Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
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Mensuel - Mars 1969
La francophonie a pris corps à Niamey ... 1
Le Niger dans la presse néerlandaise .... 2-3
L’uranium dans l’économie nigérienne .. 4
Un musée hors du commun .................. 4
Le Niger à Bari .................................... 4
On y trouve aussi des fossiles ................ 4
La francophonie a pris corps à Niamey
Le lundi 17 février, dans l’enceinte de l’Assemblée Nationale du Niger, le Président Diori Hamani prononçait le discours d’ouverture de la "Conférence des pays partiellement ou entièrement de langue française". Les représentants d’une trentaine de ces pays étaient réunis à Niamey et il ne manquait, pour faire l’unanimité, que ceux de l’Algérie, de la Guinée, de la Mauritanie, du Nord-Vietnam et de la Suisse. Mais le fait même d’avoir pu réunir un aussi grand nombre de délégués de la "francophonie" constitue en soi un grand succès. Et celui-ci est d’autant plus appréciable que tous les présents ont donné leur accord à la création d’une agence multilatérale dont le rôle consistera à promouvoir la coopération culturelle et technique.
La presse mondiale a réservé une place assez large aux travaux de la Conférence. Et pas seulement aux notes discordantes, tel que le cri, réellement déplacé, de "Vive le Québec libre" d’une charmante chanteuse canadienne française, ou les tractations au sein même de la délégation canadienne et le rôle qu’y ont joué certaines personnalités non-canadiennes qui ne sont d’ailleurs pas celles auxquelles d’aucuns pensent automatiquement dès qu’on parle du Québec.
Il faut relever également que la Conférence de la francophonie a permis à de nombreux journalistes étrangers de connaître et d’apprécier le Niger. Nous n’en voulons comme preuve que ces quelques extraits d’un article de M. Gilles Lesage, envoyé spécial du "Devoir" de Montréal. Il écrivait, le 1er mars :
"C’est dans une terre éminemment généreuse, hospitalière et chaleureuse qu’a été donné la semaine dernière le véritable coup d’envoi de la francophonie en devenir.
"Il suffit, en effet, de séjourner quelques heures dans la capitale du Niger, au cœur de l’Afrique occidentale, pour ressentir profondément que probablement aucune autre communauté francophone par choix n’était mieux destinée à accueillir les représentants autorisés de quelque trente pays ou Etats venus donner naissance à un grand dessein riche de promesses : la coopération multilatérale entre peuples unis par une culture et une langue communes.
"La chaleur de l’accueil - extrêmement émouvant pour qui a parcouru quatre mille miles et qui foule pour la première fois cette terre d’Afrique encore troublante des rêves d’enfance - peut fort heureusement se résumer en un dicton évocateur de ces contrées : mon invité est mon Dieu.
"Ce n’est pourtant pas la richesse des lieux, encore moins des personnes, qui frappe et attire : c’est plutôt une certaine chaleur humaine, faite à la fois de simplicité, d’ouverture et de fraîcheur, non encore atteintes de sophistication...
"Contrairement à ce que certains bobards peuvent encore laisser croire, il est facile de se loger et de se nourrir de façon plus que convenable. Non, de ce côté, le visiteur n’a rien à craindre..."
Enfin, pour terminer, citons une déclaration du président Houphouët-Boigny. Interrogé le 20 février dernier par les journalistes sur le perron du Palais de l’Elysée à l’issue du déjeuner offert en son honneur par le général de Gaulle, le Chef de l’Etat Ivoirien a déclaré :
"Cette francophonie que nous voulons organiser est ouverte à tout le monde. Il faut assurer le monde que cette francophonie n’est dirigée contre personne."
LE NIGER DANS LA PRESSE NEERLANDAISE
En novembre dernier, quatre journalistes hollandais visitaient le Niger. Nous donnons ci-dessous quelques extraits de leurs articles, ou plutôt séries d’articles.
S’intéressant en particulier aux problèmes que pose l’enseignement dans un pays sous-développé, M. Knepfle, rédacteur en chef du "De Nieuwe Limburger" écrit :
"Dans ce pays pauvre, le visiteur rencontre partout une hospitalité à la fois amicale et digne... Dix pour cent seulement des enfants fréquentent l’école. Dans ce domaine aussi, la C.E.E. essaie d’apporter une certaine contribution. Elle a financé quelques nouvelles écoles : de petites écoles modestes et rudimentaires. Mais si la C.E.E. peut fournir des locaux, il est bien difficile de trouver des enseignants. Ceci explique qu’un pays, où l’enseignement en est encore à son niveau le plus bas, dispose néanmoins des méthodes didactiques les plus modernes : la télévision scolaire y a fait son apparition, et un certain nombre de villages proches de la capitale en bénéficient désormais. L’avantage de ce système, c’est que le petit écran peut remplacer un vrai maître et qu’on peut se contenter de simples auxiliaires qui surveillent la classe. Il est remarquable de constater à quel point les élèves, accroupis dans le sable autour de la télévision avec laquelle ils sont déjà familiarisés, s’adaptent facilement à cette méthode et participent activement."
M. Knepfle, comme d’ailleurs tous ses collègues néerlandais, et on pourrait même dire l’ensemble du peuple hollandais, s’intéressait beaucoup à la place occupée par la France au Niger. Il rapporte ce que lui a dit, à ce propos, le Chef de l’Etat nigérien :
"Nous sommes heureux de collaborer avec la France, mais nous avons besoin de l’aide de tous. Nous souhaitons développer le plus possible notre coopération avec l’Europe. nous ne voulons pas maintenir une orientation unilatérale. Nous aimerions aussi avoir une collaboration plus poussée avec les Pays-Bas dans le domaine de la santé, de l’agriculture et des travaux publics. Nous souhaiterions aussi nous rapprocher davantage des pays de la zone sterling."
M. Paul Van’t Veer, après avoir rendu hommage de son côté au Fonds Européen de Développement pour avoir créé, entre autres, "500 puits en ciment qui ne risquent pas de s’affaisser", s’intéresse davantage aux problèmes politiques, économiques et sociaux. Il écrit dans le "Het Vrije Volk" :
"Comparé à la plupart des autres pays de l’Afrique occidentale, le Niger a un gros avantage. Il a un gouvernement stable. Il existe un parti politique unique où tous les groupes ethniques sont représentés. Il n’est évidemment pas question d’une démocratie au sens que nous lui connaissons. Il y a cependant avis, consultations et longues discussions sur toutes les questions importantes et le président ne pourrait certes se permettre des écarts politiques qui lui attireraient les foudres des grands groupes du pays...
"Pauvres, oui, mais pas malheureux, telle a été mon impression. Tout autre donc que dans les grands pays en voie de développement de l’Asie, par exemple, où la pauvreté et la misère vont toujours de pair. Pour sortir de sa pauvreté et s’engager dans la voie d’une société moderne, le Niger a besoin d’aide. Pour toutes sortes de raisons, la France est assez généreuse pour ses anciennes colonies d’Afrique, tout comme le F.E.D. d’ailleurs."
M. Van’t Veer connaît la cause du mal qui ronge le Niger et tous les autres pays sous-développés et que d’aucuns veulent à tout prix ignorer :
"Ici aussi, écrit-il, on se trouve en présence de cette maudite entrave à l’expansion des pays en voie de développement. La chute des prix sur le marché mondial se traduit par des déficits de plusieurs milliards qu’aucune aide au développement ne peut combler. Le Niger compte parmi les exportateurs d’arachides. L’année dernière, il a enregistré une perte de revenus de quelque 40 millions de florins à la suite d’une chute du prix de ses arachides..."
Il termine sa série d’articles en constatant avec plaisir que la stratification de la société nigérienne est saine :
"En fait et aussi bizarre que cela puisse paraître, rapporte-t-il, le Niger supporte assez bien sa relative pauvreté. Il y a peu de chances, du moins pour l’instant, que de nouveaux capitalistes indigènes s’entendent avec d’anciens ou de nouveaux capitalistes occidentaux pour maintenir à nouveau les richesses du pays dans les mains de quelques profiteurs. Le Niger ne connaît pas d’îlots de prospérité au milieu de sa misère. C’est un pays accueillant où l’évolution peut encore se faire dans le bon sens."
M. Bergman, du "Haagsche Courant", fait part, tout d’abord, de son étonnement :
"Chose étrange, révèle-t-il, ma visite au Niger m’a convaincu d’une part que ce pays est extrêmement pauvre, mais que d’autre part sa situation n’est pas désespérée. Certes, 60% du territoire est un désert, et le paysan néerlandais rechignerait à cultiver le reste. Néanmoins, on n’y voit pas de misère criante, mais un mode de vie tout simple, rudimentaire, au grand soleil, sans luxe, mais aussi sans frustrations, sans névroses."
En ce qui concerne les relations franco-nigériennes qui ont, de toute évidence, beaucoup intéressé M. Bergman durant son séjour au Niger, il écrit :
"Le président est parfaitement convaincu que pendant longtemps encore il ne pourra pas se passer de l’aide française sous toutes ses formes. Son objectif est une internationalisation progressive de l’aide, et il considère manifestement l’accord d’association avec les six pays de l’Europe comme une étape sur cette voie.
"Il y a actuellement quelque 700 conseillers français dans mon pays", déclare-t-il. "Ces conseillers sont rétribués par la France. C’est un point très important, car notre pays est pauvre. Jusqu’à présent, seuls des Français ont compris combien vulnérable est notre économie. Si les Néerlandais veulent nous offrir la même aide technique que les Français, ils seront les bienvenus."
M. Bergman, lui aussi, sait fort bien, et admet ouvertement, que parler d’aide à un pays sous-développé comme le Niger, tout en ne faisant absolument rien pour l’aider à commercialiser à un juste prix ses arachides ou pour mettre un terme à la détérioration des termes de l’échange, ne signifie pas grand-chose. Il cite des faits et donne des chiffres :
"En 1967 et 1968, écrit-il, les exportations des pays associés vers la C.E.E. ont diminué de 1% par rapport à l’année précédente. Si l’on se borne aux produits agricoles, qui représentent 60% de leurs exportations, les achats de la C.E.E. ont diminué tant en quantité qu’en valeur.
"Cette situation a encore empiré par suite de la dégradation progressive des prix des produits tropicaux. Alors que de 1958 à 1965, l’indice des prix agricoles est passé de 100 à 111 dans les pays industrialisés (grâce aux mesures de soutien), il est tombé à 88 dans les pays en voie de développement considérés dans leur ensemble. L’évolution a encore été plus défavorable pour les pays associés d’Afrique : l’indice est tombé à 66 pour les bananes, à 75 pour le coton et le café, à 78 pour les arachides et à 59 pour le cacao. D’autre part, les exportations des pays de la C.E.E. vers les pays associés ont augmenté de 10% en valeur de 1967 à 1968.
"La chute des prix des produits tropicaux et la hausse inévitable des produits industriels, poursuit M. Bergman, modifient naturellement les termes de l’échange au détriment des pays en voie de développement. Le président Diori du Niger, qui est également président de l’O.C.A.M., a indiqué dans un mémorandum, qu’en 1960 il était possible d’importer au Cameroun, pour la contre-valeur d’une tonne de cacao, 2700 mètres de tissu de lin non blanchi ou 1200 kilogrammes de ciment. En 1965, la même quantité de cacao ne permettait plus d’importer que 800 mètres de tissu ou 450 kilogrammes de ciment.
"Il n’est donc pas étonnant que les Etats africains attendent du nouvel accord d’association, non seulement un relèvement de leurs exportations (par un abaissement des barrières qui entravent encore les ventes de leurs produits agricoles vers les pays de la C.E.E.), mais aussi la fixation de meilleurs prix. Pour y parvenir, on pourrait créer un Fonds de stabilisation pour les produits tropicaux. Ce Fonds exigerait de 2 à 300 millions de dollars par an environ. Cela peut paraître beaucoup, mais ne représente que 10% des 2 milliards de dollars qu’exigera l’agriculture européenne en 1969."
Dans "De Tidj", M. Arie Kuiper rapporte ses constatations et étonnements avec une franchise absolue. Les voici :
"El Hadj Diori Hamani, président du Niger, république d’Afrique occidentale, est un homme aimable, au visage rond, brun foncé, qui sourit presque toujours et autant avec les yeux qu’avec les lèvres. Il habite un beau palais, mais c’est celui de l’ancien gouvernement français. Son mode de vie est particulièrement simple, sans cérémonies. Ses ministres travaillent dans des bureaux dont le directeur d’une petite entreprise néerlandaise ne serait guère fier...
"Il existe en Afrique des Etats indépendants, mais certainement pas encore de nations", nous dit le président. Il souligne avec insistance la nécessité de créer l’unité nationale. La construction de la nation est l’objectif prioritaire...
"L’Occidental plein de préjugés et de méfiance à l’égard de la démocratie africaine, trouvera toujours, pour peu qu’il le veuille absolument, beaucoup de choses à critiquer. En réalité, sa critique s’éteindra d’elle-même lorsqu’il apprendra que « la démocratie selon le modèle parlementaire occidental est un luxe que nous ne pouvons nous permettre. Ce que nous avons est la consultation démocratique au sein du parti national unique. Oui, oui, soyez-en persuadés, cette démocratie-là, nous la connaissons. »
"Un voyage de dix jours dans deux pays d’Afrique occidentale est trop court pour que l’on puisse porter un jugement complet. On est toutefois fortement tenté de se ranger aux arguments de ses hôtes.
"...Il est fascinant de voyager au Niger. Le pays présente d’énormes contrastes. Le Nord, c’est-à-dire le Sahara, est encore le royaume des Touaregs, tandis qu’au Sud, de petites communautés africaines vivent dans des huttes rondes, souvent disposées autour d’un puits construit à l’aide des crédits octroyés par la C.E.E. Il suffit de voir ces puits et le rôle considérable qu’ils jouent dans les petits villages pour comprendre immédiatement l’importance des millions de l’aide au développement."
M. Kuiper termine en décrivant son expérience des routes et des chauffeurs du Niger et en relatant une rencontre émouvante :
"La « Land-rover » prend à droite, abandonne la route C.E.E. et se met à suivre une piste longue, presque sans fin, qui met à rude épreuve notre système digestif déjà éprouvé par le séjour sous les tropiques. Les chauffeurs africains, sans pitié, survolent les trous et les bosses à une vitesse qui atteint facilement 60 ou 70 km à l’heure.
"Après trois quarts d’heure de tourments, nous atteignons subitement un petit, très petit village, quelques huttes tout au plus. Tout aussi subitement, nous nous trouvons dans une salle de classe. Nous somme réellement impressionnés. Une petite fille tient fièrement, tout contre son ventre, un petit drapeau rouge-blanc-bleu de papier, qu’elle a colorié elle-même, en l’honneur de la délégation néerlandaise.
"Cette école, également construite par le Fonds Européen de Développement, reçoit des enfants venus de très loin pour acquérir des connaissances. Ces enfants apprennent le français (quelle autre langue apprendraient-ils ?). Ils parcourent un cycle de six classes. Ils s’asseyent à trois - et même à quatre dans certaines classes - par banc. L’instituteur africain appelle une petite fille. Elle récite impeccablement une fable de la Fontaine au sujet d’un animal qu’on ne rencontre nulle part en Afrique. Il est vrai qu’en Nouvelle Guinée, les enfants apprenaient que les Bataves arrivèrent « dans notre pays » cent ans avant le Christ. Gardons-nous donc d’être trop critiques à cet égard et songeons simplement que cette école tout à fait perdue dans la brousse est vraiment extraordinaire.
"A Niamey, nous avons vu un système de télévision scolaire complet et moderne. Mais nous avons été beaucoup plus impressionnés par la petite école située au bout de la piste, car elle était vraiment le symbole d’un pays en voie de développement..."
L’URANIUM DANS L’ECONOMIE NIGERIENNE
Les travaux préparatoires pour l’exploitation du minerai d’uranium dans la zone de 360 km2 autour d’Arlit se poursuivent à une cadence rapide. On sait que le Commissariat Français à l’Energie Atomique en a l’exclusivité. Le minerai se trouvant à une quarantaine de mètres au-dessous de la surface du sol, l’exploitation à ciel ouvert nécessitera le décapage de plusieurs millions de tonnes de sable et de roches. Cala a commencé le 4 novembre dernier, date du premier dynamitage de la couche supérieure de roches. Depuis, on déblaie quelque 150 000 tonnes chaque mois.
Parallèlement, la construction des premiers bâtiments de la nouvelle ville de 5 000 habitants qui sera implantée là prochainement, a déjà commencé.
L’ensemble du projet est imposant, surtout au regard de l’infrastructure squelettique du Niger. Var il ne faut pas oublier que la zone uranifère se trouve à près de 250 km au nord-ouest d’Agadez qui est elle-même ’la porte du désert", et à 2 500 km du port le plus proche. Il faudra y amener 35 000 tonnes de marchandises, de matériels divers et de carburants chaque année, ce qui, déjà en soi, n’est pas une mince besogne. Cela signifie en effet que le matériel débarqué à Cotonou, au Dahomey, sera d’abord acheminé par chemin de fer sur 400 km jusqu’à Parakou, rechargé là sur des camions qui devront parcourir 1 000 km de routes non bitumée jusqu’à Tahoua puis, à partir de cette ville, emprunter sur 650 km une piste de désert jusqu’à Arlit en passant par Agadez. L’ensemble de ce réseau devra être bien entendu nettement amélioré si l’on veut faciliter cet énorme trafic.
Dès à présent, près de 4 000 000 de CFA de salaires sont distribués, chaque mois, aux 400 travailleurs nigériens engagés à Arlit par la SOMAIR, effectifs qui seront portés à 900 dès la phase de l’exploitation proprement dite.
Les autorités nigériennes attachent de grands espoirs à l’exploitation de l’uranium pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, la SOMAIR devra investir 13 milliards de CFA pour pouvoir démarrer l’extraction du minerai à 0,25% de teneur en uranium et sa transformation en uranate de soude à 65-70%. Or l’investissement d’une telle somme qui équivaut à 1,5 fois le budget de l’Etat ne peut avoir qu’un effet favorable sur l’ensemble de l’économie, même en prenant en considération que la majeure partie de cette somme ira à l’achat de matériels et de produits à l’étranger.
La création de routes susceptibles de supporter le trafic décrit plus haut influera, elle aussi, de façon favorable sur l’ensemble de l’économie nigérienne. Sans compter qu’elle facilitera dans une certaine mesure la prospection du sous-sol dont on ne connaît guère les potentialités.
Enfin, d’une façon plus directe, il convient de relever que sur les bénéfices réalisés, le Niger en recevra, sous forme de dividendes et d’impôts, les 66%, tandis que 34% iront à ses partenaires. Sur ce plan, les choses se présentent sous un jour très favorable, puisque les spécialistes de la SOMAIR qui pensaient, il y a deux ans, créer d’abord une usine pilote d’une capacité de 200 tonnes d’uranium par an, envisagent maintenant une production de 750 tonnes dès 1971 et de 1 500 tonnes en 1974.
Quoi qu’il en soit, la SOMAIR, avec un chiffre d’affaires de 7,5 milliards de CFA, fait figure d’un géant de l’économie nigérienne.
UN MUSEE HORS DU COMMUN
Le seul musée d’Afrique francophone cité dans la revue "Muséum", éditée par l’UNESCO, a été le Musée de Niamey.
M. Varine-Bohan, directeur du Conseil International des Musées, proclame dans son rapport que "le premier pays à avoir su tirer le plus grand profit d’un musée pour épauler l’action du gouvernement en faveur de l’Unité Nationale est le Niger, suivi de près du Mexique".
Et de fait, celui qui visite le Musée de Niamey se rend compte, dès l’entrée, qu’il a été conçu autrement que les musées traditionnels. Ici on a mis en valeur, les présentant avec soin et amour, les mille objets vestimentaires et autres qui font partie de la vie quotidienne des habitants du pays, ces objets qui constituent un véritable trésor ethnographique.
Plus loin, toute une partie du Musée est réservée à la reconstitution, avec fidélité et respect, de toutes les formes d’habitat des diverses régions du pays, pour permettre aux uns et aux autres de les connaître sans parcourir d’énormes distances. Mieux, on y trouve des bâtiments modernes dont les lignes architecturales sont inspirées des vieilles constructions traditionnelles bâties en banco.
Autre innovation du conservateur, M. Pablo Toucet, le Musée a réuni dans son cadre des artisans venus des quatre coins du pays, et cela non seulement pour conserver les techniques traditionnelles, mais surtout, pour faire travailler ensemble, mêlant leurs rires, et leurs chansons, sis différentes, les Djerma et les Touaregs, les Songhay et les Haoussa, les Béribéri et les Peuls...Et ces artisans fabriquent, devant les yeux des visiteurs, des objets traditionnels suivant des méthodes ancestrales et avec les instruments de jadis.
Même le cadre général de ce Musée hors du commun étonne et charme. Il est situé en effet dans un vaste parc, méticuleusement propre et où l’on rencontre tous les animaux vivant au Niger, des antilopes aux éléphants en passant par les lions.
LE NIGER A BARI
A l’initiative de M. Nereo Galliani, consul honoraire du Niger à Bari, vient de se constituer dans cette du sud de l’Italie une "Association Nationale des Amis du Niger". Celle-ci propose, entre autres, de faire mieux connaître le Niger en Italie et de renforcer les relations culturelles et commerciales entre les deux pays.
ON Y TROUVE AUSSI DES FOSSILES
On ne découvre pas que de l’uranium dans les parages du Massif de l’Aïr, mais aussi de véritables cimetières de crocodiliens et de dinosauriens ayant vécu dans la région il y a plusieurs dizaines de millions d’années.
En tout cas, les Nigériens - et les visiteurs étrangers - pourront admirer bientôt au Musée de Niamey, le crâne de 1.60 mètre plus ou moins reconstitué du crocodilien trouvé il y a trois ans à Gadoufaoua.
13, boulevard Haussmann - PARIS-IXe
Rédacteur en Chef : J. BAULIN.
Imprimé par Abexpress, 72, rue du Château-d’Eau, Paris-10e
Abonnement annuel : 30.- francs
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