000. Quant à l’énergie nucléaire, elle pourrait accroître sensiblement l’offre mondiale d’énergie, encore que beaucoup de pays hésitent à envisager son utilisation massive.
Mais, même si la production d’énergie nucléaire devait être multipliée par quinze ou vingt-cinq le monde n’éviterait pas la pénurie énergétique.


Jamais l’avenir énergétique n’avait été décrit de manière aussi sombre.
On peut contester la méthodologie du groupe d’études qui, pour apprécier la demande énergétique mondiale, additionne les prévisions établies pour chaque pays séparément, sans tenir compte des décisions que les différents gouvernements pourraient prendre afin d’ajuster leur demande en fonction de la conjoncture. Malgré tout, les conclusions du MIT rejoignent celles du gouvernement américain, M.Schlesinger, conseiller présidentiel pour les problèmes de l’énergie, répétait le 15 mai que, faute de prendre de strictes mesures de conservation et de substituer d’autres sources d’énergie au pétrole et au gaz naturel, les Etats-Unis connaîtraient un "désastre économique" en 1985.


HENRI PIERRE.

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