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U-003-062-002 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-003-062-002

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    2009.


















VIE ECONOMIQ


8/3/77

ÉNERGIE
LA CENTRALE DE FESSENHEIM


(Suite de la première page.)


Cette "mise en place" du programme nucléaire français soulève des oppositions de plus en plus vives. Dans la région de Fessenheim, le dernier week-end a été marqué par de nouvelles manifestations, qui ont réuni environ cinq mille personnes à Strasbourg et trois mille à Colmar. Devant le succès de ces mouvements de contestation, les sept personnes qui jeûnaient depuis vingt-cinq jours, à Roggenhove (Haut-Rhin), ont décidé de cesser leur grève de la faim.
En République fédérale d’Allemagne, ce sont près de huit mille personnes qui ont manifesté à la frontière franco-allemande, à Whyl (Bad-Wurtemberg), leur opposition à la construction de centrales nucléaires.


La filière américaine


L’unité de Fessenheim est la première d’une longue série de centrales à eau pressurisée (P.W.R.) actuellement en construction en France. Des chantiers importants sont en cours à Bugey (Isère), où quatre réacteurs de même type sont en construction, à Damplerre(Loiret), au Tricastin(Drôme), où les quatre tranches nucléaires alimenteront l’usine européenne d’enrichissement d’uranium Eurodif, et à Gravelines(Nord), etc.


La chaudière nucléaire de Fesseheim, tout comme celles des autres centrales en construction, est construite par la société Framatome, filiale de Creusot-Loire, sous licence de la société américaine Westinghouse.


Au départ, on pensait construire à Fessenheim une centrale de la "filière française" à uranium naturel, modérée au graphite et refroidie au gaz carbonique ("graphite-gaz"). En novembre 1969, on abandonne cette filière développée par le Commissariat à l’énergie atomique (C.E.A.) pour se tourner vers la filière américaine à eau légère. Le premier appel d’offres concernant Fessenheim lancé le 2 février 1970, mettait en concurrence les deux techniques de ce type, à eau pressurisée (P.W.R.) et à eau bouillante(B.W.R.). Cette dernière filière était proposée par la Compagnie générale d’électricité (C.G.E.), travaillant sous licence de la firme américaine General Electric.


Finalement, le gouvernement opta pour la première solution, et la C.G.E. fut écartée du marché nucléaire français. A la fin de 1975, Framatome, qui bénéficiait, dès lors, du monopole de la construction de centrales E.D.F., était définitivement "franoisée" puisque le C.E.A. rachetait à Westinghouse 30% des parts de la société.


Cette situation avantageuse pour la filiale de Creusot-Loire, qui compte en bénéficier à l’exportation - elle a vendu deux centrales à l’Afrique du Sud, et est toujours en négociation pour la signature d’un contrat équivalent avec l’Iran, - s’est accompagnée d’une forte expansion de la société, dont l’effectif est passé, en quelques années, de deux cent cinquante à près de huit mille personnes. Et la "domination" de Framatome sur l’industrie nucléaire française ne s’arrête pas aux seules centrales "classiques" : la société contrôle, en effet, Novatome, qui aura la maîtrise d’oeuvre de Super-Phénix, le "surrégénérateur" de 1 200 MW qui doit être construit sur le site de Creys-Malville (Isère).


La construction de Fessenheim a connu certains déboires techniques qui se sont ajoutés aux effets de l’attentat contre les installations commis le 3 mai 1975, et surtout, aux difficultés inhérentes à l’adaptation aux exigences françaises, et à la nouvelle réglementation mise en place en 1974, d’une technique américaine bien rodée (Le Monde du 23 février).


Après vingt-deux mois de retard, tous les obstacles ont été levés. Au début de l’année, le circuit primaire à eau sous pression qui. "baignant" les éléments combustibles remplis d’uranium enrichi à 3%, joue à la fois le rôle de modérateur, en ralentissant le flux neutronique, et de liquide de refroidissement, a été amené à ses conditions nominales (155 bars, environ 300°C). En février, les derniers essais fonctionnels ont été menés ; ils concernaient essentiellement le bon fonctionnement des barres de contrôle en graphite qui - le graphite étant un très bon absorbeur de neutrons -
"pilotent" la réaction en étant plus ou moins relevées, et surtout, jouent un rôle essentiel dans la sûreté du réacteur : en cas d’incident, elles tombent entre les éléments combustibles et bloquent en quelques instants la réaction en chaine.


Durant la nuit de dimanche à lundi, les techniciens de Fessenheim ont mis en route le processus de divergence : ils ont commencé à relever les barres de contrôle Petit à petit, le flux de neutrons issus des fissions spontanées de l’uranium 235 va croître. La divergence proprement dite est le moment où le flux deviendra tel que, les neutrons venant frapper d’autres atomes d’uranium qu’ils feront éclater à leur tour, la réaction en chaîne proprement dite, spécifique de l’énergie nucléaire, débutera.


Pendant quelques temps encore après la divergence, la puissance produite par la réaction nucléaire sera quasiment nulle, ce nouveau délai étant mis à profit pour de nouvelles et nombreuses mesures. Et ce n’est que dans quelques semaines que le turbo-alternateur construit par Alsthom commencera à tourner, produisant les premiers kilowatts-heures d’électricité fournis à l’E.D.F. L’autorisation officielle de mise en service industrielle, dernière étape d’une longue procédure, pourra alors être accordée. La puissance nominale de 880 MW électriques ne devrait être atteinte que vers le mois de juin prochain.


Seul l’avenir permettra de voir si Fessenheim répond à toutes les attentes, en particulier du point de vue, essentiel aux yeux du producteur d’électricité, de la disponibilité de la centrale, prévue pour être de 6 600 heures par an.


XAVIER WEEGER.

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