Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Jean POISSON
Ambassadeur du Niger à Bruxelles
CNUCED SANTIAGO du CHILI
Santiago de Chili 17 avril 1972
AM Le Président du Niger
s/c du Ministre des Affaires Etrangères
De passage à Paris pour Santiago du Chili, M, BAULIN a eu l’amabilité de me remettre pour information une copie du rapport JB/27 du 28 Mars 1972 qu’il vous a fait parvenir après la mission que nous avons effectues en Pays Scandinaves sous la direction de M. Diallo ABDOULAYE, Commissaire Général au Développement.
Tout en rendant hommage à l’honnêteté intellectuelle de l’auteur de ce rapport, je voudrai cependant relever une erreur sur l’image qui ressort de moi dans report. Il est dit que je suis « moins enthousiaste et plus ou moins septique sur les possibilités d’accession du Niger au rang de pays de concentration de l’aide scandinave, surtout la Suède » D’autre part, s’agissant de contact entre le PPNRDA et les partis scandinaves, il m’a été attribue l’expression qu’ « on nous prends pas au sérieux »
Ces deux idées, que j’ai hâte de confirmer une fois dégagées de leur contexte, c’est-à-dire des longues explications que j’ai fournies à la suite de ce voyage présentement un tableau inexact ou incomplet de mes convictions intimes sur cette affaire.
S’agissant en premier lieu de mon scepticisme de voir le Niger accéder à la liste des pays aides par les pays scandinaves je rappelle que dans les trois pays nous avons pose la question suivante soit directement soit par voie détourné : "Quelles sont les chances du Niger d’accéder à la liste des pays beneficiares de votre aide directe ? " La réponse invariable, exprimée avec plus ou moins de gêne,est la suivante : "Aucune" Les raisons sont connues pour être rappelés : Elles sont historiques, confessionnelles linguistiques et politiques Nous ne remplissons pour le moment aucun de ces critères. Il faut déployer un fortune d’imagination pour vaincre le plus important, c’est-à-dire le critère politique.
J’ai apprécié à sa juste valeur le mouvement qui tend à entrer dans le sanctuaire des sièges des partis progressistes scandinaves. Mais j’ai eu aussi à vous dire que c’est une arme à double tranchant.
D’abord il faut remarquer que les partis sont sortis affaiblis des dernières élections. Ils gouvernent sans aucune majorité. Les partis du Centre et de la Droite connaissent un regain de popularité malgré toute l’action socialisante des gouvernements. Autre remarque : la révolution sociale est presque achevée ; les inégalités ont été réduites et le rôle de toute la politique scandinave se perd dans les problèmes
d’environnement avec un accent particulier sur le planning familial.
Les Scandinaves qui sont persuades qu’ils sont les pionniers modernes dans la recherche du bonheur humain ont une conception très élevé de leur rôle international et de son exemplarité. Cela implique une large vue sur l’ensemble des problèmes et un générosité que limitent seulement les moyens dont ils disposent. Les questions sociales étant règles les problèmes intérieurs perdant de leur importance au bénéfice de ceux du monde extérieur. Cette baisse d’acuité des problèmes intérieurs provoque une relâchement des organisations politiques : les partis en sont les premiers victimes. Sinon comment expliquer l’existence de gouvernements stables sans majorité.
C’est donc au moment où les partis sont en perte de vitesse et affectés par un manque d’intérêt certain que nous frappons à leur porte. Il est facile de comprendre l’accueil réservé à la lettre du secrétariat Administratif du PPN-RDA. Ou bien les partis progressistes scandinaves ne nous accordent pas le label d’acceptabilité pour des raisons multiples (Nos mouvements sont trop jeunes en Afrique. Ils changent au gré des coups d’Etat. Ils expriment une conception de la liberté et de l’indépendance trop en écart de la leur, etc...) ou alors des préoccupations internes de remise en état de leurs échecs les obligent à douter de l’exportabilité de leurs idées et moyens d’action. Finalement il se pourrait qu’ils n’aient pas reçu les lettres et les documents qui leur étaient adressés sauf en Suède. Mais en Suède on est généralement plus dogmatique à cause du long passé historique du parti social-démocrate.
En tout état de cause, je pense que notre approche du problème d’accession du Niger à la liste des pays de concentration par le canal des partis sociaux-démocrates est certainement imprudente. Elle peut réussir avec éclat mais alors il faut faire vite avant que des facteurs nouveaux ne viennent perturber la situation - comme elle peut sombrer à jamais dans les oubliettes nos prétentions d’aide directe. Une enquête plus approfondie aurait du être menée avant l’opération. Ne restons pas sur des récriminations. Il faut donc tirer au plus tôt parti de ce qui est ensemencé. C’est une action d’intérêt permanent qu’il faut imprimer à ces rapports naissants entre le PPM PDA et les partis progressistes scandinaves. Il faut espérer que les moyens adéquats seront mis en place pour faire le siège de ces citadelles.
(illisible = Son ?) scepticisme est une attitude de raison et non de sentiment. (illisible = nécessité ?) des rapports Nigero-canadien n’a rien de commun avec (illisible = l’entreprise) qui nous préoccupe. Comparaison n’est pas raison M. (illisible = BAULIN ?) l’a souligné avec pertinence.
Il répugnait fondamentalement aux pays scandinaves d’aider directement les pays du Tiers Monde. C’est du moins l’idée de départ. Cette aide allait indistinctement aux organisations internationales (ONU, PNUD, BIRD, IDA,etc.....). Progressivement le pourcentage de l’aide bilatérale s’est accrue et avoisine présentement l’aide multilatérale. ce glissement vers le bilatéralisme pourra- t-il servir de vecteur à notre entrée dans la liste des pays de concentration ? La conjoncture est peut être meilleure qu’elle ne l’était il y a deux ans lors de mon passage à Oslo, Copenhague et Stockholm.
si je reste perplexe encore c’est surtout à cause du manque de soutien logique permanent de l’administration centrale. La situation financière dans laquelle est placée l’ambassade de Bruxelles frise l’inconscience.
Les crédits diminuent d’année en année, la première préoccupation de l’ambassadeur est d’ordre comptable. "comment tenir" tel est le leit-motiv. Tout le monde connait le coût de la vie dans les pays scandinaves, on ne peut pas y faire des économies de bout de chandelles.
J’ai expliqué à monsieur Baulin les raisons de ma réserve en ajoutant que j’étais prêt cependant à exploiter la moindre chance qui se présenterait pour la réussite de l’opération pays nordiques auprès desquels je suis accrédité. Mais quelle chance pourrai-je saisir dans les circonstances actuelle ? La foi dit-on soulève des montagnes mais elle n’a pas encore réussi à acheter des billets d’avion, à couvrir honnêtement des frai onéreux de déplacement, à placer les chargés des missions dans des conditions acceptables de travail fructueux.
En conclusion je retiendrai ces deux remarques :
Primo : du point de vue stratégique il nous reste à adopter la politique de harcèlement. Elle reste cependant liée au point suivant.
secundo : du point de vue objectif à atteindre il importe peu à mon sens d’être sur une liste des pays de concentration telle qu’elle est définie devant les différents parlements scandinaves. si l’aide aux pays moins avancé peu servir de support à la mise en place d’un courant parant de la Scandinavie et arrivent au Niger, l’essentiel serait atteint. Peut être nous sommes-nous hâtés d’ouvrir une porte déjà . Seules les conclusions de la conférences de Santiago pourraient dans les prochains mois quelle attitude adopter à l’égard de ce problème.
Jean POISSON
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