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U-004-006 - NOTES - classeur U - Fonds d'archives Baulin

U-004-006

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    seront disponibles sur le site en version iBook et en version Pdf dès septembre
    2009.


















ESSAI


23.2.74




Abderrahman Khène


Secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dont nous sommes heureux de publier ci-dessous l’essentiel, légèrement condensé, de la conférence qu’il a prononcée à Vienne le 28 janvier devant l’Association autrichienne de politique étrangère et dont il nous a aimablement communiqué le texte.

Pétrole et développement


Si l’histoire de l’énergie peut remonter à la création, celle du pétrole peut être considérée comme récente. Les tracas que ce produit donne aujourd’hui au monde expriment la puissance de sa nature et sa malignité. Il y a certainement de la fascination dans ce pétrole, noir et à l’odeur plutôt nauséabonde, qui a réussi à se glisser partout dans la vie des hommes et à la dominer. Il y est entré goutte à goutte, il y a à peine soixante-dix ans, mais aujourd’hui des flots énormes ne réussissent pas à apaiser les besoins qu’il a créés. Soudain, à l’occasion d’un événement fortuit, le monde s’agite et se prend à évaluer les chances de faire quelque chose qui puisse le sauver avant que la drogue ne vienne à manquer. L’histoire du pétrole aura duré une centaine d’années.


Devant l’agression économique


Dans tout cela, l’histoire de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole apparaît à peine comme un fait divers : mais révélateur de grandes transformations.


Février 1959 : la puissance des empires paraissant sans limite et le pétrole coulant à flots, les compagnies internationales, avec la bénédiction des gouvernements dont elles relèvent, sinon à leur demande expresse, décident de baisser les prix postés de 2,08 à 1,90 dollar. La plupart des pays exportateurs étant des pays sous-développés et leurs ressources budgétaires étant constituées principalement, sinon uniquement, par les revenus de la fiscalité pétrolière, on imagine leur trouble. Mais voilà que, malgré les mises en garde qu’ils leur adressent à l’occasion d’un événement aussi dramatique pour eux, les compagnies pétrolières récidivent en août 1960 et baissent, encore une fois unilatéralement et sans avertissement ni justification, les prix postés de 1,90 à 1,80 dollar, laissant aux gouvernements de ces pays un revenu moyen de 0,80 dollar par baril. En fait de justification, elles en donnent une : le marché. Elles expliquent que la loi de l’offre et de la demande les oblige à cette réduction, l’offre étant trop abondante par rapport à la demande.


Devant une agression économique aussi caractérisée, un comportement aussi irresponsable, les pays exportateurs les plus importants à l’époque, Iran, Irak, Koweït, Arabie saoudite et Venezuela, réagissent à la catastrophe en se constituant en comité d’autodéfense et créent l’OPEP - c’était le 14 septembre 1960 à Baghdad. Depuis, Qatar, l’Indonésie, la Libye, Abu Dhabi (aujourd’hui sous le nom d’Emirates arabes unis), l’Algérie, le Nigeria et l’Equateur, et le Gabon en qualité de membre associé, sont venus grossir ses rangs.


Un souci remarquable semble avoir animé les fondateurs de l’Organisation dès le premier instant. En effet, ils lui ont fixé l’objectif d’obtenir pour les pays producteurs un ferme revenu à travers la recherche d’une stabilisation des prix postés et, en même temps, ils se sont imposé comme règle d’assurer "une fourniture efficace, économique et régulière de cette source d’énergie aux pays consommateurs". Cet esprit est toujours celui de l’OPEP. C’est même là la raison de l’équilibre et de la modération qu’on trouve toujours dans ses décisions, le secret de l’unité de ses membres.


Autre chose qu’un cartel


Le seul fait de se grouper en comité d’autodéfense était une première victoire. Cependant, il faudra presque dix ans pour s’apercevoir que ce résultat appréciable n’avait que les apparences de la victoire, car la valeur des revenus tirés du pétrole ne cessait de s’effriter.


C’est à Caracas, en décembre 1970, que la résolution est prise de remédier à une telle situation. A la suite de cette réunion, sont conclus avec les sociétés pétrolières les accords de Téhéran (14-2-71), suivis des accords similaires de Tripoli et de Lagos, de Genève (20-1-72), puis le deuxième accord de Genève (1-6-73), à la suite de la dévaluation du dollar américain en février. Entre-temps, une action est menée par les pays producteurs en vue de s’assurer un plus grand contrôle sur les activités productrices des compagnies, soit par le moyen de la nationalisation, soit par celui de la participation progressive dans le capital de

ces compagnies. Après l’échec des négociations du 8 octobre 1973 à Vienne, les événements se précipitent et aboutissent, le 16 octobre 1973, à la décision des six pays du Golfe, réunis à Koweït, de fixer souverainement les prix postés.


La boucle était bouclée. Il devenait possible d’interroger directement les forces du marché pour connaître la juste valeur de cette marchandise et pour en obtenir de justes revenus. Pourtant, une conclusion aussi simple et aussi naturelle est loin d’être acceptée par tout le monde. D’étranges combats d’arrière-garde continuent, et continueront, d’être menés par ceux-là mêmes qui voient leurs privilèges entamés et leur toute-puissance ébranlée. Cela se
comprend aisément car les hommes, surtout s’ils ont été trop puissants, n’aiment pas les changements qui les dérangent dans leur confort.


Je voudrais ici essayer de faire justice d’une accusation qui se veut infamante, et assez répandue, qui présente l’OPEP comme un nouveau Cartel, presque l’équivalent d’une association de malfaiteurs.


Premièrement, il convient, lorsqu’on se réfère aux groupements d’intérêts, de faire la différence entre les groupements d’intérêts privés, auxquels le terme de cartel a été justement appliqué, et ceux qui gèrent des intérêts publics, comme c’est le cas des pays de l’OPEP. Il y a là une différence de nature, fondamentale, qui suffit seule à interdire que cette dénomination puisse s’appliquer à notre Organisation.


Deuxièmement, la notion de cartel s’applique à une entente de commerçants qui, dans une conjoncture de surabondance, conviennent entre eux de ne pas vendre au-dessous d’un prix plancher. Or, dans le cas de l’OPEP, et en ce qui concerne le prix du pétrole, l’intervention de l’Organisation se situe à l’opposé. Intervenant dans une situation caractérisée par la rareté, elle tend à modérer la conjoncture en empêchant que les prix ne s’élèvent trop rapidement à la recherche de leur équilibre économique tel que doit l’établir le jeu de l’offre et de la demande.


Le problème des sources d’énergie


Loin d’être le fait de manipulations au service d’une cause qui serait celle des pays producteurs, il nous apparaît au contraire que le phénomène est simplement lié à ce qu’il est déjà convenu d’appeler la crise de l’énergie. Cette crise comporte, à notre point de vue, deux aspects. L’un exprime l’ampleur de la consommation, directement génératrice de la tension actuelle sur le marché ; l’autre, plus global, pose le problème des sources d’énergie elles-mêmes et permet de conclure que cette tension tend à être permanente.


Lorsque j’ai fait référence au fait que le marché du pétrole était aujourd’hui caractérisé par la rareté, je ne pensais pas aux conséquences du bombardement des terminaux portuaires en
Méditerranée et aux décisions des Etats arabes producteurs de réduire leurs exportations. La tension existait bien avant cette dernière phase du conflit. Elle a été révélée au grand public à la suite des ruptures de stocks au cours de l’hiver 1972 aux Etats-Unis - un hiver particulièrement clément pourtant. certains experts de réputation mondiale ont alors prétendu et répandu que tout cela était combiné par les compagnies internationales avec la complicité des pays producteurs, les pays arabes plus précisément, pour obtenir des prix plus élevés.


Mon sentiment est que nous avons certainement abordé une phase où les réalisations industrielles de support, nécessitées par la mobilisation de quantités de pétrole de plus en plus grandes, deviennent insuffisantes et mal adaptées. Les opérations pétrolières, recherche, exploration, exploitation, transport, raffinage, distribution, obéissant à un certain nombre de contraintes physiques qu’il deviendra probablement de plus en plus difficile de raccourcir.


L’avenir du pétrole est limité


Même planifiés à l’avance, le forage d’un puits, la construction d’un pipe-line, le montage d’une raffinerie subissent souvent le poids d’aléas divers qui prolongent d’autant la durée initialement prévue pour leur achèvement ou leur mise en exploitation. La mobilisation des concours financiers en vue d’entraîner des activités de plus en plus considérables, elle-même, n’est pas l’opération qui pose le moins de problèmes et engendre le moins de contraintes de temps.


Peut-être y a-t-il déjà là un changement de nature des problèmes ainsi posés, dû au changement de grandeur des volumes et des masses à mouvoir. Il reste que les disconforts engendrés sont réels et sont appelés à durer plus ou moins longtemps, entraînant toujours une insuffisance de la fourniture par rapport à la demande.


Le deuxième aspect de la crise peut éclairer davantage un futur assez proche. La décision prise par les pays arabes exportateurs, dans le cadre de leur conflit avec Israël, de réduire leur production comporte au moins deux mérites. Le premier est d’avoir révélé, de façon plus brutale que ne l’a fait l’hiver dernier, la précarité de l’équilibre sur lequel se joue actuellement le marché du pétrole. Le second est d’avoir attiré l’attention du grand public, particulièrement dans les pays industrialisés, sur l’avenir limité du pétrole et, partant, sur l’urgence des remèdes à apporter dans ce domaine.
En vérité, les experts semblent s’accorder sur le fait qu’au rythme de consommation actuelle, la production du pétrole devra être, en l’an 2000, de l’ordre de 14 milliards de tonnes d’équivalent pétrole (il s’agit de pétrole et de gaz naturel), soit près de quatre fois et demie la consommation de 1970. Or, à ce rythme, les réserves prouvées récupérables, plus les réserves espérées, seraient tout juste suffisantes pour satisfaire la demande.


JEUNE AFRIQUE - N° 685 - 23 FEVRIER 1974



De telles prévisions traduisent en vérité une situation pour le moins préoccupante. C’est qu’en effet, on prévoit que le pétrole comptera encore en l’an 2000, c’est-à-dire au moment où il aurait presque disparu, pour 69% dans la couverture des besoins énergétiques. C’est insensé. En effet, dans l’hypothèse de consommation globale d’énergie que nous venons d’évoquer, les parts du charbon, du nucléaire, de l’hydraulique sont les suivantes en termes absolus et en pourcentages :


Evolution de la demande globale


Demande globale d’énergie (millions de barils/jour d’équivalent pétrole)




1970



1975



1985



2000







Q


%


Q


%


Q


%


Q


%



Pétrole et gaz


65,40

(3,270)Traduit en milliards de tonnes/an


64,10


88,50

(4,430)Traduit en milliards de tonnes/an


68,16


137
(6,850)Traduit en milliards de tonnes/an


68,5


285

(14,250)Traduit en milliards de tonnes/an


69



Energie nucléaire


0,60


0,58


4,00


3,08


15


7,50


62


15



Charbon


30,40


29,82


30,40


23,38


38


19


56


13



Energie hydraulique


5,60


5,50


7


5,38


10


5


12


3



Total


102,00


100,00


130,00


100,00


200,00


100,00


415,00


100,00



S’il y a une conclusion à tirer de tout cela, c’est qu’il faut réaménager les différents éléments de la prévision. A cette fin, on peut concevoir deux possibilités. Une première qui maintiendrait le niveau prévu de la consommation globale d’énergie : dans ce cas, les parts du charbon et du nucléaire devront augmenter, la part de l’hydraulique étant inélastique (l’énergie solaire et l’énergie de l’hydrogène étant encore du domaine de la recherche fondamentale).
Une deuxième
qui réviserait en baisse le niveau de la consommation globale ; dans ce cas, la vie du pétrole est prolongée pour un temps plus ou moins long selon le niveau considéré de la baisse, le charbon et le nucléaire intervenant automatiquement dans des proportions plus larges. C’est cette hypothèse qui nous paraît, pour le moment, la plus sage. Traduite en termes d’action, elle conduirait à viser la réalisation de trois objectifs essentiels :

1. Décider une "révision déchirante" des modes de consommation de l’énergie.
2. Obtenir une accélération "dramatique" de la recherche et de la mobilisation de nouvelles sources d’énergie. Les pays producteurs eux mêmes devront contribuer - et ils y sont disposés - à l’effort commun.
3. Procéder à une planification de la disposition du pétrole ayant pour but de prolonger sa durée.



Il s’agirait de réviser périodiquement le niveau de la production de pétrole en tenant compte à chaque instant des réserves sûres et en appréciant correctement les résultats obtenus dans la maîtrise des autres sources. Cette disposition doit enfin tenir compte du bas niveau de consommation de la plus large partie de l’humanité.
Chacun peut imaginer les terribles malheurs qui guettent l’homme si la science devait se révéler impuissante à apporter la clé du problème au juste moment. A cet égard, si l’on connaît à peu près les quantités de pétrole à notre disposition, personne n’a jamais démontré que les solutions attendues arriveront avant que la dernière tonne ait été consommée.
La conscience de plus en plus partagée parmi les Etats producteurs du caractère non renouvelable et limité du pétrole constitue aujourd’hui une donnée importante. S’agissant des pays producteurs exportateurs, une tendance nouvelle se fait jour :"Le pétrole est notre part de Dieu ; il nous appartient et appartient aux enfants de nos enfants ; nous devons en prendre soin ; l’utiliser à hauteur de nos besoins, entreprendre d’améliorer avec nos conditions de vie, diversifier nos activités et nos revenus ; au-delà, c’est du gaspillage et le gaspillage est condamné par Dieu". Que peut-on opposer à un pareil raisonnement ? Rien, sinon la notion de solidarité universelle. c’est une réponse sûrement juste ; mais la solidarité universelle ne doit pas être limitée au pétrole !


Rendre les énergies compétitives


Une conscience aussi claire des choses coïncide parfaitement avec l’analyse des faits et la conclusion qu’il semble convenable d’en tirer : prolonger la vie du pétrole le plus longtemps possible et, au moins, jusqu’au moment où l’humanité lui découvrira un substitut adéquat.
Ainsi devrait-on applaudir à toute attitude en faveur de la conservation des réserves pétrolières mondiales, dans les pays producteurs exportateurs, mais aussi dans les pays producteurs consommateurs que l’on commence à soupçonner de vouloir assécher les puits des autres avant de pomper les leurs.


Il n’y a pas de contresens à assister avec satisfaction à la montée des prix du pétrole. Un prix trop bas en a permis un large gaspillage, un prix élevé doit en permettre un usage plus approprié et concourir à sa conservation. De plus, il est évident qu’on ne pourra obtenir une

réelle mobilisation des autres sources d’énergie qu’autant que le prix du pétrole aura grimpé à un niveau suffisant pour rendre ces énergies compétitives.


Mais, oubliant volontiers que le coup d’envoi de cette escalade des prix a été donné par les pays consommateurs eux-mêmes et les compagnies pétrolières, les gens retiennent, sous l’effet des propagandes habiles, que ce sont les pays producteurs de pétrole qui sont à l’origine d’une situation qualifiée de situation sans précédent, pré-catastrophique, terrible, etc.


Après une longue période de stagnation des prix postés, période au cours de laquelle le revenu déjà artificiellement bas tiré d’un baril de pétrole n’a cessé de se détériorer, les pays exportateurs ont réclamé d’être justement compensés pour la perte du pouvoir d’achat subi par ce revenu. L’échec des négociations menées avec les sociétés pétrolières les conduit maintenant à soumettre directement leur marchandise au jugement de la loi de l’offre et de la demande. Dois-je rappeler qu’ils ne l’ont pas encore fait complètement ?


Réorienter les liquidités


En fixant la valeur de référence à 7 dollars le baril, le 22 décembre 1973 à Téhéran,
confirmée à la réunion de Genève, le 7 janvier 1974, les ministres de l’OPEP avaient conscience de la modération et de la sagesse de leur décision. Ils savaient que la valeur du marché était bien au-delà de ce chiffre, qu’ils consentaient par-là même de gros sacrifices en faveur de tous les pays consommateurs, surtout les pays industrialisés qui consomment 85% de leur production. Ils ajoutaient simplement qu’en contrepartie de tels sacrifices, ils attendent des pays industrialisés qu’ils fassent quelque chose en faveur de l’ordre économique mondial, notamment en maîtrisant l’inflation qu’ils exportent partout, créant des conditions d’échange de plus en plus insupportables pour les pays les plus pauvres.


Ce faisant, ils ne cessent d’alerter les pays industrialisés sur les problèmes à long terme que pose la disposition du pétrole. Rien, dans tout cela, qui indiquerait une volonté de ruiner les économies industrielles. Tout au contraire.
Mieux, en appelant à une coopération plus étendue avec leurs pays, et les pays du Tiers monde en général, et en ouvrant à l’industrie utile des pays avancés un immense champ d’action dans cette partie du monde, les pays de l’OPEP ont conscience de contribuer au maintien et au développement des industries des pays consommateurs.


En ce qui concerne ces nouveaux prix du pétrole, les pays industrialisés ne doivent pas feindre d’ignorer que leur incidence sur le coût de production de tous les produits globalement considérés serait de l’ordre de 2 à 3% à peine. Une telle augmentation est certainement absorbable par des économies avancées ; elle est en tout cas sans rapport avec toutes les flambées qui prétextent l’augmentation du prix payé aux Etats producteurs. D’autre part, considérant que le commerce avec les pays de l’OPEP pourrait s’élever à quelque 90 milliards de dollars, ce chiffre ne représenterait qu’un faible pourcentage du produit national brut cumulé de tous les pays riches consommateurs, de l’ordre de moins de 3%.


Ajoutons que, des 90 milliards de dollars mobilisés dans ce commerce pétrolier, la plus grande partie fera retour aux pays consommateurs sous la forme d’achats d’équipements, de services et d’armements. Une partie complémentaire sera probablement retournée de la même façon pour financer l’aide au développement du Tiers monde. La partie restante aura
probablement à être comparée au niveau des liquidités internationales et aux moyens de trésorerie dont disposent les sociétés multinationales. Or les capitaux dont disposent ces sociétés sont par nature instables et spéculatifs, contrairement à ceux des Etats producteurs.


Les experts feront observer que si les estimations globales sont exactes, les difficultés apparaîtront au niveau des pays pris séparément, car il n’est pas sûr que les capitaux retourneront là où ils sont partis. Parce qu’il serait trop facile de répondre que cela n’est pas le problème des pays producteurs, nous voudrions risquer quatre tentatives d’approche. Le première est la restriction d’importation ; chacun selon ses moyens. La deuxième, que permettent les accords de gouvernement à gouvernement, tendrait à en remplir au maximum le cadre en tenant compte de la qualité des services mutuels. La troisième pourrait prendre la forme de comptes spéciaux devant servir à payer des achats consentis aux pays pauvres ou des investissements dans le pays pauvres ou des investissements dans le pays acheteur.
La quatrième, enfin, suggérerait de procéder à une transformation structurelle de l’industrie pétrolière dans les pays importateurs.


Une bataille qui reste à


Il est certain qu’une attitude plus généreuse du monde développé envers le Tiers monde aurait aujourd’hui convaincu de la sincérité de ceux qui veulent être pour un jour les avocats des pauvres. Le fait que 85% du pétrole soient consommés par les pays avancés - ce fait à lui seul est une lourde condamnation - montre qu’en fixant à un haut niveau le prix de leur matière première, les pays producteurs dirigent leurs revendications vers les pays industrialisés et non vers les pays sous-développés au côté desquels ils se trouvent naturellement rangés.
Les pays en voie de développement le comprennent bien aussi. Ils ont conscience que ce qui se passe à propos du pétrole leur offre à tous la chance de faire mieux entendre leur voix. En effet, la bataille entreprise par ces pays pour la valorisation de leurs ressources naturelles et de leurs produits primaires, dont ils sont les fournisseurs traditionnels des pays industrialisés, n’est pas d’hier. Or, jusqu’à ce jour, cette bataille légitime, ils ne l’ont pas gagnée. C’est pourquoi ceux qui ont


Sur une valeur de référence


M. Abderrahmane Khène nous prie d’indiquer, à propos de son essai "Pétrole et développement" paru dans JA 685, que, lorsqu’il parle de la "valeur de référence fixée à 7 dollars le baril" (p.45), il s’agit très précisément de "la valeur du government-take pour le brut de référence" car, ajoute-t-il, "par valeur de référence, on désigne souvent les prix postés qui servent effectivement de référence pour le calcul du revenu de l’Etat producteur". Or, les 7 dollars "représentent le revenu par baril de l’Etat producteur pour le brut de référence qui est l’Arabian Light 34° API, le prix posté correspondant étant, lui, de 11,65 dollars."


MARS 1974


5A 9.3.74


JEUNE AFRIQUE - N°685 - 23 FEVRIER 1974

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