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A-027-002-004 - NOTES - Classeur A - Fonds d'archives Baulin

A-027-002-004

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  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.


















Avant la réunion du Comité ministrériel d’association


L’Echo de la Bourse

6.6.67

Les critiques des pays africains à l’égard de la C.E.E.



Nécessité absolue d’une stabilisation des prix des produits tropicaux


Demain, mercredi 7 juin, se réunit à Bruxelles le Comité ministériel mixte d’association C.E.E. Etats africains associés (E.A.M.A). Importante session qui sera probablement axée sur les critiques émises par les délégations du continent noir qui sont décidées, dit-on, à mener une grande campagne pour la défense des prix des produits tropicaux.


Il est un fait, c’est qu’au moment de la signature des accords de Yaoundé, ces pays africains espéraient trouver dans l’Europe des Six un marché élargi et une possibilité de stabilisation des prix de leurs produits. Or, depuis cet accord, soit depuis trois ans, ces pays n’ont pas rencontré la contrepartie qu’ils souhaitaient.

La question des marchés.


Il tout d’abord préciser que paradoxalement les importations des Six en provenance des pays sous-developpés pris dans leur ensemble ont augmenté en plus forte proportion que leurs importations des Etats africains et particulièrement des quatorze Etats africains et particulièrement des quatorze Etats autrefois colonies françaises et belge groupés sous le vocable de l’O.C.A.M. Le taux de croissance annuel moyen depuis 1938 des exportations des pays latino-américains vers les
a été de 8.1 p.c., celui des pays asiatiques de 3.7. p.c. alors que celui de l’O.C.A.M. n’a été que de 3 p.c. environ.


Quant au problème de prix des produits tropicaux la situation s’est détériorée dans le sens d’une baisse continue. Le tableau ci-dessous illustre cette constatation.


Prix comparés des produits tropicaux traditionnels achetés par l’Europe des Six en 1938 et en 1965 (prix tonne dollar) :





Chute


1938
1963
en %


Bananes (Côte d’Ivoire)
131.82
87.39
34%


Cacao (Cameroun)
842.84
381.71
55 %


Cafe (Centrafrique)
807.97
645.97
20%


Coton (Dahomey)
654.24
497.28
24%


(Madagascar)
16.772
10.141.97
23%


(Niger)
181.93
143.45
22 %


Il y a lieu de tenir compte que ces chutes auraient été plus sensibles encore si les privilèges dont jouissent encore certains de ces produits sur le marché français avaient été supprimés.


Par ailleurs lorsqu’on fait état de la notion de "prix mondiaux" on néglige les soutiens financiers accordés par les pays industrialisés à leur agriculture, de telle sorte qu’on peut écrire que ces prix mondiaux sont des prix de surplus
M. Rochereau, membre de la Commission de la C.E.E., en convenait récemment lorsqu’il déclarait "que le cultivateur américain reçoit pour un kilo d’arachides trois fois plus que le cultivateur sénégalais". On sait que les Etats-Unis dépensent chaque année 100 milliards de FB pour le soutien des seules céréales nationales.
De plus les subventions prévues par les Six pour leurs propres produits agricoles s’élèveront également à environ 100 milliards de FB par an.


On fait état de la surproduction pour tenter de justifier le décroissement des prix tropicaux. Il est clair qu’il s’agit d’un argument spécieux puisqu’en fait, dans tous les pays industrialisés _ les pays riches _ la surproduction et les prix du marché national n’influent en aucune façon sur les prix payés aux producteurs . C’est ce qui explique, par exemple, que malgré une surproduction mondiale de sucre, le sucre franco-allemand se vend à un prix quatre fois supérieur à celui du marché mondial !

Les prix des produits acquis en Europe


Autre anomalie : les pays africains sont obligés d’acheter les produits agricoles de leurs partenaires de la C.E.E. à des prix supérieurs à ceux du marché mondial.
Pourquoi ? Parce que ce sont des filiales de sociétés européennes en général_
françaises en particulier _ qui sont installées dans les pays de l’O.C.A.M. et elles se ravitaillent bien entendu en Europe, notamment pour le blé et la farine. De plus, pour le sucre par exemple, les pays de l’O.C.A.M. doivent se ravitailler en Europe.
Au cas où ils ne le feraient pas, la C.E.E. les a avertis qu’elle augmenterait d’office la taxation sur les conserves de fruits au sirop ainsi que les jus de fruits que ces pays exportent vers l’Europe communautaire. L’accroissement du prix des produits manufacturés européens ainsi que celui des charges du fret
( 81 p.c. de hausse entre 1957 et 1965) s’ajoutent aux charges de plus en plus élevées qui alourdissent les prix payés par les Africains. En définitive on peut déclarer qu’il y a, entre la C.E.E. et les pays africains associés, "une détérioration des termes de l’échange". A titre indicatif, en 1938 une tonne de café ivoirien permettait d’acquérir 24 tonnes de ciment ; en 1963 une tonne de ce même café ne permettait plus d’acquérir que 18 tonnes de ciment seulement.


On peut encore ajouter que l’aide financière accordée par la C.E.E. aux E.A.M.A. est loin de compenser le manque à gagner consécutif à la dégradation des prix de vente des produits tropicaux.
Dans le cas de la Côte-d’Ivoire, par exemple, les pertes pour trois produits (café,cacao,bananes) se sont élevées entre 1960 et 1965 à 200 millions de dollars (10 milliards de FB). Or, pour cette même période, l’aide totale accordée par la C.E.E. a ce pays n’a atteint que 60 millions de dollars (3 milliards de FB). cette perte de 7 milliards de FB équivaut au double du budget d’investissement total en Côte-d’Ivoire pour 1967. On comprend, dans de telles conditions, que les nations africaines ne demandent qu’une chose : la stabilisation des prix des produits tropicaux à un niveau raisonnable. C’est ce qui va faire l’enjeu des débats de mercredi à Bruxelles.

Les relations entre l’O.C.A.M. et l’U.E.B.L.


Rappelons que l’O.C.A.M. groupe les 14 anciennes colonies françaises ; et belges (pour la Belgique : le Congo Kinshasa, le Rwanda et le Burundi).
L’O.C.A.M. fait partie des E.A.M.A. qui groupe 18 Etats africains.


L’U.E.B.L. est, après la France, l’entité économique de la C.E.E. dont le commerce avec l’O.C.A.M. est le plus important.


En 1965 les importations de l’U.E.B.L. en provenance de l’O.C.A.M. s’élevaient à 227 millions de dollars. Les exportations de l’U.E.B.L. vers l’O.C.A.M. représentaient, la même année, un montant de 91 millions de dollars.


A noter que la progression, entre 1962 et 1965, des importations de l’U.E.B.L. en provenance de l’O.C.A.M. (plus 12 p.c.) est plus faible que celle enregistrée dans l’ensemble du Marché commun (plus 17 p.c.) mais plus forte que celle de la France (plus 4 p.c.). Les principaux fournisseurs de l’U.E.B.L. restent les anciennes colonies belges :


en 1965, les exportations de ces pays vers l’U.E.B.L. se sont élevées à :
- 64 millions de dollars pour le Congo-Kinshasa :
- 7 millions de dollars pour le Rwanda-Burundi.


Cette même année la Côte-d’Ivoire a fourni à l’U.E.B.L. des exportations d’un montant de 5.5 millions de dollars et le Cameroun 5 millions de dollars.
Le cuivre représente la plus grosse part des importations de l’U.E.B.L. (68 p.c.).

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