Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
Niger - France
La coopération est une constante de la politique française. Il n’ empêche que le budget de la coopération, distinct, cette année encore, du budget des Affaires étrangères, est caractérisé par deux abattements importants. la dotation du F.A.C est réduite de plus de 9 millions, en ce qui concerne les bourses, l’ action culturelle personnel technique, c’est-à-dire que quatre à cinq cents agents français verront leur poste supprimé. Diminution également des dépenses en capital : la dotation du F.A.C passe de 314.600.000 francs à 283.000.000. Que serait-ce si, comme on nous le dit, Pompidou n’ avait arbitré en faveur de Bourges contre Chaban-Delmas et Giscard d’ Estaing ? Plusieurs parlementaires, qui ne passent pas pour des anti carriéristes notoires, ont l’ intention de manifester leur surprise. Broglie, l’ an dernier, avait tiré le signal d’ alarme, disant avec raison qu’au-delà d’ un certain seuil les opérations envisagées deviennent inutiles et sont assurées de leur insuccès. Dans son rapport, l’ U.D.R. Voisin souligne que le total des crédits de la Rue Monsieur de situe "au dessous du montant des crédits que l’ on pouvait considérer comme rythme de croisière, soit, en gros, 350.000.000 frs". Ainsi, le F.A.C risque désormais de limiter son action à des opérations uniquement agricoles. Cet effacement fait la part belle au F.E.D qui récolte le bénéfice moral d’ interventions multilatérales auxquelles la France participe pour sa quote-part. Crédits de paiement : 282.650.000 f contre 340.100.000 pour l’ exercice 69. Voisin conclut en regrettant que la France soit obligée de limiter son aide. Momentanément, note-t-il. En fait, les crédits de la coopération s’ amenuisent chaque année. C’ est évidement une politique. Alors, il faut savoir ce que l’ on veut. Alors, il ne faut pas reprocher à nos partenaires africains de chercher ailleurs ce que nous refusons de leur donner. Alors, il faut leur être reconnaissants de ne pas s’ adresser, par pudeur, à certains pays européens, mais, par exemple, au Canada, au nom de la francophonie, cette francophonie qui aurait pu être une grande chose pour peu que l’ on eut voulu s’ en donner la peine. En vérité, Paris n’ a plus de politique africaine, plus de politique de coopération. C’ est très dommage. Il ne s’ agit pas de préserver une chasse gardée, mais, à tout le moins, de conserver notre rang plutôt que de nous effacer, par complexe, devant Allemands et Italiens qui, sans supporter nos charges, s’ implantent en Afrique et y prospèrent. Inviter nos partenaires européens à contribuer au développement de nos anciennes possessions se conçoit. La France ne peut tout faire seule. Cela, c’ est une politique. dans l’ Europe à faire, la France apportait son Afrique. Et les Africains en étaient d’ accord. Aujourd’hui, nous supportons tous les inconvénients sans recueillir le moindre avantage. C’ est finalement contre la France que se fera la francophonie tant nous aurons lassé, par notre inconséquence, nos meilleurs amis. Certes, on pourrait répliquer à cela que le secteur public français se devrait de prendre sa part de responsabilités. C’ est vrai. Encore faudrait il que celle-ci s’ inscrivit dans un plan d’ ensemble. Or, depuis le départ de Triboulet les choses sont en l’ état, c’ est une politique à la petite semaine qui se pratique, une politique alarmante que certains députés, tels de Broglie, Plantier et Stirn se proposent de dénoncer. Paris avait une carte magnifique à jouer au Congo-Kinshasa. La visite de Mobutu avait ouvert d’ assez larges perspectives. Bruxelles a vigoureusement réagi. Et comme nous n’ avons rien à proposer, pas plus au Congo qu’au Canada, la place est prise par d’ autres qui découvrent qu’après tout l’ Afrique vaut la peine que l’ on s’ intéresse à elle. Surtout au moment où Russes et Chinois tendent à s’ y conduire comme en pays conquis. Conséquence : c’ est le président de l’ Assemblée du Niger qui déclare : "La France est un pays que nous aimons, que nous chérissons, mais il y a des moments ou ce qui est bon pour la France ne l’ est pas pour nous, et notre devoir, dans la mesure où nous ne pouvons coopérer avec ce pays ami est de coopérer avec d’ autres ; il ne faut pas que l’ on nous empêche d’ aller vers d’ autres amis". En clair, non seulement nous n’ avons pas de politique de coopération, mais nombre de nos coopérants sont contestataires. La moitié de nos jeunes gens coopérants en Afrique sont déçus. Parce qu’ils ont débarqué dans ces pays sans la moindre préparation, sans la moindre formation, sans aucune connaissance du pays dans lequel ils servent. Leurs collègues américains du Peace Corps arrivent en pratiquant au moins une langue vernaculaire. Et avec des objectifs bien précis. Cela, certains parlementaires n’ ont pas pu s’ en rendre compte au cours de leurs "missions" en Afrique. Souhaitons qu’ils aient le courage de l’ exprimer, le moment venu, du haut de la tribune. Il y va davantage de notre prestige : de notre présence et de nos intérêts en même temps que ceux de nos amis Africains.
Diori Hamani se voit reprocher son séjour au Canada. Alfred Raoul sera sans doute l’ objet d’ attentions particulières. Ne revient-il pas "émerveillé" de Pékin ?
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