Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
15/3/77
Le tribunal administratif de Fribourg-en-Brisgau, dans le Bade-Wurtemberg, qui avait été saisi d’un recours par les écologistes allemands, a interdit, le lundi 14 mars, la construction de la centrale nucléaire de Whyl, qui devait être édifiée sur les bords du Rhin, en face de Colmar. Le tribunala, d’autre part, décidé que le gouvernement du Land de Bade-Wurtemberg devrait payer les frais du procès qui l’opposait aux comités de défense.
C’est apparemment une victoire totale que le mouvement antinucléaire allemand vient de remporter contre le programme électronucléaire de la République fédérale et contre les projets d’industrialisation de la plaine rhénane. Plusieurs centrales étaient prévues, en effet, sur la rive allemande du Rhin, répondant à celle qui doit s’élever en Suisse, à Keiseraugst, à celle qui vient de démarrer en France, à Fessenheim (Haut-Rhin), et a celles qui sont envisagées par l’E.D.F., plus bas dans la plaine d’Alsace.
Whyl devait être la première étape de ce plan, du côté allemand. C’est la compagnie Bedenwerk (l’E.D.F. badoise) qui avait été chargée par le gouvernement de Bade-Whritemberg d’en mener à bien la réalisation. Mais, lorsque l’entreprise voulut ouvrir son chantier, au début de l’année 1975, elle se heurta à une vive opposition des vignerons de la montage du Keisersthul, auxquels les Aisaciens, puis les Suisses, vinrent prêter main-forte.
A l’occupation du terrain, les autorités répondirent par l’envoi de forces policières équipées de canons à eau et de chiens policiers. Le site, évacué manu militari le 22 février 1975, fut repris le lendemain par des miliers de manifestants qui organisèrent aussitôt sa - défense - Trente villages, mobilisés, envoyaient des délégations qui prenaient la garde à tour de rôle. L’opposition latente de la population à l’industrialisation de la plaine rhénane avait été cristallisée par l’emploi de la force.
Le mouvement prit à contre-pied les élus, l’administration et les partis politiques. Devant son ampleur, le gouvernement du Land demanda à la compagnie de renoncer à poursuivre les travaux, tout au moins en attendant que le tribunal administratif de Fribourg se soit prononcé.
Celui-ci a pris son temps et a instauré une procédure tout à fait exceptionnelle et peut-être unique au monde. Les juges se sont transportés sur le site, où, pendant plusieurs semaines depuis le début de l’année 1976, ils ont entendu les parties. Les élus, les experts de la Badenwork, ceux des écologistes, les habitants eux-mêmes, ont pu déposer. Les séances étaient publiques. C’est donc une véritable - hearing - - procès public - à l’américaine qui a été organisé à Whyl. La conclusion des juges est négative. On ne sait pas encore sur quels arguments elle est fondée. Elle vient apporter une aide considérable au puissant mouvement anti-nucléaire qui agite la République fédérale allemande et qui s’est manifeste notamment contre la centrale nucléaire de Brokdorf (Schleswig-Hoistein) et contre l’usine de retraitement des combustibles nucléaires à Gorieben (Basse-Saxe).
Ce jugement va sans doute renforcer l’espèce d’internationale antinucléaire qui avait germé à Whyl entre Allemands, Français et Suisses, et qui est en train de s’élargir à d’autres pays d’Europe. Il va accroître aussi la détermination des Alsaciens qui demandent des garanties de sécurité pour le premier réacteur de Fessenheim (qui vient de diverger), l’interruption de la construction des autres tranches et le renoncement aux projets ultérieurs dans la région.
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