2/8/74

Dans les tout prochains jours, une hausse des prix de certains produits pétroliers sera décidée. Elle frappera les fuels industriels et domestiques, les carburants étant épargnés. Les
experts mettent la dernière main à leurs calculs et les nouveaux barèmes seront alors soumis au comité national des prix. Cette hausse correspondra essentiellement à deux objectifs : donner un ballon d’oxygène aux raffineries et aligner les prix de plusieurs produits sur ceux pratiqués sur le marché international.


Depuis plusieurs mois, les compagnies pétrolières exerçant leur activité en France se plaignent de perdre de l’argent. Selon elles, leur déficit moyen par tonne serait d’environ
80 F. Elles avancent à l’appui de leur demande plusieurs arguments. En janvier dernier, lors de la fixation des nouveaux tarifs des produits raffinés, les pouvoirs publics avaient tapé bas en retenant un cours du dollar à 4,60 F, alors qu’il a valu tous ces derniers mois nettement plus (4,80 à 4,90 F).


De plus, précisent les compagnies, leur coût d’accès au brut a augmenté, les Etats producteurs ayant accru, avec effet rétroactif au 1er janvier, leur participation dans le capital des sociétés exploitantes. Or ces Etats vendent leur " brut-participation " à des prix nettement supérieurs à ceux du " brut-concession ". La société française Elf-Erap perd ainsi beaucoup d’argent depuis quelques mois : elle est en effet particulièrement défavorisée puisqu’elle est déficitaire en brut-concession et qu’elle doit acheter une part importante du brut qu’elle transforme au prix fort.


La seconde raison qui guide, semble-t-il, le choix des pouvoirs publics tient à la disparité des prix hors taxes des produits pétroliers en Europe. Si, pour les carburants, la France se situe dans la moyenne, il n’en va pas de même pour les fuels.


Le prix hors taxes en zone portuaire du fuel domestique en France était, au 15 juillet, le plus
bas d’Europe avec celui de l’Allemagne fédérale : 43 centimes le litre contre 44,4 en Belgique, 46,7 en Italie, 50,42 en Grande-Bretagne et 51,50 aux Pays-Bas, soit un écart de 20 % avec le prix le plus élevé.


Même phénomène pour le fuel domestique : 290 F la tonne en France contre 323,3 en R.F.A. , 340,6 en Grande-Bretagne et 352,3 en Belgique. Seule l’Italie, où les pouvoirs publics sont en conflit avec les compagnies, a un tarif nettement inférieur (254,8 F).


Les services de la direction des carburants et de la direction des prix accorderaient une hausse moyenne par tonne, qui serait sensiblement inférieure à ce que demandent les compagnies (moins de 40 F sans doute). Les tarifs de l’essence et du super-carburant n’étant pas touchés, il reste à moduler cette hausse entre les divers fuels et le gas-oil.


J.-M.Q.


PLUS 5 % POUR LES TARIFS AERIENS TRANSATLANTIQUES. - Les compagnies aériennes desservant l’Atlantique-Nord relèvent de 5 % leurs tarifs à partir de ce 1er août. Cette majoration rendue nécessaire notamment par l’enrichissement du coût du carburant, est la troisième accordée depuis le mois de janvier 1974, date à laquelle les prix des billets avaient été relevés de 6 %.