Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
TAXE DE 5 CETS PAR GALLON D’ESSENCE à partir de 1979 si , au cours de l’année 1976 , la consommation d’essence dépasse de plus de 1% la consommation moyenne d’octobre 1976 à septembre 1977 . La taxe pourra ensuite sugmenter de 5 cents par année - selon la consommation - mais ne pourra dépasser 50 cents . Actuellement cette taxe est de 4 cents .
LES SUBVENTIONS FÉDÉRALES POUR LES AUTOROUTES pourront être supprimées aux Etats qui ne font pas appliquer strictement la 11 mille de vitesse de 88 kilomètres à l’heures .
LES ADMINISTRATIONS FÉDÉRALES devront n’acheter que des voitures faibles consommatrices d’essence .
LES PROPRIETAIRES QUI ASSURERONT L’ISOLATION DE LEUR IMMEUBLE bénéficieront d’un crédit d’impôt qui pourra atteindre 410 dollars s’ils dépensent 2 200 dollars a cet effet en une année .
LE DEPARTEMENT DU LOGEMENT URBAIN devra faire appliquer des 1980 une nouvelle réglementation concernant les économies d’énergie dans les nouveau immeubles .
DES NOUVELLES NORMES entreront en vigueur pour les appareils ménagers gros consommateurs d’énergie .
LES COMPAGNIES D’ELECTRICITE ne pourront plus consentir d’avantages sur gros consommateurs et devront offrir un tarif réduit pour les heures creuses .
LE PRIX DU PETROLE PRODUIT AUX ETATS-UNIS sera progressivement amené au niveau des cours mondiaux par le moyen d’une taxe . Le supplément de recettes fiscales ainsi obtenues serait retourné aux consommateurs sous forme de crédits d’impôt .
LA RESERVE STRATEGIQUE DES ETATS-UNIS sera portée a 1 milliard de barils .
LES INDUSTRIES UTILISANT LE GAZ NATUREL seront taxées pour les inciter a utiliser du charbon . Dans le même esprit , les industries utilisant du fuel seront taxées à raison de 50 cent par baril en 1979 .
LES ENTREPRISES UTILISANT DU CHARBON devront installer les moyens de contrôle de la pollution les plus perfectionnées .
UN CRÉDIT D’IMPÔT sera accordé tant aux industries qu’aux particuliers pour l’installation d’équipements utilisant l’énergie solaire .
M. Jimmy Carter entend « pénaliser ceux qui gaspillent »
De notre correspondant
Washington . - Les membres des deux Chambres , réunies en séance commune , mercredi 20 avril , pour entendre le message de M. Carter sur le programme énergétique , ont fait au président un accueil cordial. Cependant , les applaudissements ont été plus rares que ceux enregistrés habituellement dans des circonstances analogues . M. Carter avait d’ailleurs déclaré lui-même qu’il ne les escomptait pas . . .
« Récompenser ceux qui gaspillent , pénaliser ceux qui gaspillent » , tel est le principe de base qui inspire le programme en matière de conservation . Ainsi seront pénalisés d’une taxe d’abord faible mais croissante (en 1965 elle pourrait s’établir entre 1 600 et 2 500 dollars ) les acheteurs de grosses voitures économiques pourront être acquises avec des rabais consentis grâce au produit des taxes imposées aux « dévroreuses d’essence » Le président Carter espère ainsi que l’industrie automobile pourra maintenir et même augmenter sa production , mais en fabriquent de plus petits modèles .
Le projet le plus controversé concerne la taxe sur l’essence . Il s’agit d’une mesure potentielle . Les Américains sont simplement avertis que , si la consommation annuelle dépasse les objectifs fixés , ils subiront une augmentation du du prix de l’essence de 5 cents (environ 25 centimes ) par gallon (environ 3,8 litres ) , pouvant aller progressivement jusqu’à 50 cents ) , Même au prix de 1,10 dollar ( le gallon est vendu actuellement 60 cents) , l’essence coûtera moins cher aux Etats-Unis qu’en Europe .
Le plan Carter prévoit diverses mesures pour encourager la modernisation des logements en vue d’éliminer le gaspillage de l’énergie : révision des systèmes de chauffage et de conditionnement d’air , isolation , etc, dont les frais , à la charge des particuliers , seront compensés par des détaxes . Des changements interviendront dans les tarifs du gaz et de l’électricité pour éliminer les prix de faveur dont bénéficient les gros utilisateurs et encourager la consommation aux heures creuses .
Dans le demande de la production , M. Carter exclut un abandon total et immédiat des contrôles sur les prix du pétrole et du gaz naturel produits dans les pays . Il insisté sur la nécessité d’un prix « réaliste » de nature à encourager l’exploration et la production , sans pour autant permettre aux compagnies productrices de réaliser des « superbénéfices » . Les nouveau prix du pétrole pourront atteindre - en trois ans - le niveau des prix mondiaux de 1977. En même temps , une taxe sera imposée sur les stocks du pétrole produit aux Etats-Unis qui sera contrôle et le prix mondial , et le montant de cette sera redistribué indirectement aux contribuables américaines . En ce qui concerné le gaz naturel , le plan Carter prévoit une restructuration des prix afin d’en éviter la disparité et de stimuler l’exploration .
Se « convertir » au charbon
Le président veut favoriser l’utilisation du charbon dans l’industrie par des stimulants fiscaux en faveur des secteurs qui utilisent actuellement le pétrole et le gaz , et qui accepteraient de se « convertir » au charbon . M. Carter a déclaré , à propos de l’énergie nucléaire , que « nous devrons continuer en dernier ressort à en utiliser des quantités croissantes », mais que « des efforts de conservation pourront minimiser cette évolution » , M. Carter rassure aussi les écologistes auxquels . Il annonce de surcroît que l’installation de nouvelles usines sera soumise à de strictes mesures de sécurité . L’utilisation de l’énergie solaire sera en outre encouragée par des détaxes fiscales .
« Le principe directeur du programme est d’être avant tout équitable » , a déclaré le président en faisant état des mesures variées visant à distribuer aux contribuables , sous en forme de détaxes ( et de paiements directs pour les moins favorisés ) , les produits de divers impôts . M. Carter a répété que les activités , les projets et les activités , les projets et les ressources des compagnies pétrolières doivent être connus du public . Réaffirmant sa foi dans la concurrence , le président entend faire appliquer vigoureusement les lois antitrust pour empêcher la fixation artificielle des prix par entente illicite entre les producteurs .
« L’industrie de l’énergie ne doit pas profiter de bénéfices immérités . L’accroissement des prix des stocks existants de pétrole ne doit pas amener de super-bénéfices , mais être utilisé par le peuple de ce pays ..., affirme M. Carter . Il doit être clair pour chacun que c’est maintenant notre peuple , par l’intermédiaire de son gouvernement , qui fixe notre politique énergétiques » , a-t-il précise .
Des réactions réservées .
Les premiers réactions de l’opinion , à l’exception des groupes écologiques qui dans l’ensemble approuvent le programme de M. Carter , sont plutôt réservées , notamment celles des milieux d’affaires , des industriels et des syndicats .
Le président a en effet choisi une voie moyenne , entre une solution franchement « libérale » favorisant le libre jeu des fois du marché et une solutions « radicale » impliquant des contrôles et des mesures autoritaires de l’Etat fédéral .
Les représentants de l’industrie estiment que le président aurait dû insister plus sur la production que sur la conservation de l’énergie , ils souhaitaient l’abandon des derniers contrôles sur les prix du pétrole et du gaz naturel produits dans le pays . Les syndicats considèrent de leur côte qu’une politique énergétique débouchant , par l’effet de la taxation et de la remise en liberté des prix , sur un renchérissements de l’essence ne peut être équitable . « Les travailleurs en souffriront alors que les gens aisés pourront continuer a rouler dans de grosses voitures », a déclaré un dirigeant syndical .
Le speaker de la Chambre , M.Thomas O’Neill , ne cachait pas ses préoccupations sur l’adoption du plan Carter ; il prévoit même une taxe sur l’essence . En fait , dans la perspective des élections législatives de novembre 1978 (renouvellement de tous les représentants et d’un tiers des sénateurs ), les membres du Congrès voudront tâter le pouls de leurs électeurs avant de prendre position sur des mesures de nature a affecter sensiblement le mode de vie américain . D’où le soins et l’instance manifestés par le président Carter pour atteindre directement le public et le convaincre de la nécessité de sacrifices « équitables » ...
HENRI PIERRE.
« Nous avons un plan bien équilibré qui devrait être efficace »
Dans son message au Congrès , le président Carter a notamment déclare :
« Ce soir , je ne vois ferai pas un discours philosophique . J’ai des explications sérieuses et difficiles a vous donner . Au cours des trois derniers mois , j’ai compris très clairement pourquoi une politiques énergétique globale n’a pas encore été mise au point . C’est une tâche ardue , mais nous avons à vous présenter un bon plan , bien équilibré , et qui devrait être efficace . Il peut apporter une vie encore meilleure au peuple américaine . »
« Le cœur du problème est que notre consommation de carburant s’accroît plus vite que notre production . Notre premier moyen de résoudre la question est de réduire le gaspillage et l’inefficacité . »
« Le pétrole et le gaz naturel constituent environ 75% de la consommation de ce pays . Mais ils ne représentent que 7% de nos réserves . Notre consommation de pétrole augmente de plus de 5% chaque année , tandis que notre production nationale a récemment diminué de 6% . Nos importations de pétrole ont augmente considérablement - en nous tendant plus vulnérables au cas ou lies seraient interrompues , - mais à partir de 1980 , même le pétrole d’origine étrangère se fera plus rare . Si la demande internationale continuait à augmenter , après 1980 , au rythme actuel de 5% par an , toutes les réserves de pétrole connues dans le monde pourraient être épuisées à la fin de la prochaine décennie . »
« Le déficit de notre balance commerciale s’accroît . L’année dernière , nous avons importé plus de 35 milliards de dollars de pétrole . Cette année , nous dépenserons beaucoup plus . Il est temps que cela cesse . Nous pourrions continuer à ignorer ce problème , mais ce serait faire planer sur notre peuple une catastrophe imminente ». (...)
« Ce soir , je veut vous donner les grandes lignes des mesures qui nous permettront d’atteindre notre but . Elles concernent la conservation se l’énergie , sa production , sa reconversion , son répartition équitable , qui est essentielle . »
« Nous préférons les faire appliquer par consentement mutuel plutôt que par la coercition . Dans de nombreux cas , elles seront assorties d’avantages fiscaux , qui encourageront les citoyens à économiser l’énergie et aideront notre économie libérale a faire à la situation ». (...)
« Je veux expliquer l’une de mes propositions les plus controversées et les plus mal comprises : la surtaxe sur l’essence . L’essence représente la moitié de notre consommation de pétrole (...) . Je propose que nous votions une surtaxe de 5 cents par gallon d’essence . Cette surtaxe sera appliquée chaque fois que nous prévisions , la surtaxe sera supprimée . Si le peuple américain répond à notre appel , nous ne dépasserons pas nos normes et cette surtaxe ne sera jamais appliquée . Je sais que nous pouvons y parvenir , et vous le savez aussi ». (...)
« Le gouvernement fédéral devra donner l’exemple . Il publiera des directives instituant des normes très strictes de conservations de l’énergie dans tous les bâtiments publics , neufs et vieux . D’ici à 1985 , le rendement des sources d’énergie devra être accru de 45% dans les bâtiments neufs et de 20% dans les vieux . (...) »
« Les particuliers dont les maisons auront été climatisées auront droit a un dégrèvement fiscal de 25% sur les premiers 800 dollars investis dans la conservation de l’énergie domestique , et de 15 % sur les 1 400 dollars suivantes » .
Les autres propositions concernant la conservation de l’énergie dans les bâtiments privés et publics comprennent : une aide fédérale directe pour les citoyens ayant des bas revenus : un dégrèvement fiscal de 10% pour les investissements d’entreprises : des prêts des Etats pour les bâtiments publics climatisés .(...) »
« Pour augmenter de 400 millions de tonnes ou de 65% la consommation du charbon dans l’industrie d’ici à 1985 , je propose d’instituer des 1979 une taxe progressive pour les gros utilisateurs de pétrole et de gaz naturel . Les fabricants d’engrais et d’aliments déshydratés en seraient exemptés . »
Il est intéressant de constater qu’à huit ans d’intervalle , et sous des auspices d’intervalle , et sous des auspices , il est vrai , passablement différents , les premières initiatives d’un président élu pour commencer une ère nouvelle . Richard Nixon et Jimmy Carter , se réclament d’un esprit de restriction . Après les folles de l’escalade vietnamienne , le successeur de Lyndon Johnson prêchera la retenue en politique étrangère , pliée désormais à un « profil abaissé » ( low profile ) . On sait ce qu’il advint de cette doctrine aérodynamique , et comment finit l’aventure .
Le président Carter est d’une autre trempe que l’homme qui , paraît -il , compare aujourd’hui sa retraite californienne a l’île d’Elbe et cherche par tous les moyens à forcer les portes de la vie publique . Mais dans l foulée de sa croisade pour le respect des libertés individuelles il vient de révéler à ses compatriotes que l’époque de l’abondance au rabais était révolue , et que sans une discipline rigoureuse , et d’ailleurs onéreuse , les Etats-Unis couraient à la « catastrophe nationale » . Si l’accent est nouveau , le thème ne l’est pas : c’est la niée reprise de l’idée de la « frontière fermée » appliquée cette fois au sous-sol et non plus aux territoires vacants libéralement distribués alors par le gouvernement fédéral .
Les fumées du « projet indépendance » de M. Nixon se sont dissipées . Les Etats-Unis abandonnent officiellement tout espoir d’autarcie énergétique même relative . Ils se retrouvent -ou se déclarent - logés à la même enseigne que les autres pays producteurs d’hydrocarbures : faute de ménager leurs réserves , ils s’exposent à échéance rapprochée à une durable et dramatique « rupture de stocks » .
On avait déjà vu les lumières de la Maison Blanche réduites la nuit à un lumignon par mesure d’épargne , du temps de M. Johnson . Les autos firent la queue - avec une patience toute américaine - aux pompes à essence durant la « crise » de l’embargo de l’OPEP . Le débat est rouvert avec éclat par les propositions de M. Carter , qui ne visent à rien moins qu’à changer en huit ans les méthodes et le débit de la consommation énergétique américaine .
Des sociétés
plus prévoyantes que d’autres
Cette réorientation est-elle concevable dans le cadre des données du mode de vie américaine et de la mentalité qu’il engendre ? Certes , ni M. Carter ni son conseiller pour les affaires d’énergie . M. Schlesinger , qui a derrière lui , a quarante - huit ans , expérience d’éminentes responsabilités gouvernementales ( à la tête du Commissariat à l’énergie atomique , de la C.I.A. et du Pentagone ) , ne sauraient qu’ils vont rencontrer au Congrès et dans certains milieux industriels .
Non d’ailleurs que ces oppositions soient fatalement unanimes et sans fissures . Certaines grandes sociétés , plus prévoyantes que d’autres parce que leurs propres estimations ne voyaient pas l’avenir autrement qu’il se reflète dans les analyses de M. Carter et de son équipe , ont depuis quelque temps rationalisé leur consommation d’énergie par des mesures appropriées et se trouvent fort aise du rendement élevé que leur rapportent les investissements consacrées pour économiser l’énergie ont elles-mêmes engendré une industrie nouvelle qui à commercialisé un équipement capable de répondre à 30 % des exigences posées par le programme Carter .
En revanche , les grandes marques automobiles seront touchées de plein fouet par celui - ci et ne céderont qu’à un mouvement d’opinion capable d’affecter leur chiffre d’affaires . Malgré l’alerte de 1973 - 1974 , elles ont continué à fabriquer en masse des modèles « gloutons » ( les « gas-guzzlers » que menace une surtaxe écrasante) et a en poussez l’usage . L’automne dernier , à Washington , on nous citait le cas , véridique , d’un riche Américain qui , redoutant qu’on ne réduise la longueur des monstres de la route , en avait ne soit trop tard . Ce n’est pas un hasard non plus si les constructeurs américains ont en règle générale renoncé à relever le défi de la concurrence étrangère dans la gamme des « intermédiaires » et petites cylindrées japonaises , allemandes , suédoise et autres . Leurs bureaux d’étude son-ils si dépourvus d’imagination ? Nullement . Mais les modèles à grosse consommation ont atteint un tel degré de confort et de perfectionnement apparent qu’il suffit d’y apporter chaque année d’imperceptibles retouches . Tandis que , sur le marché européen , où la la concurrence ne joue pas seulement sur le plan publicitaire , l’amélioration et l’innovation sont encore à l’ordre du jour .
Mais la myopie de ce conservatisme avare ne doit pas nous induire à penser que tous les Américains sont des maniaques de la « grosse bagnole » et de « l’épate » . La voiture remplit , aux Etats-Unis , des fonctions multiples , qui requièrent un espace intérieur nettement supérieur à celui est un moyen de « transport en commun » (car poo ) , qu’il s’agisse du ramassage scolaire inter familial de compagnons de bureau , voire un véhicule de livraison pour le ravitaillement du foyer , qui se fait deux fois , parfois une seule fois par semaine .
Autant de tâches qui interdisent à la carrosserie de descendre au-dessous de certains dimensions . La « petite » européenne convient à ceux qui peuvent se dispenser de les assumer : célibataires , couples non mariés (deux catégories qui « moment ») ou sans enfants .
Ce qui conditionne ces différents usages , c’est , bien entendu , le fait que les Américains ont déserté les villes pour de verdoyantes suburbs , si éloignées que à peu d’exceptions près , un réseau de véritables « transports en commun » coûterait des milliards et ne changerait pas fondamentalement le problème de la désurbanisation . L’expérience du BART , dans la baie de San-Francisco , est , a cet égard , concluante . S’il y a un « choix de société » quasiment irréversible - et que les Noirs n’aspirent qu’à endosser à leur tour - c’est bien celui qui disperse les « habitants » d’une agglomération en petites communautés aussi homogènes que possible et constituées de maisons individuelles .
La préférence
de fout un peuple
On parlera , à ce propos , déjà d’un gaspillage d’espace , d’un luxe de distance . C’est indéniable , mais que faire contre la préférence de tout un peuple ? Le vrai problème est ailleurs . Il réside dans l’effarante insouciance des entreprises de bâtiment qui ne songent qu’à la façade et à la surface « incorrigible » . Il faut avoir logé dans une de ces maisons , en avoir vu construire sous ses yeux pour comprendre que , derrière leur air coquet , l’impéritie et la hâte du profit leur ont donné des murs à peu près aussi épais qu’une grosse boîte d’allumettes . Jusqu’ici l’isolation thermique demeurait purement symbolique : la climatisation se changerait de compenser cette déficience . Financièrement , le calcul était juste - du moins tant que les notes de gaz et d’électricité restaient modestes . Que va-t-il se passer si , fût -ce par paliers , elles « grimpent au plafond » ? Comment et à quel prix , revenir sur ce qui a été volontairement négligé ? Autant de questions qui ne se résoudront pas du jour au lendemain et qui remettent en cause les « subventions à la dépense » sur lesquelles s’est édifiée pour une large part , le style de vie de l’Américain moderne .
ALAIN CLÉMENT.
Le taux de croissance de l’économie américaine s’est fortement accéléré pendant le premier trimestre , en dépit des effets d’un hiver particulièrement rigoureux . Calculé en monnaie constante et en taux annuel , le produit national brut (P.N.B.) a progressé de 502 % par rapport au quatrième trimestre de 1976 , pendant lequel avait déjà été enregistrée une progression de 2,6%
Selon les experts , cette accélération est due , pour une large part , a la progression rapide du taux de reconstitution des stocks et au développement des ventes d’automobiles . Au cours d’une conférence de presse , un responsable du département du commerce . Mme Courtenay Sister , à indiqué que l’évolution du P.N.B. serait sans doute moins spectaculaire dans les mois à venir , la poussée du premier trimestre ne paraissant pas susceptible de se reproduire .
Il n’en reste pas moins que l’économie américaine semble engagée dans une période de forte expansion . C’est ainsi qu’en mars , la production industrielle a augmenté de 1,4 % le revenu personnel de 1,7 % dans le même temps où la construction connaissait un essor spectaculaire puisque deux millions de nouveaux bâtiments ont été mis en chantier .
Les revenus personnels ont augmenté au moins de mars aux Etats-Unis de 1,7 % — Selon les statistiques du département du commerce , les revenus personnels ont atteint , en mars , le total « annualisé » , corrigé des variations saisonnières , de 1 486 milliards de dollars , soit une croissance de 24,2 milliards de dollars sur février . Ce chiffre n’a été dépassé qu’une fois , en juin 1975 , mais l’accroissement avait alors été en partie la conséquence d’un remboursement d’impôt effectué sur le Trésor .
(A.F.P.)
Trente-quatrième année — N° 10 024
HUBERT BEUVE-MÉRY
A hésiter entre le libéralisme et le strict contrôle , notamment en matière de prix du pétrole , le plan énergétique de M. Carter , comme ceux de ses prédécesseurs , risque fort de ne faire l’unanimité au Congrès américain . Le responsable des problèmes de l’énergie dans le gouvernement de M. Ford . M. Zarb , n’a-t-il pas déjà déclaré qu’il ne voyait aucune différence entre son propre programme - rejeté par le Congrès - et celui du nouveau gouvernement ?
Ce plan devrait , en revanche , être favorablement accueilli à l’étranger . D’autant que le président a pris le soin de traiter séparément sa politique de l’énergie nucléaire qui , elle , est fort contestée . A Paris , le porte-parole de l’Elysée a tenu à souligner « la très grande importance » des propositions de la Maison Blanche . Le président des Communautés européennes , M. Roy Jenkins , a apporté le soutien de la C.E.E. aux efforts ainsi entrepris pour économiser l’énergie .
Le paradoxe vient plutôt du caractère tardif de ces messures . Les Etats-Unis consomment à eux seuls la moitié de l’énergie dépensée dans les pays de l’O.C.D.E. Depuis que M. Kissinger a créé , pour contrecarrer l’action des pays exportateurs de pétrole , l’Agence internationale de l’énergie , celle-ci ne cesse de répéter que , eu accroissant leur production , en accroissant leur production de charbon et en aménageant leur demande de produits énergétiques , les Etats-Unis peuvent réaliser 55% des économies possibles pour l’ensemble des pays industrialisés .
Ces pays devraient donc dire : « Enfin ! » Car les importations de pétrole , rendues nécessaires par les laisser - aller américain (dix millions de barils par jour depuis plusieurs mois , soit plus que les exportations de l’Arabie Saoudite ) ont fortement pesé sur le marché . Réduire à moyen ferme la demandé américaine , cela signifie diminuer les tensions sur les prix . Orientation d’autant plus nécessaire que l’équilibre entre les enlèvements de « brut » et la demande de pétrole pourrait être précaire des 1985 si aucune mesure n’était prise d’ici la par les pays industrialisés .
Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) , qui semblent indirectement visés par ce plan , ne devraient pas non plus se plaindre . Il y a moins de deux semaines , le Cheikh Yamani prévenait Washington qu’une pénurie de pétrole était possible avant cinq ans si les Etats-Unis ne menaient pas une politiques d’économie d’énergie . Et l’on ne compte plus les pays producteurs qui se plaignent de la mauvaise utilisation de l’or noir , et de la nécessité dans laquelle ils se trouvent de l’extraire à un rythme accéléré pour faire face au gaspillage des pays industriels .
Les décisions prises par le président Carter - qui n’auront d’ailleurs pas d’effets avant plusieurs années , et ne devraient pas réduire sensiblement le niveau actuel de la production - vont donc dans le sens des souhaits des pays producteurs . La volonté du président de rapprocher les prix intérieurs américains du pétrole des cours mondiaux est , en outre , une façon de consolider les hausses du « brut » décidées par l’OPEP , et de reconnaître que le temps de l’énergie bon marché est terminé .
Elle peut s’interpréter aussi comme le signe que , pour le président américain , les prix du pétrole ont désormais atteint leur niveau « tolérable » . En cela , M. Carter ne se montre pas tant le bon samaritain de l’économie mondiale qu’un homme politique réaliste .
(Lire page 48.)
les gros consommateurs d’énergie
M. Jimmy Carter a présenté officiellement , mercredi 20 avril , au Congrès , le programme énergétique dont il avait esquissé les grandes lignes lundi au cours de sa « causerie au coin du feu » télévisée . L’accueil des sénateurs et des représentants a été relativement cordial , mais l’opinion américaine dans son ensemble est plutôt réservée .
Le président se propose notamment d’instituer une taxe (pouvant atteindre environ 2 500 dollars en 1985 ) sur les voitures qui consomment d’importantes quantités d’essence . Les petits modèles seront , en revanche , encouragés . Le prix de l’essence , qui est actuellement d’environ 0,80 F par litre aux Etats-Unis , serait augmenté d’une taxe pouvant aller jusqu’à 0,65 F. par litre en 1985 si les objectifs de réduction de la consommation d’essence ne sont pas atteints . Le prix du gaz pétrole produits sur le territoire américain devrait être porté en trois ans à un niveau équivalent à celui du cours mondial . Le prix du pétrole produit sur le territoire américain devrait être porté en trois ans à un niveau équivalent à celui du cours mondial . Le prix du Gaz naturel sera également substantiellement relevé .
On apprenait d’autre part , mercredi , a Washington , que la croissance américaine a été forte au premier trimestre en dépit d’un hiver particulièrement rigoureux .
Axelas , penseur
du « Jeu du monde »
Tout se consomme aujourd’hui , bruyamment et vite , idées et et vite , idées et concepts déjà n’échappent plus à la règle . Loin du marché des théories éphémères , au large des modes du « prêt-a-penser » , il est encore des œuvres d’envergure qui s’élaborent sans tapage . Kostas Axelos est l’un de ces rares solitaires partis à la rencontre d’une pensée nouvelle sans se leurrer sur l’oridité du chemin .
Né à Athènes en 1924 , rédacteur en chef de la revue « Arguments » de 1957 à 1962 , directeur aux Editions de Minuit de la collection portant le même titre , il achève aujourd’hui , en publiant « Contribution à la Logique » , sa seconde trilogie . Se réclamant d’Héroclite , de Heidegger , de Marx et de Nietzsche , sa pensée - difficile , exigeante , fragmentée , voire volontairement contradictoire - refuse de se figer en un système clos . Elle tente au contraire , en demeurant « ouverte » , de penser le « jeu du monde » donc sa multiplicité et de surmonter l’antique partage entre logique et poésie .
Au-delà de la mort des idoles et de la philosophie elle-même , Axelos dénonce (non sans humour parfois) le vide de notre époques , et sa platitude « panétaire » . Pessimiste ? Même pas . Prophétique plutôt , en redonnant au terme son sens originel : celui d’une « parole qui se porte en avant » . Aussi son dernier livre annonce-t-il , par-delà la logique et l’irrationnel , la venus possible (et non nécessaire ) d’un autre langage . Tâche ardue , hautaine , mais qui , demain , se révélera peut-être capitale .
( Lire page 34 les articles
de Jean-Michel Palmier
et Roger-Pol Droit . )
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