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U-004-123 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-004-123

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  • Des interviews exclusives de Dja-Apharou ISSA IBRAHIM, ami et confident de Jacques Baulin, responsable par donation de l’intégralité des documents constituant le fond, et président de l’association sont actuellement publiées dans la rubrique présentation.

  • Les trois ouvrages de J. Baulin : Conseiller du président Diori, La politique africaine d’Houphouët-Boigny et La politique intérieure d’Houphouët-Boigny
    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.















(PUBLICITÉ)
LA PROPOSITION DU SHAHINSHAH POUR UN NOUVEAU SYSTÈME DE FIXATION DU PRIX DU PÉTROLE


On a beaucoup commenté les propositions à longue portée du Shahinshah d’ Iran tendant à instituer un nouveau de détermination des prix du pétrole. dans certains cas, malheureusement, les opinions de Sa Majesté Impériale ont été présentées de façon erronées à la suite de déformations, accidentelles ou volontaires , des propos tenus par le Shahinshah lors de sa conférence de presse du 2 novembre 1974 à Téhéran.


Certains correspondants américains ayant assisté à la conférence ont, d’ une façon erronée, interpr^té les propos du Shahinshah comme signifiant que l’ Iran avait effectué une volte-face par rapport à sa position constante antérieure jusqu’alors et se prononçait désormais en faveur d’ une réduction des revenus perçus par les pays exportateurs sur chaque baril de pétrole.


Ces erreurs, délibérées ou non , n’ ont pas été rectifiées par la suite, en dépit de plusieurs mises au point et commentaires publiés par les organes iraniens d’ information, induire en erreur l’ opinion publique mondiale sur une question d’ une importance aussi capitale que celle des prix du pétrole risque d’ avoir de très graves conséquences aussi bien pour les producteurs que pour les consommateurs.


Devant, le refus tacite de certains organes d’ information de masse de rectifier leurs erreurs, nous n’ avons pas d’ autre choix que de publier le texte complet de la conférence de presse du Shahinshah sous forme de publicité.


Il convient peut-être, au préalable, de résumer brièvement les propositions du Shahinshah. Sa Majesté propose l’ abolition du "prix affiché", prix purement fictif, et son remplacement par un prix unique de base du pétrole .


Le "prix affiché" et d’ autres prix fictifs similaires fournissent aux sociétés pétrolières une couverture à l’ abri de laquelle elles peuvent réaliser des profits excessifs aux dépens du consommateur.


Selon le propositions du Shahinshah , qui seront discutées à la prochaine session du conseil des ministres de l’ OPEP à Vienne, tous les prix fictifs seraient définitivement supprimés. Cela s’ accompagnerait d’ une réduction de 75% des profits des compagnies pétrolières sur chaque baril de pétrole. Au lieu de réaliser un bénéfice moyen de 2 dollars sur chaque baril de brut, les compagnies ne loucheraient plus qu’ un profit moyen ne dépassant pas un demi-dollar américain.


Le nouveau prix unique de base du pétrole dans le golfe Persique serait calculé sur la base du système de participation à 40/60% actuellement appliqué par le Koweït. Cela signifierait une réduction de 1,50 à 1,60% dollar par baril pour les consommateurs. Mais, en même temps, il n’ y aurait aucune réduction des revenus tirés sur chaque baril de pétrole par les pays de l’ OPEP. En d’ autres termes, le "prélèvement gouvernemental" ne serait pas affecté.


La proposition du Shahinshah vise en conséquence à réduire les profits des compagnies pétrolières qui, dans certains cas, ont augmenté de 400 à 700% au cours des deux dernières années ; cela rendra le pétrole moins cher pour les consommateurs sans priver les membres de l’ OPEP du revenu auquel ils ont droit.


En même temps, le Shahinshah propose de lier le prix du pétrole brut au prix de quelque vingt ou trente autres produits de base et biens manufacturés nécessaires aux membres de l’ OPEP et aux pays en voie de développement. Cela incite directement les économies occidentales à stopper l’ inflation, geste qui profiterait à toute l’ humanité.


Les détails de la proposition du Shahinshah pour instituer un nouveau système de détermination du prix du pétrole sont parfaitement claire dans le texte de l’ interview de Sa majesté impériale. On trouvera ci-après le texte des questions et des réponses concernant le problème du pétrole.


Q. - Votre Majesté, pouvez-vous nous dire si l’ Arabie Saoudite a fait une démarche auprès de vous pour que vous vous joignez à une baisse des prix du pétrole, et, si c’ est le cas, quel a été le résultat de cette démarche ?


R. - Je pense que si vous attendez jusqu’à la prochaine réunion des pays de l’ OPEP à Vienne, vous verrez quelles seront les propositions de l’ Iran. Je ne vais qu’ le sujet. Nous allons proposer un prix unique du pétrole dans le monde entier, mis à part les problèmes posés par la situation géographique et la qualité du pétrole . Ce prix unique du pétrole sera nettement intérieur à l’ actuel prix affiché dans le golfe Persique. Mais nous ne sommes pas loin de cette réunion de l’ OPEP, et je ne veux pas la maintenant.


Q. - Votre Majesté, le roi Fayçal vous a-t-il adressé ces dernières semaines une lettre vous demandant votre coopération sur la question du prix du pétrole ?


R. - Eh bien, nous sommes en contact avec l’ Arabie Saoudite et notre système risque d’ être différent du leur, car ils parlent de... US ont un accord de participation avec les compagnies pétrolières, alors que, dans notre cas, le pétrole a été entièrement nationaliste .. L’ approche est donc assez différente. Mais nous sommes en contact très étroit, et si nos méthodes sont probablement différentes, notre but est le même.


Q. - Votre Majesté, le secrétaire d’ Etat Kissinger vous a-t-il donné d’ impression que les Etats-Unis soutiendraient un prix fixe du pétrole ?


R. - Eh bien, je ne peux parler pour lui, mais je pense qu’ un prix fixe au pétrole a ses avantages. Nul ne peut le manipuler davantage. Je veux dire que chacun saura qu’ il y a un prix fixe du pétrole, combien de bénéfices les compagnies devront faire sur un baril de pétrole, combien il en coûtera au pays consommateur pour utiliser ce pétrole et le consommer, et combien il va payer de taxes dessus à son propre pays. Il y a des pays d’ Europe - je ne vais citer aucun nom - qui perçoivent sur chaque baril de pétrole tant de taxes que cela dépassé la part gouvernementale de mon pays par exemple. Et c’ est vrai.


Q. - Votre Majesté, quand vous parlez d’ un prix unique du pétrole pour le golfe Persique.. que vous proposerez.. je suppose que vous continuez de lier aux produits de base du reste du monde ?


R. - Oui, je pense que la base de notre proposition est de tirer à un ensemble de prix concernant disons une vingtaine ou une trentaine de produits de base : s’ ils montent, pourquoi devrions-nous perdre notre pouvoir d’ achat. S’ ils baissent, le pétrole devrait baisser en même temps pour aider l’ économie mondiale. Mais ce qui nous intéresse vraiment, c’ est de maintenir intact notre pouvoir d’ achat, parce qu’ on nous a tellement levés dans le passé que nous devrons défendre nos intérêts à ce point de vue. Nous devons vérifier à ce que, avec l’ inflation et l’ du pouvoir d’ achat de notre monnaie, la même situation ne se répète pas une fois de plus.


Q. - Votre Majesté, puis-je approfondir la question s’ il vous plaît ? En d’ autres termes, pour réaliser ce nouveau rapport entre les prix du pétrole et ceux des produits de base, ne faudra-t-il pas un changement considérable... presque révolutionnaire, de conception de la part des grands pays industriels ? Et deuxièmement... si vous voulez bien commenter cela... quelles sont selon vous les perspectives à court terme de parvenir à un tel accord ?


R. - Il se fait pas de doute qu’ il doit y avoir un contact entre les pays de l’ O.C.D.E., représentant, si l’ on peut dire, tous les pays industriels avancés du monde, et notre organisation... ou les représentants de notre organisation. Ils pourraient discuter de tous les aspects de l’ économie mondiale et de la façon d’ établir un contact... d’ établir un rapport entre les prix de ces vingt a trentre produits de base et l’ inflation mondiale, parce que, si nous ne pouvons pas lier le prix du pétrole à celui de l’ inflation, il n’ y aura pas de pression sur le monde industriel ou d’ encouragement pour qu’ il contrôle son inflation. Si ces pays ne contrôlent pas leur inflation, nous pourrons nous défendre en fixant les prix du pétrole . Mais qui va en pâtir ? Les pays pauvres, les pays en voie de développement. Ils en souffriront sur les deux fronts. Pour sauver l’ unité du monde, il nous faut donc, dans l’ avenir immédiat, avoir des conversations très larges entre les pays industriels développés du monde et nous, les producteurs d’ énergie.


Q. - Votre Majesté, le système d’ indexation a été critiqué comme risquant d’ institutionnaliser l’ inflation. Etes-vous en désaccord avec cela ?


R. - Comment peut-il institutionnaliser l’ inflation ?


Q. - Eh bien, je ne suis pas l’ un des auteurs de cette critique, mais la façon dont on me l’ a expliquée, c’ est que cela vous enferme dans un système où vous fixez des minimes qui, en fait, aboutisse à un prix inflationniste et le maintenne orienté vers la hausse et peut-être vers la baisse.


R. - Eh bien, nous avons connu l’ inflation dans le monde avant l’ augmentation du prix du pétrole. Nous avons connu l’ inflation mondiale lorsque le pétrole était si bon marché. Comment répondent-ils à cela ?


Q. - Votre Majesté, au sujet de l’ indexation, seriez-vous disposé à prendre le prix précédent du pétrole, car les prix des marchandises que vous avez énumérées ont moins que doublé alors que les prix pétroliers ont plus que triplé ?


R. - Eh bien, c’ est un peu simpliste, parce que c’ est une longue histoire, mais je dois la répéter une fois de plus... En 1947, le prix affiché d’ un baril de pétrole dans le golfe Persique était de 2,17 dollars, mais en 1955 ce prix était tombé à 1,79 dollar. Cela constitue une baisse de 30 cents. Dans cette période de temps, les produits de base mondiaux ont augmenté de 300 à 400% . Je vous donne des faits, qu’ est-ce que vous en dites ? Et, en outre, le prix des produits de base n’ a pas été multiplié par deux. Nous payons le sucre plus de 1 000 dollars maintenant, nous payons l’ huile végétale plus de 1 000 dollars. Vous me direz que c’ est à cause de prix du pétrole que les produits agricoles ont augmenté. Je vous répondrai : pourquoi le prix du coton a-t-il baissé ? ou celui du café ? Il faut donc qu’ il y ait un rapport. Notre prix du pétrole au départ ? Et je reviens encore là-dessus, mais si vous ne le publiez pas, peu importe... En 1973 - décembre 1973, - lorsque j’ ai demandé une part gouvernementale de 7 dollars pour le brut arabe léger du golfe Persique, matez bien cela s’ il vous plaît, les compagnies pétrolières, par la suite, dans leurs négociations d’ un accord de participations avec d’ autres pays du golfe Persique, sur la base d’ un partage 40/60, ont élevé le prix du pétrole à son niveau actuel : 9,74 dollars. Ce n’ est pas moi qui ai fait cela. Ce sont les compagnies pétrolières. Vous pouvez me qualifier d’ agressif, ça m’ est égal, mais la vérité, c’ est exactement ce que je viens de vous dire. Lorsque j’ ai demandé 7 dollars, c’ était pour avoir une base de comparaison avec d’ autres sources d’ énergie. Comme l’ huile de schiste, le charbon ou tout autre. Et aujourd’hui, nous savons que vous ne pouvez plus vous procurer de l’ huile de schiste ou d’ autres sources d’ énergie à ce même prix . Aussi, lorsque nous discuterons avec les pays développés du monde, et j’ espère qu’ il s’ agira de discussions complètes et constructives, ce devra être de toutes ces choses : il faudra se soucier de l’ économie du monde entier, et non pas seulement de l’ intérêt de quelques pays ou de notre intérêt à nous autres producteurs... Parce que, si le monde s’ écroule, nous nous écouterons avec lui. Nous appartenons à ce monde. Nous appartenons au monde que vous appelez le - prétendu - monde libre . Et nous ne voulons pas vous voir vous effondrer, parce que nous nous effondreront avec vous.


Q. - Votre Majesté, lorsque vous ferez votre proposition à la réunion de l’ OPEP, pouvez-vous nous donner une idée de ce que sera la gamme des prix ?


R. - Puisque cela a déjà été publié, puisque des chiffres ont été cités, je peux bien vous dire ce que sera cette proposition. Il s’ agit de considérer la part gouvernementale actuelle comme prix unique  : cela affectera considérablement le prix du pétrole affiché dans le golfe Persique.


Q. - Affectera vers la baisse ?


R. - Vers la baisse.


Q. - Pouvez-vous estimer de combien ?


R. - Environ de 1,60 dollar par rapport au prix affiché.


Q. - Votre Majesté, comme vous le savez, il y a des centaines de millions de gens qui sont déroulés par le mode de calcul des prix du pétrole : prix à la tête de puits, prix affichés, pourcentages, concessions, redevances... Pour tous ces gens, dans le monde entier, qu’ est ce que cela signifie ? En fonction de ce que vous savez, pensez-vous que le prix du pétrole augmentera ou diminuera l’ année qui vient ?


R. - Il... Vous voulez dire pour le consommateur ?


Q. - Pour le consommateur.


R. - Il baissera, car nous voulons limiter la part des compagnies pétrolières à 50 cents seulement sur le revenu de chaque baril. Si vous pensez que c’ est trop, ce sera votre affaire avec les compagnies pétrolières. Nous pensons que 50 cents c’ est convenable, mais pourquoi devraient-elles gagner ? dollars sur un baril de pétrole ? Pourquoi certaines d’ entre elles devraient-elles faire un profit de 700% par an ? Est-ce juste ?


Q. - Ainsi, vous pensez qu’ un gallon d’ essence, aux Etats-Unis par exemple, sera moins cher dans un an qu’ il n’ est aujourd’hui ?


R. - Il devrait être moins cher. Il devrait être plus bas parce qu’ il y aura moins d’ argent que tout celui qui est compté dans le prix affiché et que les profits des compagnies pétrolières seront limités. Il y sera donc moins de pression sur le consommateur, moins ce pendant que les gouvernements se prélèvent des taxes supplémentaires sur l’ essence et les produits similaires afin de limiter consommation. Mais cela n’ est plus de notre responsabilité.


Q. - Votre Majesté, pour que nous ne nous pas sur votre pensée, êtes-vous en train de nous dire que ceci est de votre concept de base d’ indexation, ou que cette dernière sera mise en vigueur de toute façon à la réunion de l’ OPEP.


R. - Non, elle sera appliquée de toute façon. A l’ avenir, il doit y avoir un lien entre le prix du pétrole et celui des produits de base, parce que, , quelqu’un dira que l’ inflation mondiale est de 12%, un autre dira qu’ elle est de 25% et un troisième qu’ elle est de 6%. Mais, pour sauvegarder nos intérêts, nous devons dire qu’ il nous faut augmenter d’ autant le prix du pétrole pour maintenir notre pouvoir d’ achat intact. Cela compliquerait considérablement les choses, tandis que s’ il y a un lien automatique entre le prix de ces produits de base et le prix du pétrole, nous pouvons par exemple accepter qu’ une institution internationale, liée soit aux Nations unies, soit à la Chambre de commerce de Zurich, détermine quel est véritablement cet index, quel est véritablement le taux mondial de l’ inflation, puis son application sur le prix du pétrole.


Q. - Eh bien, la raison pour laquelle j’ ai demandé cela pour éclairer tous ceux qui ne suivent pas les subtilités du système de calcul du prix du pétrole, c’ est que, tandis que vous parlez d’ une réduction générale du pétrole à la consommation des experts ici présents disent que la réunion de l’ OPEP aboutira presque certainement à une augmentation du prix du pétrole de quelque 34 cents par baril. Pouvez-vous nous expliquer cela ?


R. - Oh ! ça c’ est pour le système actuel d’ inflation. Vous devrez attendre pour cela jusqu’à la réunion de l’ OPEP, parce que le prix, je veux dire le taux d’ inflation dans le monde d’ aujourd’hui, je ne sais pas de combien il est. Certains disent qu’ il est de 20%, d’ autres de 27%. Vous autres, aux Etats-Unis, vous connaissez tout cela. Aussi n’ y a-t-il pas de certitude absolue. Nous avons toujours dit que le prix du pétrole et le pouvoir d’ achat devraient rester intacts. Malgré cela, nous n’ avons pas augmenté le prix du pétrole d’ autant que le taux de l’ inflation, ceci afin de faire un geste de bonne volonté, mais cela ne signifie pas que vous pouvez librement laisser galoper votre inflation et grignoter notre pouvoir d’ achat sans que nous essayions de défendre nos intérêts.


Q. - J’ en suis conscient. Vous êtes donc d’ accord. Sire que le prix du pétrole augmentera en fait une fois qu’ on y aura ajouté le taux d’ inflation à la prochaine réunion de l’ OPEP ?


R. - Une fois de plus, tout dépendra quel prix initial nous allons proposer . Attendons jusqu’à cette réunion.


Q. - Votre Majesté, est-il correct de dire que votre concept de l’ indexation et du lien entre le prix du pétrole et celui des vingt à trente produits de base ne peut fonctionner que si un nombre prépondérant des producteurs de pétrole et la majorité des nations consommatrices agissent dans le cadre de ce système ? Et qui va apporter le ballon, pour parler ainsi, afin de faire démarrer ce système ?


R. - Eh bien, il devra y avoir une sorte d’ accord et de compréhension entre les pays développés, les pays industriels du monde, parce qu’ ils consomment, je crois, près de 85% de la production pétrolière mondiale. Les autres pays, le tiers-monde au pays sous-développés, s’ en consomment que 15%.


Q. - Votre Majesté, pour ceux d’ entre nous qui n’ ont peut-être pas suivi les subtilités de toute cette question pétrolière, il peut sembler y avoir ici quelques contractions, parce que d’ un côté on nous dit que dans un an le pétrole qu’ achetra un Américain sera probablement moins cher qu’ aujourd’hui, et d’ un autre côté, si j’ ai bien compris, qu’ il risque d’ y avoir à la prochaine réunion de l’ OPEP une augmentation de 30 à 40% du prix du pétrole, du brut exporté. Que va-t-il se passer ? Le prix va-t-il monter ou descendre ?


R. - Eh bien, si les compagnies pétrolières ne gagnent que 50 cents sur le baril au lieu de 2 dollars américains, il baissera. Si vous leur laissez faire tout ce qu’ elles veulent, il montera...


Q. - De telle sorte que à votre avis, la responsabilité incombera aux compagnies pétrolières ? Quels contrôles ?


R. - C’ est certainement pourquoi je propose un système unique de fixation des prix. Parce que, sans cela, si c’ est un prix affiché , vous avez alors un prix de réalisation , le prix intermédiaire , le prix de rachat et Dieu sait combien d’ autres système de calcul des prix , et vous ne savez plus du tout ce qui se passe. C’ est vraiment une question de manipulation. Mais si vous avez un système unique de fixation des prix, chacun pourra clairement connaître quel est celui qui triche .


Q. - Et peut-il y avoir un prix unique du fait qu’ il y a tellement de pays en cause et...?


R. - J’ ai dit ; à part la localisation géographique et la qualité du pétrole, nous ne pouvons espérer tirer autant d’ argent de la vante de notre pétrole aux Etats-Unis que le Venezuela ne peut le faire, parce qu’ il est beaucoup plus proche. Nous ne pouvons tirer autant d’ argent que l’ Algérie quand nous vendons en Europe, parce que l’ Algérie est beaucoup plus près.


Q. - Votre Majesté, pensez-vous que les compagnies pétrolières ont récemment exploité le public ? qu’ elles ont fait trop de profits ?


R. - Les chiffres publiés sont parfois de 100, 400, 300, 150%. Il vous appartient de juger si c’ est de l’ exploitation ou non.


Q. - Votre Majesté, pour comparer cela sous un angle différent, que va-t-il se passer pour les revenus qui échoient aux pays producteurs ? Est-ce qu’ ils augmenteront ou baisseront ?


R. - Aux pays producteurs ? Non, ils ne vont pas diminuer, certainement non. Et je ne vais pas pourquoi ils diminueraient. Mais, pour commencer, les compagnies pétrolières feront moins de bénéfices, et ensuite, il y a le fait que cette année de terrible inflation mondiale a déjà réduit notre pouvoir d’ achat ; aussi , en réalité, le prix du pétrole a baissé, en ce qui nous concerne, parce que nous n’ avons pas augmenté le prix au sein de l’ OPEP dans les mêmes proportions que nos pertes. Nous avons augmenté les prix de 33 cents, avec une moyenne inflation disons de 20%. Nous avons perdu près de 2 dollars.


Q. - Si l’ on ne peut parvenir à mettre au point un prix du pétrole, si le monde occidental industrialisé n’ est pas satisfait en principe, quelle est, selon vous. La gravité de la menace d’ un affrontement militaire quelconque ?


R. - Eh bien, cela me semble un peu éloigné. Comment une intervention militaire ? en combien d’ endroits ? Dans tous les pays producteurs de pétrole du monde ? Allez-vous occuper le Venezuela, et qui ? Est-ce que l’ Amérique va charger de toutes ces occupations ? Avez-vous suffisamment de troupes ? Pouvez-vous occuper le Venezuela, le Mexique, l’ Arabie Saoudite et le reste des pays de l’ OPEP ? Ou allez-vous vous coaliser ? Ferez-vous ce travail avec les Européens ? Pensez-vous que les communistes resteront silencieux ? Non, je pense vraiment que cette question de l’ affrontement militaire est un propos en l’ air... Ce n’ est pas sérieux.. La seule chose que l’ on pourra obtenir le sera par des négociations sérieuses et constructives, je l’ espère.


Q. - Votre Majesté, mes idées restent encore un peu confuses quant à votre position et à celle du docteur Kissinger. Dans sa conférence de presse, immédiatement avant celle-ci, il nous a très fortement laissé entendre, sans le dire exactement, que les points de vue des deux pays s’ étaient quelque peu rapprochés et que, en fait, à la réunion de l’ OPEP, le prix du pétrole serait peut-être stabilisé ou même baisserait. D’ après vos déclarations, j’ ai l’ impression que, à moins que les sociétés pétrolières ne soient disposées à accepter des profits de, comme vous le dites, 50 cents ou moins, nous pouvons nous attendre à une augmentation du prix affiché.


R. - Mais les compagnies pétrolières n’ est pas le choix. Elles sont forcées d’ accepter. Ce n’ est pas aux compagnies pétrolières de décider. Elles n’ ont pas le choix dans ce domaine, à moins que vous autres ne souhaiterez voir les compagnies pétrolières faire des bénéfices de plus de 50 cents, ce qui est déjà un très beau chiffre. Voulez-vous qu’ elles gagnent encore plus d’ argent ? Je ne le pense pas. A moins que vous ne soyez un gros actionnaire d’ une compagnie pétrolière.


Q. - Comme vous le voyez. Votre Majesté, certains d’ entre nous ne comprennent pas très bien les détails techniques. Par exemple ces bénéfices réduits à 50 cents pour les compagnies pétrolières seront-ils automatiquement imposés ou ordonnés par l’ OPEP lors de la prochaine réunion.


R. - Eh bien, nous ne pouvons pas faire cela en ayant un prix unique. Nous ne pouvons dire au monde : voilà un système unique de calcul des prix que les pays de l’ OPEP ont décidé à l’ exception de la localisation géographique et de la qualité du pétrole, et qui est accepté par leurs. Maintenant, tout ce que les compagnies pétrolières vous vendront en plus de ce prix unique, disons 50 cents, cela ne concerne que vous et les compagnies pétrolières.


Q. - Votre Majesté, nous avons beaucoup parlé des producteurs de pétrole et du monde industrialisé, mais quel contact avez-vous eu avec les Etats en voie de développement, particulièrement ceux d’ Afrique, qui ont été très touchés par le sécheresse, insuffisance des engrais pour leurs récoltes et ainsi de suite ? Avez-vous des initiatives nouvelles autres que des prêts ? Quant à la façon dont ces pays peuvent se tirer de certaines de leurs difficultés économiques ?


R. - Eh bien, nous avons présenté une propositions aux nations unies tendant à la création d’ un fonds spécial auquel nous autres, producteurs de pétrole, contribuerions... Et nous avons même mentionné un chiffre de 150 millions de dollars chacun... Les pays développes du monde y contribueraient également, et douze d’ entre aux seraient représentés au conseil d’ administration avec nous. Nous étions douze à l’ époque. Maintenant, nous serions treize ou quatorze, et aussi le même nombre de douze membres. Le présentant des pays en voie de développement du monde, qui siégeraient à ce conseil chargé d’ étudier les projets présentés par ces pays en voie de développement. Et chaque projet approuvé recevrait un prêt à des conditions de faveur, par exemple remboursement en vingt-cinq ans à 2,50% d’ intérêt par l’ intermédiaire d’ une institution qui serait gérée par la Banque mondiale et le fonds monétaire international , qui existent déjà. Cela donneraient chaque année environ 3 milliards de dollars qui seraient prêtés à ces conditions aux pays en voie de développement, il ne s’ agit pas de donner seulement de l’ argent, mais de le donner pour des projets précis.


MINISTRE DE L’ INFORMATION ET DU TOURISME.
GOUVERNEMENT IMPERIAL D’ IRAN.

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