Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
24.2.77
Encadrement de la consommation de gaz et l’électricité des industriels
Aide financière de l’État à l’exportation
Mis au point d’un plan de soutien de la sidérurgie
Le conseil des ministres , qui devait procéder ce mercredi 23 février à un tour d’horizon sur les grandes esquisses du projet de budget pour 1978 ( voir « le Monde » date 20-21-février ), comportait à son ordre du jour plusieurs communications sur les moyens de redresser la balance commerciale .
Devant la persistance du déficit extérieur , le conseil devait approuver plusieurs mesures suggérées par M. d’Ornano pour économiser l’énergie et d’autres matières premières : encadrement de la communication de gaz et d’électricité des industriels ( comme cela existe déjà pour le fuel lourd ) : aide financière et technique aux méthodes de constructeurs automobiles pour les inciter à réduire la consommation de carburant des véhicules : freinage de l’essor du chauffage électrique : lutte contre les gaspillages de verre , de papier, de cuivre . . .
Simultanément , les crédits consacrés à l’exportation vont être accrus : prêts pour financer les investissements d’entreprises exportant davantage , aussi bien que crédits pour inciter les pays en voie de développement à acheter plus de matériels français .
M. d’Ornano devait également indiquer au conseil les objectifs et les méthodes de l’aide qu’accordera prochainement l’Etat à la sidérurgie françaises en crise . Sans citer de chiffres sur les suppression d’emplois ou les sommes en jeu , le ministre de l’industrie et de la recherche comptait préciser la façon dont la puissance publique contrôlerait l’emploi de l’aide accordée , une fois encore , a cette industrie .
Les objectifs d’importation de pétrole fixés pour 1976 ont été atteints dans l’ensemble . Selon les indications examinées mardi en conseil ministériel à l’hôtel Matignon , le solde net des approvisionnements ( compte tenu des réexportations de produits finis ) aura été compris entre 51,5 et 52 milliards de francs . Ces chiffres sont certes supérieurs au plafond de 51 milliards fixé par M. Barre : mais il faut tenir compte des achats de « précaution » effectués par les compagnies pétrolières au cours des dernières semaines de l’année , en prévision de la hausse du « brut » . Les sociétés ont enlevé 1,5 million de tonnes de plus que prévu afin de pouvoir profiter des anciens prix . Sans ces achats exceptionnels la consommation total aurait été légèrement inférieure à 51 milliards .
Le conseil interministériel a jugé la consommation de produits pétroliers en janvier 1977 , « cohérente avec pour l’ensemble de l’année » . Toutefois , deux « clignotants », attirent l’attention : la consommation de gasoil parait trop forte , en raison , semble-t-il , du développement du pare de véhicules Diesel et d’un effort insuffisant d’économie des transporteurs routiers : d’autre part , l’E.D.F. a acheté plus de fuel lourd due prévu en raison d’une faible activité hydraulique et d’une température moins clémente qu’en janvier 1976 .
Ce constat a conduit les pouvoirs publics a poursuivre la mis en place des mesures d’économie d’énergie , selon le calendrier et le programme prévus . Un certain nombre de décisions ont donc été prises :
1) L’encadrement des consommations de fuel lourd auquel sont soumis depuis 1975 les industriels et les grands consommateurs sera étendu a compter du 1er octobre au gaz et à l’électricité . Toutefois le mécanisme précis de cette mesure dol encore faire l’objet d’études approfondies . Rappelons que les grands utilisateurs de fuel industriel ne doivent pas consommer plus de 87% en moyenne par rapport a leur consommation de 1973 .
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S’ils dépassent ce plafond , ils font l’objet de pénalités ;
2) Les conclusions du rapport de M. Leroy ( le Monde du 12 février ) sur la récupération de la chaleur à partir des centrales thermiques et des installations industrielles vont être mises en application . L’action des pouvoirs publics s’orientera dans trois directions : création d’un organisme de financement , auquel la Caisse des dépôts pourrait participer ; règlement des points juridiques particuliers ; développement d’une série d’études ( d’ingénierie notamment ) au niveau local en associant les personnes directement concernées :
3) Le ministre de l’industrie et de la recherche va examiner , à la lumière des conclusions du rapport de M. Deutsch ( le Monde du 24 décembre ) , les possibilités de signer des « contrats » avec les constructeurs automobiles , aux termes desquels ces derniers s’engageraient à fabriquer des vehicules ayant une moindre consommation de carburant . Une étude analogue à celle de M. Deutsch va être entreprise pour les poids lourds ; les pouvoirs publics souhaitent d’ailleurs se pencher de plus près sur le cas des transporteurs routiers ;
4) Le freinage du développement du chauffage électrique a été confirmé par le Conseil interministériel . Ce monde de chauffage ne devra pas être installé dans plus de cent quatre-vingt-dix mille logements en 1977 . Il est fort possible que , pour les années a venir , les mesures visant à le limiter soient plus sévères . Une action auprès des consommateurs va être entreprise afin de leur montrer que si l’Investissement est moins cher pour le promoteur , l’usage du chauffage électrique s’avère pour eux plus onéreux ;
5) La question des prix a , semble-t-il , été soulevée mardi à l’hôtel Matignon . Le blocage actuel empêche certains réajustements tarifaires et crée des distorsions entre les différentes sources d’énergie . Ainsi , le gaz industriel coûte 40% moins cher que le fuel industriel . On peut craindre dans ces conditions des reports massifs de consommation . Le premier ministre est conscient du problème , mais il se serait montré inflexible , du moins pour les prochains mois . Il n’y aurait donc pas de hausse de tarifs supérieure à 6,5 % avant le début de l’été .
Si le pétrole est de loin le poste le plus important des importations françaises , une nouvelle cause d’inquiétude pour notre balance commerciale apparaît avec les matières premières . Les flambées récentes des cours internationaux sur le café , le cacao , le thé , vont se traduire par un renchérissement des importations de de plusieurs milliards de francs . Pour les matières premières minérales (engrais , phosphates , cuivre ) , le déficit , qui était revenu à 5,2 milliards de francs en 1975 , en raison surtout de la crise , s’est élevé à 8 milliards de francs en 1976 . Le conseil des ministres de ce mercredi devait entendre une communication de M. d’Ornano à ce sujet .
Le ministre de l’industrie et de la recherche devait dresser un bilan de l’action des pouvoirs publics depuis le conseil de planification du 21 janvier 1975 . Les grandes orientations définies alors (lancement d’un « plan cuivré » , inventaire quinquennal des ressources minérales , développement de relations privilégiées avec les pays producteurs ) devraient être confirmées par le conseil des ministres . M. d’Ornano devait également annoncer à ses collègues qu’il préparait des actions complémentaires pour lutter contre les gaspillages (retour à la pratique de la consigne pour les bouteilles en verre , et renforcement des mesures pour la récupération de papiers ).
Augmentation des crédits
pour l’exportation
Le rééquilibrage du commerce extérieur de la France passe aussi par un accroissement des exportations . Aussi M. Rossi a-t-il annoncé , mardi après-midi 22 février , deux nouvelles mesures financières d’aide à l’exportation .
La première porte sur 3 milliards de francs de crédits , accordés au taux privilégié de 9% pour financer les investissement d’entreprises s’engageant à augmenter de cinq points en quatre ans la part exportée de leur chiffre d’affaires . Dix milliards de francs de prêts avaient déjà été accordés — et complètement consommés — dans le cadre de cette procédure , depuis son institution en mars 1974 . Ce sont surtout les petites et moyennes entreprises qui en bénéficient aux deux tiers . Les conditions à remplir pour y avoir droit en 1977 ont été assouplies .
Ces prêts sont délivrés par le Crédit national , le Crédit hôtelier , les sociétés de développement régional et par le réseau bancaire . Il auront , comme effet indirect , de donner un coup de fouet à la conjoncture dans les secteurs produisant des biens d’équipement .
La deuxième enveloppe concerne les prêts accordés par Paris aux gouvernements de pays en voie de développement pour les inciter à acheter des biens d’équipement française . Elle sera , en 1977 , de 1,8 milliards de francs , soit 20% de plus qu’en 1976 . Ces pour une durée allant jusqu’à trente ans , sont n général associés à des crédits privés .
La différence entre les taux des crédits de ces deux enveloppes et ceux du marché (10 à 12 %) est supporté par le Trésor . Si on ajoute les autres crédits à l’exportation à taux privilégié ( crédit de pré-financement ) , l’ensemble des bonifications d’intérêts consacrées au financement du commerce extérieur sera en 1977 d’environ 1,4 milliard de francs .
Divers aides publiques portent à plus de 4 milliards de francs le total des aides que l’Etat accorde aux entreprises pour développer leurs ventes de produits industriels à l’étranger . M. Rossi , qui a admis la nécessité de réformer la « garantie de risque économique » , dont le coût pour le budget est élevé (2,5 milliards en 1977 ) , justifié les subventions de l’Etat par le retard que la France doit combler par rapports à des pays comme la R.F.A. , dont la tradition exportatrice remonte au siècle dernier .
L’aide publie
à la sidérurgie
Le conseil des ministres de ce mercredi devait également entendre une communication de M. Michel d’Ornano sur l’un des dossiers industriels les plus brûlants de l’heure : celui de la sidérurgie , MM , Hugnes de l’Estoile , directeur d la crise de la l’industrie , Jaques de Larosière , directeur du Trésor et Gabriel Oheix , délégué à l’emploi , ont déposé leurs rapports .
Tout laissait supposer avant le conseil que le ministre de l’industrie et de la recherche , sans citer de chiffres sur les suppressions d’emplois et les aides financiers éventuelles de l’Etat , préciserait les objectifs et les procédés qu’entend adopter la puissance publique en cette affaire , tant en ce qui concerne les modalités de son aide financière que le contrôle de l’utilisation qui sera faite .
La crise que traverse la sidérurgie française déborde largement ce seul secteur . Les projets prêtés aux sidérurgistes — suppression de vingt mille emplois d’ici à 1980 , fermeture de certaines usines vétustes - font peser d lourdes menaces sur des régions entières , comme le Valenciennois , dans le Nord , et tout le bassin sidérurgique de la Lorraine . Pour la puissance publique , il ne s’agit pas seulement d’amortir le contrecoup social de cette orientation où d’aider ponctuellement aussi de mettre sur pied un programme de reconversion à moyen terme .
Le gouvernement entend , si l’on s’en rapporte aux déclarations faites ça et là , faire participer le patronat de la sidérurgie à cette opération . Son aide , dont le principe est acquis , sera en partie conditionnée par l’effort que consentiront les actionnaires et les maîtres de forges .
Reste à savoir quelle forme revêtira cette aide .
La nationalisation est écartée . On voit mal , d’autre part , le gouvernement et simplement la sidérurgie . On est donc à la recherche d’une formule originale . M. Ferry , président de la Chambre syndicale de la Chambre syndicale de la sidérurgie française , a récemment fait une suggestion en déclarant : « La vraie solution consiste sans doute à donner à certains prêts le caractère provisoire d’un apport de fonds propres , assorti d’une rémunération variable en fonction des résultats des entreprises . Rémunération dont le produit capitalisé pourrait être en partie dévolu aux travailleurs des entreprises . Ce serait une forme nouvelle d’intéressement susceptible peut-être de constituer l’amorce d’un capitalisme populaire . »
La suggestion d M. Ferry sera-t-elle retenue ? Ira-t-on au-delà , vers une forme d’actionnariat ouvrier , comme le bruit en a un moment couru ? Quelle que soit la formule retenue , le gouvernement n’a plus la possibilité d’éluder le problème qui se pose chaque fois qu’il intervient financièrement pour aider un secteur en difficulté : celui du contrôle de l’utilisation des fonds publics .
L’indice des prix des produits industriels nécessaires aux exploitations agricoles (IPINEA) a augmenté de 5,4 % en 1976 , indique le ministère de l’économie et des finances , qui précise qu’« au cours des trois années précédentes cet indice s’était accru de 16% par an en moyenne »
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