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U-006-052-001 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-006-052-001

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    2009.

















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Washington espère toujours
faire renoncer Paris et Bonn
aux ventes
d’ usines
nucléaires


Plusieurs sénateurs américains ont réclamé des mesures sévères contre Paris et Bonn, afin de les dissuader d’ exporter des usines nucléaires M. Kissinger a plaidé pour la modération, ne désespérant pas d’ obtenir leur renonciation à certains contrats en cours.


L’ offensive lancée il y a un an par certains milieux de Washington contre la France et la République fédérale d’ Allemagne, qui acceptent de vendre à l’ étranger des usines pouvant favoriser la prolifération des armes atomiques se poursuit sans relâche outre-Atlantique. Appelé à témoigner devant une commission du Sénat américain, M. Kissinger s’ est trouvé dans la position quelque peu inhabituelle d’ avoir à défendre Paris et Bonn contre les attaques des sénateurs, qui souhaiteraient voir annuler les ventes d’ usines de retraitement de combustibles nucléaires conclues entre l’ Allemagne et le Brésil d’ une part, entre la France et le Pakistan d’ autre part.


Le sénateur démocrate Abraham Ribicoff (Connecticut), qui présidait la commission, a suggéré que les Etats-Unis et l’ Union soviétique s’ entendent pour suspendre les livraisons d’ uranium enrichi à la France et à l’ Allemagne , tant que les transactions sur les usines de retraitement ne seraient pas abandonnées Washington et Moscou ont, en effet, pour l’ instant, le quasi-monopole du marché de l’ enrichissement de l’ uranium dans le monde, et cet uranium enrichi est le combustible des centrales nucléaires existantes. Quant au sénateur républicain Charles Percy (lillinois), il a demandé que les Etats-Unis menacent de retirer leurs troupes stationnées en Europe.


M. Kissinger a fait remarquer que Paris et Bonn avaient accepté de se joindre aux Etats-Unis et à quatre autres pays exportateurs de matériels et de combustibles nucléaires pour formuler, au cours de l’ année 1975, des règles strictes de surveillance et de contrôle de leur utilisation par les pays acheteurs. Il a reconnu que des Paris et Bonn avaient accompli des "efforts substantiels" durant les négociations, tout en admettant que le principal point de divergence qui subsistait était le problème de l’ exportation des usines de retraitement. Ces usines permettent d’ extraire des combustibles irradiés dans les réacteurs de plutonium, qui peut ensuite servir à fabriquer des bombes atomiques. M. Kissinger a estimé qu’ un accord pourrait se faire "dans un laps de temps raisonnable d’ ici à quelques années". Les pressions américaines sur la Corée du Sud ont déjà abouti à l’ annulation de la vente d’ une petite usine de retraitement par la France.

RETARDER
L’ INÉVITABLE


Trente ans ou presque après la fin du plan Marshall, les Etats-Unis découvrent avec désagrément que les pays européens ont atteint leur majorité. Le temps est passé où ils achetaient des missiles, des avions, des calculateurs américains, en fonction du bon vouloir du département d’ Etat. L’ Europe offre aujourd’hui sur le marché international des matériels que les Etats-Unis ne peuvent ou ne veulent pas importer, qu’ il s’ agisse des avions Concorde ou d’ usines d’ enrichissement et de retraitement de combustible nucléaire. Le contrôle total du transfert des technologies avancées échappe à Washington, qui prend mal cette atteindre de l’ Europe à sa position de monopole.


Si les arguments écologiques opposés à la mise en service de Concorde paraissent de peu de poids, ceux qui sont avancés pour éviter la prolifération nucléaire méritent davantage attention. Des pays comme la Corée du Sud, l’ Inde, le Pakistan, l’ Argentine, l’ Egypte ou Israël ont-ils atteint la maturité politique suffisante pour disposer des moyens de la dissuasion atomique ? La tentation est grande pour les puissances nucléaires de considérer qu’ il vaut mieux jouer le rôle de gendarme international que compter sur la sagesse des nations.


Les Etats-Unis sont pourtant sans illusion. Ils savent, comme le gouvernement français, que la prolifération des armes nucléaires est probablement inévitable à long terme. Mais, pour eux, le plus tard sera le mieux, et ils ne partagent pas le point de vue par trop fataliste de Paris. La France et l’ Allemagne devraient donc, comme les autres pays exportateurs de matériels nucléaires, s’ abstenir de vendre des usines de retraitement et d’ enrichissement permettant d’ obtenir du combustible nucléaire. Les Américains ont quelques raisons d’ insister, mais ils le font avec leur force de puissance et leur maladresse habituelles, et avec des motivations qui ne sont pas sans arrière-pensées.


A Washington comme à Moscou on s’ est d’ ailleurs bien gardé jusqu’à présent de poser le problème de la prolifération dans sa totalité. L’ atome servant aussi bien à fabriquer de l’ électricité qu’ une bombe, la question de la multiplication des armes atomiques est indissociable à la fois de la dissémination des centrales et de la poursuite des négociations sur le désarmement. Les nations exportatrices de centrales nucléaires n’ ont pas eu de cesse de convaincre les pays pauvres en charbon et en hydrocarbures, et même des pays aussi riches en pétrole que l’ Iran et l’ Arabie Saoudite, de se convertir à l’ électricité nucléaire. Que les pays aujourd’hui acquis à cette idée et soucieux par surcroît de se familiariser avec des techniques nouvelles ne veuillent plus se contrôler de dépenser leurs devises n’ est qu’ une répétition de l’ histoire passée. Plutôt que de vendre le pétrole brut, les pays producteurs préfèrent aujourd’hui le raffiner avant de l’ exporter. Si demain ces mêmes pays construisent des centrales nucléaires, ils désireront enrichir eux-mêmes le combustible et le retraiter.


La seule manière d’ empêcher que l’ uranium enrichi et le plutonium ne soient aussi utilisés à des fins militaires est de rendre les bombes atomiques sans objet.


Les puissances nucléaires ne pourront pas, à terme, gagner sur tous les fronts. Ou bien le désarmement sera général, et la prolifération des armes nucléaires sera jugulée. Ou bien Moscou et Washington continueront, sous couvert d’ un désarmement partiel, à raffiner leurs armes nouvelles, et de nombreux pays se doteront de centrales nucléaires pour accéder à la technologie et à la puissance.

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