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U-006-019 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-006-019

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  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.
















- LE MONDE - 3 JANVIER 1976

LA VIE ÉCONOMIQUE
APRÈS L’ACCORD C.E.A. - WESTINGHOUSE
Libres opinions
E.D.F. et les cadeaux au baron Empain


Par YVES DURRIEU Membre du comité directeur du P.S. secrétaire national des sections et groupes socialistes d’entreprise à E.D.F. - G.D.F.


Vouloir développer les industries de pointe et la technologie française est certes une noble ambition. devenir compétitifs sur les marchés étrangers est également louable. Mais il serait bon d’ajuster les moyens aux fins. Or la politique suivie depuis quelque temps dans le domaine nucléaire ne répond pas aux intentions exprimées par le ministre de l’industrie et de la recherche Voir le monde du 4 décembre


Nous ne reviendrons pas sur la lamentable démantèlement du C.E.A., qui perd son autonomie, livre ses capacité de recherche et une partie de l’uranium français à Westinghouse, sans même disposer d’une minorité de blocage au sein de Framatome, dont Creusot-Loire détient la majorité du capital. Quand on sait que Creusot-Loire c’est d’abord le trust belge du baron Empain, on mesure le progrès dans l’indépendance nationale que consacre cet accord.


Mais il y a plus : cette concentration de la production française de matériel électronucléaire autour de Creusot-Loire est encore facilitée par la politique que le pouvoir impose à E.D.F. D’abord avec le choix du tout nucléaire et de la filiale nucléaire américaine à eau légère que Framatome exploite, sous licence américaine de Westinghouse, nus nous en sommes remis, au moins jusqu’en 1982, à la technologie étrangère. Peu importe le faible coût du brevet, mais c’est essentiellement la dépendance dans laquelle nous sommes réduits qui compte. Les Allemands, dans ce domaine, ont fait mieux, en " germanisant " cette même filière.


A cette dépendance technique vis-à-vis des États-Unis ( via Framatome ). Il faut ajouter une dépendance financière ( E.D.F. devant emprunter au U.S.A. la plupart des fonds nécessaires à son investissement nucléaire ) et une dépendance, pour sept ou huit ans encore concernant l’alimentation en uranium enrichi.


Ensuite, avec les méthodes de travail imposées à E.D.F.  : Jusqu’alors E.D.F. était maître d’oeuvre de ses centrales ; désormais elle recevra ses chaudières nucléaires " clés en main ", c’est-à-dire sans en pénétrer suffisamment la conception ; il en résulte une véritable démantèlement de la direction de l’équipement d’ E.D.F. au profit de Framatome, d’autant plus que les études de développement que cette direction contrôlait naguère passent également à Framatome. Alors qu’autrefois c’étaient les constructeurs qui servaient de sous-traitant pour les études d’ E.D.F., maintenant c’est E.D.F. qui fait des études en sous-traitant de Framatome, sans que celui-ci paie.


Et la procédure adoptée pour les centrales à exporter Afrique du Sud, Iran, voir Pakistan et Indonésie ( pays éminemment démocratique ! ) n’est pas rassurante de ce point de vue. Framatomea, en effet pour mission de vendre à l’étranger des centrales nucléaires " clés en main ", sans en avoir la compétence, puisqu’il est fabricant de chaudières et non de centrales complètes. Il lui faut donc la caution d’ E.D.F. C’est pourquoi on a créé un nouveau service à E.D.F., le SENEX, pour mettre l’ensemble du potentiel de l’établissement à la disposition de Framatopme. Or d’après ce qu’on sait, les pays étrangers contactés seraient plus rassurés de traiter directement avec E.D.F., plus compétent, e, la matière, que Framatome. mais il faut bien que cette dernière justifie son profit sur la vente des centrales ; si E.D.F. était le maître d’oeuvre, le profit de Framatome serait moindre !


Enfin, avec l’extension du rôle de Framatome dans la gamme des centrales nucléaires.


Jusqu’alors on ne lui demandait des chaudières à eau légère que pour des centrales de 900 MW, et on était convenu de ne construire des tranches de 1 300 MW qu’après que celles-ci auraient été expérimentées aux États-Unis. Or Précipitamment, E.D.F. signe un contrat de quatre tranches de 1 300 MW à Framatome, probablement en guise de cadeau de mariage avec C.E.A.


Et ce n’est pas tout. Alors que jusqu’à présent le C.E.A. était chargé ( avec son licencié, la Compagnie générale d’électricité ) de l’élaboration de la chaudière du surrégénérateur Super-Phénix, on crée, pour se substituer au C.E.A. ( et à la C.G.E. ), une nouvelle société ( NOVATOME ) dont la majorité du capital appartient à Creusot-loire. d’ailleurs, d’une façon plus générale, des négociations sont actuellement en cours afin que Creusot-Loire prenne en charge les chaudières de tous les surrégénérateurs à venir.


En vérité, M. d’ Ornano, qui concentre avec opiniâtreté les fabricants de chaudières nucléaires autour du capital étranger de Creusot-Loire, est victime de ses préjugés ; pour lui, il y a, d’un côté, la " libre entreprise ", qui est dynamique et compétitive... surtout si elle appartient aux multinationales ayant le plus de titres de noblesse, et, de l’autre côté, il y a l’ " arsenal " public, lourd comme un boulet de canon. Il ne songe pas un seul instant qu’entre les deux il peut exister des entreprises publiques qui soient plus dynamiques et plus compétitives que le secteur privé. Je ne reviendrai pas sur E.D.F., dont plus de 70 % de la population reconnaissaient, au cours de récents sondages, la compétence technique. mais on doit constater également que Renault est certainement plus actif que Citroën ou Chrysler ( endéficit chronique ) et que M. d’ Ornano peut se réjouir de la valeur technique de notre aéronautique, c’est en bonne partie, quand même grâce à la SNECMA et à la SNIAS, autres entreprises nationalisées. Et l’on pourrait citer également citer la S.N.C.F. dont les trains sont les plus ponctuels du monde, et bien d’autres encore.


Alors, qu’on ne considère pas le programme commun et les nationalisations qu’il prévoit comme dépassés et d’un autre temps il est plus actuel que jamais, car c’est principalement sur un secteur public, dynamique dans son action et décentralisé dans son organisation, que la gauche compte pour promouvoir un secteur de pointe français qui ira à la conquête des marchés étrangers et assurera réellement l’indépendance nationale.

" L’HUMANITÉ " : le commissariat à l’énergie atomique " américanisé "


Sous la plume de jack Dion, " l’ Humanité " du 1 er janvier 1976 commente l’accord intervenu entre le C.E.A. et Westinghouse ( le Monde du 2 janvier ) :


" Westinghouse et le baron Empain vont pouvoir puiser à loisir dans ce réservoir de connaissances techniques et scientifiques qu’est le C.E.A. Tel était d’ailleurs le but de l’opération. Le ministre de l’industrie soulignait avant-hier que, à lui seul, le C.E.A. avait un budget de recherche supérieur à ceux de Westinghouse et de son concurrent Général Électric réunis. (...)


" C’est pour mettre Creusot-Loire sur orbite internationale que l’on s’est lié aux Américains et que l’on démantèle le potentiel du C.E.A. L’indépendance nationale, dans cette affaire, n’est qu’un thème de propagande. Rien de plus. "

FRAMATOME EST UNE FILIALE DE CREUSOT-LOIRE


La société Framatome, dans laquelle le Commissariat à l’énergie atomique va prendre une participation en rachetant 30 % des parts de Westinghouse, a vu le jour en 1958. Sa création avait pour but l’exploitation des procédés Westinghouse pour les centrales nucléaires. En 1972, le groupe américain entrait dans le capital de Framatome à hauteur de 45 %. Creusot-Loire conservant 51 %. Les 4 % restants étaient répartis entre trois sociétés du groupe Empain-Schneider ; Merlin-Gerin et Spie-Batignolles. Le nouvel accord ramène de 45 % à 15 % la part de Westinghouse, le groupe américain ayant fait en outre une promesse de vente à Creusot-Loire de ces 15 % d’ici 1982.


Framatome est devenu, depuis la décision du gouvernement français en août dernier, le seul constructeur français de centrales nucléaires ( système P.W.R., dit à eau légère selon la licence Westinghouse ).

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