Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.
Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
2009.
DIRECTION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Note SUR LE COUT DE LA SACHERIE
DE LA SONARA (1965/1966)
Le coût de la sacherie, tel qu’ il ressort du compte d’ exploitation de la SONARA pour l’ exercice 1965/1966, s’ élève à :
En divisant 294.907.324 francs par l’ ensemble du tonnage produit 157.316 tonnes, on obtient un coût sacherie par tonne de 1.874 francs. Bien qu’ inférieur au coût fixé au barème (1.900), il paraît invraisemblable.
De fait, en supposant que toute la production est vendue ou exportée en sacs, il aurait fallu, à raison de 13 sacs par tonne :
13 x 157.316 = 2.045.108 sacs.
.../...
Le prix moyen du sac étant étant de :
1.601.679 x 126 Fr = 201.811.554 Fr (stock entrée)
1.850.000 x 146 Fr = 270.100.000 Fr (achats)
3.451.679 x 137 Fr = 471.911.554
Le coût sacherie par tonne aurait été de :
137 x 2.045.108 = 1.781 Fr
157.316
Par ailleurs, les éléments de la comptabilité matière confirment cette invraisemblance, comme on peut le constater à la lecture des tableaux suivants :
.../....
En retirant des 20.018.009 sacs en jute utilisés, le nombre des sacs vendus après usage, 927.620 sacs, l’ évolution des stocks indique qu’ il a fallu pour 51.847 tonnes vendues ou exportées en sacs :
2018.009 - 927.620 = 21 sacs par tonnes
51.847
Or, il n’ en faut réellement que 13 sacs par tonnes. Quant aux sacs "charroi" le mouvement des stock fait apparaître une anomalie : on trouve au stock en fin d’ exercice plus de sacs qu’ il n’ en existait au stock d’ entrée et qu’ il n’ en a été acheté en cours d’ exercice.
De toute évidence les données comptables de la sacherie sont totalement fausses : il semble à priori que des sacs "charroi" n’ aient pas été comptabilisés à l’ inventaire en fait d’ exercice.
Donc le coût sacherie de 1.874 francs par tonne du compte d’ exploitation n’ est pas valable et a besoin d’ être réévalué après correction des erreurs comptables qui ont été signalés.
Sur le plan théorique et compte tenu des tonnages réellement exportés ou vendus en sacs et des tonnages exportés en vrac, le nombre de sacs nécessaires au transport des 157.316 tonnes décortiquées est de :
Tonnage sacs 51.847 x 13 = 674.011 sacs sortis
105.469 x 13 = 1.371.097 sacs revenus
157.316 2.045.108
On constate cependant que sur les 2.045.108 sacs nécessaires au transport de la totalité de la production de 1965.66, 674.001 sacs ont accompagné les tonnages et sont donc sortis du circuit et 1.371.097 sacs sont revenus après avoir effectué un seul voyage.
.../....
Pour calculer le prix de revient de ces sacs, dans l’hypothèse où ils sont neufs, les sacs sortis sont comptabilisés au prix d’ achat et les sacs revenus après un voyage sont amortis au tiers de leur prix d’ achat.
De fait il est admis qu’ un sacs en jute peut faire trois voyages au maximum, dans ce cas il est inutilisable après usage ; mais s’ il ne fait que deux voyage, il est revendu au tiers de son prix d’ achat. Ainsi quelque soit l’ hypothèse retenue, le sac de jute coûte le tiers de son prix d’ achat par voyage effectué.
Donc, le coût de la sacherie en jute correspondant à la production commercialisés de la campagne 1965/66 est au maximum de :
225.644 x 262 = 59.118.728 (stock entrée)
250.000 x 250 = 62.500.000 (achats)
475.644 x 256 = 121.618.728
Le coût sacherie "charroi" pour l’ exercice 1965.66 est donc des 256 Fr x 29.819 sacs utilisés + 7.633.664 francs
Ainsi le coût global de la sacherie pour la campagne 1965.66 s’ élève à :
sacherie "jute" : 154.952.891 francs
sacherie "charroi" : 7.633.664 francs
162.586.555 francs
Soit un coût réel sacherie par tonne de 1034 francs, au lieu de 1874 francs. il y aurait donc par rapport au compte d’ exploitation une économie de 157.136 x (1.874-1.034) = 132.145.440 francs
.../...
Les données techniques de l’ opération sacherie venant infirmer les données comptables, dans des proportions considérables, il importe de corriger les erreurs ayant entraîné l’ écart constaté, afin de réévaluer le compte d’ exploitation à sa juste valeur.
Pour se faire, il s’ agit d’ abord de reconsidérer les stocks et leur mouvement à l’ aide de la comptabilité matière, et ensuite de procéder à leur réévaluation.
Le décompte des sacs utilisés par tonnages commercialisés est le suivant :
Sur l’ ensemble des sacs ainsi utilisés :
429.130 sot exportée sans être facturés
100.975 sont exportés facturés
162.200 sont vendus sans facture distincte
473.069 sont vendus facturés
1.192.132 sont stockés
2.357.506
Par ailleurs, la totalité des recettes obtenues par la vente des sacs qui apparaissent au compte d’ exploitation se décompose comme suite :
.../...
CFDT 93.000 sacs x 70 = 6.510.000
DIVERS 473.069 sacs x 50 = 23.655.450
" 361.552 sacs x 50 = 18.077.600
927.621 sacs
TOTAL VENTES AU NIGER : 48.241.050
TOTAL VENTES EXPORTATIONS :
100.975 sacs x 38 = 3.883.619
1.028.596 sacs x 50.6 = 52.124.669
La comptabilité matière des sacs en jute aboutit aux résultats suivants :
Stock au 30.9.65 1.601.679 sacs
Achats 1965/66 1.850.000 sacs
3.451.679 sacs
A déduire
- Stock au 30.9.66 - 241.538 sacs neufs
" - 1.192.132 sacs usagés
-Exportations - 429.130 sacs exportés
-Ventes sacs pleins - 162.200 sacs vendus pleins
-Ventes facturées - 1.028.596 sacs vendus
Différence : 398.083 sacs manquants
En définitive, deux corrections s’ imposent dans la composition des stocks :
1/ ajouter 150.000 sacs "charroi" au stock d’entrée
2/ ajouter 398.083 sacs "jute" au stock de sortie.
En fait, les stocks n’avaient pas été sous-évalués du fait uniquement de l’omission d’une certaine quantité de sacs, mais aussi de l’ application aux sacs d’une valeur très inférieure à leur coût réel.
.../...
Ainsi, en augmentant les stocks des quantités qui n’y figuraient pas et en y portent les sacs au coût unitaire moyen, la réévaluation des postes "sacherie" du compte d’exploitation se présente ainsi :
Stock au 30.9.65 ......................................................... , + 260.960.282
- sacs jute 1.601.679 x 126 = 201.811.554
- sacs charroi 225.644 x 262 = 59.118.728
260.930.282
Achat exercice 1965/66 ............................................. , + 351.002.288
- sacs jute 1.850.000 x 146 = 270.100.000
- sacs charroi 250.000 x 250 = 62.500.000
- ficelles = 18.402.288
351.002.288
Stock au 30.9.66 ........................................................... , - 378.889.560
- sacs jute 1.831.735 x 146 = 267.433.310
- sacs charroi 455.825 x 250 = 111.456.250
378.889.360
Ventes exercice 1965/66 ............................................ , - 52.124.669
- sacs jute 1.028.596 x 50,6 = 52.124.669
COUT SACHET 180.918.341
soit un coût sacherie par tonne de 1.150 Fr
Les coûts moyens des sacs jute ont été établis à partir de la moyenne pondérée des achats en 1965 pour le stock d’ entrée et des achats en 1966 pour le stock de sortie, de la manière suivante :
1965
300.000 sacs x 107 Fr
300.000 sacs x 410 Fr
300.000 sacs x 162 Fr
126
1966
600.000 sacs x 135 Fr
600.000 sacs x 140 Fr
650.000 sacs x 162 Fr
moyenne 146
.../....
On constate donc à l’ issue de cette analyse que l’ estimation théorique comme le calcul pratique, à partir de la comptabilité analytique, du coût net de la sacherie pour l’ exercice 1965/1966 coïncident à soixante dix mille francs près :
Coût brut sacherie 180.918.341
Coût ficelle _ 18.402.288
Coût net sacherie : 162.516.053
Estimation théorique : 162.586.555
Par ailleurs, le Directeur de la SONARA a confirmé avoir omis volontairement les 150.000 sacs "charroi" dans le stock en début d’ exercice et seulement 300.000 sacs jute dans le stock sortie : il s’ agissait de sacs qui avaient été commandés et payés d’ avance mais qui n’ étaient pas arrivés en magasin. Au lieu de les porter comme "marchandises en cours de route" à l’ inventaire du stock, ils ont été écartés en vue de constituer une certaine réserve occulte.
Compte tenu de ce que les 98.083 sacs supplémentaires n’ existaient donc plus au 30.9.1966, le montant de la réserve occulte effectivement disponible à la SONARA n’ est pas de :
Résultats compte exploitation : 294.907.324
Coût brut sacherie : - 180.918.341
113.988.983
mais s’ élève plutôt à :
Recettes sacherie (agréées par CSPPN : 156.484 x 1.900 = 297.319.600
Coût net sacherie : 162.516.053
Coût ficelles : 18.402.288
Pertes sacherie :
98.083 x 146 : 14.320.118
195.238.459 - 195.238.459
Réserve occulte disponible : 102.081.141
Cependant, ce montant dû à la CSPPN a été diminué des pertes inhérentes en grande partie à la gestion des stocks de la SONARA
.../...
cela signifie en d’ autres termes que la CSPPN accorde une prime de "mauvais gestion" à la SONORA.
Aussi est-il nécessaire de chiffrer le plus exactement possible, pour l’ établissement du barème, l’ ensemble des pertes engageant la responsabilité de la SONARA et non les finances de la CSPPN.
Pour ce faire, on réévaluera les résultats du compte d’ exploitations déjà corrigé de la page 8 à la lumière des conclusions du tableau ci-joint retraçant la provenance et l’ emploi des sacs jute vendus d’ une part et des constatations faites jusqu’ici d’ autre part ; il s’ agit en fait de tenir compte des :
- 98.083 sacs sortis du circuit
- 333.653 sacs déclassés qui ont été vendus "usagés" alors qu’ils auraient pu encore servir une fois.
Ainsi, en majorant le stock de sortie au 30.9.66 de :
146 Fr x (333.653 - 98.083) = 34.393.220 Fr
et en minorant le poste "ventes au Niger" de :
50 Fr x 333.653 = 16.682.650 Fr
les résultats du compte d’ exploitation sont ramenés à :
les résultats du compte d’ exploitation sont ramenés à :
180.918.341
- 34.393.220
+ 16.682.650
163.207.771 soit 1037 par tonne
Donc la majoration pour pertes dues à la gestion de la SONARA du coût de la sacherie est de
180.918.341 - 163.207.771 = 17.710.570 Francs
En rapprochant le coût définitif de la sacherie, dans l’ hypothèse d’ une gestion idéale, de l’ estimation théorique précédente, on arrive à la conclusion que le coût sacherie au barème ne devrait pas excéder 1037 Fr par tonne.
../...
Cependant, en considérant le caractère systématique de certains coulages qu’ aucune vigilance ne peut écarter, on peut admettre que la CSPPN accepte de prendre en charge la moitié des frais occasionnés par les pertes, l’ autre moitié restant à l’ entière responsabilité de la SONARA ; le coût sacherie du barème peut donc être majoré de :
17.710.570 : 157.316 = 56 francs par tonne
2
soit : 1.037 + 57 Fr par tonne (arrondi à 1.100 francs)
En conclusion, la présente note sur le coût de la sacherie pour l’ exercice 1965/66 débouche sur deux conclusions majeures :
1/ qu’ il existe une réserve occulte disponible de 102 Millions
2/ que le coût sacherie du barème est fixé à 1.100 francs au lieu de 1.900 francs par tonne
NIAMEY, le 31 juillet 1967
NB : la différence entre le stock
au 30.9.66 réévalué 378.889.560
et non réévalué - 142.269.130
236.620.430
fait donc ressortir une masse de près de 236 millions dont on ne trouve pas la contrepartie à prise abord.
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