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C-024-002 - NOTES - classeur C - Fonds d'archives Baulin

C-024-002

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    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.


27.1.69

LES MILIEUX D’AFFAIRES ALLEMANDS ET LE RENOUVELLEMENT DE LA CONVENTION DE YAOUNDE.


Dans un monde qui rapetisse de jour en jour n dans un monde où aucun pays - et à fortioti aucun groupement humain - ne peut se désintéresser du sort des outres sans mettre en danger son propre destin , le problème des pays sous - développés est l’un des plus graves et aussi des plus difficiles à résoudre .


La totalité des dirigeants des pays industrialisés l’admettent et lui cherchent des remèdes , tout comme la quasi - totalité des milieux d’affaires, de la presse et de l’Université . Ces élites pensent , à juste titre , su’ils n’est pas de leur intérêt de pousser au désespoir les peupl es de la misère , d’en faire des peuples prolétaires , qui , demain , lorsque ’ils prendront conscience de leur état , contesteront l’opulence des pays riches . Ces élites pensent qu’elles doivent à tout prix éviter , sur le plan international , les erreurs commises , à la fin du XIX ème siècle et au début du XXème par le patronat sur le plan national erreurs qui ont été à l’origine de la vague révolutionnaire de 1905 et ont culminé par la victoire des Bolchevicks en octobre 1917 . Et l’Allemagne qui a échappé de peu alors à soviétisation , n’a eu en fait qu’un sursis , puisque depuis 24 ans , ces mêmes bolchevicks sont installés à Berlin .


Le problème du sou - développement étant d’envergure planétaire , l’idéal avait été de lui chercher une solution globale . Mais hélas , la dernière conférence de la Cuced à New Delhi a démontré qu’il n’était pas encore possible d’envisager une telle cure . C’est pourquoi , jusqu’à nouvel ordre ; il faud admettre que la recherche des remèdes au sous - développement doit se faire sur une base régionale . Ainsi par exemple la masse de l’aide des États- Unis va à l’Amérique latine et aux pays limitrophes du monde communiste , tandis que le Commonwealth , par affinité , aide ceux de ses membres les plus nécessiteux.


L’Europe malheureusement réduit à six pays , s’intéresse au devenir des 18 Etats Africains et Malgache Associés (EAMA) . Pourquoi ces 18 États en particulier et pas d’autres ? Parce qu’un passé commun , un destin commun les lie . En effet 14 de ses 18 EAMA sont d’anciennes possessions françaises , trois belges et une italienne . Cela créé des liens , mais aussi des droits et des devoirs particuliers . On peut dire qu’il s’agit d’une association " naturelle".


La tâche que doit affronter l’Europe n’est guère aisée . Pour donner une idée de l’ampleur des efforts qui restent à fournir pour développement , les populations de l’Afrique Noire n’attendront le niveau de vie des Européens de 1967 que dans 270 à 350 années , c’est à dire au XXIII ème ou au XXIV siècle . . . La tâche est herculéenne , certes , mais il faut agir et agir vite . Car il est illusoire , bien entendu , de penser que ces peuples jeunes auront la patience d’attendre si longtemps .


Ce sont ces questions de base que M. Diori Hamani , Président de la République du Niger , Président en exercice de l’Entente et de l’OCAM et porte - parole des 18 EAMA , a exposées patiemment , longuement , durant sa récente tournée européene . Du 19 septembre au 11 octobre dernier , il a visité les capitales des six pays de la Communauté Européenne pour explique qu’il ne pourrait y avoir de "paix véritable , tant que les trois quarts de l’umanité souffriront , sans aucune perspective de liberation de la faim. . ." .


En Allemagne , devant la chambre de Commerce et l’industrie de Cologne ; il répondait à ceux qui voulaient ne rien faire en attendant la mise sur pied d’un programme mondial de lutte contre le sous - développement :


" L’heure n’a pas encore sonné pour une organisation planétaire . Il agir . L’Association sera le laboratoire où s’élaboreront et s’expérimenteront les stratégies et les techniques de combat contre le sous - développement " .


Donc l’aide devrait s’organiser au niveau de l’Association des Six de la CEE et des 18 États africains et malgache . Mais quelles doivent être les formes de cette aide . Car , contrairement à une idée très répandue , aider un pays sous - développé , cela ne veut pas dire lui construire des routes , des écoles et des hôpitaux , mais aussi l’aider à construire des usines et surtout lui acheter ses produits à un prix juste.


Tous ceux qui ont eu des contacts avec des hommes politique allemands ont senti à quel point ils étaient tous conscients de l’importance vitale du problème du sous - développement . Et cet état d’esprit se répercute dans l’aide généreuse que

la République Fédérale consent aux pays pauvres en général et aux États associés à la CEE en particulier .


Par contre , les milieux d’affaires allemands ne partagent pas les vues des autorités de Bonn . Un document semi - confidentiel publié en leur nom en porte témoignage . Et si l’opportuniste est celui qui ne voit que ses intérêts immédiats au détriment de ses intérêts lointains , on peut dire que l’attitude des milieux d’affaires allemands telle que décrite dans ce rapport officiel est typiquement opportuniste.

On sait que les six du Marché Commun et les 18 Etats Africaines et Malgache Associés (EAMA ) discutent , à l’heure actuelle , des modalités du renouvellement de la Convention de Yaoundé qui vient à échéance en mai prochain . A cette occasion , la "Commission de travail pour les pays en voie de développement " ces Associations allemandes de l’industrie , de Chambres de Commerce , des banques privées , du Commerce de gros et d’exoportation , cru nécessaire de rédige . Une "Prise de position à l’égard du renouvellement de l’association des EAMA à la CEE ". Quelques passages de ce rapport en dénotent l’optique assez ahurissante .


Par exemple , on sait que les pays africains sont essentiellement exportateurs de produits agricoles bruts tels que café , cacao , bananes , arachides , etc. On sait également qu’il n’y a pas une seule agriculture non - subventionnée dans le monde entier . On sait aussi que la notion de " prix du Marché Mondial " est un mythe et que c’est en fait le "prix des surplus".On sait que , dans la Communauté Européenne elle même le prix du blé est supérieur de 50% à celui du marché mondial tout en étant de qualité inférieure , le prix du sucre est le quadruple et celui du beurre le quintuple du prix pratiqué sur le marché mondial. . . En bien , sachant tout cela , la Commission des milieux d’affaires allemands écrit noir sur blanc qu’il faudra utiliser l’occasion offerte par l’expiration de la Convention de Yaoundé , pour préparer les EAMA à " L’intégration progressive dans le marché mondial " . En d’autre termes , on demande aux faibles un tour de force dont les pays riches sont incapables .


Dans la même veine , les auteurs du rapport constatent que jusqu’à ce jour "l’accès potentiel des EAMA aux marchés des pays membres de la CEE ne leur a pas apporté de grands avantages matériels" . Logiquement on aurait pu penser que les auteurs conclueraient à la nécessité de prendre les mesures qui s’imposent pour assurer aux pays associés les avantages effectifs prévus par les textes . Les milieux d’affaires allemande pensent au contraire que puisque d’une part ces préférences n’ont assuré des avantages valables aux bénéficiaires , tout en etant de l’autre , psychologiquement nuisibles à la position de notre économie dans d’autres pays en voie de développement . . ." , il faut "reduire l’importance des préférences accordées aux Etats Africains et Malgaches Associés ".


Sur sa lancée , la Commission exige encore que l’on "rejette avec détermination toutes les revendications des EAMA visant des obligations des EAMA ". C’est la l’un des principaux poins de divergence entre les EAMA et les milieux d’affaires allemande.


Les Africaines pensent qu’étant des associés , il est naturel que leurs partenaires sdes six pays du Marché Commun se fournissent d’abord chez eux avant de s’adresser à d’autres fournisseurs . Les milieux d’affaires allemands trouvent au contraire que c’est là une attitude contre nature , que leur devoir est d’acheter au meilleur prix quel que soit le pays fournisseur . On leur oppose bien entendu qu’ils ne sont pas autorisés à pratiquer cette libre concurrence au sein de la Communauté Européenne et qu’ils ont , par extension , des obligations également envers leurs associés africains et malgache .


Sur ce plan , les importateurs allemands de bananes ont une position particulièrement peu coopératives . Aussi , en 1967 , sur un total de 606,000 tonnes de bananes importées par l’Allemagne Fédérale , seules . . . 414 tonnes provenaient des États Associés . Cette absence de coopération est d’autant plus ressentie en Afrique su’un texte écrit joint au traité de Rome fait obligation aux importateurs allemands de se fournir à concurrence d’environ 50% chez les Etats Associés.


Certes , les importateurs expliquent leurs préférences pour les bananes latino-américaines , en mettant en relief leurs prix plus bas . Mais comme les prix au détail de la banane en Allemagne sont similaires à ceux de la banane en France - celle - ci importé presque exclusivement des pays associés - force est de conclure que la transgression de la lettre et de l’esprit de l’association eurafricaine ne bénéficie qu’aux seuls importateurs et intermédiaires de la banane .


Comme on le remarque , on se trouve loin , très loin de l’aide aux Etats Africains et Malgache Associés . Mais la "Commission de Travail pour les Pays en voie de Développement " va plus loin encore et écrit à propos de l’aide financière directe accordée par la CEE aux 18 Associés , dans le carde du Fonds Européen de Développement :


" Vu d’un angle le purement économique il faudrait plutôt recommander une réduction de l’aide financière ; mais en aucun cas , il ne faudrait prendre en considération son augmentation de volume , même si d’autres Etats africaines deviennent associés ".


Là aussi la Commission qui représente , il faut le rappeler , l’ensemble des milieux d’affaires allemands fait preuve d’une absence totale de réalisme . Prenons un exemple d’actualité - celui du Plan Mansholt - pour illustrer notre point de vue .


On sait que la France a rejeté le projet de Sicco Mansholt qui prévoyait une restructuration de l’agriculture européenne , après un préavis qui s’étendrait jusqu’en 1975 , avec force aides et subventions parce que son adoption aurait été génératrice de troubles sociaux . Ce plan , tout en étant valable , est inapplicable à l’heure actuelle , donc peut réaliste . Il faudra sans doute des délais plus longs et un réaménagement des normes et des étapes pour le matérialiser.


Il en est de même de l’aide aux Etats Associés . Vouloir du jour au lendemain diminuer le montant du Fonds Européen de Développement , ou même refuser d’en augmenter le volume , c’est vouloir en foncer dans la misère des pays déjà pauvres . Car , ce que la Commission feint d’ignorer , c’est que chaque année , les produits manufacturés que les pays sous - développés sont obligés d’acheter aux pays industrialisés , haussent de prix ; et c’est naturel ,car les travailleurs d’Occident pensent qu’une augmentation annuelle de 3 à 5% de leur niveau de vie est un dû , et ce pourcentages se répercute ipso - facto sur les produits manufacturés . Dans ce contexte , le simple maintien du volume du FED à son niveau d’il y a 5 ans équivaudrait , en soi , à une réduction de fait.


Est - il raisonnable , est-il juste de préconiser une limitation de l’aide financière aux États Associés , après leur avoir demandé d’aligner leurs prix sur ceux du " Marché Mondial " et revendiqué pour les importateurs allemands le droit de choisir , à leur guise , leurs fournisseurs sans se préoccuper de ceux envers lesquels la République Fédérale a accepté librement , d’avoir des "responsabilités particulières " ?


Pourquoi les milieux d’affaires allemands se singularisent - ils en adoptant une position aussi étriquée , aussi inconsciente des implications politiques , aussi "rétrograde " ?


Il convient de préciser , tout de suite , ici , que très probablement beaucoup de leurs confrères de l’Europe des Six doivent ruminer des pensées similaires . Comme ils doivent regretter "le beau temps " quand la législation sociale était plus soule, les taxes mois lourdes , etc.


La différence entre les milieux d’affaires allemands et ceux des autres pays ,
c’est que les uns ne craignent pas d’afficher leurs opinions et de chercher à leur trouver des justifications , tandis que les secondes se cantonnent dans un silence pudique . Bien sur , d’aucuns peuvent en conclure que les Allemands sont moins hypocrites que leurs confrères européens et d’autres qu’ils sont plus cyniques.


Il semble qu’il y ait une autre explication plus valable , d’essence psychologique humaine .



Les Allemands en général et les hommes d’affaires allemands en particulier "en ont marre". Ils en ont assez de traîner , depuis 25 ans , un complexe de culpabilité qui se matérialise en complexe d’infériorité . Ils en ont assez d’être toujours et partout ceux qui paient la facture tout simplement parce qu’ils ont commis la gaffe , il y a 37 ans , de faire confiance à un Fuhrer qui a mené l’Allemagne au désastre . Ils en assez d’avoir peur des Russes au point d’acheter à des prix prohibbitifs , des ponts militaires inutiles aux Anglais, des cercueils volants aux Americaines , sans compter les Bons d’Etats . Ils en assez le blé , le sucre , le beurre , etc ; à des prix éleves à leurs partenaires du Marché Commun . Ils en ont assez de voir qu’Américains , Anglaise et Français trouvent tout naturel de leur demander de réévaluer le DM et se fâcher quand la République Fédérale , tout en refusant de saborder ses exportation , essaie quand même d’amadouer ses alliés en y mettant un frein.

Les hommes d’affaires allemands en ont assez enfin , de voir leurs pays financer l’aide aux pays africaines associés dans les mêmes proportions que la France , par exemple , et de n’en tirer que relativement peu d’avantages alors que leurs confrères français pensent-ils , y retrouvent largement leurs compte.

La mauvaise humeur générale des industriels banquiers et commerçants allemands est bien compréhensible . On comprend aussi qu’ils ne puissent exhaler trop leur mauvaise humeur contre les Américains , les Français et les Anglaise , tant qu’Ulbricht est à Berlin et que les Russes ont montré , en Tchécoslovaquie , qu’ils étaient prêts à prendre des des risques .


Alors ? Il faut quand même qu’ils y ait un exutoire pour toute cette mauvaise humeur . Les Etats Africains et Malgache Associés sont là . Ils sont beaucoup moins dangereux sur le plan politique , presque sans valeur sur l’échiquier militaire , et totalement dépourvus de moyens d’actions , d’instruments de pression dans le domaine économique : on pourra toujours opposer le café latino-américain à leurs cafés , le cacao du Ghana à leur cacao , le soja américain à leurs arachides et à leurs palmistes, etc.

Ainsi , pratiquement sans risque aucun , les milieux d’affaires allemands excédés peuvent s’en prendre aux Etats Associés sans défense et éviter ainsi le coup d’apoplexie que leur réserve cette foule de contrariétés .


Est-ce courageux ? Est -il juste ?


Courages moral et juste humaine . Ce sont , sans doute là , deux arguments bien chétifs . Ce sont pourtant les seuls sont disposent les 18 Etats Africains et Malgache Associés à la Communauté Economique Européenne . Et eux , ils y croient , à la morale , juste et aussi à l’Association

J.BAULIN

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