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PARIS-XI ^e

LE DIRECTEUR
jb/88

le 5 décembre 1970

Le télex envoyé par Ottawa et que Mal’ m’ a dicté au téléphone le samedi 21 novembre, moins de 24 heures avant notre départ pour le Canada, télex rejetant la candidature de Nigeroute, était destiné à nous mettre devant le fait accompli. Par ailleurs, à notre première réunion à Ottawa avec les responsables de l’ ACDI, nous nous sommes aperçus que l’ on avait pris la précaution d’ ajouter certains paragraphes d’ ordre technique destinés sans l’ ombre d’ un doute, à éliminer plus sûrement encore Nigeroute.

Pour notre part, lors de nos discussions préliminaires, nous avons fait semblant de ne pas considérer le telex du ministre des Affaires Extérieures comme définitif et n’ avons pas réagi non plus à toutes les conditions techniques supplémentaires. En conséquence, nous nous sommes battus avec acharnement pour Nigeroute. Alors que je savais par une communication téléphonique de Melançon du 15 novembre, et par nos discussions avec Lamarre et tout le groupe le jour de notre arrivée à Montréal, qu’ il n’ y avait absolument plus aucun espoir de voir admise la candidature de Nigeroute.

Lors de notre entrevue avec M. Gérin-Lajoie, nous avons continué à défendre Nigeroute en lui expliquant que nous y tenions parce que nous voulions qu’une firme canadienne vienne s’ installer au Niger à l’ occasion de la construction de la Route. Il nous a dit alors :

"Pourquoi Nigeroute ? Vous pouvez tout aussi bien choisir une société canadienne à 100% et vous entendre directement avec elle".

Nous nous attendions à cette offre, et nous nous étions mis d’ accord la veille avec Lamarre-Valois, que "La Nigérienne" obtiendrait le minimum prévu précédemment de 670.000 $, même si Lamarre recevait un contrat direct. Cela ne nous a pas empêchés de continuer à hésiter devant M. Gérin-

Lajoie en avançant un autre argument : le facteur temps ; nous craignions des délais supplémentaires alors que le Président de la République voulait que la construction commence en février et que nous avions en toutes les peines du monde à le convaincre de reporter cette échéance à avril. M. Guérin-Lajoie nous ayant assurés qu’au 1er janvier tout pourrait être décidé, nous avons finalement accepté de voir Nigeroute éliminée, en lui disant bien clairement qu’en contrepartie nous considérions acquis pour nous, le choix de la firme.

En fait, pour préserver les formes et sauver la face du ministre, nous avons accepté, lors de nos discussions avec les experts de l’ ACDI, de prolonger les délais, en acceptant le schéma suivant :

1. L’ ACDI choisira parmi les 14 firmes candidates, les 5 ou 6 plus valables et soumettra cette liste à l ’ approbation du ministre. Cette approbation devra être donnée au plus tard le 12 décembre.

2. Jusqu’au 19 décembre, l’ ACDI devra avoir préparé un résumé de l’ étude de Lew qu’ elle soumettra aux firmes choisies.

3. A la même époque nous adressons une lettre à chacune des firmes choisies par l’ ACDI, leur demandant à toutes de nous faire des "propositions".

4. Ces firmes voudront peut-être envoyer des experts sur place au Niger, pour se rendre compte, de visu, de la situation. Ce qui nous amènera vers la mi-janvier.

5. Ces mêmes firmes nous transmettront leurs propositions au plus tard le 1er février.

6. Nous ferons le choix de la firme, le 15 février au plus tard.

Je pense que si ce calendrier est respecté - et je compte harceler l’ ACDI par téléphone pour qu’il le soit - ce sera très bien. L’ entraînement des jeunes commencera tout de suite et on peut envisager le début des travaux "les forages de puits" vers avril-mai.

La convention de financement a été paraphée par Mal’ et sera signée le 18 décembre par la délégation canadienne conduite très probablement par notre ami André Ouellet.