Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Le Bureau Politique du Parti Progressiste Nigérien - section du R.D.A. - avait senti la nécessité, à la fin des Conférences départementales des Cadres, de renouer avec une vielle tradition : l’organisation de cours à l’attention de ces cadres pour " élargir leurs connaissances et préciser la doctrine du P.P.N. - R.D.A. et par conséquent augmenter la cohésion au sein du Parti "
A cette fin, plusieurs dizaines de parlementaires, de syndicalistes, de responsables des services publics et de l’Union des Femmes ont été réunis dix jours de suite pour écouter les exposés de M. Diori Hamani, Président de la République et secrétaire général du Parti, de M. Boubou Hama, président de l’ Assemblée Nationale et du Parti, ainsi que d’autres dirigeants du Bureau Politique. Chacun de ces exposés était suivi de larges débats auxquels participaient élèves et professeurs.
A la fin de ce premier cycle de cours, le secrétaire générale du Parti en a fait la synthèse en déclarant notamment :
" Le but ultime, prioritaire, de ces cours théoriques est de renforcer votre action, de rendre votre travail au service de notre peuple plus efficace, puisque la théorie serait un luxe d’intellectuels si elle ne se transformait pas en un guide pour l’action. Ce que vous avez appris ici doit devenir en effet un instrument entre vos mains. "
La trame des cours étant la formation de la Nation nigérienne, le président Diori Hamani insistait bien entendu sur ce point.
" Il faut, par dessus-tout, disait-t-il, que vous oeuvriez de telle façon que nos population soient amenées à vivre, non pas côte à côte, mais ensemble, qu’elles sentent que leur destin est commun. "
" Vous devrez vous habituer à analyser tout, en fonction de la formation de la nation. Tout ce qui va dans le sens de la nation est intrinsèquement bon et doit être encouragé, poussé. Tout ce qui va contre la formation de la nation est intrinsèquement et définitivement mauvais et doit être combattu avec la dernière énergie, le maximum d’acharnement. "
Appelant à la mobilisation des énergies pour atteindre cet objectif, le secrétaire du Parti ajoutait :
" Le gouvernement est conscient que ce problème ne peut être résolu à coups de décrets et de lois. Le gouvernement et le Parti savent fort bien que leurs efforts porterons peu de fruits si chacun d’entre vous ne s’attelle à cette tâche nationale avec la ferme volonté de réussir dans les délais les plus brefs. "
Face à la démagogie de quelques jeunes qui essaient de transposer au Niger des notions et des dogmes mal digérés au cours de leur séjour en Europe, le président Diori Hamani précisait encore :
" Nous vous avons démontré pourquoi et comment la définition du " Parti représentant une classe " ne pouvait, de l’aveu même du principal collaborateur de Karl Marx, s’appliquer à une société telle que la nôtre, c’est-à-dire à une société au stades pré-national. Nous avons démontré également, n’en déplaise à nos détracteurs qui confondent gestion et possession, qu’il n’y a pas de " bourgeois " - au sens marxiste du terme - au Niger. Nous avons démontré enfin qu’il n’y avait pas d’antagonismes fondamentaux, prioritaires entre les différentes couches qui forment la société nigérienne actuelle. C’est en
partant de ces démonstrations que nous sommes arrivés à la conclusion : " Un peuple, un Parti ". "
Enfin le chef de l’État rappelait brièvement les éléments essentiels d’économie politique auxquels avaient été consacrés plusieurs cours et terminait en affirmant :
" Nous avons consacré un cours spécial au problème vital de l’accumulation du capital, à ses effets sur le développement et à la différence fondamentale entre le développement et la simple croissance. Nous avons analysé en détail les schémas d’accumulation qui nous sont proposés par les pays socialistes ou capitalistes, de même que nous avons étudié l’impact de l’aide étrangère dans ce domaine.
" Nous avons expliqué encore comment, en se basant sur cette analyse et surtout sur la réalité nigérienne, le Bureau politique avait établi sa propre doctrine de l’accumulation qui se caractérise par le rejet total de tout dogmatisme et tout sentimentalisme. C’est ainsi que le Niger fait un effort soutenu pour attirer les capitaux privés indispensables au développement du pays, tout en essayant de diversifier ses partenaires et les sources d’aide étrangère et en développant au maximum les secteur des sociétés mixtes. "
Il est intéressant de noter que le Bureau politique a décidé de diffuser ces cours à tous les nivaux à l’échelle non seulement de la capitale, mais aussi des sept départements et des trente trois arrondissement du pays.
Rentré à Niamey le 14 septembre, le président de la République partait, quatre jours plus tard, pour la Libye, pour un court séjour de 36 heures. A Tripoli comme à Fort-Lamy, le chef de l’ État nigérien avait de longues discussions avec le colonel Kaddafi et le président Tombalbaye.
Le but de ces deux visites était d’aplanir le différend entre les deux pays, en provoquant une rencontre des délégations tchadienne et libyenne en terrain neutre, rencontre susceptible de vider l’abcès et de paver la voie à la réconciliation.
En dépit des tiraillements, des mesures et contre-mesures prises ou proclamées par les deux parties, le chef d’État nigérien - qualifié de " conciliateur réputé " par " Jeune Afrique " - ne perd pas espoir.
Commentant cette action, la Nouvelle Agence de Presse écrit, sous le titre : " Un tisserand de l’unité africaine : le président Diori " :
" N’est pas médiateur qui veut. En acceptant les bons offices du président Diori Hamani, dans son différend avec le Tchad, le gouvernement libyen sait qu’il prend en considération les avis d’un homme politique dont le prestige se fonde sur une expérience et sur des résultats.
" Le Niger ne se classe pas, à vrai dire, dans le peloton de tête des États se signalant par l’importance de leurs ressources et de leur démographie. Cela n’en donne que plus de relief au succès personnel remporté par M. Diori Hamani qui a fait de Niamey l’une des capitales diplomatiques africaines de premier plan.
" Ses qualités de prudence et de ténacité n’en font pas, au demeurant, l’homme des actions sans principes, ni sans perspectives. Bien au contraire. Pendant la guerre de sécession au Nigeria, il n’a pas cessé de manifester son soutien aux fédérés alors que d’autres pays du Conseil de l’entente avaient une démarche différente.
" Le président nigérien, entre 1966 et 1968, s’est employé avec succès à rétablir entre le Tchad et le Soudan des relations dégradées par les exactions de nomades. Dans le différend tchado-libyen, la conciliation s’avère plus difficile... Le président Diori Hamani n’en a pas moins obtenu des résultats encourageants, lors d’une précédente médiation qui a fini par convaincre les tribus toubous de rentrer au Tchad, après un séjour de deux ans de l’autre côté de la frontière. Pour le chef d’ État nigérien, il n’existe pas entre africains d’antagonisme irréductibles et tout son art a consisté, jusqu’à présent, a rendre cette vérité, qui est sa vérité, évidente à ses interlocuteurs. "
Le VII e Congrès de l’ Union des Travailleurs a tenu ses assises à Niamey, du 14 au 18 septembre, avec pour mot d’ordre : "La participation du travailleur au développement ".
M. Sido Hassane, secrétaire général de l’ U.N.T.N., devait développer ce thème en demandant, dans son discours inaugural, aux responsables du gouvernement et du secteur privé d’aider la travailleur nigérien à participer effectivement au développement en lui confiant des responsabilités à tous les niveaux et en contribuant à sa formation ".
De fait, l’une des résolutions adoptées par le VII e Congrès à la fin de ses travaux " demande au gouvernement de tout mettre en oeuvre pour accélérer la formation des cadres moyens et supérieurs "
Parmi les autres résolutions, citons :
La condamnation du " comportement rétrograde des racistes de Rhodésie et d’ Afrique du Sud, et des criminels du Portugal " ;
L’insistance sur la nécessité de stabiliser les prix des produits vivriers et de pallier la pénurie des produits pharmaceutiques ;
La dénonciation des détournements des deniers publics qui devraient être sanctionnés par la confiscation des biens mobiliers et immobiliers des coupables.
Rappelons que selon les statistiques le nombre des travailleurs du secteur non étatique s’élevait, à la fin de 1969, à 11 851 personnes, dont 9 376 Nigériens, 1 672 Africains de diverses origines et 803 Européens, réparti comme suit :
Manoeuvres 3 922
Ouvriers 3 672
Employés 2 891
Chauffeurs 623
Maîtrise 243
Cadres de direction 500
Par ailleurs, le nombre des syndicats s’élève à 31, groupés sur une base professionnelle.
Le 15 septembre, le Conseil des Ministres examinait et adoptait le projet de budget pour l’exercice 1971-1972. Il le transmettait ensuite à l’ Assemblée Nationale, souveraine, de par la Constitution, en la matière.
En progression de 8,7 % par rapport au précédent, le nouveau budget soumis à l’approbation de l’Assemblée Nationale présente aussi la caractéristique d’être équilibré en recettes et en dépenses, comme on peut le relever par les deux tableaux comparatifs ci-dessous :
Quant au budget d’investissement, il passe de 1 579 540 000 à 1 914 140 000 francs CFA, soit un taux d’accroissement de 21,2 %.
De l’avis des observateurs des questions africaines, l’administration nigérienne est relativement la plus intègre. Les autorités essaient en effet de transposer dans la vie courante le mot d’ordre du chef de l’ État : " Pauvres, mais honnêtes ". Bien entendu, tout cela n’empêche pas les brebis galeuse d’exister, en dépit de la sévérité particulière des tribunaux nigériens.
Ainsi, le quotidien " Le Temps du Niger " rapportait, le 6 octobre, la condamnation à cinq ans de prison ferme, à deux ans de privation de droits civiques et à près de 3 000 000 de francs CFA de dommages et intérêts, du dénommé Moukaïla Ibrahim, caissier du consulat du Niger à Cotonou, au Dahomey : un contrôleur du Trésor avait découvert, lors d’une vérification, un trou de trois millions de francs CFA dans sa caisse.
Le 12, c’était autour du caissier de la sous-préfecture de Say d’être condamné à six ans de prison ferme, à cinq ans de privation de droits civiques et au remboursement des 6 741 717 francs CFA manquants dans sa caisse. Le procureur de la République avait dit dans son réquisitoire : " Il faut frapper fort. Très fort, de façon que cela serve de leçon à ceux qui seraient tentés de la sorte. "
La presse nigérienne mène à l’heure actuelle une grande campagne contre le parasitisme qui constitue une véritable plaie en Afrique.
Il y a d’abord ce qu’on appelle " le parasitisme familial " qui veut qu’au nom de la sacro-sainte tradition de l’hospitalité, l’ Africain qui a " réussi " - même en obtenant un simple poste de planton dans un ministère - doive obligatoirement et naturellement secours et assistance à ses " frères " dépourvus, ou du moins aux gens de son village. On l’imagine aisément la ponction qu’exerce cet afflux de " parents " sur le maigre salaire de celui qui a atteint le stade de " l’aisance ". D’autant que selon la tradition, les " parents " qui retournent au village ne peuvent décemment repartir les mains vides.
Il y a également un autre parasitisme qui fleurit actuellement au Niger : il s’agit des " griots ". Ce sont des self-made men dont le rôle est de profiter de chaque occasion ( naissances, anniversaires, mariages, etc. ) pour venir avec leur tam-tam chanter, en langage vernaculaire, les mérites du maître de séants. Un commentateur accuse les griots d’avoir choisi comme devise " le tam-tam plutôt que la houe " et rappelle qu’une journée de " travail " d’un griot lui rapporte plus qu’une saison de travail aux champs à un paysan.
Les autorités essaient de sensibiliser les habitants, surtout dans l’est du pays, aux bénéfices que pourrait rapporter la collecte de la gomme arabique. D’ores et déjà, cette campagne a donné des fruits, puisque la Copro-Niger a pu en exporter 835 tonnes en 1970-1971, contre 380 tonnes seulement durant la saison précédente.
Mais le marché d’exportation est très favorable, puisque la Grande Bretagne est prête à acheter 2 000 tonnes de gomme arabique, la France et l’ Allemagne 200 chacune.
Les paysans, bien entendu, ne demandent pas mieux que de s’occuper de la collecte, à la condition qu’ils soient certains de trouver un acheteur et que celui-ci paie un prix rémunérateur. Le directeur de la Copro-Niger a promis aux collecteurs un prix plancher de 55 francs CFA le kilogramme augmentés du prix de transport, comme il a promis de se porter acquéreur de toutes les quantités offertes à la condition que l’on n’y trouve pas de petits cailloux...
L’ Union des Femmes Nigériennes a organisé un débat autour de certains problèmes sociaux particulièrement aigus tels que la dot et la polygamie. De très nombreux jeunes des deux sexes ont pris part aux discussions, mettant à nu certaines des plaies de la société nigérienne. Ainsi, un jeune s’est étonné de la persistance de dots élevées - versées aux parents de la future épouse - et qui atteignent souvent 70 000 francs CFA, " alors que le gouvernement avait décidé de la fixer à 15 000 F "
Au cours du débat sur ce sujet, on a certes cloué au pilori les pères qui donnent leurs filles au plus offrant des prétendants. Mais on a appris aussi que les filles qui travaillent réussissent à épouser l’homme de leur choix tout simplement en participant, grâce à leurs économies, à la constitution de la dot que leur fiancé est censé verser à leur père.
2-9-1971. - Exposition au Centre Culturel franco-nigérien des oeuvres de l’artiste, targui Rissa Ixa. Dans son style particulier, l’artiste, avec ses peintures et des dessins, présente la vie des nomades qui fut la sienne et reste celle de sa famille.
10-9-1971. - M. Georges Charpentier, ambassadeur du Canada au Niger, est reçu par le chef de l’ État. Il installe officiellement le bureau de l’ Agence Canadienne de Développement International, en précisant que c’est là le premier bureau du genre que le Canada ait ouvert dans un pays africain ".
20-9-1971. - Dix anciens élèves de la Medersa de Say quittent Niamey en avion pour Tripoli où ils étudieront la mécanique pendant trois années à l’institut Technique de Misrata.
20-9-1971. - M. Gamal Aboul Ayoun, nouveau chargé d’affaires égyptien au Niger, présente ses lettres de Cabinet à M. Harou Kouka, ministre de l’ Éducation assurant l’intérim du ministre des Affaires Étrangères.
24-9-1971. - Le Mandat, film d’ Ousmane Sembéné, primé à la Biennale de Venise e 1968, est représenté au public de Niamey, sous les auspices de l’ Organisation de la Jeunesse Nigérienne ( R.D.A. ). Ce film est considéré comme le meilleur produit à ce jour par un cinéaste africain.
4-10-1971. - M. Alélé Alhadji, nouveau représentant permanent du Niger en Côte d’ Ivoire, présente ses lettres de Cabinet au ministre ivoirien des Affaires Étrangères.
14-10-1971. - Ouverture à Tripoli des pourparlers entre une mission économique nigérienne conduite par M. Mouddour Zakara, ministres des Finances et des Affaires Sahariennes et Nomades, les autorités libyennes. Cette rencontre aboutit à la création d’une Commission Mixte Permanente, à un accord sur l’exportation de viande du Niger et à un accord sur la circulation des populations frontalières.
16-10-1971. - Vernissage d’une exposition de céramique au Centre Culturel franco-nigérien par l’ingénieur céramiste Jean-Pierre Joulin. Le Niger s’intéresse à ce " matériaux d’art " et une école de céramique financée par le Canada sera ouverte bientôt sous la direction de M. Paul Lajoie, céramiste canadien.
25-10-1971. - Arrivée de M. Henri Laboureau, délégué général de l’organisation française des " Volontaires du Progrès ", dont le nombre de membres, au Niger, s’élève à plus de cent.
26-10-1971. - Arrivée au Niger, pour " une visite de bonne volonté, de M. Kofi Busia, Premier ministre du Ghana, accompagné d’une suite de dix-neuf personnalités dons plusieurs ministres. A l’issue de son séjour, un communiqué commun annonçait la signature d’une Convention portant création d’une Commission Mixte Permanente chargée de déterminer l’orientation des relations entre les deux pays et de résoudre les problèmes qui pourraient surgir "
30-10-1971. - Une troupe d’amateurs présente au Centre Culturel franco-nigérien la légende de " Shango " roi sanguinaire, chassé du trône par un peuple las de sa tyrannie ; le roi déchu, désespéré, finit par se suicider.
Édité par EURAFOR PRESS
Pour le Centre d’information du Niger
13 bis, rue Lafitte - PARIS-IX e
Directeur de la Publication : M. Maraval.
Rédacteur en Chef : J. Baulin.
Abonnement annuel : 30 francs
Imprimé par Abexpress, 72, rue du Château-d’ Eau, Paris-10 e
|
||
Plan du site |