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N-23B-095-001 - NOTES - Classeur N - Fonds d'archives Baulin

N-23B-095-001

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















68.1125/jb/dh


le 13 septembre 1968


Monsieur Maî Maî Gana
Ambassade du Niger
154 rue de Longchamp
75 Paris 16°


Mon cher Maî,


Je te prie de trouver, ci-joint :


1° - la photocopie de lettre que j’ ai écrite à la Société canadienne TRACOMIN, pour l’ aide du blé au Niger ;


2° - le texte en français de l’ article destiné aux journalistes allemands avec des extraits de la presse allemande, concernant précisément l’ Association ;


3° - la traduction en allemand de ce texte ;


4° - les photocopies des 12 lettres adressées aux journalistes allemands en les priant de publier des articles sur le renouvellement de la Convention ;


5° - une biographie en allemand et en français du Président Diori ;


6° - des extraits de la presse allemande concernant la visite du Président Diori en Allemagne.


Amitiés,


RÉCÉPISSÉ


double pause

CENTRE D’ INFORMATION DU NIGER


TAITBOUT 59-58
50-40


13, BOUL. HAUSSMANN
PARIS - IX e


LE DIRECTEUR


Paris, le 8 Août 1968


Monsieur Maî Maigana
Présidence de la République
NIAMEY - Niger -


Mon cher Maî,


Je n’ ai aucune nouvelle de toi. Certes, je sais que vous êtes tous très occupés, mais trouve quand même le temps de répondre aux nombreuses questions que je t’ ai posées. Dans sa dernière lettre, Goukoye me dit que tu m’ écriras à propos du projet de société d’ assurances OCAM.


Tu trouveras, ci-joint, photocopie d’ une lettre au Président et d’ un article de Wischnewsky.


Amitiés fraternelles.


M. Hans Jûrgen Wischnewski, secrétaire administratif du parti SPD (social démocrate) et ministre fédéral de la République allemande a publié, sous sa signature, l’ article que voici dans le service de presse du parti SPD, en date du 3 juillet 1968.


Les 32 dernières années qui nous séparent de l’ an 2000 compteront probablement parmi les plus importantes dans l’ histoire de l’ humanité. Dans ces 32 années le nombre d’ hommes sur terre doublera... L’ écrasante majorité de ces hommes vivra en Afrique, Asie et en Amérique Latine. Le rapport entre blancs et hommes de couleur sera de 1 à 5 ... Déjà aujourd’hui, dans les conditions actuelles, l’ humanité n’ est plus en mesure de donner suffisamment de nourriture à tous. Chaque année 25 millions d’ hommes meurent de faim. Un monde qui s’ apprête à explorer l’ espace n’ est pas capable de résoudre le problème le plus simple, mais le plus important sur terre : celui de donner assez à manger à chaque être humain.


Le problème de la faim est encore localement restreint, mais vers le milieu des années 1970 au plus tard la pression démographique fera éclater tous les barrages, tel une avalanche. Les catastrophes qui nous approchent inexorablement se dessinent déjà à l’ horizon. Chaque jour, nous assistons au spectacle de l’ impuissance qui malgré son potentiel technique et militaire unique n’ est pas en mesure de résoudre ses problèmes en Asie. Combien sera-t-on impuissant vis-à-vis d’ une multitude de foyers d’ incendie qui éclateront simultanément sur plusieurs points de la terre ? Combien faible sera alors la protection dont disposent les quelques riches, quand des armées de millions de pauvres se mettront en marche.


Nous devrions avoir appris que les armes ne peuvent résoudre ce problème qui est le plus grand entre tous. Un tank coûte autant que 100 tracteurs, mais un tracteur est plus important pour la paix que 100 tanks.


32 ans avant le prochain millénaire nous avons encore une toute petite chance de nous défendre contre la catastrophe qui nous menace. Le premier pas qui s’ impose est de cesser - à l’ est comme à l’ ouest - d’ utiliser le tiers monde comme champ de batailles idéologiques. Chaque projet réalisé pour de telles raisons a été une chance gâchée. Le gouvernement fédéral en a tiré la leçon et il a offert à l’ est de coopérer au développement du tiers monde.


Deuxièmement il faudrait limiter radicalement les dépenses d’ armement dans le monde entier. Les forces ainsi libérées devraient être concentrées sur le développement pacifique en Afrique, Asie et Amérique Latine. Cela n’ est pas uniquement la tâche de l’ occident, il faudra que les deux camps s’ y attaquent, à tour de rôle. Si l’ Ouest et l’ Est ne se mettent pas d’ accord sur un tel arrangement volontaire, les événements nous y forceront demain. Le problème est simplement de savoir si ce ne sera pas alors trop tard.


De l’ autre côté chaque pays en voie de développement doit comprendre qu’ il porte une grande responsabilité vis-à-vis de toute l’ humanité. S’ il hésite à mettre en marche son développement social et économique, il devient un danger pour les autres. Des dépenses de développement élevées ne conviennent pas non plus aux pays en voie de développement. Cependant il faut ici faire appel au sens de responsabilité des grandes puissances militaires, pour qu’ elles cessent enfin de vendre leurs vieilles armes aux pays en voie de développement contre des devises. Ce commerce est du capitalisme dans sa forme la plus abjecte. La République Fédérale devrait se passer de telles affaires.


Celui qui se prononce pour un désarmement mondial se met souvent dans la ligne de tir des groupes de pression des firmes d’ armement. Si on l’ appelle seulement un pacifiste, il a encore de la chance. Mais celui qui ose affirmer que des tracteurs sont plus importants pour la paix que des tanks risque d’ être taxé d’ utopiste et de rêveur.


Mais celui qui utilise de tels arguments ’’ réalistes’’ , comme il croît, est aussi en contradiction avec une institution qu’ on ne peut pas accuser de ne pas avoir été réaliste depuis bientôt 2000 ans. Le chef de l’ église catholique, le pape Paul VI., n’ a pas été moins clair dans sa grande encyclique Populorum Progression dans laquelle il s’ est attaqué à ses problèmes. Et aussi l’ église protestante a, lors de sa conférence à Hanovre, souligné l’ importance de l’ aide au développement dans la politique de paix.


Mais il y a un domaine dans lequel le monde s’ attend à ce que l’ Eglise prononce enfin une parole libératrice : dans celui du contrôle des naissances. Aussi longtemps qu’ on ne peut pas ici prendre des mesures sérieuses, le progrès économique et social doit perdre la course contre l’ explosion démographique.


L’ argument selon lequel la course aux armements est la base de l’ expansion, est faux. Il n’ est pas prouvé que l’ industrie ne peut pas construire de tracteurs au lieu de tanks, ou de chasseurs à réaction... Personne ne perdrait son travail, au contraire. Des possibilités gigantesques s’ ouvriraient à notre industrie. Les grands marchés de l’ avenir se trouvent en Afrique, Asie et Amérique Latine. Si nous voulons garder notre rang comme grande nation industrialisée, nous devons investir dans ces marchés. Ceci suppose bien entendu, que ces régions connaissent un développement social et économique aussi peu troublé que possible. La politique de développement n’ est donc pas seulement une politique de paix et de sécurité - c’ est aussi à l’ intérieur qu’ elle montre son caractère de politique sociale, économique et d’ emploi.


Les résultats provisoires de l’ aide au développement telle qu’ elle a été pratiquée jusqu’ici ont parfois l’ air un peu mince c’ est parce que nous avons fait bien trop peu, que ce soit à l’ est ou à l’ ouest. Une goutte ne peut pas refroidir une pierre chaude, pour y arriver, il faut un seau plein. Si on veut faire plus d’ un côté, il faut prendre quelque chose de l’ autre. Notre politique sociale, l’ encouragement de la recherche scientifique si importante pour notre avenir et notre système d’ éducation, l’ urbanisation et les transports, la santé ne doivent dans aucun cas être négligés. Pour favoriser ces tâches et l’ aide au développement, il faut restreindre l’ armement. Ceci ne vaut pas seulement pour la République Fédérale, mais aussi pour les Etats-Unis et pour l’ Union Soviétique. Sans de telles restrictions considérables la société d’ aujourd’hui ne peut résoudre les problèmes d’ aujourd’hui et de demain.


Nous devrions vite commencer à nous familiariser avec cette idée et chercher le dialogue avec l’ est sur ce problème. Des indices nous montrent que nous ne resteront pas sans réponses. Le temps presse. Des décisions que nous pouvons prendre librement aujourd’hui, nous seront vraisemblablement imposées demain. Nous devons agir avant que les digues sautent.

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