Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
pés. Dans la modalité d’octroi de cette aide déjà insuffisante par rapport aux besoins, l’on remarque que les dons diminuent et que les prêts augmentent. De sorte que cette orientation conduit à une sortie de l’ordre de trois milliards de dollars riches au titre d’intérêts et de dividendes.
Tous ces facteurs concourrent au même but, à savoir la baisse et la stagnation de l’assistance financière.
Simultanément, la détérioration des cours des matières premières et des produits de base viennent réduire encore, d’une manière catastrophique les revenus des pays en voie de développement en général et des pays africains en particulier.
Dans le même temps, les prix des produits manufacturés ou des biens d’équipement exportés par les pays industrialisés vers les pays sous-développés, ne cessent d’augmenter.
On peut illustrer cette tragique situation par un exemple déjà fart connu dans les milieux du Marché Commun. La contre valeur de l’exportation d’une tonne de cacao permettait en 1960 d’importer au Cameroun 2.700 mètres de tissus écrus ou 1.200 kilos de ciment.
En 1965, la même quantité de denrée ne pouvait plus permettre l’importation que de 800 mètres de tissus et 450 kg de ciment.
Sans négliger, ni sous-estimer la coopération financière que nous apporte le Marché Commun et dont nous souhaitons ardemment l’accroissement, nous pensons que le remède à cette situation ne peut provenir que d’une organisation générale des marchés des matières premières et des produits de base dans le cadre de l’Association des pays africains à la C.E.E.
Contrairement à la campagne Cartiériste, il n’est pas exact de dire que la coopération ne joue qu’à sens unique. En effet, sans tenir compte du fait que plus de la moitié au moins de l’aide financière dont nous bénéficions retourne dans les pays donateurs, des études que nous avons faites, il ressort que les pays industrialisés tirent également profit de la commercialisation de nos produits. Au stade final du circuit de commercialisation, le prix payé au producteur africain, est, dans certains cas, multiplié par six. La quasi totalité de la marge ainsi constituée bénéficie aux économies européennes.
Il apparaît ainsi clairement que les pays développés, eux aussi, tirent un trés grand profit de la commercialisation de nos matières premières. Nous souhaitons, simplement, que, parallèlement, ils permettent à nos paysans d’avoir un revenu sinon revalorisé, du moins stabilisé.
Dans le cadre-même de la Convention de Yaoundé, on remarque que l’accroissement en valeur n’a atteint que de 1963 à 1965 les importations communautaires en provenance des pays associés sont passées de 6.197.879 tonnes à 10.289.300 tonnes, soit une augmentation de 66% alors que l’accroissement en valeur n’a atteint que 17% (972 millions de dollars en 1965 contre 833 millions en 1963).
Nous pensons être tout à fait à l’aise de parler d’organisation de marchés dans cette enceinte puisque les Etats membres ont mis sur pied, dans le cadre de la politique agricole commune, une organisation du type de la politique agricole commune, une organisation du type celle que nous préconisons.
Une particularité à signaler : si l’on prenait l’exemple du sucre, l’alignement des prix dans la C.E.E. se fera au niveau de coûts de production les plus élevés dans la Communauté, c’est-à-dire de l’ordre de 9 à 10 cents la livre anglaise et non au cours mondial.
En ce qui concerne les oléagineux on remarque, pour certaines huiles, un écart de l’ordre de 72 à 88% entre le prix indicatif au sein de la C.E.E. et le prix mondial.
Dès lors, on assiste à un véritable paradoxe. Pendant que les pays du Marché Commun nous incitent à leur vendre nos produits au cours mondial, entre eux, la notion du cours mondial, et encore moins du cours compétitif, est absolument inconnue. Il y a là une anomalie qui, à notre avis, ne pourrait se résoudre que dans la stabilisation des cours de nos produits.
L’on n’a pas suffisamment tenu compte du fait que les pays de l’O.C.A.M., d’une façon générale, antérieurement à la Convention, jouissaient pour l’ensemble de leurs produits, de marchés privilégiés avec des prix garantis et des débouchés assurés.
Or, la nouvelle Convention, en brisant ces organisations et en les démantelant progressivement, a créé un déséquilibre extrêmement dommageable aux produits africains.
La Communauté nous a accordé des avantages commerciaux essentiellement d’ordre tarifaire alors que les organisations antérieures comprenaient outre des préférences tarifaires, des garanties d’écoulement et de prix.
Il s’ensuit que si l’on avait evait escompté que l’Association aboutirait à élargir le marché réservé aux E.A.M.A., en fait, les avantages qu’ils retirent sur l’ensemble des marchés de la C.E.E. sont moins importants que ceux dont ils jouissaient dans le cadre des organisations bilatérales antérieures.
Pour toutes ces raisons, nous lançons un pressant et solennel appel aux autorités de la C.E.E. pour une stabilisation des prix de nos produits, une organisation des marchés. Nous le faisons avec d’autant plus de force qu’une raison politique supplémentaire s’attache à ce problème.
En effet, on ne saurait parler d’industrialisation valable sans aborder la notion de marché et il ne saurait y avoir de marché sans un pouvoir d’achat stable.
Du côté des Etats africains, cette idée purement économique se double d’un aspect politique ayant trait à l’instabilité politique qui a été constatée dans les pays sous-développés en général et en Afrique en particulier.
Or, une analyse rapide de ce phénomène révèle que cette instabilité trouve, en très grande parti, son explication dans les problèmes de développement et singulièrement dans la détérioration constante des termes de l’échange.
C’est ainsi que, stabiliser les prix de nos matières premières et produits de base revient, en fait, à assurer la stabilité politique dans nos Etats ; stabilité dont ont besoin les investisseurs et qui, actuellement est recherchée dans un système de garantie multilatérale des investissements privés.
Nous devons insister sur cette notion de stabilité politique car autant l’investissement est lié au marché et au pouvoir d’achat, autant il existe des rapports étroits entre la stabilité politique et la garantie politique des investissements privés étrangers.
L’organisation des marchés tendrait donc à renforcer notre stabilité politique et par conséquent, à ouvrir un champ plus vaste aux possibilités d’investissements dans nos Etats.
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