Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
S.E.Monsieur Konan Bédié
Ministre-délégué aux Affaires
Economiques et Financières
Abidjan
Monsieur le Ministre et bien cher Ami,
Comme vousvous le rappelez sans doute, je vous avais entrtenu, lors de mon dernier séjour àAbidjan , de la possibilité d’avoir du blé, à de bonnes conditions, du Canada, y compris sous forme de don. Vous aviez fait preuve de beaucoup d’intérêt, et vous m’aviez demandé de poursuivre les contacts pour avoir une idée exacte des conditions.
L’opération a été initiée par la firme TRACOMIN de Montréal, dirigée par Monsieur Chelton, qui est appuyé - ou s’appuie - par les leaders du Parti Libéral actuellement au pouvoir au Canada. Ces leaders du parti, enrichis et au pouvoir par personnes interposées, recherchent actuellement des postes honorifiques : ainsi, Maître Bernard Deschênes , vice-président national de la Fédération Libérale du Canada - un ami personnel de Monsieur Papein, ministre fédéral du Commerce et d l’Industrie - veut devenir Consul Honoraire de Côte d’Ivoire. J’en ai transmis la demande au Président Houphouet et au Ministre Usher Assouan. Ainsi également, Maître Pierre, gendre de Monsieur Chevrier, chef de la délégation canadienne qui a visité l’Afrique francophone il y a quelques mois, viens d’obtenir le poste de Consul Honoraire du Niger.
Je dois ajouter que lundi dernier, Monsieur Chelton m’a envoyé un long telex de Montréal, pour m’informer que grâce à l’intervention de ses deux amis du Parti Libéral :
1°) Le Niger avait obtenu au Conseil des ministres d’Ottawa réuni le vendredi 25 octobre des subventions diverses (collège Mariana,
aide à la Jeunesse, assainnissement du bétail, recherches géodésiques, protection des végétaux) :
475.000 dollars pour 1968
967.000 dollars pour 1969
698.000 dollars pour 1970
584.000 dollars pour 1971
2° - La Côte d’Ivoire avait obtenu (éléctrification rurale, bibliothèque nationale, recherche géodésiques, promotion des écoles) :
530.000 dollars pour 1968
350.000 dollars pour 1969
910.000 dollars pour 1970
830.000 dollars pour 1971
Monsieur Chelton me précisait encore, pour mettre en relief le pouvoir de ses amis, que la Côte d’Ivoire et le Niger avaient été les seuls à bénéficier de telles subventions jusqu’ici.
Je vous expose tout cela pour bien situé le problème avec ses implications économico-honorifiques. Ceci précisé, revenons-en au blé.
Les lettres et telex échangés depuis le 25 septembre dernier avec la firme TRACOMIN de Montréal me permettent de faire le résumé suivant de situation sur ce plan à l’heure actuelle :
1° - Le Canada fera à la Côte d’Ivoire un don de 15.000 tonnes de blé tendre, dont la dénomination est : "n° 2 Canada Eastern White ". Monsieur Chelton et ses amis essaient d’obtenir que ce don soit CAF Abidjan ( tous frais payés) et non FOB port canadien.
2° - Le Canada nous vendrait par ailleurs 65.000 tonnes de blé de même qualité au prix de 92,35 dollars USA la tonne en vrac. Ce qui donnerait, en prennant en considération le don, un prix de 75 dollars la tonne pour 80.000 tonnes.
3° - Ce prix élevé de 92,35$ la tonne est dû aux éléments que voici :
a. Le fret Montréal/ Abidjan est de 12 à 13 dollars la tonne, alors qu’il ne que de 3,25 à 4 dollars pour le trajet Montréal-Europe.
b. Au cas où la capacité de déchargement à Abidjan serait supérieur à 1.000 tonnes/jour, le fret pourrait baisser ainsi le prix CAF de la tonne de blé canadien.
c. Ce prix de 92,35$ comprend les intérêts puisque le paiement du blé importé sera échelonné sur trois ans et aussi les primes qui doivent être versées à la " Société d’Assurance des Crédits à l’Exportation " (SACE). En d’autres termes, le prix de la tonne serait encore plus bas si le paiement était effectué au comptant.
Monsieur Chelton me dit encore dans le telex que le blé canadien est supérieur au français parce que moins d’humide, qu’on y trouve moins de corps étrangers, et qu’il a une valeur nutritive supérieure. . . Evidemment, je n’y comprends rien.
Je crois vous avoir exposé la situation aussi objectivement que possible. Si vous le voulez bien, nous en discuterons lors de mon prochain séjour à Abidjan. Il faudrait d’ailleurs que je transmettre votre dossier à vos services car mon rôle de mise en contact est près de s’achever.
Dans l’attente de plaisir de vous revoir, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre et bien cher ami, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
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