Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
De notre correspondant
Dressant au cours d’une conférence de presse le bilan du voyage de dix jours qu’il vient de faire en Europe occidentale et au Japon , M. Mondale , vice-président des Etats-Unis , a déclaré , mercredi 2 février , que l’Allemagne de l’Ouest et la France ont accepté d’avoir avec les Etats-Unis « des consultations immédiates et intensives » en vue de trouver des solutions de remplacement aux usines de retraitement des déchets nucléaires promises au Brésil et au Pakistan . Il a ajouté que les Etats-Unis étaient prêts a fournir à Brasilia et à Islamabad un approvisionnement sûr en uranium sans rechercher d’avantages commerciaux .
A PARIS , dans les milieux autorises , on précise que les conversations qu’a eues M. Mondale n’ont porté que sur les aspects généraux de la non-prolifération nucléaire et n’ont touché à aucun contrat en particulier .
A BONN , le ministre fédéral de la recherche scientifique , M.Hans Matthoefer , a déclaré également , mercredi , que l’« on saurait trouver une solution acceptable pour tous, entre gens raisonnables » , au problème de la livraison au Brésil par la R.F.A. d’équipement nucléaires « sensible » Mais , a-t-il ajouté , « Nous ne voulons pas de discrimination . Si de nouvelles mesures doivent être prises , il faut qu’elles soient reconnues et appliquées par tous . »
Brasilia . — Dans ses attaques contre l’accord nucléaires germano-brésilien , le gouvernement de M. Carter a incontestablement joué de l’effet de surprise . On ne s’attendait pas guère , à Brasilia , à ce que l’offensive américaine soit déclenchée aussi vite et avec une telle vigueur . Il ne se passe pas de jour sans qu’une « menace » ou une « presion » de Washington soient signalées dans la presse . Les autorités se taisent ; mais elles laissent entendre , avec une irritation croissante , qu’elles ne céderont pas au chantage américain . La seule réaction officielle a été celle du ministère des affaires étrangères , mardi 1er février , en réponse à la « suggestion » du secrétaire d’Etat , M. Cyrus Vance , demandant la suspension provisoire de l’accord entre Bonn et Brasilia . « Le gouvernement brésilien ne voit pas la possibité d’interrompre ou de suspendre l’exécution de l’accord » , déclare le ministère . Mercredi , le ministre , M. Azeredo da Silveira , a cependant réaffirmé dans un message à M. Vance son désir de poursuivre le dialogue en vue d’« une coopération mutuellement bénéfique » ( il a invité son collègue américain à Brasilia ) et sa volonté de ne pas « chercher a éviter de traiter des aspects globaux du problème » de la prolifération.
Chacun sait , de de tout façon que le partie ne se joue pas à Brasilia , mais entre MM. Carter et Schmidt . Le gouvernement a été blessé dans son orgueil de constater qu’un traité de coopération qui engage l’avenir du pays est discuté a Bonn où Washington sans que le principal intéressé soit consulté ou même entendu . Il y a exactement un an , M. Kissinger avait signé avec son homologue brésilien un mémorandum prévoyant entre les deux pays des consultations réciproques et régulières au niveau gouvernemental . Non seulement ces « relations privilégiées » sont désormais refusées au gouvernement brésilien --- ce que M. Carter avait laissé entrevoir durant sa campagne électorale — mais les Américains l’humilient en renégociant dans son dos un accord signé en toute indépendance , il y a un an demi ; avec les Allemands .
Aussi les réaction nationalistes fusent -elles de l’opposition qui juge habile d’appuyer le président Geisel face aux pressions extérieures . M. Carter e son équipe sont dénoncées pour leur attitude « colonialiste » . Le gouvernement de Washington est jugé sévèrement pour son inconséquence : n’avait - il pas reconnu que les garanties offertes par Bonn et Brasilia étaient suffisantes ; en approuvant les clauses de sauvegarde signées par les deux pays , a Vienne , avec l’Agence international de l’énergie atomique ? Un sénateur , ancien ministre et colonel de réserve , M. Jarbas Passarinho a bien résumé les sentiments de certains milieux dirigeants en disant : « Décidément , il est de plus difficile d’être l’ami des Américains . »
L’objectif de M. Carter
Ces considérations d’amour-propre pèsent peu . Bien sûr ; en regard de l’objectifs visé par le gouvernement Carter : empêcheur le Brésil , et surtout la République fédérale d’Allemagne , de se doter de l’armes atomique . L’un des meilleurs journaux économiques brésiliens , la Gazeta Mercantil a publié un résume du rapport Linowitz qui a servi au président Carter à définir une nouvelle politique latino-américaine . Le rapport ne laisse guère d’illusions quant au « pasifisme » des deux signataires de l’accord . Les militaires brésiliens veulent faire de leur pays une puissance de dimension mondiale écrivent les conseillers du président démocrate , et la bombe atomique sera un des moyens et des siges de cette puissance . Quant à l’Allemagne , elle entend certainement se servir des ressources que lui offre le territoire brésilien pour fabriquer les armes atomiques qui lui sont propre interdites sur son propre territoire . Le rapport conclut a la nécessité de geler pour un temps l’accord germano—brésilien nucléaire signé en juin 1975 ; ce que M. Cyrus Vance vient précisément de proposer .
Officieusement , la position de Brasilia répète celle qu’a exprimée M. Mondiale : l’accord sera maintenu entièrement , ce qui n’exclut pas la possibilité d’y inclure des « garanties supplémentaires . » Aucune précision n’est fournie sur la nature de ces garanties . Mais certains observateurs estiment qu’elles n’auront rien pour Bonn ou pour Brasilia .
A l’inverse . Beaucoup de Brésiliens croient que l’Allemagne a déjà , ou est sur le point de faire . Ni les Américains ni surtout les Soviétiques , estiment-ils , ne peuvent admettre la perspective d’une entrée clandestine de l’Allemagne — par Brésil interposé — dans le club des puissances nucléaires . A les en croire , Brasilia résiste bravement dans cette affaires : mais c’est sur un terrain occupé par d’autres , et alors , que la bataille paraît perdue d’avance . Une indication a été donnée en ce sens par un sénateur du parti officiel , M. Virgilio Tavora , porte-parole du gouvernement pour les questions énergétiques . « Il est possible que l’accord soit modifié , a-t-il déclaré afin d’éviter l’installation au Brésil d’une usine de retraitement des combustibles irradiés . » Il est vrai que le sénateurs a aussitôt rectifié cette déclaration , à la demande n’a pas emporte la conviction .
Si Bonn devait effectivement céder à Washington , comment cette concession de taille serait-elle annoncée ? L’accord signé en 1975 pour quinze ans prévoit que les usines d’enrichissement l’étape finale de la coopération germano-brésilienne . Si leur construction devait être abandonnée , rien n’obligerait , apparemment , à le crier immédiatement sur les toits . Mais on se demande comment le gouvernement Carter, qui est engagé dans une vaste éviter d’en proclamer les résultats . Si le Brésil devait renoncer à la maîtrise du cycle complet de l’atome , les inclinations pro-américaines des militaires brésilien , déjà ébranlées , seraient sérieusement affectées.
Charles Vanhecke.
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