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A-043-002-001 - NOTES - Classeur A - Fonds d'archives Baulin

A-043-002-001

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.


Envoyé le 9/1/67


Double


les photos

Plan de lutte contre la détérioration des termes de l’échange .


Monsieur le président ,


Votre réponse aux voeux du corps diplomatique était axée sur ce problème particulier propre aux pays sous-développés, et comportait même une mise en garde : "Nous pouvons encore, pour quelque temps", avez-vous dit, "poser et peut-être résoudre ces questions dans une atmosphère de relative sérénité ..."


Cela me confirme que l’offensive lancée par le Président Diori n’est que l’une des manifestations d’un plan préétabli à votre échelon . Notre Centre peut apporter, par ces documents et ses amitiés dans le domaine de la presse et ailleurs, une contribution importante dans cette lutte .


Mais il s’agit de savoir si nous devons nous battre en tant qu’ organisme Ivoirien, ou en tant que partie d’un organisme OCAM à créer.


1 - Si nous nous battons sous notre seul drapeau, notre Centre - seul organisme du genre, et de plus, bien introduit en Europe et aux États-Unis-
risque d’être trop en vedette, et de donner l’impression que la Côte d’Ivoire lève l’étendard de la révolte économique, qu’elle est le leader de la lutte contre la rapacité européenne, etc


Je ne cache pas toutefois pas que par tempérament, je préfèrerais que la Côte d’Ivoire soit l’avant-garde de ce mouvement de justice. D’autant que cela rehausserait le prestige de la Côte d’Ivoire dans certains milieux africains où l’on se plait à critiquer son "pro-occidentalisme".


Mais quelles seraient les conséquences de cette position en flèche sur le milieux européen ? Sur notre économie ? Ne peut-on craindre une contre-offenssive des milieux d’affaires ?


Vous seul pouvez jauger le pour et le contre .


2 - Si vous décidez que nous devons pas nous battre sous le drapeau Ivoirien, mais sous celui de lOCAM, alors il faut penser à la création, fut-elle temporaire, d’un centre de l’OCAM qui serait chargé de coordonner l’action. Nous pourrions alors aider cette organisme par des chiffres, des faits et des documents mis au point par nos services, et le mettre de plus, en contact avec nos amis de la presse.


3 - Si cette seconde solution s’avérait difficile à réaliser, il y aurait une troisième alternative : par une lettre officielle, le Président de l’OCAM. ce serait certes une solution batarde, mais qui aurait l’avantage de l’efficacité et de l’économie, sans mettre par ailleurs la Côte d’Ivoire en vedette.


Un centre coordinateur étant indispensable à cette action, il faudra choisir entre l’une de ces trois solutions.

les arguments d’une campagne éventuelle


Nous disposons d’arguments solides susceptibles de provoquer des remous comme vient d’en soulever l’article de Decraene. En voici quelques-un.


1 - Nos pertes sur nos exportations


D’aprés nos calculs, la seule baisse sur nos propres produits à l’exportation nous fait "perdre" de 1960 à 1965, c’est-à-dire en cinq ans :


- 42.500.000.000 CFA, avec la France.


- 28.000.000.000 CFA, avec les autres pays du Marché Commun.


- 30.000.000.000 CFA, avec les autres pays du monde.


Contre ce total de 100 milliards de CFA de pertes en cinq ans, nous avons reçu du FED et du FAC, durant le même laps de temps, moins de 15 milliards de CFA.


2 - Commerce et aide.


La mode, surtout en Allemagne, est au slogan : "Trade is better than aid" ( Il vaut mieux commercer qu’aider).


La Côte d’Ivoire est à 100 % pour, lais à la condition que les dés ne soient pas pipés. Or les chiffres ci-dessous montrent qu’ils le sont.


3 - On protège le forts


Il n’y a pas un seul pays industrialisé qui ne protège son agriculture.



- le prix du sucre français est quatre fois supérieur à celui du " prix mondial" ;


- le prix du blé français est deux fois supérieur à celui du "prix mondial" ;


- le prix du riz américain est supérieur à celui du "prix mondial" ;


- pour pouvoir être à parité avec le "prix mondial", l’huile d’olive Italienne reçoit une subvention de 91 francs CFA par LITRE.


Ainsi les pays industrialisés c’est à dire forts, protège leur agriculture qui est moderne hautement rentable.


Pourquoi donc demander aux seuls pays sous-développés, c’est à dire faibles, d’avoir des prix compétitifs avec le fameux "prix mondial" qui est par ailleurs une fiction puisqu’elle ne correspond qu’au prix de "surplus".


4 - - Le mythe du "prix mondial"


Monsieur Philippe Lamour, président de la " Compagnie Nationale d’Aménagement du Bas-Rhône et du Languedoc" expliquait dans " Le Monde" du 6 janvier 1967 le contenu intrinsèquement malhonnête de ce " prix mondial ", puisqu’il n’est dans le cas du blé par exemple que le prix de revient de la partie en SURPLUS et représente, de ce fait un surbénéfice. Voici ce qu’il écrivait .


"A court terme il faut revenir à l’idée du fond mondial alimentaire, par l’organisation de la production systématique d’excédents dans les pays développés. Cette organisation doit bénéficier, non seulement aux peuples sous-alimentés auxquels elle destinée mais aussi à l’économie agricole des pays producteurs. Dans la mesure où elle couvre une partie des frais généraux de l’exploitation, l’acquisition, au coût de revient, de la partie de ces récoltes destinée à être vendue au prix normal sur le marché ordinaire des échanges".


5 - Économie libérale et profits


Le 4 janvier 1967, le département américain de l’agriculture annonçait qu’en 1966, l’indice de la production alimentaire par habitant, à l’échelle globale, etait stationnaire par rapport à 1957-1969 ; en fait, que la production par habitant avait diminué dans les pays sous-développés, et augmenté de 10% dans les pays industrialisés ...


Le contraire eut été étonnant. En effet, les pays industrialisés, en protégeant leurs produits agricoles, c’est -à-dire en garantissant un profit honnête à leurs paysans,les poussant à produire davantage. Les États-Unis, pour tempérer le zèle de leurs agriculteurs, en sont même réduits à les dédommager de leurs terres laissées volontairement en friche.


En Allemagne,les revenus des taxes imposées sur les produits tropicaux servant à la subvention des produits de l’agriculture allemande.


Mais on ne fait absolument rien pour encourager les agriculteurs africains à produire davantage en leur assurant un profit raisonnable. En d’autres termes, les champions de l’économie libérale, c’est-à-dire basé sur le profit, refusent d’appliquer dans les faits, leur propre doctrine, aux pays sous-développés.


6 - La banque de France


Dans son rapport sur l’économie mondial en 1965, la Banque de France reconnait que les conditions du commerce mondial constituent la principal obstacle au développement des pays africains.

Les méthodes de diffusion à employer.


1 - Comme je vous l’avait indiqué dans ma lettre du 29 décembre, nous nous avons donné des faits et des chiffres à un journaliste : Decraene, qui a publié un encadré sensationnel dans "Le Monde" du 1er janvier. Vleyra est venu me voir le 3 janvier pour me reprocher de ne pas lui avoir fourni, à lui, ces chiffres et faits, et me demander de le faire.


Il nous est relativement facile d’utiliser cette méthode de diffusion à l’échelle mondiale, puisque nous avons des amis partout. Le risque est de voir certains utiliser nos faits et chiffres pour attaquer en particulier une puissance - France ou Etats-Unis - ou un groupe de puissances, tel le Marché Commun.


2 - Nous pouvons utiliser à fonds nos publications en français, en anglais et en Allemand, pour populariser ces faits et chiffres.


3 - Nous avons en chantier un projet de brochure sur ce problème que nous pourrions publier en trois langues.


4 - On peut fournir tous ls éléments du dossier à nos ambassadeurs qui pourraient faire des tournées de conférences.


5 - Moi-même, je puis faire, à tout moment, une tournées conférences dans une douzaine d’université des États-Unis.


6 - Utiliser le Cercle d’Études Africaines qui organise une conférence à l’université d’Upsala bientôt.


Le moment est favorable. Ala veille des élections législatives en France, les adversaires de de Gaule vont faire de la démagogie carriériste. Donc notre offensive peut être présentée comme une aide aux candidats gaulliste. A signaler à ce propos qu’à la veilles des présidentielle de 1965, l’UNR avait édité une brochure fort intéressante montrant que la tirait bénéfice de son aide à l’Afrique.


Mais tout dépend, une fois de plus, du drapeau sous lequel nous allons nous battre. Et là, c’est à vous de décider.

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