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U-003-218 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-218

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    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.

















24-10-77

ENERGIE


Le baroud
de Jimmy Carter


Pour éviter à son pays une catastrophe
énergétique, le président des Etats-Unis s’ attaque au lobby
pétrolier. Mais l’ opinion ne le suit guère


"Les compagnies pétrolières voudraient se livrer à la plus grande opération de pillage de notre histoire. Elles veulent empocher tous les profits résultant de la future hausse du prix de l’ énergie, au détriment des consommateurs américains." En dressant ce réquisitoire contre les "géants" du pétrole, en agitant la menace d’ une taxation du pétrole importé et d’ un rationnement de l’ essence, Jimmy Carter cherche à provoquer un choc psychologique. Il veut se rallier l’ opinion publique des Etats-Unis pour s’ en servir comme boutoir afin de vaincre l’ opposition du Congrès à son programme énergétique.


En effet, ce programme risque fort d’ être complètement démantelé par les amendements des parlementaires. Ceux-ci multiplient les manoeuvres d’ obstruction pour paralyser les initiatives de la Maison-Blanche. Or ce blocage, opéré à la fois par les sénateurs et les membres de la Chambre des Représentants, résulte, dans une large mesure, des pressions exercées sur les élus par les lobbies, au premier rang desquels le lobby pétrolier. Ces groupes de pression ont la tâche d’ autant plus facile que le programme énergétique de Carter est impopulaire. D’ abord, parce qu’ il met en question le dogme de l’ opulence indestructible du pays. Lorsque Carter déclare que l’ énergie est le problème national le plus crucial qui se pose aux Etats-Unis, il a l’ appui des experts. Il ne suscite que le scepticisme chez l’ homme de la rue, James Reston explique dans le "Herald Tribune" : "Quand les Arabes ferment le robinet du pétrole, nous sommes pris de panique. Quand Jimmy Carter nous dit que l’ indépendance et même la sécurité du pays sont menacées si nous ne cessons pas notre gaspillage, nous partons à la pêche, en voiture, à 100 kilomètres à l’ heure..."


Panne sèche en 1985


D’ autre part, l’ application du programme Carter se traduira par des hausses de prix qui réduiront le pouvoir d’ achat des consommateurs. L’ hebdomadaire "Time" a interrogé des Américains moyens. Voici leurs réactions les plus significatives. A Boston : "Ceux qui ont de l’ argent auront toujours les moyens de se payer autant d’ essence qu’ ils voudront. Il n’ y a que les "petits" qui souffriront." A New York : "Pourquoi les habitants des quartiers pauvres devraient trembler de froid chez eux alors que les gratte-ciel de bureaux de Manhattan sont illuminés toute la nuit ?" Dans une petite ville universitaire : "Ce qui arrive quand on augmente les taxes, c’ est que les riches ne sont pas touchés, les pauvres sont frappés sous une forme ou sous une autre et devinez, qui se rempli les poches ?..."


Le fond du débat au Congrès, c’ est que Jimmy Carter veut relever le prix du pétrole et du gaz naturel pour encourager les utilisateurs à économiser l’ énergie. Mais il veut que cette hausse résulte de taxes correspondantes qui seront perçues par l’ Etat et permettraient de financier des allégements fiscaux au profit des petits contribuables. Les compagnies pétrolières, par l’ intermédiaire de parlementaires "amis", cherchent, au contraire, à obtenir que la hausse du pétrole ne sois pas fiscalisée mais aille intégralement dans leurs caisses, ce qui faciliterait les investissements et augmenterait leurs profits dans des proportions considérables. Or ces profits se sont déjà accrus sensiblement depuis que les pays producteurs ont déclenché l’ escalade du prix du baril à l’ occasion de la crise énergétique consécutive à la guerre du Kippour.


Dans le même temps, où les bénéfices des "majors" atteignaient des niveaux records, la situation énergétique des Etats-Unis n’ a cessé de se détériorer. En 1972, ils ont importé 3,7 milliards de dollars de pétrole. En 1976, ils en ont importé pour 36 milliards de dollars. Cette année, la note s’ élèvera à 45 milliards de dollars. Et les Etats-Unis, troisième producteur de pétrole du monde, importeront presque autant de pétrole que le Marché commun qui en produit très peu.


Si les Etats-Unis ne modifient pas radicalement leur politique énergétique, ils ne seront pas la seule victime de cette attitude suicidaire ; le monde sera confronté à une pénurie catastrophique d’ énergie d’ ici à 1985. Sur ce point, les experts réunis récemment au Congrès du Pétrole d’ Istanbul ont été unanimes. Ils considèrent que, avant dix ans, la consommation mondiale, Etats-Unis en tête, sera largement supérieure aux disponibilités des gisements.


Contre les géants


Il est de l’ intérêt non seulement des Etats-Unis mais de l’ ensemble du monde industriel que le plan Carter finisse par être entériné par le Congrès. Mais dans l’ état actuel des choses, il n’ est pas du tout certain que Jimmy Carter emporte la partie. Car il se heurte à une formidable coalition d’ intérêts, au sein de la quelle les "pétroliers" sont les plus puissants. Cette coalition comprend aussi les constructeurs d’ automobiles de Detroit qui veulent maintenir la primauté des "grosses américaines", les écologistes hostiles à l’ expansion des mines de charbon polluantes, les intérêts locaux d’ Etats comme le Texas qui vivent du pétrole, les ligues de consommateurs, etc.


Jimmy Carter n’ est pas le premier président des Etats-Unis à s’ attaquer aux géants de l’ industrie ou de la finance. Dans les années 1930, au moment du New Deal, Roosevelt clouait au pilori les banquiers de Wall Street. Dans les années 1960, Kennedy accusait les compagnies sidérurgiques d’ être des fauteurs de vie chère. La Bank of America, la Chase Manhattan Bank, l’ U.S. Steel ou la Bethleem Steel ne se portent pas plus mal pour autant.


Aujourd’hui, il ne faut pas se dissimuler que Carter mène se bataille en position de faiblesse. Son autorité dans le pays n’ est plus ce qu’ elle était au début de l’ année, quand il s’ est installé à la Maison-Blanche. Ses atermoiements dans la négociation pour un règlement du conflit au Proche-Orient, ses reculades dans les discussions politico-stratégiques avec Moscou et le scandale concernant son "bras droit" Bert Lance, contraint de démissionner à la suite d’ opérations financières illégales, ont entamé sa crédibilité.


Si, en définitive, il parvient à faire passer son projet énergétique au Congrès, il ne rendra pas seulement un service éminent à l’ économie mondiale, il rétablira aussi son autorité sur son pays. S’ il échoue, son prestige aux Etats-Unis et à l’ échelle mondiale subira un dommage presque irréparable.

LE PLAN
"ENERGIE"


C’ est le 20 avril 1977 que Jimmy Carter a divulgué son plan "Energie" qu’ il a placé sous la responsabilité de James Schlesinger, ancien ministre de la Défense et ancien patron de la C.I.A. Ce plan fixe les objectifs suivants :



- Le Taux de croissance de la consommation d’ énergie, qui est de 5% par an, doit être réduit à 2%. La consommation du carburant pour l’ automobile doit baisser de 10%.


- Les importations de pétrole doivent être limitées à 300 millions de tonnes par an, contre 500 millions de tonnes en 1977.


- La production de charbon doit augmenter de 70%.


- Les économies d’ énergie (isolation thermique) et les énergies de substitution (solaire, géothermique, etc.) doivent être développées.


Pour atteindre ces buts, il faut augmenter le prix de l’ énergie afin de dissuader les consommateurs de la gaspiller. Le prix intérieur du pétrole aux Etats-Unis doit être aligné sur les prix en vigueur dans les autres pays industrialisés où ils sont de beaucoup supérieurs.


JACQUES MORNAND


Le Nouvel Observateur 71

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