Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Les masses nigériennes connaissent M. Boubou Hama, comme le Président du Parti Progressiste Nigérien, section du Rassemblement Démocratique Africain ( P.P.N.- R.D.A. ) et de l’ Assemblée nationale du Niger, comme un orateur qui ne mâche pas plus ses mots dans les meetings populaires, que dans les réunions des organismes dirigeants du Parti.
Les étrangers, eux, connaissent le Président Boubou Hama sous un tout autre jour ; celui de l’écrivain, du chantre du Niger et de l’ Afrique, de l’historien, de l’auteur d’une bonne quinzaine d’ouvrages et d’une vingtaine d’études savantes. C’est à ce titre d’érudit qu’à huit semaine d’intervalle, deux prix littéraires viennent de l’honorer.
Le 7 avril, il recevait des mains de M. Robert Cornevin, secrétaire perpétuel de l’ Académie des Sciences d’ Outre-Mer, le Grand Prix Littéraire de l’ Afrique Noire qui lui a été attribué par l’ Association des Écrivains de langue française pour son roman autobiographique en trois volumes " Kotia-Nima ". Expliquant le sujet de ce roman, le Président Boubou Hama déclarait aux journalistes :
" C’est d’abord l’histoire de moi-même, d’un enfant noir qui a vécu son âge dans son milieu, qui a assumé son culte et sa culture et qui, de ce fait, a gardé une certaine conception de la vie africaine. Puis, arrivé à l’âge de l’école, cet enfant est confronté avec les signes mystérieux des Blancs, i apprend à écouter le parler parler..."
Il y a quelques jours, le Président du P.P.N.- R.D.A. recevait également le " Prix Léopold-Sédar Senghor " qui récompense les meilleurs ouvrages écrits en langue française. De toute l’oeuvre de M. Boubou Hama, le jury avait particulièrement retenu son " Essai d’ Analyse de l’ Éducation Africaine ".
Signalons encore que dans le cadre du " Centre d’ Études historiques et des Traditions Orales " qu’il dirige, le Président Boubou Hama essaie de préserver le patrimoine historique en récupérant, aux quatre coins de l’ Afrique, aussi bien les documents écrits - il en a déjà plus d’un millier - qu’en faisant enregistrer sur bandes magnétiques les contes et légendes séculaires transmis de père en fils et qui risquent d’être perdus par suite de l’irruption du modernisme. Le Président de l’ Assemblée nationale est particulièrement attaché à cette oeuvre de sauvetage.
En 1969, lors de la préparation du budget de 1970, la situation et les perspectives paraissaient si peu brillantes, que les autorités responsables étaient conduites à baser la programmation budgétaire 1970-1974 sur un déficit permanent.
Les résultats des opérations du budget 1969-1970 viennent de prouver que cette optique était foncièrement pessimiste, puisque le montant des recettes de l’exercice de 1970 dépassait de 1 079 458 471 francs CFA celui des dépenses. Cette somme représente environ 10 % de la masse globale des prévisions de recettes de 1970.
Cet excédent de plus d’un milliard de francs CFA a permis d’éponger les déficits budgétaires des exercices précédents qui s’élevaient à un total de 644 millions 300 339 francs CFA, répartis comme suit :
118 944 740 CFA, reliquat du déficit 1967 ;
119 485 910 CFA, déficit 1968 ;
405 869 689 CFA, déficit 1969.
M. Mouddour Zakara, ministre des Finances, espère faire aussi bien pour le budget 1971.
Le déficit de la balance commerciale, pour l’année 1969, s’est élevé à 6 324 470 000 francs CFA.
Afin de préciser davantage l’évolution du commerce extérieur nigérien, nous donnons ci-dessous les chiffres de 1963 et de 1969 ; Valeur en 1 000 F CFA.
Le déficit de la balance commerciale qui a atteint son maximum en 1969, a pour causes essentielles la détérioration des termes de l’échange, la guerre au Nigeria, la sécheresse de 1968-1969, la dévaluation du Franc français auquel est rattachée la monnaie des pays francophones de l’Ouest africain, et surtout l’importation accru des biens d’équipement. Ceux=ci ont passé de 814 787 000 en 1963 à 3 674 445 000 francs CFA en 1969, soit 350 % d’augmentation, tandis que l’importation de produits semis=ouvragés destinés à l’industrie,passait pour la même période de 1 852 155 000 à 4 235 849 000 francs CFA, soit une hausse de 225 %. On peut en conclure, semble-t-il ; qu’une partie importante du déficit à servi à la formation du capital à l’intérieur du Niger.
Dés 1971, le déficit de la balance commerciale sera grandement réduit, non seulement par l’entrée en service de l’usine textile de la Nitex qui limitera le volume des importations de tissus, mais aussi surtout par celle de l’usine d’uranium d’ Arlit dont les exportations s’élèveront, durant l’année en cours, à 750 tonnes d’uranate valant plus de trois milliards de francs CFA.
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Ce déséquilibre des échanges se retrouve, mais en des sens inverses et avec plus ou moins d’amplitude, au niveau de chacun des partenaires commerciaux. Ainsi, en 1969, les principaux clients du Niger ont été :
- la France : 3 921 100 000 Francs CFA
- le Nigeria : 1 005 900 000 francs CFA
- l’ Italie : 245 600 000 Francs CFA
- la Côte d’Ivoire : 207 200 000 Francs CFA
- Le Dahomey : 191 700 000 Francs CFA
- le Ghana : 152 300 000 Francs CFA
- la Haute-Volta : 124 300 000 Francs CFA
Quant aux fournisseurs, ce sont, par ordre décroissant :
- la France : 6 121 000 000 Francs CFA
- la R.F.A. : 802 000 000 Francs CFA
- les États=Unis : 639 000 000 Francs CFA
- la Côte d’ Ivoire : 561 000 000 Francs CFA
- les Pays=Bas : 540 000 000 Francs CFA
- le Sénégal : 519 000 000 Francs CFA
- la Chine Populaire : Francs CFA
- le Nigeria : 252 000 000 CFA
- la Grande=Bretagne : 230 000 000 Francs CFA
- l’ Italie : 171 000 000 Francs CFA
Un chef de gouvernement se doit de connaître l’état d’esprit réel de son peuple et de ses cadres. Cette connaissance s’avère plus malaisée - par suite de la pénurie de moyens d’information abondants et souples - dans les pays sous=développés que dans les pays industrialisées. Et pourtant elle est d’une importance capitale, surtout dans les jeunes États aux structures par définition fragiles.
C’est pourquoi le président de la République a voulu prendre le pouls du pays, des populations, et des cadres des organisations locales du Parti et de l’administration. Désireux d’avoir une vue exacte de la situation, il a choisi de prendre contact avec eux, sur place, dans les différents départements et devant de larges auditoires-témoins.
cette opération-vérité s’est matérialisée au cours des " conférences de cadres " réunis dans le chef-lieux de chacun des sept départements du pays, du 15 avril au 29 mai, à Niamey, Dosso, Maradi et Zinder, et du 1 er au 8 juin, à Diffa, Agadez, et Tahoua.
Le Président de la République, qui est aussi le secrétaire général du Parti avait placé ces discussions sous le signe " de la commune réflexion portant à la fois sur les résultats de l’action passée, sur les difficultés de l’action en cours et sur les perspectives de l’action future " . Il devait insister aussi sur la nécessité " d’amener tous les Nigériens à prendre conscience des différents problèmes d’envergure nationale. " Tout cela devant tendre à atteindre les trois objectifs principaux, à savoir " l’unité nationale, l’élévation du niveau de vie des masses et l’indépendance économique " .
partant du principe que la critique des aspects négatifs d’un fait est facteur de progrès, il invitait donc, à chacune des très longues réunions, les cadres, à parier avec le maximum de franchise. Ils ne s’en sont pas privés.
Sur le plan économique, tous les cadres, qu’ils appartiennent au Parti, ou qu’ils relèvent de l’administration centrale ou des collectivités locales, ont été unanimes pour reconnaître que :
1. l’approvisionnement en eau constitue le problème majeur à résoudre ; à tel point que Président de la République a été amené à déclarer à Dosso, le 20 mai ; " L’eau a la priorité sur la santé et l’éducation. " En effet, le secrétaire du Parti de cette ville affirmait que Dosso est la ville la plus assoiffée du Niger ", tandis que quelques jours plus tard, à Maradi, le Préfet devait relever que la pénurie d’eau était devenue à ce point aiguë que : les bêtes n’arrivent plus à être abreuvées qu’une fois tous les deux jours ".
2. Les litiges entre pasteurs et cultivateurs ne semblent pas en voie de disparition, les premiers accusant les seconds d’étendre leurs terres et d’empiéter ainsi sur les surfaces réservées traditionnellement aux pâturages, les seconds reprochant aux bergers leur insouciance devant les déprédations causées par leurs troupeaux aux cultures.
3. La sécheresse qui frappe les populations rurales un peu partout est l’une des causes du mouvement migratoire dans la mesure où elle pousse, les jeunes en particulier, à la misère, soit dans le villes, soit à l’étranger
Sur les problèmes sociaux non plus, pas de désaccords majeurs : par exemple, la médecine curative ne touche que 3 % de la population tout en consommant 80 % des crédits de la santé : mais comment faire ?
Les relations entre le Parti et l’administration par contre semblent susciter le plus de divergences entre les cadres. Tout le monde sait qu’un sous-préfet n’aime pas qu’on lui parle la tête haute " dit le responsable du Parti de Dosso. " Certains sous-préfets se comportent comme des commandants de cercles français d’antan ", ajoute le responsable politique de la région de . Niamey. Le préfet de Maradi, lui, affirme le contraire : On écarte les responsables administratifs dit-il, au profit de responsables politiques, et ceux-ci d"arrogent alors tous les droits. "
Sur ce plan, il semble que Zinder constitue u havre de paix, puisque son préfet a soutenu qu’ un bon esprit de collaboration règne ici entre les responsables administratifs et leurs camarades du Parti ". Un sous-préfet de la région de Zinder devait affirmer toutefois, dans la joie générale, que sur le territoire relevant de sa juridiction. " la vie serait saine et agréable si certains députés cessaient de s’ingérer dans nos affaires.
Le préfet sortant de Dosso a été jusqu’à rejeter sur cet esprit de contestation la dégradation de l’autorité de l’appareil administratif local.
Le Président de la République, tirant la conclusion des critiques et accusations réciproques sur ce plan, s’est contenté de relever que les conflits de personnes avaient toujours existé, existaient et hélas existeraient encore très longtemps au Niger comme ailleurs. Qu’il fallait en conséquence éviter de dramatiser un problème relevant de la nature même de l’être humain.
Et le Parti Progressiste Nigérien lui-même ? Comment se porte-t-il ? " l’enthousiasme d’antan se perdre " . Un autre propose de réveiller le Parti en réorganisant ses cellules de base. Un troisième responsable est partisan du renouvellement des comités locaux du Parti. Enfin, le Préfet de Zinder propose la création d’une École des cadres " susceptible de recycler les dirigeants ".
La aussi, le Secrétaire du Parti devait tirer progressivement et successivement, à Niamey, à Dosso et à Zinder, les leçons des critiques, suggestions et propositions formulées par les cadres. Définissant le P.P.N. - R.D.A. il affirmait : " pour préservé l’unité nationale, il faut que le Parti conserve son caractère de rassemblement de toutes les couches de la population sans distinctions de races, de religions, de classes, ni de générations. "
A ceux qui trouvent " la vielle garde du Parti " trop encombrante, le Président Diori Hamani répond :
" Il serait profondément injuste de sous-estimer le rôle de cette vielle garde, riche de sagesse et d’expérience, et qui a fait du Niger ce qu’il est... La vielle garde est prête à ouvrir ses rangs aux jeunes pour poursuivre et achever l’oeuvre de construction nationale " .
Ceci dit, le Secrétaire Général admet qu’il faut aller plus loin dans la rénovation du Parti, qu’ il importe de réformer certaines structures, de réviser certaines procédures, de renouveler certains comités et de changer certains hommes. "
Selon les statistiques officielles françaises, le Niger vient au septième rang, par ordre de préférence, des investissements français dans les pays faisant partie de l’ex- A.O.F. - A.E.F. Il est précédé de la Côte d’ Ivoire, du Congo-Brazzaville, du Sénégal, de la Mauritanie, du Cameroun et du Gabon.
Les 11 300 000 000 de francs CFA d’investissements français au Niger - Ils représentent environ le tiers des capitaux privés de même origine investis en Côte-d’ Ivoire et en République Populaire du Congo - se répartissent comme suit :
8 100 000 000 dans les industries extractives,
1 300 000 000 dans l’habillement,
750 000 000 dans l’agriculture et l’alimentation,
600 000 000 dans l’énergie,
100 000 000 dans les matériaux de construction,
450 000 000 dans divers domaines.
Une équipe socio-sanitaire comprenant 12 Américains, 2 Belges, 2 Canadiens et 1 Irlandais, sous la direction du Dr William Kircher, est installée depuis la mi-avril dans le département le plus isolé et le plus désolé du Niger, celui de Diffa, situé à l’extrême-est du pays. C’est là le résultat d’une initiative généreuse.
Le Dr Kircher, médecin volontaire du Corps de la Paix américain, travaillait à Diffa depuis 1964, quand le quartier général de l’organisation décidait de supprimer ce poste en 1970. toutes les interventions nigériennes n’ayant pu réussir à ébranler la décision de Washington, le Dr Kircher créait " Africare ", une institution privée sans but lucratif, destinée à prendre la relève du Peace Corps défaillant. Placée sous la présidence du Chef de l’ État nigérien, patronnée par diverses organisations et personnalités américaine dont le chanteur noir Samy Davis, " Africare " sera financée par des fonds provenant du secteur privé.
L’équipe compte déborder largement le champ d’action proprement médical. En effet, si elle comprend une demi-douzaine d’infirmiers, un technicien laborantin et deux assistantes sociales, on trouve également parmi les membres du groupe deux mécaniciens, un entrepreneur et deux ouvriers spécialisés en construction.
" Africare " espère pouvoir étendre bientôt ses activités à d’autres pays africains.
Le 17 avril, M. Laurent Gabriel Eketébi, nouvel ambassadeur de la République Démocratique du Congo ( Kinshasa ) présentait ses lettres de créance au Chef de l’ État.
Le 20 avril, deux officiers nigériens quittaient Niamey pour une visite d’un mois environ aux États-Unis. A leur escale d’ Abidjan, ils devaient être rejoints par des collègues Ivoiriens, Dahoméens et Voltaïques également invités à participer à la même tournée.
Le 24 avril, M. Y. Rash, ambassadeur d’ Israël, présentait au Président de la République un exemplaire de son ouvrage intitulé : " Une contribution à l’ Histoire du Niger : les premières années françaises au Damergou ".
Arrivé à Niamey le 28 avril, M. Asanu Kabaoka, ambassadeur du Japon dans les cinq pays de l’Entente, a insisté sur l’intérêt de son pays pour l’uranium, " source d’énergie pour le XXI e siècle". Comme on le sait, un consortium japonais est associé au Niger et au CEA français pour la délimitation de la mine d’uranium d’ Akokan, dans le Niger, et son exploitation ultérieure.
Le 30 avril, M. Aboubacar Aboumahdi, nouvel ambassadeur du Maroc, présentait ses lettres de créance au Président Diori Hamani.
Le 1 er mai, le Chef de l’ État inaugurait le plus haut immeuble de la capitale, construit par la compagnie égyptienne El Nasr. Il comprend deux étages réservés à des bureaux, neuf étages destinés à l’habitation, et surmontant le tout, un vaste restaurant panoramique au 12 e étage.
De nombreux ministres et personnalités nigériens ont assisté, à Niamey, comme dans certaines villes de l’intérieur, au traditionnel défilé du 1 er mai, jour chômé sur toute l’étendue du territoire. A cette occasion, M. Sido Hassane, secrétaire général de l’ Union Nationale des Travailleurs Nigériens, à prononcé un important discours, publié par la presse de Niamey.
Le 5 mai, M. Maï Maïgana, secrétaire d’ État à la Présidence de la République, signait le contrat chargeant la firme Lamarre-Valois de Montréal, de la construction de la Route de l’ Unité et de l’ Amitié Canadienne. Cette signature avait lieu dans le bureau du Secrétaire d’ État en présence de M. Maï touraré Gadjo, directeur adjoint du Cabinet du Président de la République, de M. Charpantier, ambassadeur du Canada et de M. Gouin, l’un des dirigeants de l’ Agence Canadienne de Développement International.
Le 6 mai, le ministre des Finances nigérien et le Président de la Banque Africaine de Développement, signaient à Niamey un contrat de prêt portant sur un million de dollars destiné à financer le coût en devises de l’achat et l’installation de matériels de télécommunications interurbaines.
Le 10 mai, signature, à Bruxelles, d’une Convention de Coopération entre le Niger et la Belgique.
Dans une communication au ministère des Affaires Économiques, et publiée par la presse, le Président de la République demandait le 14 mai une enquête approfondie sur les hausses abusives des prix de certains produits, pharmaceutique notamment, au stade du détail.
Le 19 mai, le Chef de l’ État recevait la délégation du Conseil Suprême Islamique arrivée du Caire dans le but de " resserrer les liens entre tous les musulmans du monde ".
Le 21 mai, El Hadj Oumarou Amadou, ambassadeur du Niger à Tripoli, était reçu en audience par le ministre des Affaires Étrangères algérien à qui il remettait un message de son gouvernement.
Édité par EURAFOR PRESS
Pour le Centre d’information du Niger
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Directeur de la Publication : M. Maraval
Rédacteur en Chef : J. Baulin
Abonnement annuel : 30 francs
Imprimé par Abexpress, 72, rue du Château - d’ Eau, Paris 10 e
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