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N-21-006-001 - NOTES - Classeur N - Fonds d'archives Baulin

N-21-006-001

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















RAPPORT DE MISSION A BORD DE LA PILOTE FLUVIALE
du 30 décembre 1972 au 4 janvier 1973


Cordeau vient de faire la preuve que le fleuve est navigable, même avec un niveaux d’eau inférieurs à la normale. Il n’en reste pas moins que ce qu’il vient de réaliser ressemble plus à une expédition qu’une navigation commerciale. Il a eu en effet beaucoup d’ennuis dus en particulier à un manque de coopération de la part de l’administration ad hoc, la Inland Waterways Division (1). Celle-ci était sensé baliser tout le chenal navigable. Comme elle a failli a se tâche, barges et pousseur ont échoué plus qu’une fois nécessitant l’ ingéniosité de Cordeau pour limiter des dégâts et pertes de temps. A cause de cette inertie des autorités en charge du fleuve, le matériel a été par ailleurs mis à rude épreuve.


En d’ autres termes, la lettre du Général GOWON du 12 octobre informant le Président DIORI HAMANI que toutes les mesures avaient été prises pour le succès de cette opération ne correspondait hélas pas à la réalité.


(1) Les dirigeants du Niger Dams Authority considèrent cette administration comme ’’ totalement inopérante’’. C’est aussi ce que pense M. MOHAMED, le directeur de Centre Waterways Transportation Compagny Limited.


UNE NAVIGATION COMMERCIALE EST POSSIBLE


L’ expérience prouve toutefois qu’une navigation de type commercial, c’est-à-dire routinier est réalisable : le Niger peut devenir un Rhin en miniature avec des moyens relativement réduits à la double condition expresse de trouver au NIGERIA bonne volonté et esprit de coopération.


A mon avis, nous pourrons les obtenir en faisant prendre conscience à nos amis nigériens que le fleuve leur sera beaucoup plus profitable qu’à nous puisque leurs besoins sont plus grands et que le fleuve est navigable jusqu’à JEBBA douze mois par an. Il convient toutefois de relever ici que la matérialisation de ce projet heurtera les intérêts des transporteurs routiers qui paraissent, selon certains cadre administratifs nigérians, très puissants.


Je propose que Cordeau rédige un court rapport, en anglais , sur le succès de l’opération, sur son expérience et ses déboires. Une fois cela fait, et porteur d’une lettre du Président au Général GOWON, MAITOURARE, président de la Société de navigation et lui doivent aller à LAGOS et établir un contact au plus haut niveau, si possible à celui du Général GOWON pour lui présenter ce rapport et :

1. Mettre en relief l’intérêt de l’opération pour les deux pays sur les plans politique, économique et commercial.
2.Insister sur la nécessité absolue et la possibilité de rendre la navigation routinière.
3.Indiquer ce qu’il convient de faire pour atteindre ce but :
a) dragage de certaines parties du fleuves,

b) balisage de l’ensemble du cours d’eau,
c) établissement d’un système de communication radiophonique efficace.


4. Relever que M. GOUIN, représentant de l’ ACDI, se trouve à bord du convoi et qu’il demandera au CANADA de surseoir à la livraison du reste de la flotte au NIGER tant que les conditions préalables du paragraphe ’’c’’ n’auront pas été remplies. Il va de soi que, selon toutes probabilités, des masures restrictives analogues seront préconisées par lui en ce qui concerne la requête de LAGOS pour l’obtention d’une flotte fluviale de l’ACDI.


5. Informer que, à notre avis, le CANADA serait prêt à prendre à se charge tous les frais inhérents à la matérialisation des conditions du paragraphe ’’c’’, y compris la fourniture d’un dragueur pour combattre les bancs de sable mouvants et maintenir un chenal ouvert.


6. Proposer la création d’un composé restreint paritaire de haut rang, composé de quatre membres - Les deux Nigérians devant être des gens coopératifs tels que le Commissaire au Transport - avec CORDEAU comme secrétaire général chargé de la matérialisation, au jour le jour,des diverses opérations avec les services administratifs intéressés des deux pays.


L’ATTITUDE DE FRANCOIS CORDEAU


Il est d’autant plus important et urgent de réaliser ce programme qu’il existe un ’’ paramètre Cordeau’’.


a juste titre, du moins à mon avis, Cordeau ne veut être ni un capitaine d’eau douce, ni un directeur de société de navigation fluviale. Il pense, à juste titre, qu’il vaut mieux que cela.


Il en découle que si nous n’arrivons pas à mettre sur pied une navigation de type commercial, routinier, Cordeau ne s’occupant plus de la direction effective de la flotte, la présente expérience ne pourra porter des fruits : nous risquons d’avoir des échouages en série, des avaries multiples et des pertes de temps, le tout constituant un obstacle majeur à la rentabilisation de la navigation fluviale.


J’ai discuté de tout cela avec Cordeau des heures durant à JEBBA. Déjà Cordeau ne veut pas redescendre le fleuve avec la flotte pour la ramener à WARRI. Ses arguments, les voici schématiquement :


1. Le capitaine est bon ; il connaît son affaire, il est prudent.
2. Le chef mécanicien ; il connaît son affaire, il est consciencieuxt.
3. Le quartier maître se montre à la hauteur de se tâche.
4. L’équipage forme un ’’team’’, une équipe soudé. ’’Tant que je resterai avec eux, dit Cordeau, je ferai la mère poule, et ils ne prendront pas la totalité, l’intégralité de leurs responsabilités’’.


Mon opinion, je l’ai longuement développée au cours de nos discussions. Avant de les exposer ici, je voudrais dire à quel point Cordeau a une attitude saine vis-à-vis de l’équipage dans son ensemble. Contrairement aux français qui auraient passé leur temps à maugréer, à traiter tout le monde de cons,


d’imbéciles, de bons à rien incapables de jamais faire quelque chose correctement, illeur laisse la bride sur le cou, pour qu’ils assument leurs responsabilités. A JEBBA, par exemple, il bavardait avec moi, laissant l’équipage manoeuvrer seul pour amener et ramener les barges. Même durant la navigation d’approche, entre JEBBA et BADJIBO, il s’est refusé à rester sur le même pont que le capitaine, se contentant de surveiller la navigation du pont inférieur, prêt à intervenir bien entendu. Ceci précisé, j’ai indiqué à Cordeau mon désaccord avec lui en avançant les arguments suivants :


1. Le capitaine du pousseur est bon, puisque Cordeau le dit. Mais le même Cordeau m’a dit aussi que vu le bas niveau d’instruction du capitaine, il n’était pas à même de faire preuve d’initiative en cas de pépin majeur. On peut en conclure, semble-t-il, que jusqu’au stade de la navigation routinière, la présence d’un homme du niveau de Cordeau sera nécessaire.
2. La bonne entente existe - j’en témoigne - au sein de l’équipage et du haut en bas de l’échelle. Mais cela ne peut-il être la conséquence de la présence à bord d’un ’’grand patron’’, Cordeau en l’ occurence ? Qui peut garantir que Cordeau parti, la discipline sera maintenue, que nous n’aurons pas plusieurs féodaux au petit pied ?
3. Cette flotte est le ’’bébé’’ de Cordeau, il lui a donné la vie. Mais cela ne suffit pas. Il faut le faire vivre, grandir, se développer.
4. Cordeau peut-il prendre la responsabilité de confier un matériel de 1. 500.000 dollars à un équipage qui a prouvé certes son efficacité, mais au cours d’une seule traversée ?

5. l’ enjeu est essentiellement politique et Cordeau le sait : les Français et même des canadiens souhaitent son échec. Certains, à l’ACDI, n’ont-ils pas dit que la remontée expérimentale du fleuve ne pourrait suffire à faire la preuve de sa navigabilité ? Cordeau se rend-il compte de l’importance de cet enjeu, pour lui-même, comme pour le NIGER et le CANADA ? peut-il accepter un tel risque d’un coeur léger ?


A tout cela, cordeau a répondu, à bon escient, qu’il faudrait bien faire, un jour, la preuve qu’en son absence, l’équipage resterait soudé et se montrerait à la hauteur de se tâche, même sans la présence du ’’grand patron’’. En tout cas, la question tracasse Cordeau puisqu’il m’a dit que :


1. Tout équipage montre son âme aux escales ; le séjour d’une semaine à GAYA constituera donc pour Cordeau la pierre de touche de sa valeur réelle.
2. En fonction de cette expérience,le Cordeau décidera de l’attitude à adopter, à savoir :
- laisser le convoi sous la direction du capitaine de GAYA à KAINJI ;
- embarquer à KAINDJI pour la descente des rapides de BADJIBO ;
- quitter le convoi à JEBBA, etc.


Niamey, le 4 janvier 1973


JB/LB

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