Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
TAIBOUT 59-58
50-40
LE DIRECTEUR
Maï
13, BOUL . HAUSSMANN
PARIS - IX e
le 29 octobre 1969
Un très gros travail a été entrepris durant les mois écoulés pour jeter les bases de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique, et son secrétaire général cherche à lui donner des structures institutionnelles solides.
Dans ce cadre, il conviendrait de prendre un certain nombre d’initiatives tendant à transformer au plus vite la simple idée de "Francophonie", en idée-force. Ce but ne pourra être atteint que si le concept de Francophonie, c’est-à-dire de solidarité linguistique et culturelle à l’échelle mondiale, devient une réalité palpable pour la masse des peuples partiellement francophones, et ceux d’Afrique en particulier.
Pour renforcer donc les assises de la Francophonie dans l’immédiat et assurer son épanouissement futur, il faudrait dès maintenant y intéresser les jeunes, spécialement ceux des pays où la langue et la culture française peuvent un jour se trouver menacées. Il ne faudrait pas sous-estimer un tel danger qui se présentera, à mon
avis inéluctablement, quand les jeunes nations en formation d’Afrique feront leurs crise nationalistes, à l’instar de ce qui est arrivé un peu partout, dans les Balkans et en Europe Centrale au XIXe siècle, dans le monde arabe au début du XXe siècle, en récemment en Guinée, en Tanzanie, en Inde, etc.
Dans l’intérêt des États africains où le français est à la fois la langue officielle et le ciment de l’unité nationale, et aussi dans celui de l’expansion de la langue française, il serait bon, dans un premier stade, d’essayer à tout prix de mobiliser les jeunes - de 13 à 17 ans - et en faire des partisans actifs du français, de les rendre conscients de leur appartenance à un ensemble mondial francophone.
Je pense que le meilleur moyen pour atteindre ce but est de créer, dès cette année scolaire si possible, des "Prix de la Francophonie", aussi bien de niveau du certificat d’études que du brevet.
Une espèce de "concours" de composition française ou de dissertation pour le primaire et le second cycle soulèverait, à mon avis, beaucoup d’enthousiasme dans tous les collèges, lycées et écoles. Les Lauréats des deux niveaux d’enseignement, se verraient offrir des bicyclettes ou des mini- cassettes avec des enregistrements de chansons françaises.
Si l’on organise ce concours de façon à avoir un lauréat par sous-préfecture, on imagine aisément le battage publicitaire que provoqueraient les quelques 500 bicyclettes ou mini-cassettes dans les
petites villes et les villages d’Afrique. L’idée de "Francophonie" serait ipso-facto matérialisée pour les centaines de milliers d’Africains qui viendraient écouter les chansons françaises des mini-cassettes, ou verraient rouler les bicyclettes "francophones". Sans compter l’émulation créée entre les élèves - et aussi les maîtres d’écoles - durant la phase préparatoire à l’examen et aussi le tam-tam organisé lors de la distribution de ces récompenses enviables.
Un modeste budget de 50.000 francs devrait suffir à couvrir les dépenses découlant de ce projet.
Cet investissement de très haute rentabilité est, inutile de le préciser, strictement conforme à la vocation de l’Agence.
On pourrait envisager d’étendre ce genre d’activités aux candidats bacheliers, aux licenciés et aux docteurs de l’Université.
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