Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
5 janvier 1973
Trois Canadiens se trouvaient à bord de la flotte fluviale au départ de Warri, à savoir :
M. François Cordeau, ingénieur de génie maritime et conseiller du Président de la République du Niger,
M. Pierre Gouin, représentant de l’ Agence Canadienne de Développement International et responsable de ce projet du côté canadien,
M. Boisseau, expert-conseil et architecte naval, exécuteur des plans et devis du pousseur et des barges.
Le 18 décembre 1972, ces trois personnes ont rédigé, signé et envoyé de Lokoja à Ottawa un rapport commun, dont voici quelques extraits :
" Il a été démontré, de façon générale, que les manoeuvres pouvaient être effectuées relativement sans ennuis quand les niveaux d’ eaux sont normaux et en particulier quand les chenaux sont bien balisés ."
" Contrairement aux informations de source officielle et aux espoirs nourris par les soussignés, la délimitation d’ un chenal, par des bouées, dans le cours du fleuve Niger, étaient pratiquement inexistantes ; de plus, là ou elles se trouvaient, les bouées marquaient souvent des chenaux erronés. "
" Par suite de l’ insuffisance des niveaux d’ eaux et de l’ absence de balisage, les échouages devenaient inévitables et occasionnaient des pertes de temps importantes. Tous ces échouages, quasi quotidiens, quoiqu’ évitables, sur des bancs de sable, ont nécessité autant d’ opération de sauvetage entreprises par le pousseur, sans compter les opérations d’allègement des barges afin de les remettre à flot. La quasi totalité des pertes de temps subies à ce jour sont dues à ces échouages. "
" L’ insuffisance de moyens de communication et l’ absence de possibilités de joindre par radio un service public de télécommunication se sont avérés totalement inacceptables pour ce genre d’ opération."
D’ autre part, selon M. Gouin, qui a quitté la flotte fluviale après les Rapides de Bajibo pour venir informer le Président de la République du Niger, les services ad hoc du Nigéria ne disposaient pas d’ un matériel suffisant pour assurer un balisage général d’ un chenal dans le cours du fleuve.
Toujours d’ après M. Gouin qui a remonté le fleuve jusqu’ à Aworu par canot automobile, en dépit d’ un bief rocheux à courants rapides et à tourbillons, il n’ a vu que trois bouées sur une distance de 15 miles.
Par contre, M. Gouin certifie que le Niger Dams Authority a coopéré pleinement avec les responsables de la flotte : d’ abord en augmentant le débit des eaux au barrage pour élever le niveau du fleuve en
cette année particulièrement mauvaise, et en maintenant ensuite, à partir de Mobiri, sur le fleuve Nun, un contact radio constant.
Sur la base de ces faits, il semble que l’ Agence Canadienne de Développement International hésitera à fournir au Niger le reliquat de la flotte fluviale - soit deux autres pousseurs et six autres barges - jusqu’ à balisage total du fleuve afin de rendre la navigation routinière.
Nous avons cru comprendre par ailleurs que le Canada serait prêt à nous aider non seulement à baliser le fleuve, mais aussi à fournir, si nécessaire, un équipement de dragage.
Il est indubitable qu’ une action de grande envergure pour ouvrir définitivement le fleuve à la navigation commerciale, c’ est-à-dire routinière, est dans l’ intérêt du Niger comme du Nigéria.
En fonction de ces données, il serait bon de constituer une commission paritaire restreinte - composée par exemple de deux représentants de très haut rang du Nigeria et de deux autres, de même rang, du Niger - pour mener rapidement, et d’ un commun accord, ce projet à bonne fin. M. François Cordeau pourrait être chargé de l’ exécution des décisions de cette commission, en coopération avec les administrations ad hoc des deux pays.
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